24 Nov

Lettre du 24 novembre 1915, Léon Mortreux dans l’attente d’une visite familiale

Dans sa carte-lettre du mercredi 24 novembre 1915, Léon Mortreux nous apprend qu’il attend la visite de Fernand Bar sur son lieu de cantonnement. Entre les lignes, on comprend que cette visite est importante pour lui. C’est bon pour le moral. Même quelques heures.

L’oncle de Béthune doit venir par train rejoindre Léon Mortreux à Dierrey près de Troyes en Champagne-Ardenne, le dimanche suivant (28 novembre 1915)

Propos moins personnels, le Sergent Léon Mortreux nous apprend qu’il effectue des déplacements entre Dierrey Saint-Julien où est basé son « peloton spécial » et la 26è Compagnie à « Fontvannes un centre de commandement où les généraux viennent fréquemment. »

Dans cette lettre, Léon Mortreux n’écrit pas davantage sur son activité militaire au sein du « peloton spécial » … dommage.

Pendant ce temps, ce mercredi 24 novembre est relativement calme sur l’ensemble du front.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Carte-lettre de Léon Mortreux envoyée le 24 novembre 1915 à Fernand Bar qui a quitté provisoirement Béthune pour Paris.

Depuis fin juillet 1915, le sergent Léon Mortreux est affecté à la 26è Compagnie du 41è Régiment d’Infanterie basée à Fontvannes.

 


Correspondance de guerre de il y a cent ans …
 

 

Peloton spécial
Dierrey Saint-Julien (Aube)

Cher Oncle,

Enchanté de tes nouvelles. Je passerai l’après-midi de dimanche à la gare de Fontvannes à t’attendre, car il n’y a pas de gare à Dierrey, c’est Fontvannes qui dessert.

Si tu viens lundi, comme je n’aurais pas la permission d’aller à Fontvannes car c’est un centre de commandement et des généraux viennent fréquemment. Vient donc jusqu’à Dierrey.

Je demanderai la permission de l’exercice du tantôt pour te voir plus longuement.

En tout cas avant de venir à Dierrey demande au poste de garde de Fontvannes si je suis repassé à la 26è compagnie dans ce village où si je suis resté à Dierrey, car je serais navré que tu viennes et que je n’y sois plus. 

Le peloton en effet peut être dissous d’un jour à l’autre.

A te voir donc, mille affectueux baisers.

24/11/1915

Léon

Vu à Fontvannes et Troyes
le 28 novembre

 

 

06 Juil

Les lettres des poilus sont lues à Troyes par le contrôle militaire

Depuis deux semaines, le Sergent Léon Mortreux vit dans son nouveau cantonnement au centre d’instruction de Neuville-sur-Vanne, une petite commune de 400 habitants de Champagne-Ardenne, à plus de 100 kilomètres du Front … pour une petite vie apparemment tranquille.

Ce 6 juillet 1915, Léon est de garde. Il en profite pour écrire à sa famille.

Dans cette nouvelle correspondance de guerre, Léon ne donne pas d’informations sur ses opérations en cours. Il précise que le courrier arrive toujours plus tard à son destinataire … secret militaire ?

les lettres sont retenues à Troyes plusieurs jours.

En fait, les lettres sont lues à Troyes par « le contrôle postal » sur instruction du Général Joffre.

Par la note de 4 janvier 1915, le général Joffre demande « au contrôle postal » de vérifier les courriers. Les poilus sont obligés de remettre leurs lettres, ouvertes, non cachetées, aux vaguemestres. Ils ne doivent pas écrire dans leurs lettres, la localité où ils se trouvent.

A la lecture de la lettre de Léon, cette note ne semble pas concerner les poilus dans les zones à l’arrière du Front. La censure postale a laissé passer la lettre.

Dans sa correspondance de guerre du 6 juillet 1915, Léon parle de Neuville-sur-Vanne, la ville de cantonnement de la 26ème Compagnie … une petite commune qui séduit Léon encore loin de la zone de combat.

c’est une vie de cantonnement qui plait bien aux bleus de la classe 16, nous sommes bien logés.

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 6 juillet 1915

Dans sa lettre, Léon espère que « les Boches ne pourront plus renouveler de démonstrations efficaces sur Béthune ». Tout le mois de juin, l’armée allemande a multiplié les bombardements sur la ville.


Correspondance de guerre, il y a cent ans …

Sergent Mortreux
26è Compagnie – 46è Régiment d’Infanterie

A Neuville sur Vanne par Estissac ( Aube )
6 juillet 1915

Cher Oncle

J’espère que tu auras reçu ma carte postale te donnant mon adresse ici. De notre centre d’instruction, la correspondance t’arrivera toujours tard car les lettres sont retenues à Troyes plusieurs jours.

Ceci est pour t’expliquer que le fait se produira chaque fois que je t’écrirai d’ici. Je t’envoie ces mots du poste de garde avec ce que j’ai pour rédiger … un crayon. 

Je reçois toujours les « Petits Béthunois », ils m’intéressent beaucoup, merci chaleureux pour leur envoi.

Ce que j’avais confidentiellement à te dire ne concerne nullement des questions morales : d’honneur, de probité touchant mes frères ou moi, il s’agit de simples remarques que je t’exposerai quand je te reverrai … elles n’ont pas autrement d’importance

J’espère que ta santé est bonne et que vous acquerriez la certitude que les Boches ne pourront plus renouveler de démonstrations efficaces sur Béthune.

Il te sera moins aisé de venir à Neuville qu’à Fontainebleau, aussi je n’ose te demander ta visite. Peut-être, espérons-le, en rentrant à Fontainebleau. Quand ?

Y resterons-nous quelque temps. Je t’écrirai alors soit pour un rendez-vous au Cadran Bleu par exemple ou à Paris où il te plaira.

Je m’habitue bien ici, c’est une vie de cantonnement qui plait bien aux bleus de la classe 16, nous sommes bien logés. Je te parlerai d’ailleurs de tous ces détails.

Mon Oncle Paul vient de répondre de Forge-les-Eaux à mes souhaits, je le suppose bien portant ainsi que les petites car il ne parle pas de leur santé. Il a des nouvelles de Beuvry par Jannequin.

Veux-tu me donner l’adresse de mon oncle Auguste. J’espère que Francis, Emile, Alphonse Bar, Robert Plancke sont en bonne santé. Et pour Martial as-tu de bonnes nouvelles ?

Nous sommes dans la zone des armées, donc pas de permissions.

Je t’embrasse affectueusement

Léon

17 Sep

« J’avais à la jambe droite 2 trous en béton … » écrit Léon Mortreux hospitalisé à Argentan

Fin septembre 1914 la bataille de la Marne se poursuit. Léon Mortreux, blessé le 6 septembre lors d’une attaque contre l’armée allemande dans le secteur d’Iverny, écrit qu’il est « transbahuté » de ville en ville, Varreddes, Rosny, Meaux.

En ce mois de septembre 1914, la contre-attaque des armées française et anglaise fait reculer les allemands. L’offensive de l’armée allemande passant par la Belgique et le Nord de la France pour atteindre Paris est un échec… l’échec du « plan Schlieffen ». En septembre 1914, les allemands battent en retraite. Ils abandonnent prisonniers et matériels.

Léon Mortreux emmené par des brancardiers allemands

« Blessé à la Marne », Léon Mortreux a été emmené par des brancardiers allemands le 6 septembre. Mais après la retraite de l’armée allemande, Léon Mortreux est retrouvé à Varreddes par l’armée française.

Léon est ensuite transporté à l’hôpital d’Argentan. Sur le billet d’hospitalisation le 17 septembre 1914, on peut lire que le médecin major a écrit que le Sergent Léon Mortreux est admis à l’hôpital : « Eclat d’obus à la jambe droite »

« Ma blessure tend à s’agrandir sans s’aggraver cependant » écrit le sergent Léon Mortreux dans une lettre du 21 octobre 1914 envoyée à son oncle Fernand Bar à Béthune.

Billet-hospitalisation-Léon

 

J’avais à la jambe droite 2 trous en béton, occasionnés par l’entrée et la sortie d’un éclat d’obus

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Hospitalisé le 17 septembre 1914, Léon Mortreux passe 22 jours à Argentan. Il ressort le 9 octobre 1914 pour être soigné par les soeurs de la société de secours des blessés militaires du comité de Vimoutiers dans l’Orne.

Dans sa lettre du 21 octobre 1914 envoyée à Fernand Bar à Béthune, Léon Mortreux parle de sa blessure, évoque l’avenir et déjà « son retour au feu ».
Léon parle aussi, avec jalousie, de son frère Pierre, nommé « Adjudant sans avoir vu le feu »

21 octobre 1914
Cher Oncle,
(…)
Sachant le Nord envahi je croyais qu’un courrier n’arrivait qu’avec des retards extrêmes chez vous c’est pourquoi j’ai toujours préféré que les lettres partissent de Paris. Je regrette donc de n’avoir pas adressé une missive cachetée à Papa en écrivant sur l’enveloppe : pour Mr Fernand Bar de Béthune.

Nous avons tellement été transbahutés à Vareddes, Lagny, Meaux, Noisy-le-Sec, Rosny , Argentan, Vimoutiers que d’ailleurs je n’aurais su quelle adresse te fixer pour m’écrire. Enfin je suis ici pour quelque temps je crois que nous pourrons faire au moins un échange de courrier ! Afin de me justifier – je m’engage sur l’honneur à ne pas prévenir à Paris – je te demande de les prier de te dire si dans mes lettres je n’ai point parlé de toi et manifesté le regret de ne t’écrire vu les difficultés de poste. Le temps je l’ai bien hélas, je n’ai que ça à faire, écrire. Pour lecture, du Balzac, tu penses si c’est distrayant et puis je suis saoul des histoires de batailles bien qu’intéressantes je n’ai plaisir qu’à correspondre.

Sur le chapitre de santé, ma blessure tend à s’agrandir sans s’aggraver cependant. J’avais à la jambe droite 2 trous en béton occasionnés par l’entrée et la sortie d’un éclat d’obus, Le pont de chair  qui sépare ces trous ovales tend à se fendiller, j’aurais alors une plaie de 5 centimètres environ.
Aucune odeur de sérosité tant que j’étais à Argentan, ici on ne me soigne pas de la même manière, mais il paraît que c’est à Vimoutiers qu’on s’y connaît mieux. Ma plaie suppure. Il y a pus, enfin il ne faut pas s’étonner, me dit-on, c’est la marche du mal vers la guérison, alors j’attends et me résigne.

Nous avons ici un climat très humide, gare aux rhumatisants (il y en a qui sont ici pour rhumatismes !)

Hier visite du Général X accompagné du Préfet, un homme charmant ; le Général un bon vieux père dont la poignée de main réconforte. 
La maison où nous sommes appartiendrait au Baron de Mackau, doyen de la Chambre des Députés et tous les jours nous nous avons la visite de Mlle Lanielle la fille du député de Lisieux.
La population est avenante on voit tous les lundis de ces bonnes vieilles à tête de poire cuite apporter victuailles pour les chers soldats blessés. Braves gens qui ont toutes les chances de ne voir aucun Prussien.

Nous sommes soignés par les sœurs, les autres sont convalescents, je suis donc le moins guéri… Que la patience me coûte sapristi ! Nous recevons tous les jours les journaux… avec un peu d’habitude et ayant vu le feu nous ne sommes pas trop maladroits à éloigner les canards envolés de la plume des journalistes, ils en sont si prodigues que ça en est dégoûtant !

Ravi de savoir Pierre Adjudant sans avoir vu le feu. Il y avait dans l’histoire un personnage célèbre qui, lui, devint Maréchal de France sans aussi avoir combattu et pour l’époque c’était inconcevable. Il s’appelait Concini, mais Pierre est plus brave que Concini. 
C’est égal, je lui en veux d’avoir conquis un grade avant moi, mais quand je retournerai au feu, je ne tarderai pas à passer sous-lieutenant. Je me conduirai de façon à m’en rendre digne.
( … )
Reçois mes affectueux baisers.
Léon

 

06 Sep

« La drôle de journée que celle où je fus blessé à la Marne » Léon Mortreux

Ce dimanche 6 septembre 1914 marque l’histoire de 14-18 avec l’une des plus dramatiques batailles de la Grande Guerre, la bataille de la Marne.

Sur 250 kilomètres de Front, 2 millions d’hommes s’affrontent. La bataille de la Marne s’étend de Senlis à Verdun.

En une semaine de très violentes fusillades et tirs d’artillerie ininterrompus, la bataille de la Marne fait 500 000 morts et blessés français et allemands.

Carte de la Première Bataille de la Marne en septembre 1914 - extrait de http://87dit.canalblog.com/

Carte de la Première Bataille de la Marne en septembre 1914 – extrait de http://87dit.canalblog.com/

Les obus passaient sinistrement au dessus de moi

Léon Mortreux et son régiment sont sur le front de la Marne, une semaine après « sa 1ère bataille en Lorraine ». Dans une lettre envoyée à son oncle Fernand Bar à Béthune, le sergent Léon Mortreux raconte « sa bataille de la Marne » avec « les obus qui passaient sinistrement au dessus de moi »

Ce jour-là, Léon Mortreux combat avec la 6è Armée sur la zone de la bataille de l’Ourcq à l’ouest de la ligne de Front. La bataille fait 8 tués dont le capitaine et 11 blessés.

« J’avais une route à défendre, barricadée, mais quel obstacle ridicule » écrit Léon Mortreux

Dans son courrier, il ne cite pas la ville où se trouve précisément sa Compagnie du 246ème Régiment d’Infanterie, indiquée juste par une croix ( X ) dans la lettre de Léon Mortreux.

Mais selon le journal de marche de son régiment, Léon Mortreux et son régiment affrontent les allemands dans le secteur d’Iverny, près de Meaux. Après l’avancée allemande en août 1914, ce 6 septembre marque un tournant important de 1914. L’armée allemande recule, en retraite vers le Nord-Est.

©claudetronel - Carte postale de la cour de l'école de Varreddes ( Seine-et-Marne ) montre où étaient emmenés les blessés. Au bas de la carte, Léon Mortreux écrit " C'est là que j'étais du 6 au 10 septembre 1914"

©claudetronel – Carte postale de la cour de l’école de Varreddes ( Seine-et-Marne ). Le 6 septembre 1914 lors d’une bataille dans la région de Meaux, Léon Mortreux, blessé par un shrapnel est retrouvé par des brancardiers allemands. Il passe plusieurs jours dans cette cour. C’est ce qu’il indique sur cette carte postale, non datée. Nous pouvons lire au bas de la carte,  » C’est là que j’étais du 6 au 10 septembre 1914.signé : LMortreux » .Quand et où a-t-il eu cette carte postale ? Quand a-t-il écrit sur cette carte ? Plusieurs mois ou plusieurs années plus tard ? Nous ne savons pas


La 1ère Bataille de la Marne, le tournant de 1914

La Première Bataille de la Marne constitue une des tournants de la guerre. Il marque l’échec du Plan allemand Schlieffen qui visait à encercler les troupes françaises et britanniques et prendre Paris à revers.

La Première Bataille de la Marne de septembre 1914 marque aussi la fin de la guerre de mouvement et le début de la guerre de position.

Voir le reportage de Mathieu Guillerot de france 3 Champagne-Ardenne


La bataille de la Marne, le tournant de 1914 par France3-Champagne-Ardenne


Ce jour-là, ce dimanche 6 septembre 1914, Léon Mortreux ne sait pas qu’il est engagé dans
une des plus meurtrières batailles de la Grande Guerre.

Dans sa lettre envoyée à Béthune, il raconte « sa bataille de la Marne » au cours de laquelle il est blessé par un shrapnel.

Dans la nuit du 6 septembre Léon Mortreux, blessé par un shrapnel, est « relevé par des allemands brancardiers et emmené à Varreddes »

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

©claudetronel – extrait de la lettre du 21 octobre 1914 de Léon Mortreux. Dans cette lettre envoyée à Fernand Bar à Béthune, il décrit « cette drôle de journée » du 6 septembre 1914

 

21 octobre 1914
Cher Oncle,

Ce matin, ta lettre carte me parvient. 
J’ai été enchanté de voir ton écriture mais vraiment ce que tu me dis est dur pour moi. 
Ce n’est absolument pas par paresse que je n’ai adressé aucune lettre à Béthune, Dieu merci,  je ne fais que faire des lettres, tout mon temps y passe !

( … )

La drôle de journée que celle où je fus blessé à la Marne.
La veille vers midi en traversant un village, nous fûmes surpris par les coups de feu. Notre artillerie au galop forcé repassa la localité et vite nous nous engageâmes dans les fossés pour tirailler sur un ennemi invisible. J’étais en pleine zone de feu , les obus passaient sinistrement au dessus de moi. Je ne dois pas mentir, mon caleçon et ma chemise étaient baignés de sueurs !!!

A 7h30, nous regagnâmes le village en rampant à reculons. Quand nous fûmes réunis anxieux dans un pré nous apprîmes qu’il y avait à la Compagnie 8 tués dont le Capitaine et 11 blessés. Nous passâmes la nuit sans entendre le canon mais des meules allumées au loin nous signalaient la direction de l’ennemi. J’avais une route à défendre, barricadée, mais quel obstacle ridicule !

Enfin ( … ) je réveillais les poilus qui dormaient. Nous fîmes une tranchée pour tireurs couchés, mais les allemands n’attaquèrent point et les forces se portèrent en avant. Il était 5h environ.
Nous avions eu ( le 246 ) déjà 2 combats précédemment, l’un à Conflans dans la tour, l’autre aux environs de Liancourt dans l’Oise ou nous étions appuyés des anglais. Mais notre régiment ne souffrit guère.
La première impression efficace ou nous vîmes le feu fut à l’attaque du village que je viens de te narrer. 
La mort du Capitaine, officier très aimé, assombrit tous les visages. On ne mangea guère le soir et on ne fit pas l’appel.

Le lendemain, 6 septembre, quand à 5h nous nous ébranlions pour aller de l’avant, nous traversâmes un village occupé la veille par l’ennemi. De nombreux morts, tués par notre artillerie, gisaient dans les champs. Tout le monde était gai et confiant, allait à la victoire. 
Au sortir du village, nous prîmes la formation en marche sous l’artillerie. Lorsque arrivés à une crête les canons allemands nous canardèrent. Nous allions cependant de l’avant et abrités. Quand nous vîmes bientôt des ennemis s’enfuyant. Cela nous donna plus d’entrain encore et nous oublions les balles explosives qui éclataient à nos côtés.

Arrivés à quelques 100 mètres d’un ravin nous mîmes baïonnette au canon et précipitions la marche.
Une pluie de balles déversées à profusion par des mitrailleuses embusquées qui se révélaient nous coucha tous, pendant que notre artillerie, tirant trop court lançait des projectiles qui éclataient près de nous. Les obus allemands nous arrosaient aussi. J’ignore si je fus atteint par un shrapnel allemand ou français, mais qu’importe !

Je fus dans la nuit relevé par des allemands brancardiers et transporté à Varreddes ainsi que Papa a pu te l’écrire. Là autre chose, on bombardait l’ambulance, nous mourions de faim et nous voisinions avec les cadavres, c’était infect. Enfin, tout cela est maintenant de la vieille histoire. Oublions. 

Bonne santé cher Oncle
Dis-moi si mon oncle Auguste est à Béthune ? A te lire au plus tôt.
Reçois mes affectueux baisers.
Léon

 

 

06 Août

« Nous sommes tous prêts à partir »

« Nous sommes tous prêts à partir … » traduit l’état d’esprit du Sergent Léon Mortreux début août 1914. Dans cette carte lettre, la première envoyée à son oncle Fernand Bar à Béthune, on perçoit le désir d’en découdre avec les Allemands.

« Si besoin était, à la frontière … » écrit Léon. Désir de vengeance ? Léon, comme les 3 700 000 français mobilisés en 1914, veut reprendre l’Alsace et la Lorraine, les territoires perdus par la France dans la guerre contre les Allemands en 1870.

Après la mobilisation générale décrétée par le gouvernement français le 1er août 1914, Léon Mortreux rejoint son régiment, le 246è Régiment d’Infanterie à Fontainebleau.

La caserne du Régiment d'Infanterie à Fontainebleau

Début août 1914, Léon Mortreux rejoint le 246ème Régiment d’Infanterie à Fontainebleau

Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France

Après la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, dès le 6 août 1914, le sergent Léon Mortreux a rejoint la Caserne d’Infanterie à Fontainebleau. Il est impatient de connaître sa prochaine affectation. Troyes ? Chalons ?  Quelle zone de combat ? Ce 6 août 1914, Léon envoie sa première carte-lettre à son oncle Fernand Bar. Il lui fait part d’un départ imminent sur le front.

A la lecture de cette première correspondance de guerre, on perçoit l’ambiance au sein du régiment, l’excitation des premiers mobilisés. « Pour tout dire, les postes les plus dangereux semblent-ils sont les plus désirés ».

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

 

 

Le premier courrier envoyé par Léon Mortreux à Fernand Bar
Lettre de Léon du 6 août 1914

Le Sergent Léon Mortreux écrit :</p#>

6-8-14
Sergent Mortreux
246è Infanterie
20è Compagnie
par Fontainebleau

Cher Oncle,
Nous sommes tous prêts à partir aujourd’hui si besoin était à la frontière, je crois notre départ pour samedi prochain.
Certains parlent de Châlons, d’autres de Troyes. Bref ces bruits n’ont aucune base. Pour tout dire, les postes les plus dangereux semblent-ils sont les plus désirés.

J’espère que vous êtes tranquille à Béthune.
Affectueusement, Léon

Premier courrier envoyé par Léon Mortreux à Fernand Bar, daté du 6 juillet 1914 et envoyé depuis Fontainebleau.

Premier courrier envoyé par Léon Mortreux à Fernand Bar, daté du 6 juillet 1914 et envoyé depuis Fontainebleau.

 

 

21 Juil

Correspondance de guerre d’une famille de Béthune dans la Grande Guerre 14-18

« Une famille de Béthune dans la Grande Guerre 14-18 » publie les lettres, les cartes, les photos et documents de la famille Mortreux-Bar … cent ans après.

Cette correspondance de guerre des frères Mortreux avec leur oncle Fernand Bar a été conservée par les descendants de la famille Mortreux.

Martial Mortreux, le dernier né de la famille, en 1901, a transmis le livre familial a ses enfants, Jacqueline et William. Puis aux petits enfants, Corinne, Frédérique, Christine et Carole.


Mémoire familiale 

Dans le reportage réalisé à Arras et à Annezin-lez-Béthune, des descendants de Martial Mortreux, petits enfants et arrières petits-enfants relisent cette correspondance de guerre. Entre histoire 14-18 et histoire familiale.

D’autres documents de la famille Mortreux-Bar sont conservés à Arras, aux Archives Départementales du Pas-de-Calais


Centenaire 14-18 : Jules, Léon et Pierre Mortreux, morts au front
Reportage France 3 Nord-Pas-de-Calais de Jean-Luc Douchet, Emmanuel Quinart et Régis Broy


L’histoire des Frères Mortreux dans la guerre 14-18

En 1914, Léon, Pierre et Jules Mortreux, 3 frères d’une même famille originaire de Béthune, sont envoyés sur le Front.

Léon, Jules et Pierre, racontent ce qu’ils voient, ce qu’ils vivent et ce qu’ils ressentent dans de nombreuses lettres et cartes postales adressées à la famille résidant à Béthune. Les frères Mortreux racontent leur guerre dans des lettres souvent très imagées.

Ils nous plongent dans l’histoire de 14-18, avec leurs mots, leurs regards et leurs émotions.

Le sergent Léon Mortreux, son oncle Fernand Bar, député de Béthune et ses frères Jules en costume et Pierre portant son tablier de tanneur

Le sergent Léon Mortreux, son oncle Fernand Bar député de Béthune ( en haut à gauche ), et ses frères Jules en costume et Pierre portant son tablier de tanneur

Cent ans après, ces lettres et documents sont toujours conservés par la famille Mortreux. Martial Mortreux, né en 1901 et décédé à Béthune en 2001, le dernier des 8 frères et soeurs Mortreux, a transmis cette correspondance de guerre à ses enfants et petits-enfants.

Ce blog présente les lettres de la famille, cent ans après la guerre 14-18 … l’histoire « d’une famille de Béthune dans la guerre 14-18 ».

Correspondance de guerre : lettres, photos, carte-postales, pendant la guerre 14-18. Léon Mortreux envoyait régulièrement des nouvelles du front à la famille et leur oncle Fernand Bar résidant à Béthune.

©claudetronel – Correspondance de guerre : lettres, photos, carte-postales, pendant la guerre 14-18. Léon Mortreux envoyait régulièrement des nouvelles du front à la famille et l’oncle Fernand Bar résidant à Béthune. 

Le samedi 1er aôut 1914, « par décret du Président de la République la mobilisation des armées de terre et de mer est ordonnée. »
Le premier jour de mobilisation générale est fixée au dimanche 2 août.

Ordre de mobilisation générale

Pour + d’infos sur Béthune dans la Grande Guerre , lire : Béthune 14-18 sur la Voix du Nord Béthune en 14-18 et sur le compte twitter @BETHUNE1418 des Archives Municipales de la ville de Béthune.

 

Léon Mortreux mobilisé en août 1914

Dès le début de la Grande Guerre, Léon Mortreux rejoint le 246ème Régiment d’Infanterie à Fontainebleau. Dès août 1914, il envoie des cartes postales et des lettres à sa famille à Béthune. En 1914, ses frères Jules et Pierre sont aussi envoyés sur le Front.

A partir de août 1914, les lettres de Léon Mortreux et de ses frères nous emmènent sur les plus grands champs de batailles de la guerre 14-18. De la Bataille de la Marne à la Bataille de la Somme, de l’Enfer de Steinbach en Alsace à la butte de Vauquois près de Verdun. Ce blog publie la correspondance de guerre du Sergent Léon Mortreux et de ses frères avec la famille Mortreux-Bar.