Quinze années d’édition indépendante, 970 000 livres vendus, 330 titres au catalogue et 150 auteurs. La maison Au Diable Vauvert fête son anniversaire à la Comédie du Livre. Marion Mazauric, sa fondatrice, s’évertue à contrer les pessimistes. Au Diable Vauvert accueille les auteurs dits « à risque », ceux que les autres maisons refusent « parce qu’ils ne se vendront pas ». Rencontre avec la fondatrice et deux de ses auteurs.
Oxmo Puccino
« Au Diable Vauvert, j’ai l’impression de faire partie d’un bateau pirate positif. Le monde de l’édition est comme il est. Cette maison est un bateau pirate qui arrive de manière frontale, qui décide d’attaquer Goliath. Et il va gagner. Je suis Au Diable Vauvert parce que je me suis reconnu dans l’esprit de Marion Mazauric, dans la manière dont elle aborde les choses. Marion m’a dit quelque chose de très vrai : l’avantage de prendre de l’âge, c’est de se rendre compte que tout ce qu’il s’est passé de bien ou de mal dans la vie était la construction d’une oeuvre et d’une vie. Le plus difficile, c’est d’avoir de l’esprit, on ne le fait jamais exprès. Au Diable Vauvert, c’est un style et un esprit. »
Oxmo Puccino a publié Mines de Cristal en 2009 et 140 piles en 2014
Titiou Lecoq
« Mon premier rapport avec le Diable, c’était David Foster Wallace que j’adore comme écrivain et j’étais tombée amoureuse de son premier roman, La fonction du balai. Cette maison m’attirait. Quand j’ai demandé conseil à des amis dans le milieu de l’édition, ils m’ont dit que ce serait la maison idéale pour moi. J’ai quand même rencontré plusieurs éditeurs et ensuite, il y a eu un coup de foudre avec Marion, parce qu’elle aime réellement la littérature. Elle comprenait ce que j’avais voulu dire sur les femmes, sur le féminisme, sur la sexualité. J’avais vu un autre gros éditeur qui m’a dit : « ce sera un carton comme livre de plage ». Marion, elle, m’a parlé de littérature. C’était une évidence. Rétrospectivement, je réalise que c’était la bonne décision. Chez un autre éditeur, j’aurais été noyée dans un catalogue. Alors que le Diable travaille avec peu d’auteurs et sur la durée. »
Titiou Lecoq a publié La théorie de la tartine en 2015 et elle anime le blog Girls and Geek.
Marion Mazauric
« Je suis tombée amoureuse de la littérature dès le berceau. Une amie de mes parents, professeur de lettres classiques, nous gardait souvent et elle nous racontait L’Iliade et L’Odyssée. Le soir, ma soeur et moi trichions. Nous nous cachions pour continuer à lire, aussi bien des livres pour enfants que pour adultes, des contes et légendes, des comics, Charlie Hebdo, Fantômette… Cela m’a conduit jusqu’Au Diable Vauvert des années plus tard. Il y a treize ans, je travaillais à Paris et je vivais à Vauvert dans le Gard. J’ai créé une maison pour faire mon métier à l’endroit où je vivais. Une fois la décision prise, le concept était évident : toute une série d’écrivains nouveaux ne se reconnaissaient dans aucune maison d’édition sur le plan esthétique et éditorial. »
Marion Mazauric a créé Au Diable Vauvert en 2000. La maison réalise aujourd’hui un chiffre d’affaire 1,5 millions d’euros.
LISA MELIA