Si Roméo et Juliette vivaient à Clermont-Ferrand au XXIème siècle, où pourraient-ils jouir de leur secret amour loin des regards ? C’est la question que s’est posée Ludovic Combe au moment d’illustrer, dans un cadre contemporain, les opéras programmés par le Centre Lyrique d’Auvergne au cours de la saison 2015/2016. Pour le photographe clermontois, les amants de Vérone pourraient se retrouver dans une piscine désaffectée, par exemple, alors qu’une salle des fêtes et ses lampions pourraient servir de décor à « l’Opéra de Quat’Sous ».
L’opéra parle de nos problèmes actuel.
Quand Pierre Thirion-Vallet, le directeur du Centre Lyrique d’Auvergne, a proposé à Ludovic Combe ce travail inédit, il lui a d’abord fallu comprendre les œuvres, saisir le thème principal puis chercher la manière de le mettre en image. « Je me suis plus attaché à l’histoire de fond qu’à reproduire des scènes particulières« , explique-t-il, « on a ensuite défini des lieux en fonction des situations« . Le Clermontois reconnait une passion particulière pour les sites de type industriel, les endroits abandonnés mais au puissant passé. « J’ai eu l’aide de Michelin pour pouvoir accéder aux pistes, un patrimoine industriel très intéressant« , dit-il tout sourire, soulignant qu’il est le premier photographe a utilisé ce décor depuis qu’elles sont en friche.
Ce travail de Ludovic Combe, « c’est aussi l’occasion de montrer que l’opéra parle de nos problèmes actuels, même si on redonne des opéras baroques, dits anciens« , rappelle Pierre-Thirion-Vallet qui admet avoir puisé dans les images de son photographe des inspirations pour ses prochaines mises en scène. « Le Barbier de Séville » aura ainsi « un côté plus moderne, avec une esthétique années 50. On va utiliser, par exemple, une table en Formica« . Le metteur en scène ne tarit pas d’éloge sur celui qui réalise les photographies des représentations d’opéra depuis de nombreuses années. « Il a créé un décor, des lumières, il a mis en scène des personnages et, comme il est de qualité, on peut être jaloux de son travail. C’est un acte artistique qui a une vraie vision« .
Je travaille au pied, avec un éclairage très précis, on ne peut pas bouger.
Une vision que l’artiste a dû expliquer aux comédiens qui ont pris la pose pour lui. Un véritable travail de direction s’est imposé. « Souvent, ils expriment quelque chose avec un mouvement mais, là, je leur ai demandé de l’exprimer en étant figés, dans un espace très réduit« , précise Ludovic Combe. Pointilleux jusqu’au bout des doigts, avec une maitrise toujours aussi parfaite de la lumière, sa technique ne souffre d’aucune approximation. « Je travaille au pied, avec un éclairage très précis, on ne peut pas bouger« . Sauf au moment de la pause.
Exposition à voir à l’opéra-théâtre de Clermont-Ferrand du 1er octobre au 30 novembre 2015.