12 Mar

Livre : radiographie des élus macronistes

L’ouvrage est présenté comme « la première véritable enquête sur le mouvement macronien et ses représentants ». Une enquête dans laquelle sont forcément évoqués ou cités certains députés de notre région.

Photo Robert Laffont

« Le problème avec les costumes, c’est qu’ils anonymisent encore plus les inconnus ». La première phrase du livre est assassine mais plante bien le décor. Comme la plupart des députés LREM présents ce jour de juin 2017 dans les jardins de l’Assemblée Nationale, Manon Rescan est toute nouvelle, elle aussi, mais comme journaliste au service politique du Monde. Elle vient de raconter la campagne présidentielle et va maintenant suivre La République En Marche pour ses premiers pas au pouvoir.

Elle consacre aussi une partie de son livre à la campagne des Législatives. Elle évoque notamment « un panel parfait », « digne d’une campagne de pub Benetton », le 6 avril 2017 sur le plateau de l’Emission Politique de France2. Figurent parmi ses premiers candidats officiels au poste de député, Elisabeth Toutut-Picard, future parlementaire de Haute-Garonne ou encore Mireille Robert qui sera élue dans l’Aude.

Cette deuxième campagne, après celle de la Présidentielle, sonne déjà la fin pour certains pionniers du mouvement.  « Qu’importe qu’il y ait sur la circonscription un comité local d’En Marche avec d’autres aspirants à l’investiture » fait remarquer la journaliste quand elle évoque la candidature de Bruno Bonnell à Villeurbanne face à Najat Vallaud Belkacem. Plus proche de nous, on se souvient des fondateurs d’EM 32 qui ont quitté le navire, écoeurés, avant même que l’aventure de la gouvernance du pays ne commence vraiment.

Nouveau monde ? Pas vraiment…

En Marche, la politique autrement ? Pas vraiment si l’on en croit l’auteur qui dénonce un « renouvellement en trompe-l’œil ». Lors de sa première année à suivre l’Assemblée, elle se dit notamment frappée par « la quantité de membres du Parti Radical de Gauche » qu’elle rencontre dans les rangs de la majorité. Parmi eux, le député de l’Aveyron Stéphane Mazars. « Dans sa vie, cet élu nouveau monde ne s‘est pas contenté d’être sénateur. Auparavant, il fut adjoint au maire de Rodez, candidat aux législatives en 2012 sous l’étiquette PRG-Modem et conseiller départemental de l’Aveyron ».

Cité également comme « recalé du Parti Socialiste » ayant intégré LREM, M’Jid El Guerrab que nous avions connu ici alors qu’il avait intégré le cabinet de l’ariégeois Jean-Pierre Bel quand ce dernier était Président du Sénat. Manon Rescan s’appuie enfin sur le sociologue Luc Rouban qui « conclut que sur les trois cent huit députés La République en Marche élus en juin 2017, les deux tiers ont déjà eu une expérience politique ou « para-politique » ».

« Ils n’ont pas les codes », un agent de l’Assemblée Nationale

Pour les vrais nouveaux en revanche, la campagne n’est pas forcément une partie de plaisir. « Les premiers visages des futurs députés En Marche qui se font connaître sont en effet ceux de ces femmes tétanisées sur les plateaux télé, qui perdent leurs moyens, bafouillent, ânonnent et deviennent la risée des réseaux sociaux ». Dans cette veine, la deuxième partie de l’ouvrage s’intitule « les amateurs de la République ». « Je ne sais pas ce que je trouve le plus risible commente l’auteur : ces députés qui se comportent en touristes dans le Palais de la République ou cette institution déboussolée par des fenêtres ouvertes et des trognons de pommes (semés dans le jardin) ».

Pour les guider dans leurs nouvelles fonctions, ces débutants peuvent toutefois s’appuyer sur celui qui est surnommé dans le livre « le caporal-chef », Richard Ferrand, qui « a conservé une pointe d’accent aveyronnais ». Interdiction de déposer des amendements en son seul nom, relecture de toutes les questions écrites avant leur dépôt, limiter ses contacts avec les journalistes… Les troupes sont semble-t-il tenues par celui qui opte pour « la loi du bâton ».

« Ne pas confondre renouvellement et prétention », Monique Iborra

Un « caporal-chef » qui va ensuite lâcher la bride à ses troupes pour briguer le perchoir. Et malheur à ses imprudents concurrents à ce poste, à l’image de Yaël Braun-Pivet ! La présidente de la commission des lois ne sera pas épargnée y compris dans son propre camp comme l’atteste cette petite phrase de Monique Iborra. « La situation politique aujourd’hui mérite aussi de l’expérience… ne pas confondre renouvellement et prétention » assénera la députée de Haute-Garonne pour légitimer la candidature de Richard Ferrand pas vraiment symbolique du « nouveau monde ».

Certains talents émergent toutefois comme la députée de l’Essonne Amélie de Montchalin dans le style « contrôleurs de gestion » comme les classifient l’auteur. « Elle fait l’unanimité de la socialiste Valérie Rabault (NDR : présidente du groupe PS et députée de Tarn et Garonne) qui a tressé ses louanges dans un portrait pour l’Obs, à l’ancien président de la commission des finances Gilles Carrez. Elle les a tous bluffés par sa capacité, non seulement à apprendre vite la mécanique législative, mais aussi, assure Valérie Rabault, à transformer la technique budgétaire en discours politique ».

« Transformer la technique budgétaire en discours politique », Valérie Rabault

Inexpérience politique, un « ni de droite ni de gauche » qui quoi qu’il en soit peut être source de division, les « soldats de la macronie » ne s’illustrent effectivement pas par leurs idées. « Bon nombre de députés sont même convaincus que l’idéologie est un poison dans lequel ils ne doivent pas tremper leur lèvres (…)  Eux dont les valeurs se sont durement affrontées par le passé ».

La journaliste ne se résout toutefois pas à « juger sévèrement ces députés débutants ». Certains n’espéraient-ils pas comme l’élu de Haute-Garonne, Sébastien Nadot venu du mouvement de Robert Hue, que « la politique ne devait plus être une profession mais l’affaire de tous » ? Comme l’auteur, il constate des querelles d’ego parmi certains de ses collègues ambitieux. « On vit probablement une nouvelle génération Mitterrand » soupire le prof de sport.

« Une grande trahison » pour Sébastien Nadot

Lui « a renoncé à être un bon petite soldat de la macronie ».  Sa rupture avec LREM est racontée dans le chapitre intitulé « une grande trahison ». « Il y a eu un changement des personnes, une féminisation sans précédent mais sur les pratiques où sont les nouveautés ». Et il sait de quoi il parle, lui qui a voté contre le projet de loi de budget 2019 et qui a déposé une proposition de résolution demandant une commission d’enquête sur les ventes d’armes de la France à l’Arabie Saoudite.

L’ouvrage s’achève sur un épilogue consacré aux gilets jaunes, « une terrible remise en question » pour les macronistes. L’auteur évoque les actes de vandalisme et intrusions dans leurs lieux de résidence dont ont été victimes certains députés LREM comme Mireille Robert dans l’Aude. « Avec son accent du Midi, ses rondeurs et son franc-parler, Mireille Robert, quoique femme de vigneron, avait tout pour montrer que la Macronie n’était pas qu’une famille politique urbaine, CSP+ et prônant la start-up nation. Mais ce ne sont pas ces femmes qui écument les plateaux télé pour incarner le pouvoir ».

Patrick Noviello (@patnoviello)

« Les grandes illusions-Enquête sur les soldats de la macronie », Manon Rescan, Robert Laffont

 

05 Mar

Comment l’ex-députée PS de Toulouse Cathy Lemorton a été nommée patronne de la « réserve sanitaire »

Après avoir annoncé fin 2018 qu’elle quittait la politique (et le PS), l’ex-pharmacienne, ex-députée et présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale fait un retour fracassant… dans le monde du travail.

Cathy Lemorton (Photo : V. Isore / MaxPPP)

Après sa défaite aux législatives en juin 2017, Cathy Lemorton avait confié avoir traversé une période difficile sur le plan personnel. La tempétueuse députée socialiste de la Haute-Garonne avait eu un passage à vide.

Fin 2018, elle annonçait même quitter le Parti socialiste (ou ce qu’il en reste) et la politique. Pour une retraite bien méritée ? Que nenni.

Députée pendant deux mandats, l’ex-pharmacienne, qui avait vendu son officine toulousaine et dont le nom a circulé plusieurs fois comme possible ministre de la Santé, était parvenue en 2012 à la présidence de la puissante commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Où elle ne s’est pas fait que des amis… surtout dans le milieu médical.

Et boum, voici l’ex-députée de retour aux affaires… sanitaires. Non plus dans un rôle politique mais cette fois opérationnel. Cathy Lemorton a pris le 1er mars, la tête de la « réserve sanitaire ».

Mobiliser des professionnels de santé réservistes

Inconnue du grand public, la réserve sanitaire est un établissement qui permet à l’Etat de mobiliser des « réservistes » professionnels de santé en cas d’épidémies, de grands rassemblements, etc. C’est l’une de composantes de Santé Publique France, l’agence directement rattachée au ministère de la santé.

Une réserve maintenant placée sous les ordres de Cathy Lemorton. Qui nous indique avoir été simple candidate au poste :

Quand j’ai vu passer l’offre d’emploi, je rentrais juste d’une mission à Mayotte en tant que réserviste quasi-anonyme. J’ai envoyé mon CV et ma lettre de motivation, j’ai été entendue par un jury et finalement choisie pour débuter dès que possible » (Cathy Lemorton, entretien avec France 3)

Il s’agit d’un poste stratégique. La nomination du titulaire serait-elle totalement dénuée de sens politique ? Cathy Lemorton y prend la suite de Clara de Bort, directrice d’hôpital mais aussi ex-collaboratrice des ministres Xavier Bertrand et Roselyne Bachelot.

« J’avais le profil »

Alors, l’ex-députée PS aurait-elle bénéficié pour ce poste de la bienveillance, voire d’un coup de pouce de la ministre de la Santé Agnès Buzyn ? L’intéressée réfute.

Il était marqué sur la fiche de poste d’avoir des capacités de soin (je suis pharmacienne), de management (j’ai géré des équipes à l’Assemblée) et une bonne connaissance du domaine réglementaire et législatif. Je pense avoir le profil. Je ne crois même pas qu’Agnès Buzyn était au courant que j’avais fait des missions en tant que réserviste » (Cathy Lemorton, entretien avec France 3)

A son nouveau poste, elle devra aussi travailler avec des médecins libéraux. Quand elle était présidente de la commission des Affaires Sociales, ses relations avec certains praticiens étaient extrêmement tendues. « Ils n’avaient pas digéré le tiers-payant généralisé, précise-t-elle aujourd’hui. Mais de toute façon, ces gens-là ne sont pas réservistes, il n’y a pas de sujet ». 

Devoir de réserve

La politique c’est donc terminé pour elle. « Ce fut une belle période, inattendue, dont je garde de bons souvenirs et pas d’aigreur » confie-t-elle.

Elle habite désormais Paris et débute, à 57 ans, une nouvelle vie. « C’est un joli projet et je ne suis plus en première ligne. Ça me va très bien ! »

Et pas question pour elle de prendre part à la future campagne des élections municipales de Toulouse. Il y a quelques temps, certains socialistes toulousains avaient fait de cet ex-proche d’Arnaud Montebourg leur possible championne. Ce temps est révolu.

En tant qu’agent public, elle a désormais un devoir de réserve (qui n’a rien de sanitaire).

FV (@fabvalery)

04 Mar

Européennes : l’ex députée (LR) de la Haute-Garonne, Laurence Arribagé, candidate à la candidature

L’ancienne députée (LR) de la Haute-Garonne, Laurence Arribagé, est candidate à une investiture pour les prochaines Européennes. Sa candidature se heurte à des obstacles : peu de places éligibles et la concurrence de Rachida Dati et de Nadine Morano.

Laurence Arribagé, présidente de LR31. Photo : MaxPPP

L’annonce remonte à plus d’un mois. Lors d’une réunion interne, Laurence Arribagé a évoqué son intérêt pour les prochains Européennes. L’heure de vérité approche. Ce mercredi 6 mars, la commission d’investiture doit se réunir. Les 20 premiers noms doivent sortir du chapeau des instances nationales des Les Républicains.

Un responsable (national) du parti estime qu’il existe un dosage : 50% de sortants et 50% de nouveaux venus. En Occitanie, malgré ses ennuis judiciaires, Franck Proust appartient à la première catégorie et devrait décrocher un ticket. Laurence Arribagé est dans le « quota » des entrants. Une investiture est loin d’être acquise. La présidente des Républicains de la Haute-Garonne n’est pas dans la ligne Wauquiez. Mais ce n’est pas vraiment l’essentiel. La parcours du combattant qui attend Laurence Arribagé n’est pas vraiment politique. Il est lié au contexte et aux règles du jeu.

Un proche de Laurent Wauquiez est très prudent et précise qu’il est « impossible de dire » si la toulousaine va figurer parmi les « heureux élus ». Mais une chose est certaine. Les obstacles ne manquent pas. Le premier concerne le respect de la parité : 10 places seulement sont ouvertes sur les 20 premières de la liste. Nadine Morano et Rachida Dati sont bien parties pour figurer dans la « short list ».

Laurence Arribagé est en concurrence directe avec les deux têtes d’affiches nationales. Une concurrence d’autant plus rude que les sondages ne sont pas au beau fixe pour Les Républicains.

Le parti de Laurent Wauquiez arrive en troisième position, derrière LaRem et le Rassemblement National de Marine Le Pen. Les places éligibles sont « chères ». Pour espérer un siège, il faut être dans les 15 premiers. Autrement dit, le fait de décrocher une investiture est moins essentiel que le numéro sur la liste.

Cette (dure) loi politique est la même dans tous les partis et pour tous les candidats. Laurence Arribagé ne peut pas ignorer cette parfaite évidence.

Fin du suspens mercredi prochain.

Laurent Dubois (@laurentdub)

21 Fév

Haute-Garonne : Marine Le Pen en campagne pour les Européennes

La présidente du Rassemblement National, Marine Le Pen, est en campagne pour les élections européennes. Elle organise son premier meeting en Occitanie à Bessières.

Marine Le Pen, présidente du Rassemblement National. Photo : MaxPPP

Le dernier déplacement de Marine Le Pen remonte à septembre 2017. 18 mois après, la présidente du Rassemblement National revient en région toulousaine. Mais, cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une réunion interne avec des militants mais d’un meeting électoral. Marine Le Pen sera accompagnée de la tête de liste Rassemblement National pour les Européennes et de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy. Thierry Mariani a rejoint Marine Le Pen et figure, en place éligible, dans le casting pour le scrutin de mai prochain.

La composition de la tribune donne le ton. La présidente du RN vient, ce dimanche 3 mars, à Bessières dans le cadre de la campagne des Européennes. Le délégué départemental du Rassemblement National en Haute-Garonne, Julien Léonardelli estime que la réunion publique doit permettre de corriger l’image du RN. « On entend beaucoup de choses fausses. Notamment que nous sommes contre l’Europe. C’est faux. Nous défendons les peuples européens pour qu’ils retrouvent leur souveraineté » estime le conseiller régional d’Occitanie.

Julien Léonardelli est confiant dans l’issue des Européennes. L’élu régional pense « aujourd’hui possible de refonder l’Europe ». Une refondation qui passe par une alliance avec La Ligue de l’Italien Salvini ou le FPÖ autrichien.

Laurent Dubois (@laurentdub)

05 Fév

L’OPA (réussie) du PS de la Haute-Garonne sur Place Publique, un « mouvement 100% société civile »

Place Publique se revendique  » 100% société civile ». Mais le mouvement tend la main aux partis de gauche. Le PS de la Haute-Garonne répond à l’appel. Plusieurs personnalités socialistes seront présentes au meeting toulousain du 6 février.

Dans les locaux du PS 31

Fin 2018, des enseignants, étudiants, avocats et chef d’entreprise créent Place Publique. Le mouvement, issu de la société civile et porté par l’essayiste Raphaël Glucksmann, veut réunir les partis de gauche, sauf la France Insoumise. L’objectif est de fédérer le PS, le PC, le mouvement Génération-s de Benoît Hamon et Europe-Ecologie-Les Verts. Une échéance est fixée : les élections européennes du 26 mai 2019.

Le PS répond à l’appel. Samedi 2 février, Olivier Faure a appelé à une alliance avec Place Publique. Crédité de 2,5 points dans les sondages, les prochaines Européennes s’annoncent compliquées et même redoutables pour le PS. Les socialistes français risquent de disparaître de l’hémicycle européen. La formule proposée par Place Publique (une unité de la gauche non Insoumise) est la seule option pour éviter une Bérézina électorale.

Avant la prise de position (officielle) d’Olivier Faure, les socialistes de la Haute-Garonne étaient favorables à un rapprochement. Le 1er Fédéral, Sébastien Vincini, estime que « Place Publique est une belle initiative de dépassement et de rassemblement sur des valeurs de gauche ». Après l’annonce du patron du PS, les socialistes de la Haute-Garonne ont rapidement embrayé. Lundi 4 février, 48 heures après la déclaration d’Olivier Faure, le conseil fédéral de la Haute-Garonne a acté la stratégie d’union (et donc d’alliance avec Place Publique) du premier secrétaire.

Ce mercredi 6 février, Sébastien Vincini et une (forte) délégation de militants socialistes doivent assister au premier meeting toulousain de Place Publique. Selon nos informations, la proximité pourrait aller plus loin qu’un « acte de présence ». Une personnalité socialiste pourrait représenter (au niveau départemental) Place Publique. Le nom de Mathilde Maulat est évoqué. La jeune militante est une ancienne membre de l’équipe nationale du MJS. Mathilde Maulat est proche de Benoit Hamon. Toulousaine d’origine, l’ex responsable du MJS occupe maintenant des responsabilités (nationales) au sein de Place Publique.

Une autre hypothèse circule. Mais elle est évacuée par le principal intéressé : le patron du PS 31.

Sébastien Vincini estime que « peu importe celle ou celui qui en sera l’animateur ou l’animatrice. Pour ma part, je mets toute mon énergie à favoriser les convergences et le rassemblement. Je ne suis candidat à rien. Face à la montée des populistes et de l’extrême droite, nous devons créer une espérance collective. Place Publique est cet espace de combats communs où les individualités et les ego peuvent être mis de côté et les appareils de gauche classique dépassés ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

Après la publication de l’article ci-dessus, Place Publique indique le nom de son référent local : Jean-Baptiste Sieber.

 

 

01 Fév

Le revenu de base défendu par le PS définitivement enterré par l’Assemblée

L’Assemblée a rejeté une proposition de loi défendue par le PS. Une proposition qui devait permettre à 5 départements d’Occitanie d’expérimenter un revenu de base.

Assemblée Nationale. Photo : MaxPPP

C’est le dernier clou sous le cercueil. Le 23 janvier, la commission des affaires sociales de l’Assemblée a plombé la proposition défendue par les députés socialistes. Une semaine plus tard, ce jeudi 31 janvier, le texte devant permettre l’expérimentation d’un revenu de base dans 18 départements est définitivement rejeté. Il n’y aura pas de débat et de vote. Une motion de rejet a été adoptée : 64 voix « pour » et 49 « contre ».

Les Républicains se sont abstenus. La France Insoumise, le PC et le PS se sont opposés à une motion votée par La République En Marche et le Modem.

La présidente du groupe PS à l’Assemblée est (positivement) surprise par ce vote.  « Seuls LREM et le Modem ont voté (la) motion de rejet de l’expérimentation du revenu de base. Tous les autres groupes ont voté contre cette motion proposée par LREM. Malgré des désaccords sur le fond avec la droite, les autres groupes voulaient donner sa chance à l’expérimentation portée et initiée par les conseils départementaux. Et ça, c’est à mes yeux super positif et un peu inattendu » estime Valérie Rabault

Malgré cela, la fin de non recevoir opposé par l’Assemblée est incontournable. La patronne du groupe PS à l’Assemblée annonce que « le combat continue » et « pense lancer d’autres initiatives avec les territoires ». Mais, l’expérimentation supposait une loi et le processus législatif est verrouillé.

Bref, les 5 départements d’Occitanie (Aude, Ariège, Haute-Garonne, Gers et Hérault) ne pourront pas expérimenter un revenu inconditionnel. C’est d’ailleurs cette différence avec le revenu universel d’activité, défendu par Emmanuel Macron, qui est mis en avant par La République En Marche pour justifier le vote d’une motion de rejet.

« C’est une nouvelle allocation monétaire, appelée revenu de base, sous conditions de ressources mais octroyée de manière inconditionnelle et donc pour nous acceptable » a déclaré la députée (En Marche) de la Haute-Garonne, Monique Iborra.

La parlementaire a souligné l’existence « d’une divergence de fond » entre l’approche du PS et celle du gouvernement. Pour Monique Iborra, la « priorité (ndlr de la majorité), c’est une stratégie de lutte contre la pauvreté tournée vers l’investissement social, avec deux maîtres mots, prévention et accompagnement plutôt qu’une redistribution monétaire, une stratégie tournée vers l’accompagnement et les services plutôt que le versement d’une prestation ».

 

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

24 Jan

Alain Juppé invité d’honneur aux Etats généraux de l’Albigeois

Tous les ans, depuis le classement de la ville à l’Unesco, Albi organise des Etats Généraux afin de promouvoir la ville. Pour sa 8ème édition, l’invité d’honneur est Alain Juppé.

Alain Juppé. maire de Bordeaux. Photo : AFP/Gobet

Alain Juppé va passer des berges de la Garonne aux bords du Tarn. Le maire de Bordeaux est l’invité d’honneur des Etats généraux de l’Albigeois. Depuis 2010, la cité Épiscopale organise un rendez-vous afin d’assurer la promotion du territoire. Cette manifestation annuelle prend la forme de cafés thématiques et d’une soirée de restitution.

En 2018, la thématique était le numérique. Un secrétaire d’Etat « parrainait »  la manifestation. Mounir Mahjoubi n’a pas pu se déplacer physiquement. Sa participation s’est réduite à un message vidéo. Selon nos informations, pour l’édition 2019, c’est un ancien Premier ministre qui doit être l’affiche. Et Alain Juppé n’ayant plus d’agenda ministériel, il devrait être présent (en personne) début février.

Les Etats Généraux débuteront le 7 février, à 20 heures.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Les Républicains de la Haute-Garonne lancent leur Grand débat national

Les Républicains de la Haute-Garonne lancent leur Grand débat national. La consultation des militants portera sur deux thèmes principaux : le travail et la sécurité.

Photo : MaxPPP

Emmanuel Macron a lancé un Grand débat national, ouvert aux citoyens et aux associations. C’est la réponse de l’Elysée à la crise des gilets jaunes.  Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, ne veut pas rester en marge de cette consultation.

Formellement, les partis politiques ne sont pas invités autour de la table. Des militants, à titre personnel, peuvent toujours participer. Mais l’opposition n’est pas directement associée.

Laurent Wauquiez a trouvé une solution pour faire « sauter » le verrou. Son parti organise un grand débat au niveau national mais aussi dans l’ensemble des fédérations de l’Hexagone. En Haute-Garonne, la première consultation se déroulera le 8 février prochain, à Toulouse, dans le quartier de Limayrac.

Cette « prise de parole » portera sur la fiscalité et les dépenses publiques, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté, l’Etat et les services publics.

Le débat sera animé par le délégué de la circonscription, Jonnhy Dunal. D’autres événements sont prévus dans d’autres circonscriptions. Comme le précise le porte-parole de LR31, Pierre Esplugas-Labatut, « le choix est celui de la circonscription car c’est la cellule naturelle du débat politique ».

Pierre Espuglas-Labattut insiste sur un point : « le débat n’est pas bordé par les 4 grands thèmes définis par le gouvernement. Il y ira d’autres thèmes qui tournent autour des valeurs des Républicains : la sécurité, le travail, la répartition entre le revenu du travail et les aides. Deux thèmes généraux sont mis en avant, la sécurité et le travail ».

A la fin des consultations, dans les 10 circonscriptions de la Haute-Garonne, une synthèse générale sera rédigée par la secrétaire départementale de LR31, Christine Gennaro-Saint. Cette synthèse sera envoyée au siège national des Républicains, à Paris.

LR31 envisage également de remettre un compte-rendu au préfet de la Haute-Garonne.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

23 Jan

Foulards rouges : quelle mobilisation à Toulouse ?

Le mouvement se veut « apolitique ». Il ne souhaite pas défendre le Président Macron mais les institutions face au mouvement des gilets jaunes. Les foulards rouges marcheront dimanche à 14h à Paris. Mais qu’en est-il de la mobilisation à Toulouse où manifestations des gilets jaunes et exactions des casseurs se succèdent ? Dominique, l’un des représentants de ces foulards rouges nous répond.

Dominique, Foulard Rouge toulousain. Photo Luc Truffert

 

Le Blog Politique : Quelles sont vos motivations ?

Dominique : L’idée a été lancée le 10 décembre dernier par Laurent, un toulousain, suite aux manifestations des gilets jaunes via un message sur les réseaux sociaux : « stop, ça suffit ». C’est une des nombreuses pages qui se sont créées sur Facebook. Nous trouvions que la parole était monopolisée par les gilets jaunes. Il n’y a pas qu’eux qui représentent le peuple.

Pas une marche pro-Macron »

Le Blog Politique : Comment fonctionnez-vous ?

Dominique : Beaucoup par les réseaux sociaux et par conférence. Nous avons deux représentants nationaux, Corinne Chabert d’Annecy et Théo Poulard de Quimper. Sur Toulouse, le groupe s’est constitué il y a deux semaines, nous sommes entre 110 et 120, mais ce chiffre monte depuis le début de notre médiatisation. Nous pensons regrouper environ 40 000 personnes en France. D’après l’estimation de la Préfecture de Paris, la moitié devrait nous rejoindre dans la capitale.

Le Blog Politique : Comment mobilisez-vous ici à Toulouse alors que votre marche aura lieu à Paris ?

Dominique : L’idée est d’abord avant tout de nous faire connaître et éventuellement de faire monter des gens sur Paris. Il est faux de dire que ce sera une marche pro-Macron. Ce serait un autre gouvernement, on l’aurait fait quand même. On n’est pas pro ou anti-gilets jaunes mais leurs formes d’actions sont devenues selon nous illégitimes pour deux raisons. D’abord dans une démocratie, on a le droit de manifester mais s’il y a impossibilité de dialoguer avec le gouvernement en place. Du moment où il y a eu des réponses et un canal de communication d’ouvert, il faut que cela cesse. Ensuite, ces manifestations, on a la preuve par dix, si j’ose dire, qu’elles dégénèrent systématiquement. Et je peux vous dire que nous sommes extrêmement bien accueillis chez les commerçants. C’est de pire en pire et pas qu’à Toulouse. Les organisateurs de ces manifestations sont incapables de les contrôler. On appelle à ce qu’ils arrêtent de manifester.

Nous n’avons absolument pas vocation à devenir un parti politique »

Le Blog Politique : Et s’ils arrêtaient ?

Dominique : Nous n’avons absolument pas vocation à devenir un parti politique mais on pourrait rester une association de citoyens vigilants.

Le Blog Politique : Et les politiques dans tout ça justement ?

Dominique : Un certain nombre d’élus nous soutiennent et nous ont contactés. On leur a demandé de ne pas afficher leur étiquette politique et de se présenter dans notre rassemblement sans leur écharpe d’élus. D’ailleurs la décision de LREM de ne pas appeler à marcher avec nous nous va très bien. Notre mouvement regroupe des personnes de sensibilités politiques différentes mais nous nous voulons apolitique.

Le Blog Politique : Comptez-vous vous investir dans le grand débat national ?

Dominique : A priori, oui. Il n’est pas exclu non plus qu’on en organise.

Le Blog Politique : Pourriez-vous un jour appeler à une marche sur Toulouse ?

Dominique : Nous avons eu un débat interne pour organiser des rassemblements à Paris et en province. Nous finançons nous-même notre service d’ordre. Or ce n’était pas possible financièrement d’organiser plusieurs événements. Assurer la sécurité du cortège n’est pas simple. Nous avons des consignes très précises de la Préfecture de Police de Paris en cas d’infiltration ou de provocations lors de notre marche. Mais il n’est pas impossible que nous organisions, un jour, le même type de marche sur Toulouse.

Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)

11 Jan

Rififi chez les députés En Marche au sujet du Grand débat national et du rôle des maires

Deux députés En Marche de la Haute-Garonne, Michaël Nogal et Elisabeth Toutut-Picard, estiment que des maires veulent « torpiller » le Grand débat. Une autre députée de la majorité, Monique Iborra, n’est pas d’accord et le fait savoir.

Photo : MaxPPP/Tanguy

En Haute-Garonne, le Grand débat sème la zizanie entre En Marche et les élus locaux. Le référent départemental du parti qualifie la position du maire de Toulouse d’ambiguë et de contraire à la ligne d’Emmanuel Macron. Mais deux députés montent également au créneau.

Dans les colonnes de la presse régionale, Elisabeth Toutut-Picard estime que des maires « se plaignent de ne pas avoir suffisamment entendus. Or là, on leur propose de reprendre la main et ils refusent ». Dans le même article, Michaël Nogal dresse un constat négatif : « il y en a qui veulent que ce grand débat national échoue ».

Ces déclarations n’ont pas échappé à une autre députée En Marche, Monique Iborra. La parlementaire ne partage pas du tout le point de vue de ses deux collègues. Monique Iborra parle d’un « mauvais procès bien mal venu ». La députée de la majorité estime que les élus locaux jouent le jeu. « Ayant pris contact avec les maires de ma circonscription la semaine dernière, une majorité d’entre eux ont d’ores et déjà ouvert des cahiers de doléance dans leurs mairies tel que le demande Emmanuel Macron ».

D’une manière générale, Monique Iborra estime que les maires « peuvent décider qu’ils ne sont pas co-organisateurs mais des facilitateurs sur leurs territoires ».

Laurent Dubois (@laurentdub)