Chaque jour, nous partons à la rencontre de cinq mordus de littérature, venus à Montpellier, pour la Comédie du Livre. Ils nous font découvrir l’oeuvre qui a changé leur vie, leur livre de chevet ou tout simplement leur coup de coeur du moment.
Jean-Pierre, Bordeaux (33)
70 ans, bibliothécaire à la retraite
« L’idiot » de Dostoïevski
« Il n’y a pas beaucoup d’écrivains capables de sonder l’âme humaine aussi profondément »
« Après l’avoir lu, j’ai été transfiguré. J’avais 17 ans. Mon professeur de philosophie nous a fait découvrir ce livre. A l’époque, il n’y avait que la littérature française au programme mais lui se donnait la peine de nous ouvrir aux auteurs étrangers. J’avais l’impression que ce livre parlait de moi alors que l’intrigue se joue dans la Russie du XIXème siècle. Je m’étais toujours promis de le relire. Et je l’ai fait une fois à la retraite il y a une dizaine d’années. Cela a été encore plus émouvant. Vous savez, l’âge de la retraite, c’est l’âge de la relecture. Il n’y a pas beaucoup d’écrivains capables de sonder l’âme humaine aussi profondément. J’avais l’impression que « l’idiot » c’était aussi moi en quelque sorte. »
Rose-Marie, Montpellier (34)
56 ans, sans emploi
« Temps Glaciaires » de Fred Vargas
« Je ne me lasse jamais de ses polars »
« C’est un livre qui mêle intrigue policière et Histoire. Ça me plaît beaucoup, c’est envoûtant. C’est un style simple, on rentre tout de suite dans le livre. Je l’ai acheté dès sa sortie, sans attendre qu’il soit publié en Poche. Comme tous les « Fred Vargas » d’ailleurs ! J’adore ce qu’elle écrit, je ne me lasse jamais de ses polars ! »
Julien, Paris (75)
38 ans, agent de photographe
« Jamais un coup de dé n’abolira le hasard » de Stéphane Mallarmé
« Ce poème m’a retourné »
« C’est compliqué de trouver un livre en particulier qui a marqué ma vie… Je suis un littéraire depuis tout petit. Un livre, c’est quelque chose qu’on a vécu. On lit par besoin pas par envie. Si je devais choisir une œuvre, je dirais le poème de Stéphane Mallarmé « Jamais un coup de dé n’abolira le hasard ». Je l’ai lu pour la première fois à l’université. Un ami normalien agrégé de littérature me l’a conseillé, ce poème m’a retourné. C’est la première poésie typographique, aussi agréable à lire qu’à simplement contempler. »
Audrey, Fabrègues (34)
33 ans, assistante de direction
« La Consolante » d’Ana Gavalda
« Je l’ai lu enceinte de ma première fille , le seul moment où j’ai vraiment pris le temps de lire »
« Je ne suis pas une grande lectrice… et je suis rentrée dans ce bouquin sans problème. Très facile à lire. Le style est direct, les phrases sont sans sujet. C’est l’histoire de la vie d’un architecte qui prend un mauvais tournant suite au décès d’une amie. Ma mère m’a offert ce livre quand j’étais enceinte de ma première fille, il y a 6 ans. C’est le seul moment où j’ai vraiment pris le temps de lire. »
Dominique, Aigues-Mortes (30)
69 ans, bibliothécaire à la retraite
« Chien Blanc » de Romain Gary
« Un manifeste contre le racisme ordinaire »
« Je l’ai lu il y a une dizaine d’années aux Etats-Unis. C’est un ami américain qui m’en a parlé, un peu par hasard. Dès les premières pages, ce livre m’a beaucoup touché. Une histoire extraordinaire : c’est un chien dressé par son maître pour attaquer les personnes de couleur noire avant qu’il ne se rende compte de sa bêtise. C’est un manifeste contre le racisme ordinaire. J’ai été marquée par ce bouquin. Je le conseille d’ailleurs régulièrement à mes amis. Je l’ai aussi fait lire à mes enfants. Il me fait penser à un autre livre, le Collier Rouge de Jean-Christophe Ruffin. Encore un livre avec un chien… Pourtant je n’ai même pas de chien ! «
AURELIEN TIERCIN
