04 Sep

Edouard Elias dans l’intimité d’une base militaire

Le Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2015 est remis vendredi soir à Edouard Elias. Le photoreporter a passé un mois en Centrafrique avec une troupe de la Légion étrangère. Il raconte comment il est parvenu à se faire accepter dans ce « huis clos humain ».

Retranchés derrière des sacs de sables, des soldats attendent leur commandant. Bambari, République centrafricaine, avant-poste français, 16 août 2014. © Edouard Elias / Getty Images Reportage Lauréat du Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2015 Soldiers sheltering behind sandbags while waiting for their commander.              Bambari, Central African Republic, French outpost, August 16, 2014 © Edouard Elias / Getty Images Reportage Winner of the Ville de Perpignan Rémi Ochlik Award 2015 Photo libre de droit uniquement dans le cadre de la promotion de la 27e édition du Festival International du Photojournalisme "Visa pour l'Image - Perpignan" 2015 au format 1/4 de page maximum.
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Retranchés derrière des sacs de sables, des soldats attendent leur commandant. Bambari, République centrafricaine, avant-poste français, 16 août 2014. © Edouard Elias

La toilette, les séances de sport, les repas, les moments de détente mais aussi le chargement des équipements, la préparation des opérations, les tensions sur le front… Edouard Elias a été de tous les instants de vie des soldats. Au plus près d’eux durant un mois. « J’aime bien travailler sur la longueur pour m’intégrer. » En août 2014, le photojournaliste de 24 ans rejoint une troupe de la Légion étrangère de l’armée française dans sa base  de Bambari, une ville du sud de la République centrafricaine. Les militaires sont chargés de sécuriser la région dans le cadre de l’opération Sangaris. « Je souhaitais découvrir ce qu’ils vivaient dans cet endroit très reculé et dans cette sorte de huis clos humain. Je voulais raconter leur histoire, leur quotidien. »

La confiance avant tout

Edouard Elias a dû mettre le bleu de chauffe pour réussir sa mission. « S’il faut aider à monter le camp avec eux, suer, marcher dans la boue, partir au feu, je le fais. Il faut prendre part à la tâche collective. » De l’engagement, pas mal d’efforts physiques : le respect est gagné, la confiance nouée. D’abord entre des hommes. « La relation a mis un peu de temps à s’installer mais sans cela, je n’aurais jamais pu prendre des photos d’intimité. » Puis entre journaliste et soldats. « Ils avaient des a priori sur le métier, de la méfiance. Il fallait faire tomber tout cela en se mettant dans les mêmes conditions qu’eux. » Son travail a été accepté, et finalement apprécié.

Des soldats de la Légion étrangère arrivés récemment attendent leurs instructions. Bria, République centrafricaine, base de la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique). © Edouard Elias / Getty Images Reportage Lauréat du Prix de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik 2015

Des soldats de la Légion étrangère arrivés récemment attendent leurs instructions. Bria, République centrafricaine. © Edouard Elias

Pierre-Yves Sarzaud, chef de la cellule relations presse de l’armée de terre, n’a eu que des bons retours à son sujet. « Edouard est devenu un membre à part entière. Les soldats ont complètement oublié qu’il était journaliste. C’est pour cela qu’il a pu capter des moments vrais et rares de la vie privée des militaires ».

Une formation de jeunes légionnaires

Edouard Elias a eu carte blanche, ou presque. « Il y a les règles de sécurité. Il faut les respecter. Et puis au fur et à mesure que la confiance s’installe et que mon travail n’attire plus de méfiance, j’ai eu plus de libertés sur le terrain. On dit souvent qu’on ne peut pas bouger lors d’un reportage avec l’armée mais si, on peut le faire. » Fort de son expérience, Edouard Elias a poussé encore un peu plus loin son travail, cette année, jusqu’à suivre une formation de jeunes légionnaires à Nîmes « J’ai découvert des gars improbables et intéressants. Je voulais comprendre la vie au régiment. » Avec toujours l’ambition de relater une histoire particulière. « La photo, c’est 125 centièmes de seconde. Le reportage, c’est tout le reste », aime-t-il à répéter.

 STEPHEN CROZET et LUCIE PUYJALINET