La future nouvelle région va devoir harmoniser les politiques tarifaires des trains express régionaux en Bourgogne et en Franche-Comté. La liste des tarifs proposés dans les deux régions est imposante : il va falloir faire le ménage.
Voilà un dossier bien aride, qui est pourtant l’un des rares qui puisse avoir un impact sur la vie quotidienne des bourguignons et des francs-comtois. Depuis qu’elles sont devenues organisatrices des transports régionaux, les régions ont multiplié les offres tarifaires pour prendre le train. Il y a 16 possibilités de ne pas payer plein tarif en Bourgogne, plus de 10 en Franche-Comté !
Un Dijon-Paris à 20 euros ? Facile, il vous suffit de prendre le TER au départ de Dijon le samedi à 5h29 (arrivée à Paris-Bercy 8h22) et de revenir par le 19h38. Petite précision, ça ne marche que le samedi. Et il faut réserver, le vendredi (pas un autre jour, merci) et deux semaines à l’avance….et sur le bon site internet. Si vous réservez benoîtement ce même trajet sur le site officiel de la SNCF, l’addition n’est pas de 20 euros mais de 92 euros 20. Pas si loin des 118 euros de la ligne TGV en plein tarif.
Il existe aussi des offres qui s’intéressent à une zone géographique particulière. C’est le cas en Franche-Comté ou le « pass’ok » permet des trajets en nombre illimité, dans les TER mais aussi les transports urbains pour 45 euros 50 par an ! Mais l’offre est valable uniquement dans l’aire urbaine (le triangle Belfort-Montbéliard-Héricourt).
Les tarifs réduits les plus utilisés dans les deux régions, sont la carte Fréquence en Bourgogne et la carte activ’Ter en Franche-Comté. Dans les deux cas, elles s’adressent aux personnes qui utilisent le TER tous les jours sur un trajet unique. Curieusement, la carte franc-comtoise est valable en Rhone-Alpes…mais pour l’utiliser sur un TER bourguignon, il faut être salarié et présenter une attestation patronale. Ces cartes ouvrent droit à des réductions sur le trajet demandé. Tous abonnements confondus, 8000 personnes en Franche-Comté bénéficient de ces tarifs préférentiels, dont près de 3000 scolaires.
La nouvelle assemblée va devoir unifier tous ces dispositifs : choisir par exemple pour les demandeurs d’emplois entre le modèle bourguignon (4 allers-retours avec 80% de réduction) ou la solution franc-comtoise (50% sur le trajet, avec un bon d’échange fourni par pole emploi.)
Pour les actuels conseils régionaux, la mise en place de ces tarifs spéciaux à un impact financier très variable.
La dernière offre spécifique mise en place en Franche-Comté a été obtenue…gratuitement ! La SNCF a mis a disposition sans aucune contrepartie les « bons plans TER » (en langage commercial les terr’ibles). La compagnie ferroviaire proposera des tarifs très réduits le week-end sur certaines lignes.
Mais la mise en place de la carte Mobi’TER (pour les moins de 27 ans) en janvier 2013 qui a rencontré plus de succès que prévu (on partait sur 2500 abonnés, mais ce sont plus de 5100 personnes qui ont souscrit à cette offre) à mobilisé 1 million 200 000 euros. C’est d’ailleurs, à peu près, le niveau du budget franc-comtois consacré chaque année à ces politiques tarifaires. Une part très marginale du coût des TER pour la région : 80 millions en 2015.
La fusion, source d’économies
Ces sommes sont fixées lors des négociations des conventions avec SNCF. Il est possible que la future région Bourgogne-Franche-Comté se retrouve dans une position plus favorable lors de la prochaine négociation car elle sera plus puissante que les deux régions isolées. La baisse de fréquentation de nos trains régionaux ne facilite pas, non plus, la position de l’opérateur ferroviaire. La Franche-Comté pourrait bien bénéficier de la puissance bourguignonne, l’une des régions les plus ferroviaires de France. En juillet 2015, les bourguignons ont d’ailleurs dégagé 300 000 euros pour préparer la future convention commune. Trois points nécessitent un travail de rapprochement :
-L’unification de la tarification
-La mutualisation de l’exploitation
-La maintenance des matériels, d’autant qu’avec un parc qui a plus de 20 ans de moyenne d’age, le matériel franc-comtois est l’un des plus anciens de France.
Une autre source d’économie pourrait être le rapprochement des moyens d’information mis à la disposition du public. Il ne s’agit pas de petites sommes : la région Franche-Comté a ainsi dépensé plus de 50 000 euros pour une étude sur l’évolution de la distribution des billets. Une étude qui a permis de chiffrer le coût de la mise en place d’une application mobile spéciale TER qui puisse fonctionner aussi avec les opérateurs de transports urbains (Ginko, Optymo etc…). Il y en a pour 1 million 300 000 euros d’investissement, et 570 000 de fonctionnement. Des coûts qui ne seraient pas multipliés par deux dans le cadre de la fusion des régions.