« J’ai connu une personne de Paris qui m’a dit qu’à Toulon on pouvait vendre et que ça paie mieux qu’à Paris. »
© JFGiorgetti France 3 Provence Alpes Côte d’Azur
120 €uros, 80 grammes de résine de cannabis et 2 grammes d’herbe.
Dans le box, Oumar 21 ans, filiforme, un maillot du PSG sur les épaules, écoute attentivement la présidente Karine Molco qui résume les faits reprochés. Le 23 avril Cité Picon dans le 14ème arrondissement de Marseille, des policiers surveillent un plan stup (un point de vente) ils voient un jeune homme, qui, à deux reprises, fait une transaction, pochon en plastique contre billets de banque. Les fonctionnaires passent à l’action et l’interpellent le jeune homme. En sa possession 120 €uros, 80 grammes de résine de cannabis et 2 grammes d’herbe.
« je suis de Paris, je suis venu vendre à Toulon et à Marseille… »
« J’étais vraiment là pour vendre, c’était moi le vendeur » Oumar reconnaît sans détour les faits reprochés et rajoute : « je suis de Paris, je suis venu vendre à Toulon et à Marseille… »
La présidente : »pourquoi ? »
Oumar : « je ne sais pas, comme ça…j’ai connu une personne à Paris, qui m’a dit qu’à Toulon, on pouvait vendre et que c’était mieux payé qu’à Paris. »
De 12h à 22 heures, payé 100 €uros la journée.
La président reprend la parole et précise qu’Oumar a été interpellé à Toulon, pour les mêmes raisons le 5 avril dernier et qu’il est sous contrôle judiciaire avant d’être jugé prochainement. Le jeune homme précise que c’est son premier jour de vente, à Picon, et qu’il avait besoin d’argent pour s’acheter un billet de train et retourner à Paris. Il précise qu’il vend de 12h à 22 heures, payé 100 €uros la journée.
« Ben moi, c’est 100 €uros par jour. Je me suis fait arnaquer ! »
Une des deux assesseurs lui demande s’il a été recruté par le biais des réseaux sociaux en indiquant que la semaine dernière : » vos collègues disaient qu’ils étaient payés 250 €uros par jour et qu’on leur prenait une chambre d’hôtel. »
« Ben moi, c’est 100 €uros par jour. Je me suis fait arnaquer ! » Répond Oumar qui rajoute ne pas être lui-même consommateur de cannabis.
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Sur les éléments de personnalité la présidente demande s’il a travaillé ou s’il suit une formation. Oumar a travaillé, jusqu’en janvier au service civique des espaces verts des Mureaux en région parisienne et qu’il veut s’engager dans l’armée. La magistrate réagit : « si vous avez un casier stups, ça va être compliqué ! »
« Ici on a des gens qui acceptent de jouer les petites mains au bas des immeubles, il y en a de moins en moins dans cette ville. »
Le vice procureur, Florent Boitard, prend la parole : « cette drogue qui n’est pas bonne pour monsieur, elle circule de mains en mains pour finir dans les cerveaux. …Ici on a des gens qui acceptent de jouer les petites mains au bas des immeubles, il y en a de moins en moins dans cette ville. Les organisateurs recrutent loin… La question, c’est la peine. 10 ans encourus… Le cannabis, il s’agit d’une drogue, avec des effets toxiques, les médecins le disent. Je demande 3 mois de prison avec maintien en détention.
» Je comprends ce qu’a dit le procureur. La drogue, moi aussi, j’en ai fait les frais. »
Maître Thomas Hugues plaide pour Oumar il précise au tribunal que la prison ferme n’est pas la solution. Selon lui, la pédagogie serait plus efficace vu le profil de son client en rajoutant : «la situation d’Oumar est très triste. Faire venir de loin, des petits jeunes à qui on fait miroiter des gains… »
En conclusion Oumar rajoute : » Je comprends ce qu’a dit le procureur. La drogue, moi aussi, j’en ai fait les frais. »
Finalement le tribunal reconnaît, Oumar, coupable des faits de vente et de transport de stupéfiant et le condamne à six mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, interdiction de paraître à Marseille et obligation de travailler ou de se former. Ce soir, Oumar, qui n’a pas voulu que sa mère soit informée de sa garde à vue, et de sa comparution, est libre.