04 Sep

Librairie éphémère de Visa : des « oeuvres qu’on ne trouve nulle part ailleurs »

Corinne Duchemin, responsable de la Librairie éphémère de Visa pour l'image avec son livre-photos coup de coeur de l'année. © Anne-Sophie Blot

Corinne Duchemin, responsable de la Librairie éphémère de Visa pour l’image, avec son livre-photos coup de coeur de l’année. © Anne-Sophie Blot

« Les gens achètent des livres de photos parce qu’une photo c’est une émotion, une claque. Ils veulent s’en emparer. » Corinne Duchemin s’occupe de la libraire éphémère de Visa pour l’image depuis onze ans. Sa priorité : proposer de l’originalité en permanence autour d’un concept « qui n’existe nulle part ailleurs ». Pour y parvenir, la professionnelle des livres depuis 25 ans commande des ouvrages dans le monde entier, « en Chine, Afghanistan, Mongolie… Toujours à la recherche de la perle rare ».

La librairie éphémère dispose de 600 références, 4 500 volumes. Parmi eux, un fonds d’incontournables comme Capa, Depardon, des coups de cœur de la libraire présents à chaque Visa sur les étals, et beaucoup de nouveautés. « Cette année, la richesse de la production est impressionnante. C’est la preuve que le livre photo va bien. » Corinne Duchemin note en revanche une baisse de la production de livres sur la guerre.

Le catalogue de Visa, la meilleure vente

La Librairie éphémère de Visa pour l'image compte 600 références. © Camille Hispard

La Librairie éphémère de Visa pour l’image compte 600 références. © Camille Hispard

La libraire, qui s’occupe d’une boutique similaire lors du festival de photographie Images Singulières à Sète, voit passer différents types de clients : ceux « qui veulent les photos dont tout le monde parle », comme le World Press ou les éditions Reporters sans frontières, les journalistes qui achètent les livres des photographes qu’ils suivent et bien sûr les photographes. « Il n’y a pas de meilleurs clients qu’eux. Ils sont très admiratifs du travail de leurs pairs. » Le panier moyen des achats s’élève à 80 €.

Parmi les meilleures ventes cette année, le catalogue du festival reste indétrônable, suivi de l’album « Dans le ventre d’Hara Kiri » d’Arnaud Baumann et Xavier Lambours et  « It’s what I do : A photographer’s life of love and war », le récit autobiographique de Linsey Addario, photographe américaine exposée au Couvent des minimes. La librairie dispose de tous les livres édités par les photographes exposés à Visa. « En revanche, on ne vend aucune de leurs photos, même si beaucoup de gens nous les demandent. Ce n’est pas notre rôle. » Corinne Duchemin et ses trois collègues vendent chaque année près de 50 % de son stock. « C’est un bon chiffre pour une librairie. Un lieu pareil compte vraiment, tant pour les clients qui se procurent ici tout ce qu’ils ne trouvent pas ailleurs, que pour les photographes et les éditeurs. Ils gagnent de l’argent et c’est une vitrine de leur travail. »

La Librairie éphémère est ouverte tous les jours de 10h à 19h30, jusqu’au dimanche 13 septembre. Toute l’actualité sur le blog ici.

Le coup de coeur de Corinne Duchemin : 

ANNE-SOPHIE BLOT


Les clients donnent leur avis :

Marie-Hélène Jouhet, de Sérignan, 64 ans, enseignante à la retraite

J’ai choisi Espoirs – 365 clés de la pensée occidentale de Danielle et Olivier Föllmi aux éditions La Martinière, à 30 €. C’est un cadeau pour ma mère. Je connais déjà la collection. C’est la troisième fois que je viens à Visa, je passe toujours par la librairie éphémère. Il y a ici des œuvres qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Acheter un livre, c’est pour moi une façon de soutenir la profession difficile de photojournaliste. Mais je ne suis pas forcément adepte des livres-photos, ils risquent de finir sur une étagère à prendre la poussière. Je préfère acheter une belle photo, qui me procurera toujours de l’émotion.

Thomas Dupeyron, 26 ans, de Bordeaux, ingénieur

J’ai pris Portraits par Steve McCurry pour l’offrir à ma sœur et pour moi, le récit de Patrick Chauvel, Rapporteur de guerre. Cela m’intéresse pour comprendre dans quel contexte les reporters évoluent, pourquoi et comment ils obtiennent leurs infos. Je ne connaissais pas cet auteur, je l’ai choisi par hasard. Je suis passionné de livres et ce qui me plaît dans cette librairie éphémère, c’est de tomber sur des ouvrages que je n’aurais pas découvert ailleurs. Je n’ai pas spécialement de budget, je fonctionne au coup de cœur mais je ne mettrais sûrement pas plus de 50 € dans un livre.

Gabriel Gomez, de Barcelone, architecte retraité

Je viens tous les ans à Visa et j’achète toujours le catalogue. C’est une tradition, un objet souvenir. Je dois en avoir cinq ou six chez moi. J’adore la photo, je viens exprès au festival pour une journée seulement.

Elisabeth Sayer, 54 ans, de Paris, chef de projet dans un laboratoire photo

J’ai acheté des livres coup de cœur : ceux des photographes Hans Silvester et Pascal Maitre. Parce que je connais les auteurs, je vais leur faire dédicacer. Hans Silvester a été lauréat d’un concours photo que j’organise à Paris. J’ai aussi acheté le catalogue de Visa, pour le principe, et le livre de Juan Manuel Castro Prieto. Je sors de son exposition sur le Pérou, elle est à tomber. Quand on aime, on ne compte pas. Je le fais parce que c’est l’occasion, à Paris je n’irais pas dépenser 200 € d’un coup. Je viens à Visa depuis cinq ans et je trouve que le festival a beaucoup évolué sur le plan commercial. C’est important de faire payer des choses dans un événement gratuit, de développer le marchandising pour soutenir les photographes.

Grégory Vigna, de Metz, 30 ans, photographe

J’ai opté pour deux récits, Rapporteur de guerre de Patrick Chauvel, que je connais déjà, Chambre avec vue sur la guerre d’Edith Bouvier et deux livres poche de photos. Je suis un passionné de photos, j’en fais moi-même un peu, je suis notamment parti en Ukraine. J’achète au moins un livre de photos par mois, j’ai une étagère pleine chez moi dont une partie vient d’ici. Certains sont signés, j’en prends soin, ce sont des objets d’art pour moi que j’espère transmettre plus tard à mes enfants.