Ivan Drapeau est mort ce matin. Il n’avait que 62 ans.
Le cancer, finalement, aura été le plus fort. Rares sont les journalistes qui, à ce point, m’auront rendu fier d’être journaliste. Un métier que l’on dit méprisé par les français, mais je sais une chose : si tous les journalistes ressemblaient un peu à Ivan, ce métier serait le plus envié de tous. Car s’il est un homme qui donnait envie de devenir journaliste, c’était bien Ivan.
Ivan Drapeau, je l’ai rencontré pour la première fois il y a quatre ou cinq ans. Mon rédacteur-en-chef m’avait alors confié la présentation de La Voix Est Libre. Nous avions envie de faire un « club de la presse », et dès que vînt l’idée de faire participer un confrère de la Charente Libre, le nom d’Ivan fut naturellement, automatiquement, évoqué.
Je me souviens d’un homme souriant, doux, humble. Tout cela formant une incroyable élégance. En parlant avec Ivan, le jeune journaliste que j’étais n’avait pour son interlocuteur que du respect mâtiné d’une pointe d’admiration. Car l’homme n’était ni blasé, ni cynique. Peut-être un peu timide, mais dégageant cependant une sérénité incroyable. Ce qu’il y avait d’exceptionnel chez Ivan, c’était son regard. A travers ses lunettes, pointait toujours ce soupçon de malice qui trahissait une grande, très grande intelligence ; celle de la simplicité et de l’humanité.
Je n’ai jamais vu Ivan en colère. Pourtant, l’homme était passionné. Mais les épreuves de la vie – et Dieu sait s’il en a connu – lui avaient conféré une sorte de sagesse, de celles que l’on ne peut acquérir qu’en traversant les années en les regardant en face, sans détour, malgré le chagrin et les épreuves.
Ivan tu nous manques déjà énormément. Un jour tu m’as avoué des envies d’écrire un livre. J’aurais adoré le lire. Tu n’imagines pas à quel point ce fut agréable de côtoyer un journaliste de talent, un homme bon, un repère dans ce monde où l’écume l’emporte trop souvent sur le fond des choses.
Alors merci Ivan. Merci pour tout. Merci pour m’avoir redonné confiance en ce métier. Merci pour tes messages de courage alors même que tu combattais la maladie. S’il est vrai que nous ne sommes que des passeurs dans ce monde, sache que tu m’as transmis une chose admirable : la joie de vivre.
Jérôme Vilain