« Nous sommes les pirates d’Auxon… On coupe nos ennemis en rondelles de saucissons ! » Voilà comment commence la chanson qu’ont écrite Cuéli, Betesna, Mizarus et les autres. Vous vous demandez certainement qui porte des prénoms si étranges ? Tremblez… Voilà les enfants-pirates !
Et si on écrivait une chanson ?
Cuéli m’explique : « Depuis 3 jours, au centre de loisirs, on fait une chanson tous ensemble. On a commencé par mettre nos vrais prénoms sur des feuilles, on a mélangé les lettres, et on s’est fabriqué des prénoms de pirates. (En fait, elle s’appelle Lucie) Ensuite on a écrit toutes les choses qu’on aime, les endroits qui nous plaisent et on a cherché des mots qui riment avec. Après, Baptiste et Vincent nous ont aidé pour la musique, et on a commencé à chanter la chanson. C’était vraiment super génial ! »
Baptiste et Vincent, c’est le groupe BATpointG, originaires du sud de la France. Un accordéon et une batterie composent l’essentiel de leur œuvre. Leur manager et l’association haute-saônoise Au Coin de l’Oreille les ont envoyés quelques jours dans notre région pour une mission un peu particulière : apprendre aux gens à écrire des chansons. Peu d’artistes franc-comtois se livrent à cet exercice, José Shungu ou Maggy Bolle animent des ateliers en collèges et maison d’arrêt.
Deux approches pour un même concept artistique
L’après-midi, les BATpointG travaillent avec les enfants, créent un univers, inventent des mots, font marcher l’imaginaire. Le soir, ils animent un groupe d’adultes. Deux approches différentes pour un même concept artistique : « L’idée, avec les adultes, c’est de partir de rien du tout et de trouver un déclencheur. Une phrase, avec un concept fort. On a pris un journal et sélectionné toutes les phrases avec une accroche un peu poétique. En 10 minutes, on avait une vingtaine de mots ou de phrases au tableau. On est partis là-dessus, par exemple « puisque tout est permis, tout est pourri », « la vérité doit se frayer un chemin, l’important c’est d’aller le chercher » ou « tous ces hommes déguisés en clowns sensés ». L’important est de sortir cette phrase de son contexte, de se l’approprier, et d’écrire autour. On est tous capables d’écrire une vingtaine de phrases, mais il faut savoir comment et où aller pour illustrer ce que l’on a dans la tête. »
La musique pour s’exprimer
La démarche, pédagogique pour les enfants, est plus intimiste pour les adultes. « On est un support, une aide, mais tout part d’eux. C’est un moyen de s’exprimer. Cette société est faite de telle sorte que les gens ont le sentiment de ne pas pouvoir dire ce qu’ils ressentent. Dans les médias, à la télé, dans la vie, on reçoit beaucoup plus que ce que l’on exprime. Dire les choses qu’on a sur le cœur, en étant adulte, c’est plus compliqué qu’en tant qu’ado ou enfant. On a plus de journal intime ! La musique permet cela. Moi si je n’avais pas ma musique pour m’exprimer, je ne sais pas dans quel état je serai ! C’est un exutoire, ils ont joué le jeu et ce qui en ressort est assez bluffant. »
Je ne fais rien, je veux juste regarder !
Aujourd’hui, c’est le dernier jour de travail, et demain pour les adultes, le concert de restitution. Devant un vrai public. Pour la majorité d’entre eux, c’est la première fois qu’ils monteront sur scène. « Une femme est venue en disant « je ne fais rien, je veux juste voir » mais elle s’est prêtée au jeu, elle ne voulait pas chanter et finalement demain elle sera sur scène avec nous. Les gens qui arrivent à l’atelier ont leurs problèmes quotidiens, ils sortent du boulot, ils viennent là, ils ont envie d’écrire, de se livrer, ils nous donnent une partie d’eux. C’est extrêmement émouvant. Hier, une autre participante a pondu un texte d’une puissance incroyable, elle en avait gros sur le cœur. On a joué une musique totalement spontanée et on a tous versé une petite larme ! »
Vous aussi vous vous sentez auteur dans l’âme mais vous ignorez comment mettre vos textes en forme ? N’hésitez pas à fréquenter un atelier d’écriture, c’est un bon moyen de prendre confiance et de libérer son côté artiste en douceur. Voici quelques structures qui organisent ces rendez-vous (dates et renseignements en cliquant sur les liens) :
♦ Association Au Coin de l’Oreille en Haute-Saône
♦ Le Petit Théâtre de la Bouloie à Besançon
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