Laetitia Nonone invitée du 19/20 sur France 3 Paris Ile de France le 8 Février 2017
Cette tribune a été rédigée par Laëtitia NONONE, habitante de Villepinte, fondatrice de l’association Zonzon 93, membre de la coordination nationale Pas Sans Nous. Son père a exercé ses fonctions pendant 23 ans avant de retourner son arme contre lui. Une famille de Villepinte qui témoigne du malaise de plus en profond entre police et population.
Quand je suis rentré dans la police en 1973, j’ai laissé mon île, la Martinique, pour offrir un avenir meilleur à ma famille. Si je suis rentré dans la police, c’était pour aider les gens, les secourir… Ma fille, si tu savais le nombre de personnes que j’ai pu aider pendant ma carrière… Je l’ai quittée en 1996, trop brutalement, mais bon…
Qu’ils se posent la question eux… Pourquoi ils sont rentrés dans la police ? Aujourd’hui, on ne devient plus policier par vocation.
Comment des collègues ont pu agir comme ça ??!!
Ils dégradent notre métier, notre fonction.
Dis leur que je suis un homme noir qui a donné sa vie à la police.
Je suis triste ma fille car si les policiers ne font plus leur travail correctement, tu n’es plus en sécurité, et surtout là où tu vis. J’ai peur pour vous, et surtout pour tes frères…
Tout le monde ne peut pas être policier, ce métier demande de la rigueur, de l’endurance, de la patience, du contrôle de soi, de la capacité intellectuelle et mentale. Si tu veux faire respecter les lois, apprends-les et respecte-les.
Il y a un gros travail à faire en interne sur les formations, la gestion du stress et le recrutement. Les ministres se succèdent mais ne se préoccupent que des résultats.
Si tu es invitée sur un plateau, porte ma voix. Dis-leur que je suis un homme noir français qui a donné sa vie à la police. Les syndicalistes capables de banaliser les insultes racistes doivent être écartés de leurs fonctions. Quand ils sont capables de minimiser le terme de « bamboula » il serait convenable qu’ils démissionnent, ce n’est pas leur rôle de dire ce qui est bien ou non. Je suis sûr qu’il y a des collègues qui se révoltent en interne mais cela vous n’allez pas l’entendre car nos voix sont portées par des syndicalistes bouffés par la politique et leurs intérêts personnels…
Ne laisse pas la vie te rendre dépressive… Apporte mon soutien à tes amis et aux familles de victimes, dis-leur qu’il en existe des policiers qui sont contre ces violences, des policiers intègres et dis-leur de se battre, encore et encore, pour plus de justice. Ma fille, si vous ne vous réconciliez pas, vous vivrez comme des animaux en cage, vous vous boufferez l’un après l’autre et la haine naîtra dans le cœur de vos enfants…
Battez-vous pour vivre en étant respecté, ne lâchez-rien.