19 Juin

Nouvelle mortalité de poissons sur le Doubs Franco-Suisse

Les alevins piégés par un dysfonctionnement du barrage du Refrain le 16 juin 2013

Les pêcheurs de la  Franco-Suisse sont en colère. Le printemps avait pourtant laissé germer quelques espoirs… Les mortalités de janvier dernier avaient fait réagir la préfecture et une nouvelle méthode de travail entre les différents barrages du Doubs Franco-Suisse avait commencé à être appliquée.

« Les pêcheurs et autres amoureux du Doubs se réjouissaient d’une grande réussite de la fraie des truites et des ombres, suivie d’une bonne préservation des alevins par l’efficacité évidente des mesures en place. Les grandes eaux de ce printemps avaient en outre contribué à garder la rivière dans un état de propreté que personne ne se souvient avoir vu de manière aussi durable depuis bien longtemps. » La Franco-Suisse

Et puis patatra ! Patrice Malavaux, le garde pêche de la Franco-Suisse, fait une macabre découverte le 16 juin dernier : Continuer la lecture

26 Mar

Le canton du Jura menace de porter plainte contre les exploitants des barrages du Doubs franco-suisse

« Nous perdons patience ! Depuis 2011, on ne voit rien se passer. » Joint par téléphone, Philippe Receveur, le ministre de l’environnement du canton du Jura reste calme mais ferme. Le canton du Jura pourrait porter plainte au pénal pour violation de la législation suisse de la pêche si les exploitants des trois barrages sur le Doubs franco-suisse n’agissent pas rapidement pour diminuer l’impact de leur éclusées sur la vie aquatique de la rivière.

« La situation se serait améliorée ces trois dernières semaines, donc on attend encore avant de déposer plainte. » me précise l’élu suisse. Philippe Receveur me précise qu’un rendez-vous avec les électriciens devrait bientôt avoir lieu. Pour lui, la nomination, d’un responsable environnement par le groupe E est bon signe. Sa stratégie pourrait se durcir seulement si les producteurs d’électricité ne montrent pas plus leur bonne volonté mais cela serait déjà le cas depuis quelques semaines.

L’association de pêche la Franco-Suisse confirme que les mortalités de poissons ont nettement diminué depuis que les exploitants ont commencé leurs essais pour améliorer leurs pratiques. Une amélioration qui vient tout juste après le coup de semonce du préfet du Doubs. Dans un communiqué publié début février, la préfecture jugeait « inacceptable » les mortalités de poissons. Un sentence qui semble porter ses fruits.

Agir pour le rétablissement de la continuité écologique des rivières est une des actions de l’Agence de l’eau car les conséquences écologiques de ce cloisonnement que sont les barrages sont nombreuses. Des espèces peuvent être en voie de disparition, on l’a vu avec l’Apron. Mais, ces situations sont réversibles d’où la mobilisation des associations et maintenant des élus et de l’Etat pour y parvenir.

Isabelle Brunnarius

Voici le reportage de nos confrères suisses de la RTS pour l’émission Couleurs locales.

02 Mar

Ouverture réussie de la pêche sur le Doubs franco-suisse

L'ouverture 2013 sur la Franco-Suisse. Photo : Patrice Malavaux

C’est comme cela chaque année. Les pêcheurs de la Franco-Suisse ont toujours une longueur d’avance. La pêche ouvre le 1 er mars. Cette année, le garde pêche de l’association a le sourire aux lèvres. Il fait beau, les pêcheurs sont venus nombreux le long du parcours. Même si ce n’est pas le jour de l’ouverture où l’on fait les meilleurs prises, c’est toujours une sortie à ne pas manquer. Il fait encore froid, la neige est toujours là, les poissons se font plutôt discrets. Un pêcheur a tout de même sorti une truite de plus de 2 kilos !

Philippe Mauser et Gérard Piquard ont fait également l’ouverture. Un vrai régal apparemment pour ces adeptes du no kill . Voici le lien pour voir la video de Gérard Piquard :

https://www.youtube.com/watch?v=AQaP83VMtIs

La Franco-Suisse a le moral. « Le dernier poisson malade que j’ai vu, c’était en juin ! Ici, le Doubs est en rémission » m’a précisé Patrice Malavaux, l’auteur de ces photos. La récente prise de position de la préfecture au sujet des éclusées donne également le sentiment d’avoir, enfin, été entendu. De quoi être de bonne humeur !

Les pêcheurs nombreux à l'ouverture 2013 de la Franco-Suisse. Photo : Patrice Malavaux

Une bonne humeur partagée par le célèbre pêcheur Nicolas Germain. Sur son blog, il raconte joliment sa première journée de pêche à la truite sur le parcours Mouche-no kill du Moulin du Plain. Cet expert de la pêche à la mouche le confirme : cette année, les pêcheurs et les poissons sont au rendez-vous dans ce secteur au décor naturel somptueux.

Mes confrères de France 3 Franche-Comté, eux, se sont intéressés aux retombées économiques de cette passion qu’est la pêche. Là aussi, l’optimisme est de mise.

04 Fév

L’etat juge « inacceptable » les récentes mortalités de poissons

Des poissons victimes par centaines des éclusées sur le Doubs. Photo Patrice Malavaux

« C’est une première ! » s’exclame Christian Triboulet, le président de l’association de pêche La Franco-Suisse. La préfecture du Doubs vient effectivement d’indiquer aux gestionnaires des barrages sur le Doubs franco-suisse que les mortalités de poissons de janvier dernier étaient « inacceptables » et de préciser dans un communiqué de presse « Il importe absolument de rechercher des solutions pour les éviter ».

Cette fois-ci, les trois producteurs d’électricité (EDF, Groupe e et celui de La Goule) sont venus en sous-préfecture à Montbéliard ce vendredi 1er février à la demande du préfet. « Pour une fois, on a parlé des vrais problèmes et les exploitants ont été obligés d’admettre que ces mortalités étaient inacceptables » précise Christian Triboulet.

Depuis plusieurs années, les électriciens travaillent pour tenter de diminuer l’impact de leurs éclusées sur l’environnement de la rivière mais, jusqu’ à présent, les résultats n’ont pas été probants. Patrice Malavaux, le garde pêche de la Franco-Suisse a présenté les 44 rapports de mortalité effectués depuis 2008. 21 sont dus à la gestion des ouvrages le week-end ( ils s’arrêtent de produire car c’est moins rentable).

En 2013, des améliorations devraient avoir lieu rapidement sur ce point ainsi que l’accompagnement de fin de crue. Mais le plus important et le plus difficile à négocier reste à venir : debut 2014, le nouveau règlement d’eau commun aux trois barrages doit être mis au point.

Isabelle Brunnarius

27 Jan

L’apron, côté France

Voici une précision que j’aurais du mentionner dans mon article récent sur l’Apron et le risque de sa disparition sur la boucle suisse du Doubs. Côté France, le collectif SOS Loue et rivières comtoises s’est associé en décembre dernier à la plainte des associations suisses.

Dans son communiqué, le collectif revient sur l’importance de la convention de Berne: elle est placée sous le contrôle du Conseil de l’Europe et c’est un des principaux outils de l’Europe en matière de protection de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats. Et si l’association précise que la France et la Suisse sont placées sous surveillance du Conseil de l’Europe , c’est parce qu’un expert va venir sur place pour voir si réellement les états suisses et français prennent des mesures pour protéger l’Apron, un petit poisson symbole de la richesse biologique des deux rivières.

Mais, (il y a toujours un mais..), la qualité de l’eau de la Loue et du Doubs est loin d’assurer un bon environnement pour l’Apron. Dans son communiqué, le collectif  affirme que « la Loue comme le Doubs franco-suisse subissent au contraire une dégradation catastrophique de leur état écologique, et actuellement on en est qu’aux déclarations d’intention. Aucune mesure concrète n’a encore été prise alors que les mortalités massives ont débuté en 2010 et que les signes annonciateurs étaient patents depuis dix à quinze ans ».

Nous attendons donc avec beaucoup d’intérêt la venue de l’expert du conseil de l’Europe…

Isabelle Brunnarius

23 Jan

L’Apron, roi du Doubs toujours menacé malgré tout

Dans le cadre de la chronique suisse hebdomadaire dans notre JT du vendredi soir, nous avons tourné avec Denis Colle et Karl Monnin un reportage sur ce fameux petit poisson. La première fois que j’en ai entendu parlé c’était il y a bientôt un an, lors de l’inauguration de la passe à poisson de Quingey sur la Loue. Mickaël Prochazka, technicien de l’Onema aujourd’hui à la retraite, m’avait alors dit « Si l’Apron passe, tous les poissons passent. Sa présence est signe de bonne santé de la rivière ».

Malheureusement, ce poisson surnommé le roi du Doubs est en voie de disparition. Dans notre région, Il est encore présent dans certains endroits de la Loue et dans la boucle suisse du Doubs. D’ou la plainte déposée par Pronatura, WWF et la fédération suisse de pêche devant le conseil de l’Europe chargé de veiller à l’application de la convention de Bern (protection des espèces menacées). Un expert doit prochainement se déplacer pour étudier si la plainte sera instruite. Les associations veulent que la Suisse et la France prennent les mesures nécessaires pour sauver l’Apron.

Pour compléter ce qui est dit dans le reportage, l’Apron du Rhône fait l’objet en France d’un plan national d’actions qui fait suite au programme européen Life , par ailleurs récompensé. Il semble qu’en 2013, des efforts seront faits pour mieux diffuser les actions réalisées en faveur de ce petit poisson. Un site internet est en construction, une brochure officielle et un dépliant seront également diffusés. Mais pour les défenseurs de ce poisson présent uniquement dans le bassin du Rhône, c’est sur le terrain que tout devrait se jouer.

Isabelle Brunnarius

Doubs franco-suisse : la colère gronde

Des poissons victimes par centaines des éclusées sur le Doubs. Photo Patrice Malavaux

Des vairons, des chabots, des loches par centaines, des truitelles de l’année dernière… Tous morts faute d’eau. Le barrage du Châtelot ayant arrêté de turbiner pour le week-end, le Doubs s’est une fois de plus retiré trop rapidement laissant prisonniers dans des poches sans eau des poissons. C’est le triste constat réalisé une fois de plus par Patrice Malavaux, le garde pêche de la Franco-Suisse. C’était le 12 janvier dernier.

D’où le coup de colère du président de la société de pêche Franco-Suisse, il vient de publier un communiqué de presse au vitriol dénonçant l’inefficacité des mesures récemment annoncées. « Après avoir assisté au tapage médiatique des autorités et des électriciens qui s’engageaient dès décembre à appliquer  la démodulation afin d’atténuer les effets des éclusées sur le Doubs, force est de constater que même cela n’est pas appliqué :  Alors que les conditions hydrologiques permettaient d’espérer voir les premiers signes de démodulation (ou atténuation) des éclusées, le Châtelot aura pratiqué pendant toute la semaine  des éclusées à charge maximale pendant  au moins 9 heures. Ce qui exclut  toute possibilité de démodulation pour les barrages situés en aval, avec pour conséquence de forts débordements au niveau de ces derniers » explique Christian Triboulet le président de l’association.

Contacté le groupe e, la société Suisse qui exploite le barrage du Châtelot réagit prudemment. Son porte-parole Christophe Kaempf m’a expliqué qu’il était encore « prématuré de dire si c’était les conditions de cette éclusée qui était uniquement responsable de cette forte mortalité ». Le porte-parole précise que ce fameux 12 janvier, on sortait d’une période de crue et que de nombreux poissons étaient dans le lit large du Doubs d’où une autre explication possible de cet accident. « Nous cherchons depuis 20 ans comment concilier production d’électricité et survie de l’écosystème du Doubs. Si nous allons encore plus loin que les mesures annoncées en août et décembre, cela aura forcément un coup supplémentaire ».

Et c’est bien pour cela que ce problème des éclusées ne parvient pas être réglé. Et le président de la société de pêche la Franco-Suisse d’insister : « Nous constatons et nous dénonçons le fait que les conditions de démodulation ne sont pas clairement établies et que le dernier essai réalisé sur des bases de travail avec des débits de l’ordre de 10 m3/s en amont du Châtelot serve de leurre médiatique vers les médias, les politiques et le grand public. Pourquoi la DREAL (direction régionale chargée de l’environnement côté France et l’OFEN (office fédéral de l’environnement côté Suisse) n’imposent-elles  pas des règles plus strictes ?».

Une interrogation relayée aujourd’hui par le président du conseil général du Doubs. Claude Jeannerot précise dans un communiqué qu’il a demandé « aux autorités compétentes de (lui) faire parvenir l’ensemble des éléments nécessaires à la compréhension de ces incidents et de leurs conséquences »et de conclure qu’il « reste déterminé à ce que les engagements pris soient respectés ». L’association Franco-Suisse demande d’ailleurs « officiellement que de nouvelles contraintes de baisse de charges avec coupures progressives des turbines  soient imposées aux électriciens dés à présent et ceci avant la rédaction d’un nouveau règlement d’eau. »

Isabelle Brunnarius

Vous verrez prochainement un reportage sur les conséquences de ces éclusées chez nos confrères de la télévision régionale de l’Arc Jurassien Canal alpha. La diffusion est prévue le 29 janvier prochain.

13 Sep

Doubs franco-suisse : un nouvel essai pour diminuer l’impact des éclusées

Pour la troisième fois, EDF et la SFMC (Société des Forces Motrices du Châtelot) organisent demain, vendredi 14 septembre, une nouvelle action pour «tenter de mieux préserver la biodiversité du Doubs». Les services de l’Etat français et les représentants des administrations suisses et le garde pêche de la Franco-suisse seront présents mais cette fois-ci, les représentants des pêcheurs ne comprennent pas l’intérêt de cet essai car selon eux, le protocole déjà mis en place n’est pas entièrement satisfaisant.

En juillet dernier, un communiqué de presse de l’office fédéral de l’énergie et de la Dreal, annonçait l’ambition de ces producteurs d’électricité de réduire leur impact sur l’environnement. Pour les représentants des pêcheurs, ce protocole est soumis à des conditions de débit qui n’empêchent pas les mortalités de poissons. Et récemment, le pêcheur surnommé « La truite qui meurt » continuait de dénoncer les pratiques de ces éclusées.
La première expérimentation a eu lieu il y a deux ans, la seconde en avril 2011 et voici la troisième. Dans son communiqué de ce jour, EDF explique que ce nouvel essai va consister à «abaisser au maximum le niveau de la retenue du Refrain/Biaufond, vérifier que ceci est sans incidence sur l’écosystème de la retenue puis valider ce mode d’exploitation, qui permettra d’augmenter la capacité de la retenue à absorber une éclusée (lâcher de l’eau qui permet la production d’électricité ) du Châtelot, sans déversement au barrage du Refrain.»

Après analyses des résultats, des propositions d’aménagement de gestion de ces barrages seront soumis à la Dreal et à l’office fédéral de l’énergie.

23 Août

« La truite qui meurt » réagit aux mesures annoncées pour le Doubs Franco-Suisse

Le 13 août dernier, en plein été, la Dreal et l’Office fédéral suisse de l’énergie sortait un communiqué sur les mesures pour tenter de diminuer les nuisances des éclusées sur la santé des poissons du Doubs franco-suisse. Je qualifiais alors cette annonce comme une politique des petits pas... Le pêcheur à l’origine de la pétition  lancée en avril dernier vient de réagir. Nous apprenons que sa pétition a recueilli plus de 3000 signatures. Cédric Journot , connu sous le nom de « La truite qui meurt », demande dans sa pétition que les éclusées du Châtelot soient réduites en fréquence et en amplitude et que les débits plancher dans le Doubs soient augmentés. Nous l’avions rencontré lors du tournage de notre reportage à l’occasion du lancement de la pétition.

L’annonce du groupe de travail binational ne le convainc absolument pas, mais alors pas du tout. D’après lui, rien ne va changé car il s’agit d’une simple officialisation de ce qui se passe déjà sur le terrain. « Ce communiqué démontre encore une fois que le seul travail des autorités est de faire croire au grand public qu’elles s’acharnent à trouver des solutions pour sauver  le Doubs alors que c’est tout le contraire : De ces pseudo-mesures, il n’en ressort une fois de plus qu’une tentative de  gagner du temps, de reculer l’échéance de devoir attaquer de front le lobby des éclusées, tout  en espérant que le grand public et les pêcheurs gobent cette stratégie masquée.

La Confédération notamment l’Office fédéral de l’énergie,  soutenu ici par l’Office de l’environnement, défend becs et ongles le lobby énergétique destructeur de notre bien commun et ne fait que donner carte blanche aux exploitants du Châtelot. De fait, elle soutient aussi, directement et financièrement, les politiques et autorités responsables actifs dans ce dossier (conseillers d’Etat et même ceux de la commission binationale et les autres). Faut-il vraiment laisser ces mensonges et ce copinage, solidement ancré  dans les  deux pays respectifs et acteurs de la commission binationale ? »

Un point de vue sans doute partagé par les signataires de la pétition. Aux autorités françaises et suisses maintenant de prouver  que leur intention est de réellement faire progresser ce dossier délicat.

Isabelle Brunnarius