Dès l’annonce du projet de rapprochement des régions, et tout particulièrement de celui de la Franche-Comté et de la Bourgogne, la question de la consultation populaire a été posée. Et d’abord, celle du référendum. pour l’instant, le mode d’action choisi est beaucoup plus modeste avec la mise en place de forums de discussion sur internet. Mais à quelles conditions ce système peut-il fonctionner ?
Marie-Guite Dufay l’avait annoncé sur France 3 : un forum de discussion allait être créé par la région pour recueillir l’avis des Francs-Comtois sur la question de la fusion entre Bourgogne et Franche-Comté. Le conseil régional vient de mettre en place cet outil. 4 grands thèmes sont proposés : les projets, les conditions de la réussite, les bénéfices attendus et…les questions diverses.
Le nombre de contributions est pour l’instant limité, plutôt hostiles à la fusion. Les interventions sont, nous assure-t’on, remontées à la Présidente. Marie-Guite Dufay y précise la façon dont elle entend organiser la consultation, avec un débat par département et des journées citoyennes.
Nous avons demandé à Jérémy Mani, de l’entreprise Netino son avis sur cette consultation. Netino est spécialisée dans la modération des forums ou pages Facebook. Pour lui, l’une des difficultés est qu’un forum a besoin de temps pour s’installer : Il faut déjà une forte audience constituée, ce qui est rarement le cas des sites des collectivités.
Pour une région, l’écueil est celui de la représentativité : » Ceux qui vont commenter seront les très favorables…ou les très opposés « , ceux que Jérémy Mani appelle les activistes. Le risque est aussi celui de la désinformation : « dans l’idéal, il faut un modérateur qui fasse respecter la charte, mais aussi un animateur qui doit être le plus neutre possible tout en connaissant très bien le projet, car il suffit de deux ou trois personnes agressives pour que les autres s’en aillent. «
L’agence Res Publica a, de son côté, mis en place au début du mois de juin une « plate forme de concertation » baptisée » nos régions demain, j’en parle « . Cette entreprise spécialisée dans l’organsisation de débats publics recense le 18 juin 3500 visiteurs uniques et 150 personnes inscrites pour participer au débat. Le ratio entre visiteurs et participants est élevé d’après le cabinet. Tous les 15 jours, ResPublica adressera une synthèse du débat aux Présidents de Régions, de départements et aux Parlementaires. Il n’y a pas de commanditaire derrière » Nos régions demain, j’en parle » . Ici, on cherche moins l’audience que la qualité des contributions.
Pour que ça marche, Gilles-Laurent Rayssac, le gérant de ResPublica voit 4 conditions impératives :
L’architecture du site : « les gens voient tout de suite que ce n’est pas un forum classique où déverser toutes ses pulsions. »
L’inscription pour contribuer : dans les débats organisés par ResPublica, même lorsqu’il s’agit de vrais gens réunis dans une salle, « le comportement n’est pas le même selon que vous leur demandez de communiquer leur identité ou pas. »
Le type de questions, qui ne doivent pas induire de réponse : « on cherche à apporter un plus au débat ».
L’animation : « il faut intervenir régulièrement, pour relancer la discussion ou mettre en relation deux contributions ».
Bref, la discussion : ça se construit. Sur internet, comme ailleurs.