Au début de l’année, Bastien Santanoceto, jeune photographe clermontois, a participé au Nikon Film Festival et présenté un court-métrage intitulé « Je suis photographe ». Repéré par l’association Sténopé, il a creusé cette idée de rendre hommage aux photographes en les exposant, à leur tour, face à son objectif. A chaque fois, il a utilisé un lieu ou une technique qui leur étaient propres. Une exposition mettant à l’honneur une quinzaine d’artistes auvergnats a ainsi vu le jour. Rencontre.
Le photographe, facile à mettre en scène ?
Non (rires). Non, le photographe n’est pas facile à mettre en scène. Ce n’est pas un modèle comme les autres. Il sait exactement ce qu’on est en train de faire. C’est comme si on faisait une maison pour un maçon, il verrait très vite les erreurs. Là, c’est la même chose. Je sentais qu’on me jaugeait, qu’on cherchait à savoir si j’étais bon, si j’aillais faire n’importe quoi avec leur image, ce que je peux comprendre. J’ai donc essayé de les rassurer, de les mettre en confiance. J’abordais avec eux des sujets techniques pour essayer de leur montrer que je savais de quoi je parlais. Ensuite, il fallait les amener à penser à autre chose plutôt qu’à la photo. Aucun photographe ne fait de la photo pour être pris en photo.
Au-delà de l’approche humaine du sujet, avez-vous rencontré des difficultés particulières, d’ordre technique par exemple ?
Pour l’argentique, ça a été compliqué parce que je fais beaucoup de numérique. Pour le collodion, une technique qui date du XIXème siècle (ndlr : vers 1850), la manipulation était très délicate. C’est très fragile. Plus globalement, sur l’ensemble des photos, à chaque fois j’ai essayé d’être excellent dans le domaine de ces photographes. ça me demandait beaucoup de préparation, du matériel différent parfois que j’ai eu la chance qu’on me prête. Sur le plan humain, ça a été compliqué une fois. Un des artistes m’a dit qu’il ne comprenait pas ma démarche et j’ai coupé court à l’idée.
Aucun photographe ne fait de la photo pour être pris en photo.
Quand on est jeune photographe, ce sont des mots qui ne doivent pas être facile à entendre…
Pendant deux ou trois jours, je ne me suis pas senti très bien. Je me suis posé beaucoup de questions, me demandant si je n’étais pas en train de me trompé, si ce que je faisais avait du sens. J’ai essayé de me convaincre que c’était le cas car j’avais aussi des retours positifs.
Parmi ces photos, laquelle ou lesquelles pourraient avoir votre préférence ?
Je fais beaucoup de photographies de paysage donc celle de la voie lactée, j’en suis très content. Mais je ne sais pas si je suis plus fier d’une photo ou d’une autre. Elles sont toutes très importantes pour moi.
Qu’est-ce que vous retenez de ce travail ?
J’ai beaucoup aimé travailler sur ce concept de la série. J’ai envie de poursuivre dans cette voie. Après, c’est sûr, la bonne idée ne se trouve pas en ouvrant une boite de céréales le matin. Elles me viennent souvent la nuit, je fais des insomnies. Plus je suis fatigué, plus je commence à avoir des idées.
J’ai eu un bac scientifique, je voulais faire médecin.
Qui êtes-vous ? D’où venez-vous ? Où allez-vous ?
J’ai eu un bac scientifique, je voulais faire médecin. Au final, je me suis retrouvé en licence information-communication que je viens juste d’avoir. Je ne sais pas trop où je vais, pour être totalement sincère. J’aimerais monter à Paris pour vivre de la photo.
C’est possible encore en 2015 ?
C’est compliqué. Je préfère penser qu’il y a toujours de la place pour les gens qui travaillent bien et qui savent le montrer. Je suis peut-être un peu optimiste mais je le vois comme ça. Il y a bien des gens qui arrivent à en vivre alors pourquoi pas moi ? Je vais essayer de trouver ma niche et chercher à progresser là-dedans.
Je suis photographe – Nikon Film Festival from Monochrome Studio on Vimeo.