23 Jan

Tout ça pour ça ! – l’édito de Jean-Paul Vincent

Jean-Paul VincentAlors, là ! On reste sans voix ! On croyait avoir tout vu, tout entendu, y compris le plus inouï, le plus inattendu, le plus inimaginable, le plus abracadabrantesque… et voilà qu’il en restait encore ! Nous n’étions donc pas au bout de nos surprises. Après avoir pendant près d’un an tenté, par tous les moyens, de mener la liste clermontoise de droite aux municipales, Gilles-Jean Portejoie rejoint la liste centre droit de Michel Fanget à la 9ème place. Tout ça pour ça.

Personne n’est dupe…c’est du « off » mais « in ».

Résumé de l’épisode précédent. Besse, Saint-Cochon. Notre fête à tous puisqu’il paraît qu’un cochon sommeille en chacun de nous. Rendez-vous festif et convivial. Populaire et politique. Depuis 20 ans, tous les ténors de la politique puydômoise, tous bords confondus, s’y retrouvent, invités par André Gay, président de la communauté de communes du Sancy. Et à deux mois des municipales, aucun n’aurait voulu manquer le rendez-vous 2014. Absents remarqués, Olivier Bianchi et Jean-Pierre Brenas, les candidats PS et UMP de Clermont-Ferrand. Pas invités, pour ne pas gâcher la fête.

A l’heure de l’apéritif, les conversations, informelles, vont leur train. Les politiques échangent quelques considérations sur le scrutin à venir. En aparté, mais pas trop, afin que les journalistes présents n’en perdent pas une miette. Personne n’est dupe…c’est du « off » mais « in ».

 Et M.C. ne peut s’empêcher de « l’ouvrir ». On ne se refait pas.

Parmi eux Brice Hortefeux, on ne présente plus, et un ex sénateur-maire du département, aujourd’hui conseiller constitutionnel. Tenu au devoir de réserve, il doit donc « la fermer », ce sont ses propres mots. Nous l’appellerons donc M.C. Et M.C. ne peut s’empêcher de « l’ouvrir ». On ne se refait pas.

  • M.C.- Alors Gilles-Jean Portejoie, c’est fini. (Le ton est à peine interrogatif)
  • B. Hortefeux : …silence et demi sourire en coin. (On pense : « qui ne dit mot consent »)
  • M.C.- Ça doit l’arranger, car son problème c’est le suffrage universel.
  • B.H. – Nous partageons la même analyse.
  • M.C.- Vous l’avez bien aidé.

Fermez le ban. Les journalises se regardent. A-t-on bien compris ce qui vient de n’être pas dit ? Gilles-Jean Portejoie serait donc hors jeu ? Un tour de cochon ? Question à l’ancien ministre: mais alors vous l’annoncez officiellement quand votre tête de liste? Brice Hortefeux : « Mais elle est connue depuis un an, c’est Jean-Pierre Brenas, c’est même la première fois depuis 1956 que la tête de liste d’opposition à Clermont est désignée si tôt« . Ah, bon !

Le pathétique psychodrame que la droite nous adonné en spectacle pendant plus d’une année n’était donc qu’une illusion ? Sûrement des histoires de journalistes qui, une fois de plus, n’ont rien compris. Voilà comment on transforme un immense cafouillage en atout électoral.

La modestie de l’avocat clermontois ne saurait, seule, expliquer ce choix.

Trois jours plus tard, confirmation et coup de tonnerre, Gilles-Jean Portejoie est bien « out »…de l’UMP. Mais pas du jeu. Le voici qui réapparaît sur la liste centre droit de Michel Fanget. Finies les prétentions à la tête de liste. On lui propose la 3ème, 5ème ou 7ème place. Il choisit la…9ème. Une place probablement inéligible.

La modestie de l’avocat clermontois, qui n’assiste même pas à la présentation de la liste, ne saurait, seule, expliquer ce choix. Sentant que, pour lui, le mauvais tour était joué, qu’il ne serait donc pas le prochain maire de Clermont, il aurait décidé de se saborder. Mais de ne pas couler seul. Il emmène avec lui ses électeurs et leurs voix, qui feront forcément défaut à JP Brenas, mettant un peu plus l’UMP en difficulté.

Il n’y a pas de petite vengeance !

Jean-Paul Vincent (@JPVincentF3Auv)

02 Jan

Municipales à Clermont-Ferrand: « le tout à l’ego » – l’édito de Jean-Paul Vincent

Jean-Paul VincentD’abord élaborer un programme conforme à ses idées, puis rassembler les hommes et les femmes susceptibles et désireux de l’incarner le temps d’un  mandat et enfin partir en campagne… C’était, pensiez-vous, la chronologie rationnelle d’une élection municipale ? Naïfs que vous êtes !

Susceptibles les candidats le sont toujours, ô combien ! Et désireux, oui, d’arriver au pouvoir à n’importe quel prix… Sauf le leur qu’ils font monter. Résultat: les individus ont pris le pas sur les idées. D’abord les listes, les programmes, on verra plus tard ! A Clermont-Ferrand comme dans d’autres grandes villes.

L’échange d’idées a laissé la place au troc ! Mes électeurs contre des sièges !

Cette pré-campagne, celle de la désignation des têtes de liste et de la constitution de ces listes, aura donné lieu à un curieux spectacle, un vrai mercato, un marché persan du « tout à l’ego ». Bataille d’egos qui a fait capoter le tandem PS Bianchi-Martinet que tout le monde donnait gagnant haut la main il y a seulement quelques mois. Bataille d’egos qui fait qu’aujourd’hui encore la droite n’a toujours pas de tête de liste désignée. Bataille d’egos, peut-être aussi, qui a fait exploser le Front de Gauche.

Et les idées dans tout ça ? Les idées ? Quelles idées ? Oubliées les idées… L’échange d’idées a laissé la place au troc ! Mes électeurs contre des sièges ! A toi l’agglo, à moi la ville ! A moi le canton, à toi la circonscription ! J’exagère à peine. Cette distribution des prix se joue en coulisse des prochaines municipales. Et ceux qui sont jusqu’ici restés fermes sur leurs idées et leurs positions ont encore le temps d’ici le 6 mars, date limite de dépôt des listes, d’entrer dans ce jeu de chaises musicales.

L’électeur pourrait bien alors se tourner vers ceux qui, eux, campent toujours sur leurs idéologies, utopiques ou nauséabondes, c’est selon.

Dans ces conditions, comment ces équipes vont-elles pouvoir faire campagne ? On peut craindre le pire, que dans le débat électoral proprement dit, les idées et les programmes soient là encore mis de côté au profit d’une campagne d’insultes et de règlements de compte, chacun faisant payer à l’autre ses trahisons. Ça vole déjà très bas sur Twitter !

Et le citoyen dans tout ça ? Quels repères lui restent-ils ? Plus d’idées, seulement des individus presque tous inconnus de la plupart du grand public. Alors, comment choisir ? On voudrait le dégoûter de la politique et l’envoyer à la pêche les 23 et 30 mars qu’on ne s’y prendrait pas autrement. L’électeur pourrait bien alors se tourner vers ceux qui, eux, campent toujours sur leurs idéologies, utopiques ou nauséabondes, c’est selon. Et, au soir du second tour, les candidats, élus ou battus, nous rediront, une fois de plus : « Ce soir les électeurs nous ont adressé un message. A nous d’en tenir compte et de faire de la politique autrement ».

Pour la politique autrement, c’est quand vous voudrez !

Jean-Paul Vincent (@JPVincentF3Auv)