Au son du canon, entre froid et rafales de neige, Jules Mortreux écrit à son oncle Fernand Bar à Béthune.
Ce 29 janvier 1915, Jules raconte ses premières journées en Argonne comme d’une « expédition polaire » rythmée par le feu de l’ennemi.
Le canon tonne nuit et jour ce qui, d’ailleurs ne nous empêche pas de dormir car nous sommes très fatigués.
Amateur de dessins, Jules a griffonné dans un coin de la lettre.
On devine un poilu pataugeant dans le froid et la boue après les pluies incessantes.
Lettre de Jules Mortreux à Fernand Bar, le 29 janvier 1915
« J’ai vu que les Boches s’obstinaient sur Béthune, espérons que ce sera en vain. »
Correspondance de guerre il y a cent ans …
Clermont en Argonne,
29-01-1915
Mon cher oncle,
Me voici rendu au point de destination. Rien ne m’étonne ici, la réalité étant telle que je la prévoyais.
Par exemple, il fait très froid, mais je crois que c’est encore préférable, malgré quelques rafales de neige, aux pluies incessantes précédentes. Le canon tonne nuit et jour ce qui, d’ailleurs ne nous empêche pas de dormir car nous sommes très fatigués. On nous a distribué des peaux de mouton ce qui nous donne l’aspect d’une expédition polaire, c’est une bonne idée, car ça tient très chaud.
Nous avons à faire à des Wurtenbergeois. J’ai comme sergent un ami et mes chefs semblent inspirer la plus grande confiance, grand avantage.
Je dois aller faire connaissance des tranchées incessamment. J’ai vu que les Boches s’obstinaient sur Béthune, espérons que ce sera en vain.
Nous avons pris avec nous un cuisinier de première classe, l’essentiel va donc bien.
Voici mon adresse : 76é d’infanterie- 7éCie – Secteur postal n°10
De tout cœur t’embrasse
Jules Mortreux