24 Mar

Procès de frères Guérini jour 8

Alexandre Guérini ©JFGiorgetti France 3 Provence Alpes Côte d’Azur

Les comptes luxembourgeois et suisses d’Alexandre Guerini en débat

« je ne suis pas un financier, je suis un bosseur! » 

(Alexandre Guérini au cours d’une audition)

Encore un long moment passé à la barre pour Alexandre Guérini

Parmi les 8 faits imputés à Alexandre Guérini, ce mercredi les juges examinent ses comptes luxembourgeois et suisses. La justice lui reproche des faits de blanchiment et d’abus de biens sociaux, il encourt au maximum 5 ans de prison et 375 000 €uros d’amende.

Suite à la vente de sa société, la Somedis à Veolia, en décembre 2002, (voir notre article du 17/03/2021) Alexandre Guerini encaisse une partie de la part variable de la cession, soit 21 594 400 €uros, répartis en six versements en espèces, entre janvier et juin 2003, sur son compte Natixis au Luxembourg. Le tout en provenance du compte, que son associé, qui dirigeait la Somedis, a ouvert dans le même établissement.

La présidente énumère les nombreux mouvements sur ces comptes, principalement en espèces, la juge s’interroge sur « ces sauts de puces d’un compte à l’autre », des opérations qui seraient selon Madame Ballerini, destinées à casser la traçabilité des flux financiers.

La magistrate demande à Alexandre Guérini pourquoi avoir mis cet argent au Luxembourg ?

Le cadet des frères Guerini explique que c’était la partie commissionnelle  (sic) mise par Jean-Pierre Rey, (le dirigeant de droit de la société d’Alexandre Guérini ; ndlr) chez Natixis au Luxembourg. Avec lui, nous transférons l’argent sur son compte, après avoir payé au fisc français la taxe sur la plus-value réalisée. »

La présidente : « pourquoi vous faites voyager cet argent sur plusieurs comptes ? »

Alexandre Guérini : « cet argent n’a qu’une source, il a été dispatché sur plusieurs comptes, j’avais divers projets. »

La présidente : « vous aviez plusieurs comptes chez Natixis… »

Alexandre Guérini : « ce n’était pas une volonté de dissimuler… »

2 millions d’€uros sur l’action Total

La Présidente : « vous aviez dit au cours d’une de vos nombreuses auditions : »je ne suis pas un financier, je suis un bosseur. » Pourtant, vous n’êtes pas un néophyte, puisque vous demandez d’investir 2 millions d’€uros sur l’action Total, vous savez placer votre argent… »

Alexandre Guérini : « je suis l’évolution de mon compte, les recommandations de mon conseiller financier et Total, c’est pour le moins solide et confortable. »

Alexandre Guérini ©JFGiorgetti France 3 Provence Alpes Côte d’Azur

3 sociétés une immatriculée au Panama et deux aux Iles Vierges

Deux ans plus tard, en 2005, les comptes quittent le Luxembourg pour la Suisse, plus précisément à l’Israël Discount Bank de Genève. Trois comptes sont ouverts, ils sont adossés à trois sociétés, dont deux immatriculées aux îles Vierges et une au Panama.

La Présidente : « quel est l’intérêt d’avoir ces sociétés sans réelle existence ? »

Alexandre Guérini : « à partir de ces trois sociétés, je peux investir dans des projets. »

La présidente : « qui vous donne ces idées ? »

Alexandre Guérini : « je ne sais pas, ça s’est passé comme ça. »

Hermès un vieux compte Suisse

Jean-Noël Guérini ©JFGiorgetti France 3 Provence Alpes Côte d’Azur

C’est au tour du procureur de poser des questions. Le magistrat, avant d’aborder la question des comptes luxembourgeois, devenus suisses, demande à Alexandre Guerini s’il se souvient d’avoir ouvert, en Suisse, un compte nommé Hermès, ouvert en 1991 auprès de l’Union Bancaire Privée Genève.

Le Procureur : « pourquoi ne pas avoir déposé votre argent sur ce compte-là ? »

Alexandre Guérini : « je vais vous surprendre…j’avais complètement oublié que j’avais ce compte-là !. »

Le cadet des frères Guérini, explique qu’il avait ouvert ce compte pour prêter 100 000 francs en espèces à « la maman de ma belle-sœur. ».

Le Procureur : »vous souvenez-vous qui était le mandataire ? (celui qui a une procuration ndlr)

Alexandre Guérini : »Mon frère ! C’était au cas où il m’arrive un malheur et pour savoir pour qui cet argent devait aller. »

Jean-Noël Guérini ©JFGiorgetti France 3 Provence Alpes Côte d’Azur

Jean-Noël Guerini, commence à s’agiter sur son siège, il se retourne plusieurs fois vers son avocate.

Le procureur lui demande de venir à la barre, pour s’expliquer.

Jean-Noël Guerini : »je ne savais pas que j’étais mandataire. Les parents de ma femme sont partis vivre à Monaco. Je ne savais pas que mes beaux-parents avaient un compte en Suisse. Ce n’était pas des millions ni des milliards. Au décès du père de mon épouse, le compte a été partagé, elle a touché 150 000 francs. Vous ne m’entraînerez pas sur ce terrain, Monsieur le Procureur. Mon épouse a absolument tout déclaré aux impôts. Mon honneur, m’impose d’être présent devant le tribunal, depuis l’ouverture du procès (au début de l’audience a demandé à tous les prévenus d’être présents tous les jours, sauf pour ceux qui souffrent de problèmes de santé). J’ai d’autres maladies, plus graves mais j’assume. » Le sénateur hausse le ton : »je demande que le tribunal me juge en droit. Ma femme avait un compte dormant, il n’y a jamais eu de transaction. »

La présidente intervient pour ramener le calme, « vous ne répondez pas à la question, d’ailleurs on ne sait plus exactement quelle était la question… »

Je m’en fous, si, je fais un AVC, mais mon honneur doit être lavé !

Jean-Noël Guerini : »j’anticipe. On veut m’entraîner dans une ambiance délétère. Depuis 17 ans, je suis sali par les médias, on dit de moi que je suis un bandit. Je m’en fous, si, je fais un AVC, mais mon honneur doit être lavé ! »

Le Procureur repose la question : »êtes-vous le mandataire du compte Hermès ? »

Le sénateur, s’énerve encore un peu plus, la présidente intervient à nouveau : « je vous demande de vous calmer, le ton que vous employez, n’est pas adapté ! »

« je ne suis jamais allé en Suisse, les bras m’en tombent »

Le Procureur continue à poser des questions au parlementaire : »Le compte Hermès, sur lequel vous êtes mandataire, un compte de votre frère, vous êtes venu à la banque en 1995, en Suisse, pour maintenir ce compte ouvert. Le magistrat brandit un document rédigé par un conseiller de l’Union Bancaire Privée, sur lequel est indiqué que Jean-Noël Guerini était venu, à la banque, pour maintenir l’activité du compte (visite du frère (mandataire) en 1995).

Jean-Noël Guérini : « je ne suis jamais allé en Suisse, les bras m’en tombent. Croyez-moi, Monsieur le procureur très res-pec-tu-eu-se-ment (sic), je suis très respectueux, des membres du parquet, je n’ai jamais mis les pieds en Suisse pour ce compte.

Debout, à la barre, à côté de son frère, Alexandre précise « j’ai donné le nom de mon frère sans le lui dire. Je n’ai jamais fait d’opération sur ce compte que j’avais oublié. »

L’audience continue, ce jeudi. Le tribunal aborde le volet destruction d’ordinateurs au Conseil Général des Bouches du Rhône, présidé à l’époque par Jean-Noël Guérini. Il sera entendu comme témoin.