Reçus à la Prefecture de Seine Saint Denis une vingtaine de représentants associatifs du département ont fixé leurs priorités.
Salon d’honneur de la Prefecture de Seine Saint Denis. 3 réunions de ce type sont prévues dans le département.
Didier Leschi, préfet délégué à l’égalité des chances de Seine Saint Denis a souligné la nécessité de comprendre et de répondre à certains discours qu’il a qualifié d inquiétants concernant la laïcité et la religion. « Il faut combattre les idéologies de mort » a t il affirmé. « Il faut réfléchir à des solutions et notamment revoir les politiques publiques de rénovation urbaine en y associant davantage les habitants. »
La loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, adoptée en février 2014, prévoit la mise en place de conseils citoyens. Des instances consultatives dites de co-construction avec les habitants et les différents acteurs locaux doivent être mis en place dans 1300 quartiers de la politique de la ville. Faire remonter les idées du terrain, une démarche que salue le secteur associatif. Mais sur place nombre de militants ont le sentiment d’avoir déjà été consulté sans prise en compte effective de leurs analyses.
Quels sont leurs diagnostics et leurs propositions?
Nadia Remadna membre de la brigade des mères :
« Il faut travailler avec les mamans, c’est le cœur de la société. »
A Sevran les mères de familles se sont organisées dans plusieurs quartiers pour créer des solidarités et accompagner collectivement la jeunesse.
» Les jeunes de nos quartiers ont le respect de la mère, alors on est sur le terrain, on occupe les lieux de nos enfants. Mais parfois on ne sait plus comment les protéger, on a peur du pire. Oui des enfants partent en Syrie il ne faut plus avoir peur des mots, il faut arrêter de prendre des gants. On tente de répondre à l’urgence, ce qui s est passé est grave et les jeunes le perçoivent mais souvent dans les quartiers difficiles ils ont déjà été confrontés à la violence, à la mort. Tous les jours, ils sont face au danger. Alors il ne faut pas les victimiser, sinon on n’avance pas, mais il faut travailler avec les mamans c est le coeur de la société, il faut que l’Etat nous fasse confiance. »
Mohamed Mechmache porte-parole d’Ac le Feu Co-president de la coordination nationale Pas sans nous :
« Créer des maisons des parents à l’interieur des établissements scolaires, favoriser les échanges et la justice sociale. »
« On a entendu pas mal de débats, on a vu certains affirmer : « je ne suis pas Charlie » ou encore refuser de respecter la minute de silence. Ça nous interpelle tous. Mais la question à se poser c est pourquoi certains jeunes Français n’ont pas le sentiment d’appartenir à la République? Il faut créer des espaces de dialogue. Les institutions sont en difficulté, il faut mettre en place un accompagnement éducatif pour répondre à ces questionnements. Nous avons déjà proposé d’encourager les échanges, notamment entre les parents et les équipes éducatives par le biais de maisons des parents à l’interieur des établissements scolaires. Aujourd’hui on présente certains jeunes comme s’ ils tournaient le dos à la République mais pour eux c’est la République qui leur tourne le dos. »
Najet Bensaïd coordinatrice d’I.D.E.E.S. Sevran
« Comme en 2005, il faut prendre acte et travailler avec tous les partenaires »
« Il faut faire un travail d’ éducation à la citoyenneté et à l’histoire de France. Il s’agit de trouver des outils pédagogiques pour comprendre, d’organiser des débats en interne dans nos associations mais aussi avec les institutions exterieures. Etat, municipalités, représentants religieux, il faut coordonner toutes les bonnes volontés. Comme en 2005 (ndlr: date du déclenchement des révoltes sociales) il faut prendre acte et travailler avec tous les partenaires. A Sevran, les assistantes sociales ont pris contact avec nous, nous travaillons également avec l’Association Française des Victimes du Terrorisme. Nous sommes en train d’organiser plusieurs rencontres entre ces différents acteurs. »
Sihame Assbague porte-parole du Collectif Stop le contrôle au faciès :
« Il faut combattre toutes les discriminations »
« Dans notre pays certaines zones subissent une ségrégation sociale, économique et territoriale. Il faut bien garder cela en tête lorsqu’on demande aux jeunes de réfléchir. Aujourd’hui si on doit ré-expliquer les concepts de liberté, d’égalité, de fraternité, c’est parce qu’ ils existent mais ne sont pas les mêmes pour tous. De même pour la laïcité, si elle s’appliquait de la même façon pour tout le monde, il y aurait moins d’incompréhension. Nous en sommes au même point qu’après les révoltes de 2005. On fonce droit dans le mur. Il faut résoudre notamment la question des contrôles au faciès. Chaque révolte est partie d’un problème avec la police, et on ne peut pas demander aux jeunes de croire dans le pacte républicain s’ils font l’objet de contrôles en fonction de leur apparence. »