Ce jour-là, le 22 novembre 1914, le Sergent Léon Mortreux vient de lire une lettre de Fernand Bar. Les nouvelles de Béthune ne sont pas bonnes.
Des obus allemands tombent tous les jours sur la ville, comme « une canonnade incessante ». Léon parle de « dépravations des Boches dans le Nord ».
Ce dimanche 22 novembre 1914, Léon Mortreux semble d’abord rassuré. La maison familiale rue de la Délivrance à Béthune n’a pas eu « l’insulte de l’ennemi »
Oui il serait temps de déplacer cette guerre du nord, boutons l’allemand à travers la Belgique et le reconduisons chez lui au pas gymnastique.
Quelques lignes plus loin, Léon Mortreux paraît beaucoup plus inquiet.
Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le dimanche 22 novembre 1914
En ce mois de novembre, « la tension nerveuse très grande » est présente dans les courriers échangés par les frères Mortreux et la famille à Béthune .
Quatre mois après le début des combats contre l’armée allemande, on perçoit l’impatience de plus en forte pour en finir avec cette guerre qui a commencé pour l’armée française le 3 août 1914.
Correspondance de guerre d’il y a 100 ans …
22-11-1914
Aujourd’hui dimanche me parvient ta lettre fermée m’annonçant les dépravations des Boches dans le Nord. Que de crimes ces misérables entassent !
Je suis très heureux que le 9 rue de la Délivrance n’ait pas eu l’insulte de l’ennemi et mon plus cher vœu est que cette maison bénie te demeure un abri inviolé.
Je comprends facilement qu’une canonnade incessante comme celle qui retentit autour de nous ne permette qu’un repos très relatif, la tension nerveuse étant de ce fait très grande.
Mon oncle Paul subit donc aussi une part du préjudice qui atteint Beuvry ! Quelle bonne pensée il a eu d’emmener Marie et Augustine en des contrées moins terrorisées.
J’espère que Barlin n’a pas été atteint.
Je te remercie infiniment de tous les détails que tu me donnes et de l’adresse de mon oncle Auguste, puissent ces tristes événements ne pas trop influencer son grand âge.
Oui il serait temps de déplacer cette guerre du nord, boutons l’allemand à travers la Belgique et le reconduisons chez lui au pas gymnastique.
Je ne te parle pas de courage, tu peux nous en vendre à tous, mais patience et foi en nos armes.
Merci encore et baisers affectueux.
Léon
Bonjour à Marie. Je suis sûr qu’elle est trop brave pour se cacher dans la cave, près de Gaspard, quand les marmites tournent.