05 Nov

Accro à Robert Lepage avec « Les Aiguilles et l’Opium »

Le comédien Marc Labrèche (sur cette photo) qui endossait le rôle depuis 1994 l'a cédé à un autre comédien talentueux, Olivier Normand. ©Nicola Franck Vachon

Le comédien Marc Labrèche (sur cette photo) qui endossait le rôle depuis 1994 l’a cédé à un autre comédien talentueux, Olivier Normand. ©Nicola Franck Vachon

Le metteur en scène Robert Lepage est venu présenter son spectacle « Les Aiguilles et l’Opium » à la Comédie de Clermont-Ferrand. Créé il y a vingt ans, le spectacle porté par un nouveau comédien époustouflant de sincérité, n’a pas pris une ride. 

C’est la dépendance qui est au coeur du spectacle de la Compagnie Ex Machina. Dépendants à l’Opium, à l’héroïne ou à l’amour, les personnages de cette pièce vont avoir besoin d’un sevrage sévère s’ils veulent en sortir vivant. Le premier, le poète et cinéaste Jean Cocteau, vante les mérites de l’opium pendant que le musicien Miles Davis s’accroche à l’héroïne. Robert, le personnage « fictif » du spectacle, alter ego de l’auteur, lui, est accro à l’amour. Dans cette pièce de théâtre construite comme un film, il y a tous les ingrédients d’un bon Woody Allen: les questions existentielles, le jazz et le recours à la magie quand tout fout le camp.

Car magique, le spectacle l’est assurément. Face au spectateur, un cube se transforme au fil des scènes, renverse la réalité mais aussi les personnages, balance le coeur déjà malmené d’un Miles Davis muet interprété par le comédien acrobate Wellesley Robertson III. Ce cube devient « carrément » l’un des personnages principaux, nous contant le passé, le présent et l’avenir en tournoyant sur lui-même.

Le comédien Olivier Normand reprend depuis cet automne 2016 le rôle de Robert, tenu en 1994 et lors de la reprise du spectacle en 2013 par l’acteur Marc Labrèche. Le comédien est aussi convaincant en amoureux paumé qu’en poète dont le génie frise parfois l’orgueil. Qu’il déclame Cocteau en flottant littéralement dans un ciel étoilé ou qu’il s’échine à doubler une scène de cinéma, le comédien réussit à nous faire passer d’un monde à l’autre avec autant de magie que la machinerie imaginée par Robert Lepage.

Il en résulte un spectacle beau et unique qui mériterait peut-être un peu plus d’émotion là où la magie perd de ses effets, on en ressort néanmoins « transformé ».

Pour aller plus loin: « Les Aiguilles et l’Opium » Amour, drogues et dépendances, l’article contient des extraits du spectacle et une interview de Robert Lepage par Michel Field lors de la création du spectacle en 1992.

25 Juin

D’un festival à l’autre, l’été 2015 en Auvergne

An artist performs in the street, on August 22, 2013 during the "Aurillac Street Theater Festival", in Aurillac, central France. AFP PHOTO / JEFF PACHOUD

An artist performs in the street, on August 22, 2013 during the « Aurillac Street Theater Festival », in Aurillac, central France. AFP PHOTO / JEFF PACHOUD

En Auvergne les festivals de l’été résistent à la crise. En juillet et en août on peut prendre le temps de danser, d’écouter et de rêver. De la Haute-Loire au Cantal en passant par l’Allier et le Puy-de-Dôme, une balade culturelle chemine le long du parc des Volcans pour vous mener aux plateaux des Combrailles ou dans le bocage Bourbonnais.

Comme chaque année, l’Auvergne est terre de diversité : il y en a pour tous les goûts, en fonction de votre humeur on vous propose nos préférés :

 

Pour les amoureux d’ailleurs :

Musique du monde et folklore

Festival des Hautes Terres à Saint Flour (15) du 26 au 28 juin

Festival de folklore à Issoire (63) du 14 au 19 juillet

La ronde des copains du Monde à Ambert (63) du 14 au 19 juillet

Les cultures du Monde à Gannat (03) du 17 au 26 juillet

Interfolk au Puy-en-Velay (43) du 20 au 26 juillet

Festival celte en Gévaudan à Saugues (43) du 6 au 8 août

 

Pour les nostalgiques :

La Classe Américaine

Retro Rockin’ au Mont-Dore (63) du 23 au 26 juillet

Festival Country à Craponne sur Arzon (43) du 24 au 26 juillet

Boogie woogie à Laroquebrou (15) du 6 au 9 août

 

Pour les solides :

24 h d’électro non stop

Château perché festival au Château de Chazeron les 15 et 16 août

 

Pour les sélect :

Le Classique

Volcadiva à Royat (63) du 1er au 8 juillet

Festival Piano à Riom (63) du 24 juin au 10 juillet

Osez le classique dans l’Allier du 24 juin au 17 juillet

Bach en Combrailles du 10 au 15 août

La Chaise-Dieu (43) du 21 au 30 août

 

Pour les danseurs :

Faut qu’ça bouge

La Pamparina à Thiers (63) du 3 au 5 juillet

Les nuits de Saint Jacques au Puy-en-Velay du 12 au 17 juillet

Jazz au fil du Cher dans l’Allier du 21 au 26 juillet

Le Festival des cuivres au Monastier sur Gazeille (43) du 7 au 13 août

Wepachaba à Broût-Vernet (03) du 8 au 9 août

Les Apéros Musique à Blesle (43) du 14 au 16 août

Les 4 sons cardinaux à la Bourboule (63) du 16 au 27 août

Festival de Nonette (63) du 28 au 29 août

 

Pour les pressés :

Festival d’un jour

Aubus song au lac d’Aubusson (63) le 22 août

Meygal Rock à Saint Julien-Chapteuil (43) le 29 août

La petite bringue à Chadeleuf (63) le 5 septembre

 

Pour les curieux :

Théâtre, promenades, poésie et autres curiosités

Festival Volcan du Montpeloux du 25 juin au 20 août

Les Contre-plongées à Clermont-Ferrand du 8 juillet au 13 août

Eclats de fête à Riom (63) du 10 juillet au 21 août

Art’air festival dans le massif du sancy du 10 au 14 juillet et du 29 au 30 août

Festival d’Aurillac du 19 au 22 août

Les lectures sous l’arbre au Chambon-sur-Lignon du 16 au 23 août

 

Enfin pour les motivés, les insoumis et les irrévérencieux :

Théâtre, chanson et cinéma

La Belle Rouge à Saint-Amant-Roche-Savine (63) du 24 au 26 juillet

13 Jan

J’espère que j’y serai : Les Particules Elémentaires à la Comédie de Clermont

Le metteur en scène Julien Gosselin -  Crédit photo Philippe Huguen/ AFP

Le metteur en scène Julien Gosselin – Crédit photo Philippe Huguen/ AFP

Même si vous n’avez pas envie de lire Soumission de Michel Houellebecq, allez voir ses Particules Elémentaires selon Julien Gosselin

La sortie d’un bouquin de Michel Houellebecq fait couler beaucoup d’encre. Parfois, seule l’annonce de la sortie d’un de ses bouquins suffit à faire la une. Sans doute ce type a le sens de la provocation et sans doute a-t-il, aussi, le sens des affaires. Mais quand on finit par lire Houellebecq, on doit se rendre à l’évidence : il a aussi le sens du rythme et l’on est surpris de s’apercevoir que sa littérature n’ait pas davantage fait l’objet d’adaptation au théâtre en France. Julien Gosselin, 27 ans, a donc trouvé que c’était une bonne idée d’adapter Les particules élémentaires. En ce qui me concerne, c’est avec ce livre que j’ai fait la connaissance de Houellebecq et à l’époque, j’avais pris ce qu’on peut appeler une grosse claque. Personnages complètement barrés mais absolument crédibles, histoires invraisemblables mais totalement fascinantes, narcissisme primaire mais si bien raconté, Houellebecq, chantre de la misère affective et sexuelle… Ce livre raconte les vies de deux demi-frères d’une quarantaine d’années, Michel et Bruno. Le premier est chercheur au CNRS et spécialisé dans le clonage des animaux, le second est prof de littérature dans un lycée. Le premier perd sa virginité très tard, se sent incapable d’aimer et a peu de désir sexuel alors que le second, marié et père de famille est continuellement en chaleur. Et c’est au travers du destin funeste de ces deux personnages que Houellebecq nous contera le destin pas plus réjouissant de l’humanité.

Voilà le théâtre dont on a besoin aujourd’hui (Extrait du texte de présentation de la Comédie de Clermont)

Donc, déjà, on sait que ce roman est une valeur sûre. Pourquoi l’adaptation théâtrale de Julien Gosselin vaut le détour ? A dire vrai, j’en sais rien puisque je ne l’ai jamais vu. C’est pourtant l’un des trucs que je ne veux pas louper en 2015. La pièce créée à Avignon en 2013 a fait un carton et ceux qui ont survécu aux quatre heures de représentation sont unanimes quant au dépoussiérage en règle que le jeune metteur en scène opère sur sa discipline. Il semble (à lire les critiques et à écouter les témoignages des uns et des autres) que sa jeunesse se soit propagée dans sa mise en scène, que Julien Gosselin fait partie d’une génération que le théâtre ne connaissait pas encore. C’est aussi comme ça et avec un enthousiasme communicatif que Jean-Marc Grangier, directeur de la Comédie de Clermont nous a présenté cette pièce lors du dévoilement de la saison 2014-2015 et c’est pour ces raisons que j’espère y être.

Les Particules Elémentaires, Mercredi 4, jeudi 5 et vendredi 6 mars 2015 à la Maison de la Culture

Adaptation, mise en scène et scénographie Julien Gosselin/ Si vous pouviez lécher mon cœur
 avec
 Guillaume Bachelé, Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Alexandre Lecroc, Marine De Missolz, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Tiphaine Raffier
 Création musicale Guillaume Bachelé
 création lumière et régie générale Nicolas Joubert
 Création vidéo Pierre Martin
 Création sonore Julien Feryn
 Costumes Caroline Tavernier 
Le texte de Michel Houellebecq est publié aux éditions Flammarion (1998)