Le Sénat a entamé le périlleux (pour le gouvernement) examen du projet de loi sur la réforme territoriale. Parallèlement, pour les deux présidents (Franche-Comté et Bourgogne) qui ont lancé le mouvement, la vie continue. Les deux régions avancent dans un contexte pour le moins difficile.
Pour Marie-Guite Dufay, c’était le vendredi 27 juin : en assemblée plénière, elle lance le débat sur la réforme territoriale et le rapprochement avec la Bourgogne. François Patriat s’est livré quasiment au même exercice, le 30 juin. L’occasion de faire le point sur l’avancement des travaux, même s’il faut agir « avec prudence » compte tenu du débat législatif explique le Bourguignon. Mais il n’est pas question de renoncer « si le texte aboutit, nous serons prêts (…) sinon nous mettrons en application l’expérimentation que nous avons promise » déclare François Patriat.
Un premier comité technique a eu lieu entre les directions générales des deux régions. Des deux cotés de la frontière également, les Conseils Economiques et Sociaux (CESER) ont été saisi et étudient le dossier. Ils doivent rendre leurs avis en septembre. En Bourgogne, comme en Franche-Comté, une commission « transpartisane » est mise en place au sein des assemblées régionales. Au mois de novembre, ces assemblées vont pouvoir étudier les chantiers de « coopération et de mutualisation » mis au point par les administrations régionales. François Patriat et Marie-Guite Dufay ont déterminé 34 dossiers : beaucoup d’économie (synergie entre les pôles de compétitivité, mise en commun d’outils de financement des PME etc…), pas mal de formation, du transport (essentiellement ferroviaire) et un peu de culture avec le rapprochement des FRAC (Fonds régionaux d’Art Contemporain).
Mais, au sein même de leurs assemblées, les deux présidents rencontrent les… mêmes obstacles. Sur le fond, dans les deux régions, l’UMP rappelle qu’elle n’est pas opposée sur le fond à une réforme territoriale…mais la méthode du gouvernement ne plaît guère et les leaders UMP rappellent que la fusion des régions ne figurait ni dans le programme de madame Dufay, ni dans celui de monsieur Patriat. Contestée aussi, la taille même de la région : trop petite et peu stratégique pour Emmanuelle Coint (UMP Bourgogne)…comme pour les représentants du courant chevènementiste.
La réforme divise la majorité des présidents socialistes : EELV trouve qu’elle ne va pas assez loin, les communistes qu’elle met en péril la notion de proximité des services publics.
La question de la dette Bourguignonne a été soulevé dans les deux assemblées : elle est deux fois plus importante en Bourgogne qu’en Franche-Comté : « la mariée Bourguignonne est belle, mais sa dote l’est un tout petit peu moins » a déclaré Emmanuelle Coint. une formule peu appréciée par François Patriat, qui ajoute que si la Bourgogne est plus endettée que sa voisine, c’est parce qu’elle a financé beaucoup de travaux d’infrastructures….dont la ligne LGV Rhin-Rhône qui ne dessert sa région que sur 12 kilomètres.
Et puis la question de la « capitale » se pose, Marie-Guite Dufay regrette qu’elle soit, selon le projet de loi, choisie par décret. Elle préférerait …qu’il n’y ait pas vraiment de capitale mais un pôle métropolitain entre Dijon et Besançon. C’est, pour elle, le meilleur moyen pour qu’une ville ne prenne pas le pas sur l’autre.