Vendredi soir, pour l’avant dernier concert de la saison à la Coopérative de Mai, les quatre groupes du collectif La Colonie de vacances se sont livrés bataille en s’envoyant des rythmes et des riffs démoniaques des quatre coins de la salle. Envoutant.
Face à moi, le groupe Marvin, trio montpelliérain guitare, batterie et clavier spécialisé dans la livraison d’un rock noisy vaudou. A ma gauche, les nantais de Papier Tigre, deux guitares, une voix et beaucoup de percussions percutantes. A ma droite, le duo minimaliste Pneu qui déploie de sa guitare et de sa batterie un bruit maximaliste et enfin derrière moi les chamaniques strasbourgeois d’Electric Electric. Le public est encerclé par quatre groupes montés sur piles, parfaitement fous et diablement synchrones qui s’envoient du son dans la tronche comme ils joueraient à une passe à dix bestiale. Les batteurs qui deviennent les leaders de chacune des formations donnent le « la » barbare à ce set terriblement millimétré. Au milieu de ces vikings, le spectateur sourit des convulsions que le son provoque dans tout son corps. C’est un concert conceptuel qui met à terre toutes tes capacités de réflexion et qui force tes sens à prendre le pouvoir: ça vibre dans ta poitrine, ça détruit tes tympans, ça te flanque un sourire aussi inexplicable que ta gaule du matin et ça t’appelle à la danse, même toi qui pourtant, ne danse jamais. Voilà ce qui s’est passé hier soir à la Coopérative de Mai: après une semaine de canicule, le public qui ne semblait rien attendre de plus que de la bonne musique s’est consumé en 90 minutes dans un violent brasier et a terminé la soirée en poggotant ou en tapant du pied. Une expérience à vivre les trois prochains jours à Chalon, Lyon et Genève et cet automne à Rennes, Nantes et Nevers.