D’abord élaborer un programme conforme à ses idées, puis rassembler les hommes et les femmes susceptibles et désireux de l’incarner le temps d’un mandat et enfin partir en campagne… C’était, pensiez-vous, la chronologie rationnelle d’une élection municipale ? Naïfs que vous êtes !
Susceptibles les candidats le sont toujours, ô combien ! Et désireux, oui, d’arriver au pouvoir à n’importe quel prix… Sauf le leur qu’ils font monter. Résultat: les individus ont pris le pas sur les idées. D’abord les listes, les programmes, on verra plus tard ! A Clermont-Ferrand comme dans d’autres grandes villes.
L’échange d’idées a laissé la place au troc ! Mes électeurs contre des sièges !
Cette pré-campagne, celle de la désignation des têtes de liste et de la constitution de ces listes, aura donné lieu à un curieux spectacle, un vrai mercato, un marché persan du « tout à l’ego ». Bataille d’egos qui a fait capoter le tandem PS Bianchi-Martinet que tout le monde donnait gagnant haut la main il y a seulement quelques mois. Bataille d’egos qui fait qu’aujourd’hui encore la droite n’a toujours pas de tête de liste désignée. Bataille d’egos, peut-être aussi, qui a fait exploser le Front de Gauche.
Et les idées dans tout ça ? Les idées ? Quelles idées ? Oubliées les idées… L’échange d’idées a laissé la place au troc ! Mes électeurs contre des sièges ! A toi l’agglo, à moi la ville ! A moi le canton, à toi la circonscription ! J’exagère à peine. Cette distribution des prix se joue en coulisse des prochaines municipales. Et ceux qui sont jusqu’ici restés fermes sur leurs idées et leurs positions ont encore le temps d’ici le 6 mars, date limite de dépôt des listes, d’entrer dans ce jeu de chaises musicales.
L’électeur pourrait bien alors se tourner vers ceux qui, eux, campent toujours sur leurs idéologies, utopiques ou nauséabondes, c’est selon.
Dans ces conditions, comment ces équipes vont-elles pouvoir faire campagne ? On peut craindre le pire, que dans le débat électoral proprement dit, les idées et les programmes soient là encore mis de côté au profit d’une campagne d’insultes et de règlements de compte, chacun faisant payer à l’autre ses trahisons. Ça vole déjà très bas sur Twitter !
Et le citoyen dans tout ça ? Quels repères lui restent-ils ? Plus d’idées, seulement des individus presque tous inconnus de la plupart du grand public. Alors, comment choisir ? On voudrait le dégoûter de la politique et l’envoyer à la pêche les 23 et 30 mars qu’on ne s’y prendrait pas autrement. L’électeur pourrait bien alors se tourner vers ceux qui, eux, campent toujours sur leurs idéologies, utopiques ou nauséabondes, c’est selon. Et, au soir du second tour, les candidats, élus ou battus, nous rediront, une fois de plus : « Ce soir les électeurs nous ont adressé un message. A nous d’en tenir compte et de faire de la politique autrement ».
Pour la politique autrement, c’est quand vous voudrez !
Jean-Paul Vincent (@JPVincentF3Auv)