13 Fév

Avis aux candidats

« On me dit qu’il n’y a plus de candidats pour constituer les listes de conseillers municipaux, alors je vais demander aux secrétaires départementaux (de l’UMP) de passer des petites annonces. Dans toutes les villes, on mettra des avis de recrutement ».

Cette petite phrase prononcée à Agen la semaine dernière par Jean-François Copé est presque passée inaperçue, mais pas pour tout le monde.

Pour Pierre Esplugas, « la formule n’est pas très heureuse ». Selon lui, cette phrase n’est pas à prendre au pied de la lettre mais doit être considérée plutôt comme « un clin d’œil ». Le porte-parole de l’UMP31 reconnaît qu’il n’est pas facile de trouver des candidats, notamment dans un département comme la Haute-Garonne où « il faut faire face à un PS hégémonique et où les sortants sont installés ». Enfin, toujours selon lui, le renforcement de la parité ne va pas simplifier les choses, « il n’est pas évident de trouver des candidates notamment dans des petites communes ».

Jacques Thouroude se veut « plutôt optimiste ». L’un des leaders de l’UMP à la région reconnaît quand même que l’objectif « est d’avoir le choix dans les candidats ». « Il faudra pour cela inciter ou convaincre les profils les plus intéressants » mêmes si, comme il le rappelle « la vie professionnelle passe souvent avant la politique chez les militants qui ont le plus de profondeur ».

En tout cas « pas d’instruction de Paris pour passer des petites annonces » selon lui. L’adjoint aux sports à la mairie de Castres n’est pas plus inquiet question délais pour trouver les candidats, « les constitutions de liste ne commençant pas avant septembre prochain et les campagnes étant de plus en plus courtes ».

Quant à savoir si la droite, qui n’a pas gagné d’élections locales depuis 2001, a ses chances sur ce scrutin de 2014 : « Tout dépendra de la situation économique du moment mais un effet d’alternance peut se produire même l’aspect humain va jouer dans les grandes villes comme dans les collectivités locales en 2015 » conclut Jacques Thouroude.

05 Fév

Municipales à Toulouse : ça bouge au centre !

« Il faut savoir ce que l’on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire. Quand on le dit il faut avoir le courage de le faire ». Elle avait laissé entendre qu’elle pourrait être candidate, c’est désormais officiel. Ce lundi matin, dans un bistrot de la place Saint-Etienne, Christine De Veyrac a annoncé qu’elle se présenterait sous l’étendard UDI et Modem aux prochaines Municipales à Toulouse.

La députée européenne a dit « vouloir sonner le réveil » de Toulouse. Les électeurs seront-ils sensibles à cet appel ? En tout cas, la riposte à l‘UMP31, elle, ne s’est pas faite attendre. Dans un communiqué, son porte-parole et sa secrétaire départementale ne lui demandent rien de moins que « de se démettre de son mandat de députée européenne que lui ont confié les électeurs ayant voté pour une liste UMP ».

Il faut dire qu’en se présentant sous l’étiquette UDI-Modem, Christine De Veyrac désorganise pour le moins les plans de Jean-Luc Moudenc. L’ancien maire de Toulouse battu par Pierre Cohen en 2008, tout en étant président de l’UMP31, ne cesse d’afficher son âme centriste. « Soit sa candidature vise à renforcer l’UDI et ses idées pour notre ville, et ce sera un atout supplémentaire pour l’opposition municipale en vue de l’échéance de 2014, soit il s’agit d’une entreprise de division, qui deviendrait l’auxiliaire de la municipalité Cohen » analyse le seul député UMP de Haute-Garonne. En résumé soit elle est avec lui mais pas tête de liste, soit elle est contre lui.

« Nous avons eu des divergences de vue, mais je n’ai jamais eu un mot plus haut que l’autre à son encontre » rappelle Christine De Veyrac qui avait du laisser la présidence de l’UMP31 à Jean-Luc Moudenc. « Une mairie ne se gère pas à droite ou à gauche (…) Je souhaite être la candidate du rassemblement de tous ceux dont les convictions vont de la droite républicaine à la gauche réaliste » a déclaré Christine de Veyrac. Pas de quoi éclairer plus que ça les citoyens quant à l’échiquier politique local.

Et Jean-Luc Moudenc de ramener cette candidature à une volonté plus terre à terre : « qu’on ne compte pas sur moi pour participer à une bataille d’égos dont Toulouse serait l’enjeu, et à la fin, la victime ». Reste maintenant à Christine de Veyrac à avoir le feu vert parisien, en l’occurrence celui de Borloo, autrement dit à ce que ce dernier ne lance pas un appel à une union nationale avec l’UMP en vue des Municipales.

Une prise de position dont dépends sa candidature définitive. D’ailleurs, dernière attaque à son encontre de la part l’UMP31 qui redoute qu’elle exploite une fausse campagne pour en lancer une autre : « Il serait en effet trop commode que Christine de Veyrac se serve des élections municipales à Toulouse pour obtenir une quatrième investiture sur une liste aux élections européennes ». Décidément il semble difficile de voir ceux-là retravailler ensemble un jour. Mais en politique, tout est possible…

28 Jan

Mariage en ligne par Patrick Noviello

Assemblée Nationale

Quinze jours de débats sont d’ores et déjà annoncés. L’assemblée nationale entame demain l’examen de la loi sur le mariage pour tous. Les échanges seront virulents dans l’hémicycle mais ce sont aussi les souris et les claviers qui vont chauffer du côté des Socialistes.
En effet, pour la première fois, quatre parlementaires de ce groupe vont se relayer sur la toile pour livrer leurs impressions tout au long de l’examen de loi. Parmi eux, Christophe Borgel et Carole Delga députés de Haute-Garonne. L’initiative de ce projet revient à Xavier Julien, directeur de la communication du groupe Socialiste à l’assemblée nationale. C’est d’ailleurs sur le site du groupe que seront relayés les billets des députés (socialistes-deputes.fr).
« Il s’agira de billets subjectifs sur nos impressions » explique Christophe Borgel. « Je suis plutôt un homme de la parole et je parle beaucoup avec les mains, mais j’ai l’habitude d’écrire sur mon blog et de faire vivre mon site où je fais des billets régulièrement » poursuit-il. « Mon blog est en pleine refondation, je suis donc plutôt mauvaise élève en ce moment, mais je crois vraiment à cette belle technologie pour relayer des infos aux citoyens » avoue de son côté Carole Delga.

Le choix des députés s’est fait de manière informelle : « On en a parlé avec Xavier pour la première fois à la rentrée, à la buvette de l’assemblée » confie le député de Haute-Garonne. « Je pense que nous avons aussi été choisis pour nos différences de sensibilité sur ce dossier. Moi-même par exemple, j’étais contre l’amendement Procréation Médicalement Assistée (NDR finalement retiré) » estime Carole Delga.
Seule obligation : les parlementaires choisis pour écrire sur la toile ne devaient pas faire partie de ceux ayant des responsabilités politiques sur ce dossier, ces derniers étant mobilisés de façon permanente sur les séances. « Je pense vraiment que cette expérience peut aussi permettre de familiariser les citoyens avec le travail parlementaire » espère Carole Delga.

Les parlementaires socialistes blogueurs devraient faire une dernière mise au point demain matin avant de commencer leur rédaction au long cours. Et ils ne seront pas trop de quatre pour se relayer sur le web, tant les débats risquent de durer. Les discussions pourraient s’étaler jusqu’à 10 ou 15 heures par jour pronostiquent certains députés.

16 Jan

Ces pilules qui passent mal par Patrick Noviello

France 3 Midi-Pyrénées

Intervention remarquée de Catherine Lemorton cette semaine sur les ondes d’Europe 1. La présidente de la commission des affaires sociales de l’assemblée nationale s’exprime sur la pilule troisième génération. Une de ses victimes présumée vient d’intervenir par téléphone en direct. Dans la foulée, la députée de Haute-Garonne appelle toutes les femmes qui utilisent cette méthode contraceptive à ne pas paniquer comme l’a fait avant elle Marisol Touraine la ministre de la Santé. « Le service médical est rendu par ce type de moyens contraceptifs » rappelle Catherine Lemorton.

La pharmacienne de profession rappelle toutefois que les effets indésirables de ce type de contraceptifs sont connus depuis longtemps. Concernant les pilules « troisième génération », Catherine Lemorton remet en cause l’évaluation qui en a été faite en 2009 alors que Roselyne Bachelot était ministre de la santé. « C’est la confiance des femmes dans la contraception qui est en jeu mais aussi une fois de plus, la confiance dans les médicaments mis sur le marché » affirme la députée toulousaine sur son site.
« Les notifications (d’effets indésirables graves) sont très insuffisantes » a indiqué pour sa part à l’AFP Gérard Bapt, député PS de Haute-Garonne et membre du conseil d’administration de l’ANSM qui se base sur une étude en cours dans un Centre hospitalier universitaire.

Selon les premiers résultats de cette étude, sur 47 cas de femmes de moins de 25 ans hospitalisées pour une pathologie thromboembolique (phlébite, embolie pulmonaire) et qui prenaient la pilule, seulement 3 cas auraient été « notifiés » à l’agence du médicament ANSM, soit un peu plus de 5%, précise M. Bapt.
Depuis mercredi matin, une ligne d’appel est ouverte pour le grand public qui se pose des questions sur ce médicament (0810 57 54 00).

10 Jan

La bataille des présidents par Patrick Noviello

MaxPPP

« La canard enchaîné » nous révèle cette semaine l’affrontement entre l’ariégeois Jean-Pierre Bel président du Sénat et son homologue à l’Assemblée Claude Bartolone.
Tout part d’une dotation à l’appellation imprononçable mais essentielle pour les collectivités locales : le Fond National de péréquation des droits de mutation à titre onéreux. Pour faire simple, il s’agit des « frais » récoltés par les notaires et que l’Etat redistribue aux départements.
C’est un sous-amendement, « adopté à la va-vite » selon le Canard, et voté par les députés qui a mis le feu aux poudres. Il préconise de mieux doter désormais les départements très peuplés où résident donc plus de personnes en situation de précarité.
Grosse colère des sénateurs, pour la plupart élus des départements ruraux. Si l’on en croit le journal satirique, un département comme le Gers par exemple, perdrait 1,8 million d’euros sur l’année. Jean-Michel Baylet sénateur du Tarn et Garonne cité dans l’article  évoque même un « coup de force de quelques députés » qui veulent « favoriser particulièrement leurs collectivités ».
Il n’est pas le seul élu de la chambre haute à le penser et il n’en faut pas plus pour que Claude Bartolone, ancien président de Seine-Saint-Denis et patron de l’assemblée nationale se sente visé. Jean-Pierre Bel en appelle au premier ministre pour arbitrer. Bartolone lui rappelle que « C’est bien aux députés qu’il appartient de voter la loi, fût-ce en fin de lecture définitive ».
Difficile année qui se profile donc pour Jean-Pierre bel, qui en plus d’une majorité fragile n’a pas l’air d’avoir un bon camarade au perchoir.

27 Déc

Bye Bye Bisphénol A !

Dès 2013, nos chères têtes blondes ou brunes ne biberonneront plus de Bisphénol A. La loi l’interdisant dans les ustensiles des 0-3 ans a été publiée mercredi 26 décembre au Journal Officiel. Elle a été adoptée à l’unanimité en deuxième lecture le 13 décembre sur une proposition du député socialiste Gérard Bapt. « Des millions de consommateurs ont-ils été intoxiqués depuis 50 ans en consommant les canettes et les boîtes de conserves ? » interroge sur son site internet l’ancien maire de Saint-Jean.

Le député de Haute-Garonne ne s’est pas posé longtemps la question et a mené un combat de plusieurs années pour arriver à faire voter la décision entrée en vigueur mercredi. Seulement pour les produits ne concernant pas les enfants, il faudra attendre encore un peu. L’interdiction générale pour les conditionnements directement en contact avec les denrées alimentaires ne se fera qu’au 1er janvier 2015. Et elle a été arrachée après un débat animée.

« Je ne pensais pas que j’avais été élu sénateur pour passer deux heures à débattre sur un pot de cornichon » se rappelle avec humour Jean-Jacques Mirassou. Et le sénateur socialiste de Haute-Garonne d’expliquer que les distributeurs de ce type de condiments ne sont toujours pas parvenus à remplacer le Bisphénol A dans la composition de leurs bocaux. Un délai supplémentaire leur a donc été accordé.

« Si le texte propose d’interdire à partir du 1er janvier 2014 la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché de tout conditionnement alimentaire comportant du BPA, c’est parce que ce délai a pour objet de permettre aux industriels de mettre au point des substituts et aux autorités sanitaires de vérifier leur innocuité » confirme Gérard Bapt.

Quoi qu’il en soit après les multiples avertissements du plus ancien des députés de la région, je n’ai pas attendu cette nouvelle loi pour repasser aux biberons en verre pour mes enfants. En revanche, je mange toujours des cornichons…

Patrick Noviello

20 Déc

Procréation Médicalement Assistée : naissance d’une polémique

Photo : marcel Mochet / AFP

Le débat sur le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels n’en finit plus de rebondir. Les députés socialistes ont décidé hier de déposer un amendement sur la Procréation Médicalement Assistée. Cette initiative divise au sein même du PS dont 27 députés ne signeront pas cet amendement.

« C’est sur le principe de l’égalité que nous avons décidé de légiférer sur le mariage pour tous. J’y souscris sans réserve. Mais nous rompons ce principe en autorisant la PMA ». C’est ainsi que Monique Iborra commente sans détour cette décision sur son blog. De son côté Gérard Bapt rejoignait dès hier dans cette opposition sa collègue, comme lui, députée de Haute-Garonne. Pour l’ancien maire de Saint-Jean, cet amendement « soulève bien d’autres questions, d’ordre éthique et médical ». « Ce n’est pas une mesure d’égalité puisque les célibataires ou les couples d’hommes ne bénéficieront pas d’un tel droit à l’enfant ».
Catherine Lemorton ne partage pas ce point de vue. Pour elle, « il ne faut pas s’interdire le débat, même s’il s’annonce effectivement difficile dans l’hémicycle. La parentalité ne s’arrête pas à l’adoption ». La présidente de la commission des affaires sociales souhaite « qu’on en finisse avec l’hypocrisie ». « Il n’est plus acceptable qu’on oblige des femmes à aller se faire inséminer en Espagne, aux frontières de notre département, comme si on ne voyait rien ». La députée reconnaît toutefois « ne pas avoir de certitude » et admet, comme le président des députés radicaux de gauche, Roger-Gérard Schwartzenberg, que « cet amendement peut amener un risque d’inconstitutionnalité ».
Voilà en tout cas une division au sein de la gauche qui ne peut que renforcer l’opposition UMP dans sa dénonciation d’une « cacophonie au sein de l’actuelle majorité ». « Dans un contexte où son programme économique est décrié, le gouvernement essaie de détourner l’attention sur des questions de société mais cette tactique ne marche pas » commente Jean-Luc Moudenc. Pour le député UMP de Haute-Garonne, « la question de la Procréation Médicalement Assistée est une question délicate et mérite un débat bien plus approfondie à l’image de ce que le Professeur Sicard a fait sur la fin de vie ».
L’ancien maire de Toulouse explique que « la PMA ne concerne pas que les personnes de même sexe et mériterait d’être traitée par une loi sur la bioéthique ». Gérard Bapt n’est pas loin d’aller dans le même sens : « cet amendement qui concerne le code de la santé publique, c’est très troublant. Le texte sur le mariage homosexuel n’a pas été fait dans cette optique. On va instrumentaliser la médecine pour le droit à l’enfant et qui plus est, sans qu’il y ait eu de vrai débat ».
A défaut du « vrai débat » attendu par certains, la discussion sur le mariage homosexuel devrait avoir lieu le 29 janvier prochain à l’assemblée nationale.

18 Déc

Courant alternatif à gauche

AFP PHOTO/JACQUES DEMARTHON

Est-ce un court-circuit, de l’électricité dans l’air ou tout simplement un courant alternatif. A gauche, les voix se multiplient pour appeler la nouvelle majorité à infléchir sa politique.

« Au quotidien, les gens ne voient pas toujours la différence entre la politique de Hollande et celle de Sarkozy ».  Cette déclaration n’est pas signée Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen mais bel et bien d’un député socialiste : Jacques Valax. « Malaise, inquiétude, insatisfaction et donc déception » voici les termes employés par l’avocat. « On a peur de faire peur à certaines catégories sociales(…) Plus personne ne croit à l’efficience de nos choix politiques » confie-t-il sur notre antenne.
Le député du carmausin fait partie de la quinzaine d’élus socialistes qui a écrit une lettre à François Hollande. Objectif : rappeler au président qu’il est avant tout là pour répondre à « l’aspiration légitime des salariés et des ouvriers modestes à améliorer leurs conditions de vie ». Comme ses collègues signataires, le parlementaire appelle de ses vœux la mise en place de « la grande réforme fiscale ».
Alors comment interpréter cette mise en garde ? Déjà, lors du congrès de Toulouse, bon nombre de socialistes avaient rappelé que « le parti est aussi là pour dire « attention » à la majorité qui gouverne ». Parmi eux : Paul Quilès. L’ancien ministre de Mitterrand a animé  le 12 décembre dernier le débat organisé par « Gauche Avenir » à Paris. Crée en mai 2007, après la défaite de la gauche à la présidentielle, ce club regroupe des personnalités notamment du PS, du PCF, du Parti de Gauche et de la société civile.
« Nous reprenons nos travaux avec comme ligne politique de rassembler la gauche pour réussir le changement pour lequel les électeurs ont voté » explique le maire de Cordes.
Paul Quilès est notamment intervenu pour rappeler que « la gauche ne doit pas se tromper de chemin et de stratégie. Les conséquences sociales et économiques seraient terribles et les conséquences politiques le seraient tout autant ». Voilà François Hollande et Jean-Marc Ayrault prévenus…

04 Déc

Nationaliser : qu’en pense-t-on en Midi-Pyrénées ?

Arnaud Montebourg - AFP / PHILIPPE DESMAZES

Elle devait être son « arme de dissuasion massive », elle lui a finalement explosé au visage. La nationalisation prônée par Arnaud Montebourg ces derniers jours est-elle un fantasme ou une vraie réponse aux licenciements en France comme en Midi-Pyrénées ?

Faisant référence aux fourneaux de Florange, le ministre du redressement productif a déclaré «  la nationalisation est une proposition qui aura une vie plus longue que cet épisode ». Jean-Marc Ayrault, lui, est plus ambigu. Le premier ministre confie dans les colonnes du Journal du Dimanche : «  La nationalisation est une solution facile. Je ne dis pas que l’Etat ne peut pas, je n’ai pas de dogme, je ne veux pas mentir, et ne veux pas dire que j’ai la formule magique. Je ne veux pas jouer avec les gens, je ne ferai jamais ça c’est une question de respect ».

Jean-Luc Moudenc député UMP de Haute-Garonne n’est « pas contre une nationalisation temporaire » mais « il faut qu’elle s’inscrive dans un cadre politique précis. Dans le cas de Florange, on a assisté à une véritable cacophonie entre un ministre, son premier-ministre et le président ». Autre député de Haute-Garonne mais PS, Christophe Borgel a signé avec une centaine d’autres parlementaires un texte de soutien à Montebourg. Pour lui, François Hollande a fixé les grandes lignes en la matière. Christophe Borgel croit en l’outil nationalisation temporaire « mais pas dans tous les cas sinon ça n’aurait aucun sens économique, seulement lorsqu’il y s’agit d’entreprises stratégiques ». Reste à définir lesquelles…

A l’époque de la fermeture de Molex, les syndicats de l’entreprise avaient eux aussi évoqué une possible nationalisation « car on travaillait avec PSA à l’époque » se rappelle Denis Parise. L’ancien secrétaire du CE partage la colère des salariés de Florange : « Ils n’ont plus confiance en leur patron. Imaginez si on nous avait demandé de retravailler avec le nôtre chez Molex ! ». Mais l’actuel conseiller régional comprend aussi l’attitude du gouvernement : « Il y a 6 ou 7 ans, ils l’auraient fait. Mais aujourd’hui il y a des plans sociaux tous les jours. S’ils avaient dit oui pour Arcellor Mittal, ils n’arrêteraient plus d’être sollicités. »

Seulement « nationaliser », d’autres comme Didier Zerbib, n’y croient pas une seconde. Le délégué CGT de Freescale Toulouse n’y voit qu’un « effet d’annonce » de la part d’Arnaud Montebourg. « Nous en tout cas, ce n’est pas une demande qu’on a faite. Il vaudrait mieux une loi pour interdire les licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices ». Didier Zerbib explique avoir été pendant des mois en contact avec le cabinet d’Arnaud Montebourg qui, selon lui, « n’a pas eu les tripes d’aller jusqu’au bout » pour sauver le site toulousain. « Il y avait un repreneur. Il suffisait de boucler un business-plan. L’Etat a mis 50 millions pour sauver 50 emplois chez Molex. Et c’était un gouvernement de droite. Nous, il y avait 300 emplois à sauver et ils n’ont rien mis » conclut-il, dépité.

Patrick Noviello

26 Nov

Un nouveau Larzac ?

JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Notre-Dame-Des-Landes est-il un nouveau Larzac ? Beaucoup se délectent à le dire. Je ne partage pas cet avis.

« Nous sommes déterminés à gagner ce nouveau Larzac » claironnent Marie-Pierre Rouger, vice-présidente du conseil régional de Bretagne et Pascal Dallé, coprésident de Bretagne écologie. Un aéroport n’est pas un camp militaire et cessons de mélanger les époques. Point de parisiens débarquant en Loire-Atlantique pour élever des chèvres, le bocage n’est pas les Causses.
« En 1970 c’étaient les hippies et les antimilitaristes. Aujourd’hui ce sont plutôt les écologistes et les indignés » reconnaît même Michel Tarin, un des leaders de la contestation. L’homme formé à la jeunesse Agricole Chrétienne a milité dans les comités Larzac où il a fait la connaissance d’un certain José Bové. Bové qui lui aussi souligne « la légitimité de ceux qui veulent défendre les paysans et un autre projet de développement ». Mais là aussi la comparaison ne va pas plus loin selon moi.
Alors évidemment que le combat nantais ranime des souvenirs sur les Causses. « Le premier lien c’est que dans les deux cas, on veut prendre de la terre aux paysans. A l’époque du Larzac, les bretons avaient été parmi les premiers à venir nous soutenir en organisant une marche de 800 kilomètres de Nantes jusqu’ici » se souvient Christian Rouqueirol. Le paysan aveyronnais poursuit : « le deuxième lien c’est que ce projet nous semble inutile ». Inutile certes mais pour ses opposants.
Quid de l’explosion du trafic aérien nantais ? Que faire des « 4,5 millions d’heures de travail sur cinq » calculées par les collectivités locales et les « 800 emplois directs crées dans l’enceinte aéroportuaire » rétorquent les pro-aéroports. Enfin, les collectivités locales mettent en avant les 540 hectares qui se libèreraient dans l’agglomération bretonne après le déménagement aéroportuaire, de quoi envisager plus sereinement le logement des 15000 nouveaux arrivants annuels.
Politiquement enfin, les comparaisons sont encore moins probantes. Le député Delmas de Millau dans les années 70, pro-camps militaire du Larzac et de droite n’est en rien premier ministre à l’époque du combat des Causses et Michel Debré n’a pas exactement le même profil que Jean-Marc Ayrault. Après ces mises en perspectives volontairement scabreuses, je veux poser une question : la lutte de Notre-dame-des-Landes  serait-elle aussi médiatisée si le maire de Nantes n’était pas le patron de Matignon ?
Ecologistes et partisans d’une autre gauche, ne trouvent-ils pas là un magnifique terreau de contestation social, une vitrine de ce qu’ils veulent dénoncer dans la politique de l’actuelle majorité ?

Patrick Noviello