Cécile Coulon a 24 ans. Elle a écrit son premier poème en classe de CM2. Sa première nouvelle en 5ème. Son premier roman en seconde. Mais limiter le parcours de l’écrivaine à ces deux critères – jeunesse et efficacité – serait la plus grave erreur que vous pourriez faire.
« Waouh ! Mais vous avez écrit 7 livres à seulement 24 ans! ». Quand Cécile Coulon fait une rencontre, c’est souvent la première chose qu’elle entend. Compréhensive, la jolie blonde accepte bien volontiers cette image de jeune précoce. Mais parfois, « j’ai juste envie de dire : vous savez combien de baguettes fait un boulanger chaque jour ? », ajoute-t-elle.
Alors, oublions son âge. Avant tout, Cécile Coulon est écrivain.
Y a peu de temps je n’arrivais toujours pas à me définir en tant qu’écrivain. Je disais juste : » Je suis quelqu’un qui aime écrire des histoires ». Parce qu’en France, écrivain c’est une sorte de statut. Je trouvais ça lourd. Maintenant, je dis : « D’accord, je vais essayer d’assumer : je suis écrivain ».
Dans ses histoires, rien de personnel, mais du rêve, de l’irréel. « Y a jamais de vécu, d’éléments autobiographiques, de choses qui me sont réellement arrivées. Le défi de la littérature, c’est d’inventer l’histoire ! Pas d’aller se servir chez les autres. »
« Le premier organe qui écrit, c’est l’imagination. »
Déjà enfant, détruire sa rétine dans un bouquin ou se faire une tendinite du pouce n’ont jamais effrayé Cécile Coulon.
Plus j’ai lu, plus j’ai senti des émotions et je me suis dit : « Est-ce que moi aussi je peux transmettre ces émotions à un lecteur ? C’est une espèce de transmission affective en fait. Et, c’est aussi une question d’imagination. Je crois que la lecture est là pour muscler l’imagination.
D’ailleurs la jeune femme continue de faire travailler ses neurones. Après hypokhâgne et khâgne, elle intègre la fac de Lettres de Clermont-Ferrand. Elle écrit sa thèse sur le sport et la littérature, parce que Cécile Coulon est aussi une grande sportive. « Je ne peux pas écrire si je n’ai pas couru. Courir me fait du bien. Ça m’oxygène, je me sens sûre de moi. »
Cécile Coulon fait aussi de la radio. Pourquoi ? Parce qu’elle est drôle. « Un jour, Laurent Boucry de France Bleu Pays d’Auvergne est venu me dire : « Cécile, on a besoin d’une chroniqueuse pour rigoler un peu ». L’Auvergnate accepte le projet de talk-show. Autour d’une table, elle joue le rôle de Sniper. Ouvrir les vannes et sortir des vannes, c’est ça qui a séduit Cécile. « Comme je suis entourée d’une bande, je me sens super bien. Je me marre, je rigole. C’est un espace de liberté, une autre façon de parler, de formuler. On découvre vachement de monde, et ça aide à s’ouvrir à ce qu’il se passe autour de nous. »
L’esprit vif, potache et parfois trash, raille sur les ondes, et tranche surtout avec le style sombre de l’écrivain.
« Je crois que j’ai compartimenté. Je me suis dit ok, tous les questionnements, les doutes et mes émotions un peu noires, je vais les transformer et en faire une matière littéraire. Et le reste, tout ce qui est vulgaire, léger, drôle, tout ça… » C’est pour la vie de tous les jours. Cécile Coulon est une épicurienne nouvelle génération. « J’aime pas trop les gens qui font la gueule, qui s’inventent des problèmes, qui ne sont pas dans la pudeur. On a une seule vie. Autant rigoler, s’amuser, profiter et la passer avec des gens qu’on aime, que ce soit doux, fun et drôle. Je garde le reste pour la littérature. »
La littérature, c’est l’exutoire de Cécile Coulon. « Poser des questions qu’on ose pas poser en vrai. » Par pudeur, mais surtout pour ne pas gêner les autres.
« C’est difficile à formuler à haute voix. C’est même très difficile d’en parler. Tu te vois à un barbec’ en été dire : « Qu’est-ce que vous pensez de l’influence des lieux sur les personnes qui y ont vécu ? » »
Peut-être qu’elle osera. Depuis que la Clermontoise s’éclate sur les ondes radiophoniques, sa plume évolue.
« Ça m’a permis de trouver une autre manière de m’exprimer et de prendre un peu d’assurance. Cela m’a aidé dans l’écriture. Parce qu’à la radio, il y a des choses qui ne plaisent pas à tout le monde. Et c’est normal ! Même sur le plateau. Si quelqu’un fait une blague et finalement, ce n’est pas drôle, on peut quand même la sortir. »
Non, décidément, Cécile Coulon n’est pas seulement celle qui a écrit et publié sept livres avant l’âge de 25 ans.
Trois questions à Cécile Coulon :
VALENTINE LETESSE