Avant hier soir, je ne m’étais posé aucune question sur Jessica93, me contentant de me promettre d’aller voir ça un jour en concert. Je croyais d’ailleurs que Jessica93 était l’identifiant d’une bande de rockeurs à la fière allure normcore, neo-shoegazers qui lançaient des riffs noirs à la tête du public en se concentrant sur leurs pieds. Mais, visiblement, je n’avais pas le mdp. En fait, Jessica93, c’est Geoffroy Laporte alias Geoff tout seul, no look certes, le regard perdu dans un paquet de cheveux, mais complètement seul, jonglant avec sa collection de cordes, multipliant les boucles d’accords sur des coups de batteries plus ou moins distribués de la même manière par une boîte à rythmes plus ou moins nerveuse. Du shoegazer, il compile les signes particuliers et le son qu’il fait sortir de son ampli va sûrement marquer ce courant musical. Avec Asylum, le bonhomme a lancé, dès le début, de puissantes salves de riffs, des airs de guitares entêtants et agités. Les morceaux qui ont suivi, moins speed mais tout aussi nerveux, entraient dans nos corps sans frapper à l’image de Away, où les guitares semblent se contorsionner comme des danseuses pour nous obséder.
C’est le groupe clermontois Niandra Lades qui s’est coltiné la première partie et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils ont relevé le défi avec grâce. Même si les morceaux ne percutaient pas tous de la même manière, le groupe a gardé son énergie du début à la fin, se lançant parfois dans des transes tour à tour oniriques (il me semble que le morceau que j’ai en tête s’intitule Crows) et convulsive, comme ce crescendo infernal (dans le bon sens du terme) sur lequel le groupe nous a laissé.