Dans sa carte-lettre du 13 octobre 1915, Léon Mortreux se montre peu bavard. Son courrier nous apprend juste qu’il attend avec impatience la visite en Champagne de son oncle Fernand Bar.
Pas à Troyes en tout cas. La ville, située à 14 kilomètres de Fontvannes, est un centre de commandement dans la zone des armées.
Avec la visite de son oncle, Léon espère avoir de vive voix des nouvelles de sa famille et de Béthune … c’est bon pour le moral.
Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 13 octobre 1915
« Rien ne change dans ma situation »
Pour Léon Mortreux, sergent instructeur des jeunes appelés de la Classe 16 à Fontvannes, c’est toujours l’attente d’un départ pour le front.
Correspondance de guerre il y a cent ans …
Fontvannes ( Aube )
26è Compagnie – 46è Régiment Infanterie13 octobre 1915
Cher Oncle,
Ta lettre m’est parvenue le 12 mais comme j’étais pour la journée aux tranchées au village voisin, je l’ai eue et n’y peux répondre qu’aujourd’hui.
Je ne puis aller à Troyes. Cette ville est dans la zone des armées et nous est consignée. C’est comique car Troyes n’est qu’à 14 kilomètres de Fontvannes.
Si tu venais à Fontvannes dimanche ou lundi je pourrais t’y voir au café Paris par exemple. On te dirait à la gare où il se trouve. On y loge. Ci-inclus, la liste des trains.
J’espère donc te voir, je te pense, j’espère bien portant, ainsi que Papa et Berthe que tu viens de voir.
Rien ne change dans ma situation. Il est autrement grave de regarder maintenant la question balkanique, que de considérer les cas particuliers.
J’espère que tu pourras continuer à me donner d’assez bonnes nouvelles de Béthune.
En te remerciant très vivement pour la visite que tu me rends, je t’embrasse de tout coeur.
Ton neveu reconnaissant
Léon