Le Sénat examine en deuxième lecture le projet de loi sur la délimitation des régions. Il a beaucoup été question de la Franche-Comté… un peu par défaut. Retour sur les débats.
Au coeur des débats du jeudi 30 octobre : l’Alsace. Les Alsaciens veulent rester seuls. Plus exactement, ils ne veulent pas d’une région Champagne-Ardenne-Lorraine-Alsace proposée par l’Assemblée Nationale. Ce rebondissement a provoqué une crispation certaine et l’apparition d’un amendement Bourgogne-Franche-Comté-Lorraine-Champagne-Ardenne-Alsace. Michel Raison, sénateur UMP de Haute-Saône, a expliqué en séance pourquoi il soutenait cette proposition :
M. Michel Raison. Cet amendement vise à créer une région Grand Est. Vous l’aurez noté, il semblerait que l’honneur du Sénat soit de sortir sa propre carte. Pour ma part, au-delà de l’honneur, je pense qu’il s’agira surtout d’une belle prouesse !
En effet, nous l’avons encore vu cette nuit, comment dessiner une carte, comment réorganiser la gouvernance d’un pays si nous avons chacun notre propre méthode – moi y compris –, aussi noble soit-elle ? De plus, nous dessinons des cartes de région sans savoir ce que l’on mettra dedans.
J’ai un peu l’impression que nous nous comportons comme si nous étions dans un grand immeuble en train de brûler : chacun essaie de sauver l’essentiel de ses petites affaires ! Je n’ai donc d’autre choix que faire de même, et d’essayer de sauver la Bourgogne-Franche-Comté !
Si l’Alsace se réunit à la Lorraine et à la Champagne-Ardenne, une belle grande région possédant une métropole verra le jour, au pied de laquelle on peut imaginer qu’une petite région comme la Bourgogne-Franche-Comté, peuplée seulement d’un peu plus de deux millions et demi d’habitants sur de grands territoires, se retrouverait bien isolée.
C’est la raison pour laquelle je vais soutenir cet amendement, qui vise à créer une vraie région Grand Est.
Je pourrais aussi adhérer à la thèse de la fabrication de gros départements, dans un second temps. Au cœur de cette grande région, à laquelle seraient dévolues des missions de planification et de programmation, la Franche-Comté, qui ne compterait jamais qu’un million d’habitants, pourrait être l’un de ceux-là, au côté de l’Alsace.
Avec cette méthode, qui n’est d’ailleurs pas que la mienne, nous pourrions redessiner une gouvernance nationale efficace, source d’économies et de développement pour notre pays. (MM. Charles Guené et Jackie Pierre applaudissent.)
L’amendement a été rejeté, sans surprise. Le Sénat n’avait pas fait mystère de sa volonté de laisser l’Alsace à son destin.
On peut retenir de ces débats, un certain nombre de méchancetés à l’égard de « petites régions » (mais pas la Franche-Comté). Des propos récurrents depuis le début de l’examen du projet.
Mais on peut retenir, aussi, l’émotion de la sénatrice Marie-Noelle Lienemann. Sénatrice de Paris, longtemps élue de l’Essonne, la socialiste est née dans le Territoire de Belfort. Certains propos alsaciens l’ont choquée et elle l’a dit :