02 Déc

Journée de permission pour Léon Mortreux

 

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 2 décembre 1915

Après la journée de permission passée avec son Oncle à Dierrey-Saint-Julien, le Sergent Léon Mortreux est rentré au dépôt de Fontvannes et lui écrit … encore oppressé.

 

« On a tant de choses à se dire. Lorsqu’après de longs mois passés à une telle époque on arrive enfin à se rencontrer, le flot des questions vous oppresse. »

 

Correspondance de guerre il y a cent ans …
 

Fontvannes, 2 décembre 1915

Peloton spécial 

Cher oncle,

Je suis rentré à bon port dimanche soir heureux de ma journée dont le souvenir m’a fait tout à fait oublier les fatigues de la marche.

Me rappelant nos entretiens je me reproche mon attitude envers toi. C’est tout juste si je t’ai remercié du billet que tu m’as donné ; mais je savais que tu n’aimes pas les palabres c’est pourquoi je n’ai pas essayé de te dire en termes dithyrambiques tous les sentiments d’affection et de reconnaissance que j’éprouve pour toi.

On a tant de choses à se dire lorsqu’après de longs mois passés à une telle époque on arrive enfin à se rencontrer que le flot des questions à poser vous oppresse, on veut faire une moyenne, moi je me suis plutôt tenu au-dessous, c’est ce que je regrette.

Par exemple je ne t’ai pas demandé si tu avais causé aux prisonniers allemands que les anglais avaient convoyés par Béthune, l’attitude de la population envers eux etc…

Comme tu le vois nous sommes revenus à Fontvannes, débarrassés maintenant des bleus qui vont rester au dépôt, jusqu’à… Mystère.

Le tricot apporté par toi me sert contre l’humidité très prononcée ici surtout depuis que les pluies de ces derniers jours ont succédé au froid que tu as dû constater dimanche.

Comment as-tu trouvé mon oncle Paul ? Et que t’a dit papa sur la santé de Berthe, et sur la lettre projetée pour Fontainebleau ?

J’espère apprendre par toi que ton voyage de retour s’est bien effectué, que tu es en bonne santé et que les Boches oublient de tirer sur vous les décharges de leurs grosses pièces.

Je t’embrasse affectueusement. Léon