L’association Action contre l’enfance maltraitée (Acem), a été créée en 1998 pour combattre le phénomène de domesticité infantile – « restes avec » – liée à la précarité de certaines familles paysannes qui ne peuvent scolariser leurs enfants.
Cependant, la mise en place d’un programme pour réduire le nombre d’enfants dans les rues en procurant une aide à la scolarisation est née bien plus tôt dans l’esprit de Lyn François, président de l’association. Né en Haïti, accompagné de sa gouvernante, il partait sur le chemin de l’école et croisait des enfants dans la rue, où ils avaient dormi et qui tentaient de se protéger de la pluie. Il était alors enfant mais ne comprenait pas que lui puisse aller à l’école, tandis que d’autres ne pouvaient s’y rendre et tentaient de se protéger des intempéries. Il a ensuite quitté sa terre natale pour faire ses études de droits en France. Découvrant alors les Droits de l’enfant, il a souhaité qu’ils soient respectés en Haïti et a décidé d’œuvrer en ce sens. Basé à Limoges, il est passé à l’acte avec d’autres étudiants en droits, et amis. Ils se sont d’abord appuyés sur une personne présente aux Orangers pour faciliter la concrétisation du projet, il s’agissait du pasteur.
Une rupture est survenue avant la création de l’association et de lécole puisque le pasteur souhaitait que l’école soit cléricale. Cependant pour les créateurs de l’Acem, les valeurs de l’école à respecter sont : dignité, laïcité et égalité. La dignité en vue d’un droit à l’éducation. La laïcité en vue d’une séparation entre la spiritualité et l’éducation. L’égalité en vue du dénuement total des enfants de la campagne face aux enfants des villes, et comme dit Lyn François « l’école doit réparer cette injustice faite au paysans ».
Le terrain constructible a quasiment été donné et le bâtiment de l’école a été construit grâce à un financement public et grâce aux fonds de l’Acem avant une rupture volontaire du financement public afin de rester « libre » dans les choix de conduite de l’école qui est même devenu un centre culturel (voir l’article).
A présent, les actions menées par le SPF permettent de financer une partie des coûts de l’école, notamment les instituteurs qui sont payés moitié moins que par l’état, soit $ 125 par mois, mais qui continuent d’enseigner. L’école entraine un changement positif important dans la vie des habitants des Orangers, puisqu’au travers des élèves, elle rayonne dans tout le village.