Quelle capitale régionale pour la future Bourgogne Franche-Comté ? La question se pose depuis le début du processus. Nouvelle étape ce mois-ci avec une déclaration d’amour commune des maires de Besançon et de Dijon. Mais que disent-ils de la fusion ?
C’est une de ces vidéos des services de communication qui laisse peu de place à l’improvisation et à l’impertinence. Pour la trouver directement sur le site de la ville de Besançon, c’est quasiment impossible : mais elle existe bien , sous le titre « Dijon-Besançon : vers une union gagnant-gagnant ». Il s’agit d’une interview croisée entre Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon et Alain Millot, maire de Dijon.
On est bien loin des frictions qui ont accompagné, surtout coté bisontin, les premiers mois du processus de rapprochement entre Bourgogne et Franche-Comté. Plus question de « capitale en sursis« , oublié le courrier de Marie-Guite Dufay demandant, sous la pression bisontine, au premier ministre d’installer le chef-lieu de la grande région à Besançon. Les deux maires veulent montrer leur union et leur volonté d’avancer ensemble. Pourquoi ? Alain Millot est assez cash « parce que la Bourgogne et la Franche-Comté n’ont pas le choix » et que, « vu de Los Angeles, de San-Francisco, de Shangaï » » Dijon et Besançon, ce n’est quand même pas bien grand dixit Jean-Louis Fousseret.
Un destin complémentaire
Pour les deux maires, leurs villes se ressemblent : un patrimoine remarquable, une qualité de vie hors du commun, une gastronomie qui fait des envieux, une capacité à allier « modernité et passé » sont les points forts des deux capitales.
Le maire de Besançon rappelle, que lors du congrès du parti Socialiste qui s’est tenu à Dijon en 2003, l’idée d’un pôle métropolitain Rhin-Rhône avait vu le jour. Créé en 2005, il faut cependant se rappeler que la structure a été dissoute en 2012..
Le danger aujourd’hui ne vient pas de l’un ou de l’autre mais bien de la concurrence des voisins : Rhône-Alpes, Grand-Est, Île de France apparaissent plus menaçantes dans la compétition économique pour nos deux édiles.
La capitale…plutôt Dijon tout de même
Ce sont les communicants des deux maires qui mènent l’interview et finissent par poser la question de la future capitale de « ces deux belles régions« . Alain Millot rappelle « que ce n’est ni Jean-Louis, ni moi qui déciderons« et pour cause, le chef-lieu sera fixé par décret. Mais
« Si on regarde de manière réaliste, Dijon a plus d’habitants »(…) « Je veux rassurer les francs-comtois, leur dire qu’on ne va pas tout casser ».
Alain Millot et Jean-Louis Fousseret s’engagent à ce qu’aucun emploi administratif ne soit obligé de déménager. Il va donc leur falloir s’organiser pour que tout ne soit pas dans le même endroit. Jean-Louis Fousseret prévient
« si les choses ne sont pas équilibrées, ça ne se passera pas bien ».
En vérité, les deux maires ont bien peu de pouvoir sur la question, si ce n’est celui de la persuasion. L’Etat implantera ses services régionaux et les conseils régionaux ont la main sur leur organisation.
Quoi de concret ?
Le volet est plus léger. Les deux maires veulent créer des manifestations pour que les Dijonnais et les Bisontins apprennent à se connaitre. Mais de source proche du dossier, ce ne sera pas avant plusieurs mois, voire… après les élections régionales : « Pour que les questions politiques ne parasitent pas l’action ». Ils ont aussi prévu un calendrier de rencontre pour la création d’un pôle métropolitain.
L’enregistrement s’est déroulé pendant la campagne des élections départementales, Alain Millot et Jean-Louis Fousseret souhaitaient alors de donner « un petit temps d’attente. » Ce petit temps ne va plus guère durer : les directeurs généraux des deux villes se rencontreront la semaine prochaine pour se mettre d’accord sur les projets à mener pour constituer ce pôle métropolitain.
Pour l’anecdote, on retiendra également qu’Alain Millot connait bien Besançon. Il a débuté sa carrière dans la capitale comtoise et connaît Jean-Louis Fousseret depuis la fin des années 70 : « un ami de 40 ans ». La volonté de rapprocher les deux villes permet aussi quelques raccourcis. Pour Alain Millot comme pour Jean-Louis Fousseret, le TGV a permis aux deux préfectures de se retrouver à une vingtaine de minutes l’une de l’autre. Encore faut’il aller jusqu’à la gare Franche-Comté TGV et payer le coût des billets grande vitesse. Dans la vraie vie, il faut plutôt compter 55 minutes.
Alain Millot et Jean-Louis Fousseret seront les invités d’un numéro spécial de la Voix est libre le samedi 18 avril : quelle capitale pour la Bourgogne et la Franche-Comté ? L’émission sera diffusée dans les deux régions à partir de 11h.