Jacques Cassandri en compagnie son avocat Maître Monneret le 13/02/2018 © JFGiorgetti
Au deuxième jour du procès de la famille Cassandri et des membres de son clan, le tribunal aborde le volet Corse de l’affaire
A la barre en ce mardi après-midi du deuxième jour du procès, le maire DVD de Conca (Corse du Sud).
Dans cette affaire, la justice reproche, notamment, à François Mosconi, dit « Fanfan », des faits de trafic d’influence et de blanchiment aggravé qui datent de 2009 et 2010.
L’édile, âgé de 74 ans, ancien président du conseil de surveillance d’Air Corsica, a des difficultés à marcher, en revanche il s’exprime clairement et posément face au tribunal. Il indique aux juges être le premier magistrat de son village de 100 habitants depuis 1977, « je n’ai pas d’opposant. ». Seule une condamnation pour prise illégale d’intérêt l’a empêché de diriger sa commune entre 2002 et 2006.
Le terrain de Favone
La présidente de la sixième chambre du tribunal correctionnel de Marseille lui demande quelle est la nature de ses relations avec Jacques Cassandri, réponse :
« Jacques Cassandri, pour moi c’était un porte-parole, du promoteur immobilier. «
Jacques Cassandri, associé dans une entreprise marseillaise, nommée Campemu a l’usu corsu (nous vivons à la manière corse) servait d’intermédiaire entre la commune de Conca et une société de promotion immobilière irlandaise qui avait, en 2008, le projet de construire une résidence de tourisme sur le terrain de Favone.
Selon l’enquête, Jacques Cassandri aurait demandé un million d’€uros, à Paul Blanchfield (le promoteur irlandais) pour effectuer sa mission. Au final 65 000 €uros seront versés.
Une partie du projet immobilier débordait sur une zone inondable en dehors de la carte communale. Les services de l’Etat tardent à donner une réponse pour la validation du permis de construire.
François Mosconi rencontre dans un restaurant à Paris, Abderrahmane Dahmnane qui se présente comme conseiller spécial, à l’Elysée de 2007 à 2009, chargé de l’intégration des français issus de l’immigration. L’élu corse, lui fait part de ses difficultés notamment sur trois projets immobiliers dont celui de Favone. Le conseiller demande de rédiger une note. Quelques semaines plus tard, Abderrahmane Dahmnane, appelle le maire de Conca pour lui indiquer que la note a été transmise à Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Les enquêteurs trouveront, dans le bureau de François Mosconi,
une lettre de remerciement adressée à M Guéant.
Madame Mée, la présidente du tribunal indique que le projet débordait sur une partie d’un terrain non constructible. Elle rajoute que le sous-préfet de Sartène a été interrogé, et qu’il ne se souvient pas de ce dossier. La magistrate rajoute : c’était, semble-t-il, un des plus gros projets de Corse c’est étonnant qu’il ne s’en souvienne pas… »
Au sujet des 150 000 €uros que devait toucher, François Mosconi, sur ce projet, le maire de Conca se dit très en colère :
« il n’a jamais été question que je sois rémunéré…je suis bien connu en corse, tout le monde sait que je ne mange pas de ce pain-là… »
Au final le projet immobilier ne verra jamais le jour.
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Le terrain de Tarco
Un autre projet immobilier liant Jacques Cassandri et François Mosconi est évoqué dans cette affaire.
Cette fois-ci, il s’agit d’un projet de construction de 14 villas.
Dans cette opération le maire intervenait auprès du promoteur italien pour qu’il vende le terrain à Jacques Cassandri durant l’été 2010. François Mosconi indique avoir servi d’interprète entre les deux hommes. La présidente Mée souligne : vous allez loin dans la traduction. On voit que vous essayez de donner la priorité à Monsieur Cassandri… »
François Mosconi :
« comme il y avait le projet Favone, je préférais que M. Cassandri prenne le terrain… »
La présidente : on voit que vous participez à une opération de blanchiment, on voit que vous représentez les intérêts de Monsieur Cassandri…
cette démarche que vous relayez est discutable.»
François Mosconi explique, qu’il n’était pas intéressé au projet et qu’en tant qu’élu, il fait l’objet de nombreuses demandes d’interventions « on me fait des demandes farfelues…par rapport à certains élus,
je suis accessible, c’est dans ma nature… »
Le procès continue ce mercredi. Jacques Cassandri et sa famille seront notamment interrogés sur l’origine de leur fortune et la justification de leur patrimoine qui comprend différents biens immobiliers, des restaurants et la boîte de nuit Le Son des Guitares installée dans le quartier de l’opéra à Marseille.
JFGiorgetti