Le Sénat commence ce mardi 28 octobre la deuxième lecture du projet de loi sur la délimitation des régions. Un amendement propose la création d’une nouvelle entité rassemblant la Champagne-Ardenne, la Bourgogne, la Lorraine et la Franche-Comté. Un autre penche pour une réunion Lorraine-Alsace-Bourgogne et Franche-Comté. Mais pourquoi donc ?
Que disent ces amendements ?
Premier amendement, celui qui propose la fusion Champagne-Ardenne, Lorraine, Bourgogne et Franche-Comté. Il a été déposé par deux sénateurs UMP de Haute-Marne : Charles Guéné et Bruno Sido. C’est la conséquence directe du refus alsacien de participer à une union Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne : « le projet de fusion entre les Régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine a suscité un refus de nos amis Alsaciens qui souhaitent vivre seuls une voie originale. Nous en prenons acte et en tirons les conséquences objectives. »
Pour les Haut-Marnais, Bourgogne-Franche-Comté d’une part, Lorraine-Champagne-Ardenne d’autre part « entretiennent (…) des relations de voisinage, de services et de culture ancestrales ». Mais elles sont trop petites, pas assez « stratèges » en restant chacune de son coté. Les deux sénateurs citent les complémentarités entre toutes ces régions : agro-alimentaire, pôles nucléaires, parc national Champagne-Bourgogne, pôle universitaire. Une liste qui ne correspond pas tout à fait à la réalité franc-comtoise.
Pour Charles Guéné et Bruno Sido, cette région a une autre avantage, « elle serait résolument multipolaire et mettrait fin à la crise de recherche d’une capitale unique ». Les Nancéens ou les Messins apprécieront très certainement.
L’autre amendement propose la création d’Alsace-Bourgogne-Franche-Comté et Lorraine. Il est l’oeuvre des sénateurs RDSE Gilbert Barbier (Jura) et Jacques Mézard (Cantal). Là encore, l’union Bourgogne-Franche-Comté est jugée trop faible, elle « a l’inconvénient de fusionner deux régions très étendues (près du dixième de la France) et peu peuplées. » L’idée est de privilégier un axe Rhin-Rhône.
Pourquoi ces idées ?
Au début, le président de la région Alsace avait entamé un rapprochement avec son collègue Lorrain. Mais, patatras, l’assemblée nationale a imaginé un rapprochement de ces deux là avec…Champagne-Ardenne. Ces derniers faisant preuve d’un enthousiasme très mesuré à l’idée de rejoindre la Picardie. Fureur du coté alsacien, organisation d’une grande manifestation le 11 octobre pour une Alsace autonome, mécontentement du coté Lorrain qui vit mal de se sentir aussi peu désiré par ses voisins de l’autre coté des Vosges.
Quant à l’autre amendement, on peut noter que Jacques Mézard (PRG/RDSE) est très critique sur la façon dont la réforme territoriale est menée.
Il est clair que les Alsaciens qui ne voulaient pas d’un ménage à trois seront encore moins favorables à un attelage à quatre. Il est clair, également, que les présidents des régions Franche-Comté et Bourgogne, qui ont commencé à travailler ensemble, n’ont pas une seconde l’intention de modifier leurs plans à cette étape de la discussion.