24 Sep

FRAC Franche-Comté et Bourgogne : le long chemin du rapprochement

Besançon, Dijon : deux modèles pour une institution . DR Pascal Sulocha

Besançon, Dijon : deux modèles pour une institution . DR Pascal Sulocha

Quand, en avril, Marie-Guite Dufay et François Patriat annoncent leur intention de rapprocher les régions Bourgogne et Franche-Comté, ils donnent un exemple : les Fonds Régionaux d’Art Contemporain. On se dit alors qu’il ne doit pas être bien compliqué de rapprocher deux structures de taille modeste, dans un domaine aussi bien défini. Grossière  erreur : voici une parfaite illustration des difficultés qu’il va falloir résoudre dans l’éventuel rapprochement des deux régions. 

 

Deux institutions….qui n’ont pas grand chose en commun

Vous pensez que tous les FRAC de France ont le même statut ? Ce serait bien trop simple. En France, chaque institution à son histoire, et ce n’est pas celle de sa voisine. Le FRAC Bourgogne est une association loi 1901, quand le FRAC Franche-Comté est une Régie Autonome Personnalisée du Conseil Régional. Résultat : les personnels de Dijon et de Besançon n’ont absolument pas le même statut. Et quand, en Bourgogne, ils sont 6, en Franche-Comté : ils sont 18.

Car le FRAC de Franche-Comté est ce qu’on appelle un Frac de deuxième génération, avec son bâtiment, immense : la Cité des Arts. Un bâtiment qu’il faut faire fonctionner, et ça coûte très cher : la Franche-Comté consacre 1 millions 700 000 euros à son FRAC, la Bourgogne 3 fois moins, soit 600 000 euros. Au bout du compte, les deux institutions ont des logiques assez différentes. A l’ouest, une collection plus importante et plus voyageuse sur le territoire. A l’est, une logique qui est plus proche de celle d’un musée.

Ou en est-on ?

Dans le domaine culturel, c’est le seul dossier sur lequel les deux régions ont  avancées.  Les deux équipes se sont rencontrées deux fois. Mais « il est beaucoup trop tôt pour avancer sur le rapprochement des structures ». Alors les deux FRAC devraient présenter prochainement une programmation faite en commun…Pour le reste, « il ne faut attendre aucune économie mais plutôt le développement d’un meilleur service pour les publics des deux régions »  confie un bon connaisseur du dossier.

Ce qui pourrait se passer

Pour réunir, vraiment, les deux structures, .il faudrait en créer… une autre :  par exemple, un EPCC (établissement publique de coopération culturelle). Il serait alors possible de réunir les budgets, quitte à créer deux départements. L’un orienté vers la conservation qui prendrait en charge la Cité des Arts et l’autre orienté vers la médiation culturelle. Rien n’empêcherait cet EPCC de s’occuper d’autres politiques culturelles, comme les musiques actuelles. Mais des deux cotés, on n’est pas très chaud pour perdre des postes ou de l’influence, et la seule fonction que l’on voit aisément mutualisée est celle de la communication.

En Bourgogne, on reconnait que, compte tenu de la différence de budget « la tentation naturelle serait que le FRAC de Franche-Comté absorbe le FRAC de Bourgogne », mais on fait aussitôt remarquer que, d’une part, les réserves pour abriter les deux collections sont bien trop petites à Besançon, alors que de grands hangars sont en construction dans la banlieue de Dijon…et surtout que « le centre logique et géographique des deux régions est Dijon, pas du tout Besançon ».

 

Plusieurs facteurs pourraient cependant aider au rapprochement des structures. La personnalité des deux présidents : du coté de la Franche-Comté, il s’agit de Sylvie Meyer, la conseillère régionale appartient à Europe Ecologie les Verts, une formation favorable à la réforme territoriale. En Bourgogne, c’est Claude Patriat  : spécialiste des territoires…et frère du président de la région.

Sur le fond, les deux collections sont complémentaires. Les Francs-Comtois ont travaillé sur le temps, les Bourguignons sur l’espace.

Au terme d’une des réunions des deux FRAC, une idée est venue sur la table : une péniche commune à la Bourgogne et à la Franche-Comté qui pourrait servir de lieu itinérant d’exposition pour les deux régions. Le projet est embryonnaire. Et le chemin assez long pour éviter que la péniche ne se transforme en galère.