Le 12 mars a eu lieu la projection de Deux jours, une nuit, au Lido à Limoges, reflet de la société actuelle présentant les difficultés d’une femme à conserver son emploi après sa maladie. Retour sur le film et le système actuel. Ce cinéma n’est plus une machine à rêve, il montre la réalité sociale d’hommes et de femmes déshumanisés dans une société déshumanisante régie pas la finance. Sandra, (Marion Cotillard) redevient humaine et se reconstruit au travers d’un parcours de lutte pour la solidarité puis de résistance au rejet de la solidarité.
Quelques larmes d’émotions ont coulé sur les joues du public, composé ce jour-là de femmes et d’hommes présents dans la salle de cinéma. Sandra, qui s’est sentie directement concernée par l’histoire, notamment pour le fait d’avoir éprouvé des moments difficiles et similaires vécus par l’héroïne du film, nous raconte:
« J’enchainais les heures de ménage de nuit et le matin pour une société de nettoyage qui payait les heures de nuits en heures de jour. Je recevais mes fiches de paye de façon très irrégulière, quand cela enchantait mon patron! Je travaillais au contact de produits très nocifs, de manière fréquente. Un jour, me rendant au travail dans un état fébrile, ne pouvant plus tenir le coup, je préviens mon patron qui finit par me répondre ‘Si t’es pas contente, tu dégages.’ Mes autres collègues acceptant les conditions de travail insupportables, de peur de le perdre, je fus la seule à avoir osé dire non, avoir osé partir pour finir par porter plainte. » Sandra n’a toujours pas retrouvé de travail mais elle ne regrette en rien sa démarche échappatoire.
Après la projection, Richard Madjarev a évoqué l’évolution des représentations de la femme au cinéma en rappelant, que depuis les Vénus Préhistoriques, aux actrices d’aujourd’hui, imaginaire ou réelles, les femmes ont toujours été représentées depuis le point de vue désireux des hommes. Actuellement, on retrouve cela notamment au travers de scénarios qui renforcent les stéréotypes des femmes. Ceux-là partent de la fabrication de la femme inaccessible, à l’icône dont la beauté est éternelle, en passant par la mère au foyer idéale qui soutien son mari, mais aussi par la femme guerrière jusqu’à l’active super woman.
C’est dans les années 1950 que le cinéma commence sa révolution féminine avec l’émancipation de l’image de la femme aux clichés modifiés, tandis que les femmes reprennent place dans le cinéma. En effet, le cinéma a toujours eu une identité féminine, bien que mise de côté. Ce sont les femmes qui coloriaient les films un à un, soit 25 photos par seconde, dans les années 1910 à 1920. Alice Guy (1873-1968), première femme réalisatrice et productrice, monteuse de plus de 170 films pour Gaumont en a fait la fortune. Mais jalousée par ces collègues masculins, elle fut mise à banc avant de tomber dans l’oublie et de finir sa vie dans le dénuement.
La réelle inscription des femmes cinéastes remonte aux années 1960 lorsqu’elles amènent un nouveau point de vue tout à fait nécessaire pour l’émancipation de l’image de la femme, en influençant les plus grands metteurs en scène du cinéma (Agnès Varda, Marguerite Duras…). Rappelons aussi qu’à l’ouverture de l’école du cinéma dans les années 1980, 65 % des candidates et élèves de la première promotion étaient des filles.
Puis, Clair Simon, Laëtitia Masson, Yamina Benguigui, Claire Denis ; Virginie Despentes, Jane Campion, Suzanne Bier … ont amené le cinéma mondial à changer de regard. Elles y injectent à la fois du social et de l’intime, de l’universel et du singulier, en partant du point de vue des femmes.
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