21 Jan

« Un renfort est parti pour lundi dernier » Léon Mortreux s’attend à rejoindre l’Argonne

Nous sommes le 21 janvier 1915 à Vimoutiers. Léon Mortreux écrit à son oncle Fernand Bar. qu’il va partir dans les jours à venir. Un renfort vient de rejoindre le front de l’Argonne où se déroulent de violents combats.

Dans cette lettre, Léon s’inquiète surtout pour ses frères Pierre et Jules Mortreux.

 je regrette de ne savoir rien de précis touchant Pierre et Jules ?

Pas de nouvelles de Jules depuis sa dernière lettre du 8 janvier. Au Dépôt de Rodez, Jules Mortreux écrivait « mon tour est arrivé ».

Pas de nouvelles non plus de Pierre en première ligne en Alsace, sous le feu de l’armée allemande depuis plusieurs semaines.

En vérité, cela fait maintenant 17 jours que Pierre Morterux est mort, tué par une balle allemande à Steinbach, … et Léon ne le sait toujours pas !

Léon Mortreux

Léon Mortreux

Fernand Bar

Fernand Bar

 

Lettre de Léon Mortreux à Fernand Bar, envoyée le 21 janvier 1915

 les pays du Nord souffrent moins de la présence effective ou du voisinage des troupes allemandes.

 

Les nouvelles de la famille à Amiens et à Béthune sont rassurantes. L’armée allemande semble s’être éloignée en ce mois de janvier 1915 … en fait, l’ennemi n’est pas bien loin comme le raconte au jour le jour @BETHUNE1418

 

 Correspondance de guerre, il y a cent ans …

 

Le 21-01-1915
Cher oncle,

Merci beaucoup pour ta bonne lettre du 1er janvier, je te confirme celle que je t’ai envoyée d’ici à mon arrivée.

J’ai de Béthune reçu des nouvelles directes de Paul Bar, Jean Bar, Emile, Augustin m’ont aussi écrit. Berthe vient de me faire parvenir une missive d’Amiens qui m’était destinée, je regrette de ne savoir rien de précis touchant Pierre et Jules ?

Je serais heureux d’apprendre que ta santé reste vaillante et que les pays du Nord souffrent moins de la présence effective ou du voisinage des troupes allemandes.

Si je quitte pour le front avec un détachement du régiment je ne pense pas partir avant le 12 ou 15 février.
Mais il peut se faire qu’on demande chez nous des gradés même pour d’autres régiments tels que les Zouaves , les chasseurs… le fait est déjà arrivé, et que j’aie brusquement à partir prévenu à peine 24h à l’avance !

C’était assez « désordre » ici quand je suis arrivé, nous étions trop nombreux dans le bâtiment -un vieux séminaire- Maintenant qu’un renfort est parti pour l’Argonne lundi dernier nous travaillons à mettre la Cie sur un pied de bon fonctionnement.

C’est bien difficile avec des hommes de tous âges, les uns de la classe 14 n’ayant pu partir parce que malades quand leur classe fut envoyée au front, d’autres inaptes momentanés, d’autres en subsistance etc…..

Nous couchons naturellement sur des paillasses, l’ordinaire des hommes et celui du mess est assez bon, mais le prêt y passe en entier !
J’ai sur moi une cinquantaine de francs auxquels je verrais avec plaisir s’ajouter tout ou partie de la somme que je t’ai fait demander par papa car je suppose qu’il t’a écrit à ce sujet.

A Paris l’affaire timbre ne progresse pas depuis le nouvel an, c’est fâcheux.

Ma jambe blessée ne me fatigue pas en marche. A l’exercice il y a des soldats reconnus « aptes » qui ne pourront guère se maintenir sur le front parce qu’insuffisamment rétablis !

Je n’ai rien à faire avec la classe 15, les instructeurs étaient choisis avant mon arrivée.

En attendant le plaisir de te lire je t’embrasse affectueusement.

Ton neveu reconnaissant,
Léon