La ville de Besançon et la communauté du Grand Besançon ont rendu un avis défavorable sur la désignation de Dijon comme chef-lieu de la région Bourgogne-Franche-Comté. C’était attendu et normal. Mais un rapport très dense présenté aux deux assemblées nous apprend quelles contreparties souhaite Besançon. Et la liste est longue !
Les raisons d’un avis défavorable
Il est assez logique que les élus bisontins estiment que leur ville est aussi capable que Dijon d’être le chef-lieu de la future région. Le rapport met en avant son accessibilité, la qualité de ses infrastructures numériques, la disponibilité foncière et immobilière, le rayonnement de certains secteurs économiques et son université.
Le texte insiste aussi sur le poids de l’emploi public, plus important à Besançon qu’à Dijon ( 40.3 % pour la capitale comtoise, toutes fonctions publiques confondues contre 36.4% pour les bourguignons).
Mais le rapport essaie surtout de construire un équilibre entre les deux villes. Manifestement, le combat pour le chef-lieu de région est perdu. Tous les autres peuvent être gagnés.
Les directions que Besançon veut garder
La ligne directrice est claire : « les fonctions de commandement des directions régionales unifiées et les effectifs de ces directions doivent être répartis équitablement entre les deux villes »
Les bisontins estiment qu’ils sont légitimes pour conserver l’ARS (agence régionale de la Santé). En effet, le secteur bénéficie d’une articulation entre secteur public et acteurs privés.
Autre axe de spécialisation : l’environnement et l’aménagement du territoire. La DREAl (environnement, aménagement et logement), la DRAAF (agriculture, alimentation), l’ONF (les fôrets) et l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie) sont cités
La culture, l’enseignement et la formation sont au programme : Besançon veut conserver son rectorat, voire créer une direction régionale unifiée.
En dehors de ces directions régionales, la ville n’a pas oublié d’autres institutions. Elle estime que la cour d’appel Bourgogne-Franche-Comté et le tribunal administratif doivent être installés à Besançon et rappelle, au passage, la perte de la Chambre Régionale des Comptes qui a déménagé à Dijon.
L’hôtel de région serait le bienvenu également !
Puisque la loi le permet, Besançon s’imagine bien garder l’hôtel de région, si la préfecture de région part à Dijon. Pas dupes, les bisontins estiment que « cet enjeu doit faire l’objet d’un pacte politique en amont des prochaines élections ». Deux lieux d’implantations sont proposés pour les 100 futurs élus : l’actuel conseil régional, square Castan ou la CCI du Doubs, ou siège actuellement le Grand Besançon. Et, puisque la compétence économique sera le premier travail du futur conseil régional, le rapport estime que la DIRRECTE et la direction régionale de pôle emploi doivent se trouver dans la même ville que le futur conseil régional.
Une région, deux capitales.
Depuis le début du dossier de la fusion des régions, les francs-comtois défendent, de fait, l’idée d’une double capitale. Ils vont plus loin en écrivant que lorsque la fonction de commandement se trouve dans ville, la fonction opérationnelle doit être dans l’autre. Ils militent aussi pour de meilleurs relations de transports entre Dijon et Besançon, en améliorant le cadencement des trains et en maintenant un « niveau de service performant par la grande vitesse », pas sur que la SNCF soit tout à fait sur la même ligne…
Besançon, Dijon, les fonctionnaires de l’Etat et ceux de la région devraient en savoir beaucoup plus le 30 juin. Eric Delzant, préfet préfigurateur de la future région rendra ses premières conclusions. Tout indique qu’il est plutôt favorable à conserver un équilibre entre les deux villes. Mais jusqu’où ?