En octobre 1914, Léon Mortreux, blessé lors de la 1ère bataille de la Marne, continue de soigner sa blessure à Vimoutiers en Normandie.
C’est là, à Vimoutiers, que Léon reçoit un courrier de son frère aîné, Jules 31 ans. Avant la guerre, Jules Mortreux séjournait à Londres. Rentré à Paris, après la mobilisation générale il a rejoint l’armée française.
« Tu trouveras le chant national créé en Angleterre et chanté chaque soir dans tous les music-hall »
Le 15 octobre 1914, Jules écrit à Léon Mortreux sur une carte anglaise. Le courrier, oblitéré à Paris le 17 octobre 1914, est adressé à « Léon Mortreux sergent 246è – Société de secours aux blessés militaires – Comité de Vimoutiers – Orne. »
Cette carte postale montre un poème de Harold Begbie « Your country needs you : FALL IN ». Le poème de l’écrivain-journaliste anglais est un appel, au patriotisme, à la guerre, au devoir envers la nation.
Au dos de la carte, Jules écrit à Léon que ce poème est devenu un chant national en Angleterre « chanté chaque soir dans tous les music-hall. Car là-bas, Londres n’a pas changé d’aspect ».
Dans ce courrier, Jules annonce aussi son départ sur le front prévu pour le 3 novembre 1914.
Les britanniques à Béthune
Pendant ce temps sur le front en octobre 1914, les armées allemande, française et anglaise se lancent dans « une course à la mer. Les ports de Calais, Boulogne et Dunkerque permettent aux anglais d’approvisionner les troupes. Les allemands veulent couper cette porte d’accès entre la France, la Belgique et la Grande-Bretagne.
Dans le Pas-de-Calais, les combats font rage entre Arras, Lens et Béthune, avec de violents affrontements autour de Lorette. Les britanniques ont pris position à Béthune le 11 octobre 1914. Lille est occupée par l’armée allemande. Près de Reims se déroulent les premiers combats de l’histoire de l’aviation.
En automne 1914, les troupes allemandes se replient. 3 mois après le début de la guerre entre la France et l’Allemagne, les 2 camps s’enterrent. Une guerre de tranchées s’installe sur 700 kilomètres de front de l’Alsace à la Mer du Nord … pour de longues années.
Le major m’a remis au 3 novembre, j’attends donc cette date pour aller te remplacer sur le front.
La carte postale du 15 octobre 1914, envoyée par Jules Mortreux à son frère Léon, illustre un poème anglais patriotique chanté dans les music-hall à Londres.
Paris, 15 octobre 1914
Mon cher Léon,
Berthe t’a dit que vu ton état, le major m’a remis au 3 novembre, j’attends donc cette date pour aller te remplacer sur le front.
J’ai été heureux après avoir été inquiet de savoir que ta blessure se guérissait et ne puis que te féliciter de la sage idée que tu avais eue d’emporter de la teinture d’iode, ce qui vu le temps que tu as dû attendre pour ton pansement t’a peut-être évité le tétanos. Je t’imiterai.
Ci-inclus tu trouveras le chant national créé pour la circonstance en Angleterre et chanté chaque soir dans tous les music-hall. Car là-bas Londres n’a pas changé d’aspect. Je t’écrirai ces jours-ci pour te causer plus longuement. Peut-on vous envoyer des coupures de journaux ? Anglais ?
Good bye and cheer up ! My dear Léon.
Soigne toi bien. JMortreux