24 Mai

L’UDI 31 se cherche un patron

Unis mais avec deux candidats en lice… L’UDI 31 va élire son nouveau président lundi prochain. Candidat naturel : Jean Iglésis qui assurait jusque là la coordination provisoire. Outsider : Philippe Lasterle, collaborateur des groupes politiques d’opposition à la mairie de Toulouse ainsi qu’à l’agglomération et à la Région. Pour ce dernier « la faiblesse électorale du centre-droit tient à son éparpillement ». D’où l’objectif commun pour les deux candidats de regrouper toutes les forces du centre sous la bannière Borloo.

Jean-Louis Borloo ©BERTRAND GUAY / AFP

Un challenge d’autant plus stratégique en terres toulousaines où feu l’UDF a longtemps eu les manettes. Mais ce temps-là est bien loin. Entre temps il y a eu la création de l’UMP mais aussi d’autres formations comme le Modem, le Nouveau Centre ou l’Alliance Centriste. Difficile de s’y retrouver dans ce flot de bannières centristes qui a donné lieu à des querelles de personnes, comme à des retournements de casaques.
L’objectif est ambitieux pour l’UDI : « devenir le premier parti de Haute-Garonne » affirme Philippe Lasterle au bas de sa profession de foi. Même si pour l’heure la formation part de loin…L’UDI compte, selon ses dirigeants, 600 adhérents dans le département. Quant à ses rapports avec l’UMP, « des relations de travail respectueuses et équilibrées » « un partenaire naturel » précise Jean Iglésis. Celui qui met en avant sa proximité et ses liens d’amitié avec Christine de Veyrac doit certainement faire une exception des Municipales toulousaines au vu de l’ambiance tendue avec l’UMP local sur ce scrutin.
D’ailleurs à ce sujet l’UDI crie au « manque de sérieux » concernant le sondage BVA publié vendredi par la « Dépêche du Midi » créditant de 3% Christine de Veyrac, et où « le centre apparaît comme étant divisé » selon Jean Iglésis. Et le coordinateur de rappeler que « le Modem soutient la candidature de Veyrac» pour cette élection et que Jean-René Bouscatel « n’est pas et ne sera pas candidat »
Quoi qu’il en soit, avant ces Municipales, les militants de l’UDI31 devront élire leur président départemental lundi à partir de 18h30, salle Barcelone à Toulouse. Un scrutin que le parti centriste est là sûr de remporter quoi qu’il arrive.

22 Mai

Le nez dans le guidon

Le maire de Toulouse Pierre Cohen s’est fait voler son scooter. Quelle affaire ! Bon c’est vrai que ça agace quand ça vous arrive. Je me revois encore le jour où j’ai découvert ma voiture posée sur un parpaing, deux roues en moins. C’est comme le Loto, ça n’arrive pas qu’aux autres… Pour ma part je n’ai pas eu droit à un article dans la presse mais à une belle file d’attente au commissariat (pour la beauté du geste évidemment).

De là à en faire une riposte politicienne… Il ne s’agit pas là de Pierre Cohen qui s’est bien abstenu de faire le moindre commentaire (en plus dans ces cas-là on n’est jamais très fier, là encore j’en atteste) mais de deux de ses adversaires politiques.

Olivier Arsac, secrétaire départemental de Debout La République dégaine le premier se désolant que « la délinquance à Toulouse a encore frappé ». Je vous passe les chapitres où le porte parole de Nicolas Dupont-Aignan explique que ce scooter atteste que Pierre Cohen est proche des gens contrairement à Jerôme Cahuzac et que le maire a bien fait d’adopter le deux-roues pour lutter contre les bouchons comme l’avait proposé DLR 31 lors d’une conférence de presse en décembre dernier. Cette idée, personne ne l’avait eu avant ?

Pour Olivier Arsac, pas de doute une « vidéosurveillance massive » aurait permis au maire de retrouver son bien. « Il vous reste encore un an pour changer d’avis » lance-t-il à Pierre Cohen lui recommandant de passer en mode caméra.

Copyright Pascal Pavani / AFP

Et sur cette histoire de scooter, c’est Jean-Luc Moudenc qui prend la roue d’Arsac rappelant qu’il y a plusieurs mois, lors de la mise en place des Zones de Sécurité prioritaires, il avait demandé à ce que certains quartiers oubliés dont Empalot bénéficient aussi de ce dispositif. « Vous aviez alors combattu cette proposition » rappelle, en remuant le couteau dans la plaie, le président de l’UMP31 au maire de Toulouse. Et Jean-Luc Moudenc d’insister : « Je formule le vœu que ce méfait qui vous touche personnellement vous ouvre les yeux et fasse sauter votre carcan idéologique. »

Personnellement, je n’ai pas demandé de caméra devant chez moi, après la disparition de mes roues de voitures. D’ailleurs un mois après, on me volait mes enjoliveurs en plein jour. Et je n’ai pas de « carcan idéologique » à ce niveau-là, je vous assure. Mais bon, je ne suis pas candidat aux prochaines Municipales. Une campagne qui, si elle démarre sur les chapeaux de roue, mériterait qu’on sorte un peu le nez du guidon, non ?

Patrick Noviello

16 Mai

Une taxe sur le vin ?

Après la bière, le vin ? ©France 3 Midi-Pyrénées

Le vin doit-il être taxé de manière dissuasive ? La question est posée par la mission d’évaluation et de contrôle de la Sécurité Sociale (MECSS) du sénat.
La fronde des élus des terres viticoles ne s’est pas fait attendre.

« On ne peut pas à la fois dire que le vin est l’image de marque de la France et par un raccourci dire qu’il est la cause du binge drinking chez les jeunes ». Pour Jean-Jacques Mirassou, la position à tenir est claire. « Le secteur viticole a mis du temps à sortir du marasme économique, il a fait énormément d’investissement, ce n’est pas le moment de lui infliger cela » poursuit le sénateur socialiste de Haute Garonne.
Alors une fois nos parlementaires ne sont-ils pas en train de défendre aveuglement leurs électeurs-viticulteurs ? « Il ne s’agit pas de cela. Au petit matin, sur les boulevards toulousains, ce ne sont pas des bouteilles de Fronton que l’on retrouve mais des fioles d’alcool fort type Vodka ou autres » assène l’élu Haut-Garonnais.
Alors qu’il m’accorde cette interview par téléphone, Jean-Jacques Mirassou me parle de son collègue sénateur des Pyrénées-Atlantiques qui est à ses côtés. « Même combat pour les Jurançon et autres Madiran, ce sont surtout ces vignobles aux prix de bouteilles raisonnables qui en pâtiraient. Les acheteurs de Bordeaux à 33 euros la bouteille, eux, ne verraient pas la différence ».
Le vin rapporte environ un milliard d’euros en fiscalité chaque année. Mais combien ramènerait une taxe supplémentaire, au budget de la sécu notamment ? Quelques centimes par bouteilles avancent certains (contre 1,9 euros pour les spiritueux).
Les professionnels de la filière doivent également être entendus par la MECSS, mais on se doute d’ores et déjà de leur position. « La prochaine étape, ce sera aussi une explication entre nous (NDR : sénateurs socialistes)» précise malicieusement Jean-Jacques Mirassou. Reste à savoir si elle se terminera autour du verre de l’amitié.

18 Avr

La déontologie « coup de poing ».

Jérôme Cahuzac ©MaxPPP

Quand nous avions organisé le 17 novembre dernier une émission sur le thème de la moralisation de la vie politique, le sujet n’avait pas forcément bouleversé les foules. Pourquoi ? Peur de la langue de bois ? Fatalisme des citoyens ? Allez savoir…
Aujourd’hui ce sujet est plus que brûlant, revenu sur le devant de l’actualité avec le patrimoine des membres du gouvernement qui vient d’être rendu public et évidemment l’affaire Cahuzac. A l’époque où nous avions réalisé l’émission, l’accroche actualité était la remise du rapport de la commission Jospin sur la déontologie en politique. Cette commission avait été lancée à l’aube de la présidence Hollande et les socialistes pouvaient alors se targuer d’avoir une longueur d’avance.
Seulement, depuis novembre et la remise de ce rapport : rien ! Aucune véritable application des préconisations évoquées par les membres de la commission. Mais les scandales et l’actualité, eux, n’attendent pas. Nous pouvons, comme seul lot de consolation, nous enorgueillir ici à « La Voix est Libre » d’avoir essayé d’ouvrir le débat avant d’être rattrapé par les évènements ou de courir après.
Parmi nos invités de l’émission du 17 novembre : une juriste toulousaine de l’UT1, Wanda Mastor, membre de la commission Jospin. Déjà alors, elle regrettait que le rapport ne soit pas allé plus loin, déjà, elle était impatiente de voir ce qui allait en découler, quelles mesures politiques allaient en ressortir.
Aujourd’hui, on peut lire sa déception dans les colonnes de Médiapart, le site web d’investigation par qui l’affaire Cahuzac a été révélée. « On reste sans voix, explique Wanda Mastor à Joseph Confavreux. Nous sommes extraordinairement surpris qu’on réclame aujourd’hui une moralisation de la vie politique, parce que l’actualité y préside, alors que nous avons travaillé précisément pendant des mois, sur les moyens de rendre la République plus exemplaire et de redonner confiance aux citoyens. »
Et la professeur de Droit Public de poursuivre : « N’importe quel juriste sait qu’il ne faut pas réagir à chaud, comme lorsqu’on annonce une loi sur la récidive après un crime pédophile ». Réagir à chaud, c’est pourtant bien notre métier à Laurent et moi-même. Qu’il est souvent difficile de prendre du recul, d’expliquer. Au même titre qu’il est plus simples pour les « politiques » de prendre une mesure symbolique ou « coup de poing », il est aussi plus facile pour nous, commentateurs, plutôt que de s’efforcer de vulgariser une série d’articles de loi dont on ne sait pas vraiment comment ils seront appliqués.

Aujourd’hui, nous connaissons le patrimoine des ministres qui nous gouvernent. La belle affaire ! Et alors ? Est-ce cela la déontologie « coup de poing » ? Voilà que l’on se demande maintenant si on peut être riche et de gauche ou riche et honnête, et le Canard Enchaîné ironise même en se demandant si on peut être « pauvre et de droite ».
Toujours dans son excellent article publié par Médiapart, Joseph de Confavreux conclue en citant un autre membre de la commission Jospin, le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau. « Le problème est moins celui de l’élite, que le mode de production de ces élites. Dans tous les pays, il y a des élites, mais en France, leur formation est concentrée entre les mains de Sciences-Po et de l’ENA, ce qui fait qu’on retrouve les mêmes personnes à la tête des entreprises, des médias, des cabinets d’avocats ou des cabinets ministériels ».
La question est peut-être là : pourquoi n’y-a-t-il pas de leaders d’opinion d’origines plus modestes dans les organes décisionnaires de notre démocratie ?
« Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage » disait Boileau. C’est ce que nous ferons dès la semaine prochaine avec une nouvelle émission qui se demandera « comment moraliser la vie politique ». Sans doute aura-t-elle un autre écho que la précédente. Et tant mieux.

Patrick Noviello

05 Avr

Amnistie fiscale ?

Jean-Luc Moudenc (UMP) à l'Assemblée nationale

«C’est sûr que proposer un dispositif d’amnistie fiscale en plein affaire Cahuzac, ce n’est pas très pédagogique» avoue, réaliste, Jean-Luc Moudenc. Le député UMP de Haute-Garonne est l’un des cosignataires d’une proposition de loi déposé le 28 mars dernier à l’Assemblée. Son intitulé exact : «proposition de loi tendant à favoriser le retour des exilés fiscaux et à renforcer la compétitivité des entreprises». Le principe : les évadés fiscaux qui accepteraient de revenir seraient amnistiés après s’être acquittés d’une amende forfaitaire de 5% de la somme dissimulée au fisc. Cette manne une fois récupérée doit directement aider les entreprises à se créer, se développer ou à embaucher.

«Ce système d’amnistie a très bien fonctionné en Italie, et ce avec une administration moins efficace que la notre» argumente le président de l’UMP31. Selon le texte de la proposition de loi, «plus de 104 milliards d’euros ont été ainsi régularisés ou rapatriés  en quelques mois» par les autorités romaines. La fraude fiscale en France, toujours selon ce texte, est évaluée à 40 Milliards d’euros chaque année.

Mais de là à envisager que le gouvernement socialiste et François Hollande puissent se convertir à l’amnistie fiscale…. «L’année prochaine s’annonce extrêmement difficile en terme d’économie budgétaire. La croissance moins élevée que prévue va coûter plus de 7 milliards d’euros à l’Etat et il faut en trouver 30 de plus pour financer le plan Gallois et les rythmes scolaires. Alors il va bien falloir trouver cette somme quelque part !» explique Jean-Luc Moudenc.

Et l’opinion publique, est-elle prête à cette amnistie de riches fraudeurs ? «Oui si on insiste sur la finalité du dispositif, c’est-à-dire créer de l’emploi» insiste le député UMP. L’article 3 de la proposition de loi donne un exemple. Grâce à ce dispositif et à l’argent récupéré, toute entreprise de moins de 10 salariés qui embaucherait se verrait exonérée de cotisations sociales, patronales et salariales pendant trois ans.

Dernière précision que tient à apporter Jean-Luc Moudenc, ce dispositif ne s’appliquerait pas en cas de blanchiment d’argent par l’exilé fiscal ou si des poursuites ont déjà été entamées contre ce dernier. Autrement dit avec un tel dispositif (comme de manière plus générale), mieux vaut se dénoncer avant d’être pris par la patrouille. A méditer même si pour certains c’est déjà trop tard…

Patrick Noviello

03 Avr

Cahuzac ou la Politique à terre…

Jérôme Cahuzac ©MIGUEL MEDINA / AFP

Je ne défendrai pas ici la classe politique…. D’ailleurs aujourd’hui qui pourrait le faire ? Elle est inexcusable. Cet édito sera plus un cri de révolte, un coup de gueule ou encore pour moi, qui suis attaché au débat dans la cité, le besoin de mettre quelques points sur quelques « i ».
Doit-on encore revenir à Jérôme Cahuzac dont la vie est irrémédiablement détruite, tant sur le chapitre professionnel, si tant est que la Politique doit être une profession, que sur le plan personnel, comment pourra-t-il encore par exemple se promener un jour de marché à Villeneuve-sur-Lot ? Il est fautif, il l’a dit, trop tard certes, mais il sait désormais que son nom et sa réputation sont à jamais salies.
A travers lui, c’est une fois encore l’ensemble du personnel politique qui est éclaboussé. Plaçons-nous tout d’abord du côté de l’opinion publique. Comment peut-elle accepter qu’un homme mente dans un des lieux les plus symboliques de la République : l’assemblée nationale ? Comment le citoyen frappé de plein fouet par la crise peut-il tolérer encore une fois qu’un homme au salaire de ministre laisse dormir (ou fructifier) 600 000 euros sur un compte. Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n’ai jamais eu 600 000 euros et je ne connais pas grand monde qui ait eu un jour cette somme disponible.
Sur le plan plus technique ensuite, comment imaginer qu’au sein de l’appareil socialiste et dans la structure foisonnante des conseillers de Matignon et de l’Elysée, personne n’ait vu arriver le scandale ou mieux n’ait pu agiter un chiffon rouge au moment du choix de Jérôme Cahuzac pour le poste de ministre du budget. Ce compte caché l’était-il tant que cela ? Est-ce que vraiment personne n’était au courant de son existence, y compris chez les amis de l’intéressé ? Dans le meilleur des cas, c’est une erreur de casting qui va entacher durablement le mandat de François Hollande, dans le pire, c’est un excès de confiance ou un sentiment d’impunité effarant qui a prévalu à sa nomination.
Le ministre chargé de la lutte contre la fraude fiscale lui-même fraudeur, qu’y-a-t-il de plus ubuesque ? Comment après un tel fait rétablir la confiance entre l’électeur et l’élu, entre le citoyen et le représentant de l’Etat ? Une fois de plus la pente sera dure à remonter pour les acteurs de notre vie politique, tel Sisyphe poussant sans cesse son rocher vers les sommets et le voyant systématiquement retomber dans la vallée.
Je continuerai malgré tout à vouloir instaurer ce dialogue et ce débat entre les électeurs et ceux qui les représentent, mais aujourd’hui, le rocher semble plus lourd que jamais et la pente un peu plus escarpée qu’à l’habitude.

Patrick Noviello

20 Mar

Airbus à l’Elysée : ça vole haut !

François Hollande avec le président d'Airbus (à droite) et l'un des fondateurs de Lion Air, lundi à l'Elysée Photo : Airbus

« Il n’y a plus qu’en Chine populaire qu’un président de la république convoque la presse pour la faire assister à la signature d’un contrat entre deux entreprises privées ». Ces propos d’un journaliste anglais sont cette semaine retranscris dans « Le Canard Enchaîné » qui titre « Meeting aérien à l’Elysée ».
Je me faisais exactement la même réflexion que ce confrère britannique en voyant tomber les images du « signal » nous provenant de l’Elysée. D’autant que la petite mise en scène politico-économique m’avait légèrement agacé. Au départ, il était question d’une éventuelle venue lundi de François Hollande au siège toulousain de l’avionneur dans le cadre de la semaine de l’industrie. Un évènement finalement maintenu mais simplement comme le stipulait le communiqué de presse « sous le haut patronage de François Hollande » autrement dit en son absence.
Puis il fut question d’ « un accord industriel majeur » défloré dans un article des Echos qui évoque aux aurores lundi « un des plus gros contrats de l’histoire » qui doit être officialisé sous les ors de la République sans citer de sources. L’Agence France Presse relaie l’info mais Airbus et la présidence de la République se refusent au moindre commentaire.
Nous, télévisions, nous doutions bien de quelque chose, puisque dès dimanche après-midi, un mail nous informe d’une rencontre lundi matin à l’Elysée entre François Hollande et le PDG d’Airbus Fabrice Brégier. Un entretien retransmis en image via la coordination des voyages officiels. Mais à ce moment-là, nul allusion à Lion Air et à un contrat record.
Lundi peu après 10h30 donc apparaît la première image, la même fournie à l’ensemble des télévisions françaises, et un troisième personnage : Rusdi Kirana, PDG et cofondateur de Lion Air, une compagnie indonésienne. 234 avions vendus et 18 milliards plus tard, on apprendra que Lion Air est interdite de vol en Europe et aux USA. Information bien évidemment non relayée lors de la cérémonie élyséenne…
Alors, cette mise en scène politico-économique sonne-t-elle le départ d’une longue série de contrats solutions à la crise ? Nicolas Sarkozy se présentait volontiers comme un VRP de la France, on se souvient notamment de son voyage officiel en Chine. Est-ce aussi le nouveau crédo de François Hollande ? Après le ministre du redressement productif en marinière, à quand le Président en uniforme de commandant de bord…

Patrick Noviello

19 Mar

Alain Refalo « Le sentiment du devoir accompli »

Manifestation de soutien à Alain Refalo, devant la Cité administrative en juillet 2009

En 2008, l’enseignant columérin avait refusé d’appliquer l’aide personnalisée telle que demandée par le ministère Darcos. En lieu et place, il avait dispensé un atelier théâtre à ses élèves, devenant ainsi le symbole des « enseignants désobéisseurs ». Le tribunal administratif de Toulouse vient de rejeter la requête d’annulation des sanctions qui lui ont été infligées. Réaction.

Alain Refalo enseigne toujours à Colomiers. Dans son combat, il aura perdu « deux échelons » administratifs dans sa fonction et « 27 journées de salaires pour service incomplètement fait ». C’est ce que vient de confirmer le tribunal administratif de Toulouse. « J’avais argumenté sur la liberté pédagogique. Je n’ai pas été entendu » explique l’enseignant. Lui reste un recours possible : le conseil d’Etat. Des années de procédures en prévision, il préfère renoncer.
De toute façon, il estime son combat gagné. « Les faits nous ont donné raison. Les aides personnalisées vont être abandonnées à la rentrée prochaine. J’ai le sentiment du devoir accompli ». Alain Refalo ne serait toutefois pas opposé à un « geste » de la part de Vincent Peillon. Comme, lui, une dizaine d’autres enseignants désobeisseurs ont reçu une sanction disciplinaire. « Un geste d’apaisement, de réconciliation » pour effacer ces sanctions serait un bon moyen de commencer à combler « le fossé qui s’est creusé entre la hiérarchie et les enseignants ».
D’autant que tous les différends ne sont pas aplanis. Si Alain Refalo est, comme l’actuel ministre de l’Education Nationale, favorable à une « refondation de l’école de la république », pour lui « il y a une erreur de méthode ». « On est en train de préparer de nouvelles injonctions où nous risquons d’être à nouveau de simples exécutants qui devrons obéir en dépit du bon sens ». Pour exemple, les activités pédagogiques qui seront mises en place l’année prochaine en lieu et place des évaluations personnalisées.  « Deux fois une demi-heure par semaine… Qui peut mettre en place une activité sur trente minutes ! C’est méconnaître le terrain »  regrette le professeur des écoles de Colomiers.
Alain Refalo redoute aussi que ce soit « l’intérêt matériel des communes qui passe avant celui des élèves » dans l’application des rythmes scolaires. Pour l’heure, le dialogue est rompu avec le ministère depuis cet été. « En juillet, nous avions été reçus à Paris avec une délégation, une première » mais depuis plus rien… Le combat continue.

Patrick Noviello

26 Fév

Un front toulousain

Jean-Christophe Sellin. Photo P.Pallas/La Voix du Midi

Dimanche, Jean-Luc Mélenchon s’est prononcé pour une liste autonome du Front de Gauche à Toulouse en vue des prochaines Municipales. Une position qui corrobore l’état d’esprit de son représentant dans la ville rose : Jean-Christophe Sellin.

Si vous demandez à Jean-Christophe Sellin ce qui ne le satisfait pas dans la politique de l’actuelle majorité Municipale emmenée par Pierre Cohen, la réponse va fuser à coup sûr. Et l’élu municipal de rappeler en préambule le score de Mélenchon à la Présidentielle sur la métropole soit près de 16% des voix. « Il faut une politique plus ouverte, plus large. Il y a des secteurs où on doit aller plus loin » tonne Jean-Christophe Sellin.

Pointée du doigt par le leader local du Parti de Gauche la question du logement et l’urgence sociale en la matière. « La loi de réquisition n’est pas nouvelle. Elle a été créée après-guerre, or la situation est pire aujourd’hui et je ne parle pas seulement des SDF mais aussi des salariés pauvres ou encore des étudiants ». Autre secteur où l’action est insuffisante selon lui : les transports. « Ce n’est pas ma faute si ça tombe sur deux adjoints communistes » lâche-t-il sans faux-fuyant.

Aller plus loin signifie aussi pour lui une municipalisation de l’eau « comme l’ont fait d’autres villes à l’image de Paris, Montbéliard ou encore Evry ».  Mais plus largement, Jean-Christophe Sellin dénonce « une démocratie consultative et pas participative » citant notamment l’exemple des conseils de quartiers au Mirail ou aux Izards.

Seul point positif relevé par le partisan de Jean-Luc Mélenchon, le travail qu’il a impulsé en matière de politique culturelle « avec une hausse du budget de 14% à 16%, des places à 5 euros pour aller voir l’orchestre du Capitole et 250 concerts gratuits donnés sur la vile ». Seul hic, cette délégation lui a été retirée après qu’il a refusé de voter le budget. Une raison de plus de se présenter face à Pierre Cohen ?

Quoiqu’il en soit Jean-Christophe Sellin n’exclut pas d’élargir cette éventuelle candidature d’une autre gauche pour les Municipales Toulousaines : « Nous avons lancé un appel à Europe Ecologie-Les verts pour une liste unique qui pourrait aller des Verts au NPA. A supposer qu’on soit d’accord. »

Patrick Noviello

21 Fév

Municipales Toulouse : premier sondage

La Capitole à Toulouse - Copyright : MaxPPP

La Capitole à Toulouse - Copyright : MaxPPP

Ils ne seront pas restés longtemps sans activités. C’est reparti pour les sondeurs. La première estimation de résultat en vue des Municipales de 2014 à Toulouse est tombée hier via « Objectif News ». Selon Harris Interactive, Pierre Cohen devancerait Jean-Luc Moudenc au second tour : 57% contre 43%. Sans me mouiller, j’estime d’ores et déjà ce résultat farfelu. Un tel écart à l’arrivée me semble exagéré voire totalement irréaliste.
Et Jean-Luc Moudenc de se montrer plein d’espoir sur notre antenne : « C’est un encouragement. Nicolas Sarkozy a fait 37,5% sur Toulouse donc, neuf mois et demi après l’élection présidentielle, 5,5% de plus ce n’est pas rien ! Et puis on n’est à treize mois de l’élection, on a beaucoup de travail à faire. »
D’ailleurs l’ancien maire de Toulouse l’a bien compris, lui qui occupe le terrain désormais le terrain quotidiennement. Le même jour où ce sondage était rendu public le président de l’UMP31 présentait son livre : « Toulouse, 12 défis pour notre ville métropole », tout en abreuvant nos boites aux lettres d’un prospectus (d’une quinzaine de page quand même…) intitulé « Toulouse 2008-2013 : le bilan de 5 années gâchées ». Autant dire, que de son coté, la campagne est bel et bien lancée.
Quid des autres candidats ? Pierre Cohen, tout d’abord, a annoncé voilà un mois qu’il serait candidat à sa propre succession mais sans rien dire de plus ou officialiser la chose. « Il ne souhaite pas commenter ce sondage et préfère rester concentré sur son action » répond-t-on dans son camps. Alors qui éventuellement face à lui de son côté de l’échiquier politique ?
Le nom de Gérard Onesta revient depuis plusieurs mois (voire années) déjà. Le leader régional d’Europe Ecologie Les Verts est crédité de 7 à 8% des voix par Harris Interactive. «Je n’ai rien demandé mais suis agréablement surpris car jamais un sondage ne nous a donné aussi haut un an avant l’échéance». Seulement, il est là encore trop tôt pour savoir qui sera tête de liste chez les écologistes. « Ce ne sont pas moins de 6 élections qui vont nous mobiliser sur un an. Il faudra répartir les ardeurs, les envies et les compétences » précise le vice-président de la Région.

Si l’on en croit ce premier sondage, le Front de Gauche ne serait qu’à un point des Verts. Jean-Christophe Sellin rappelle que Toulouse a été la ville de France où Jean-Luc Mélenchon a obtenu le plus gros score à la Présidentielle (16%). Celui qui s’est vu récemment délesté de sa délégation municipale à la musique pour avoir refusé de voter le budget confirme que sa formation constituera une liste, sauf si une union des Verts au NPA est possible. « L’appel a déjà été lancé » rappelle le porte-parole du Front de Gauche en Haute-Garonne. Et le conseiller municipal de décliner le point fort (la culture dont il était en partie en charge) et les points faibles de la municipalité actuelle (logement, transports, quartiers, métropolisation à outrance au détriment du conseil général).

Eclatement sur le papier à gauche mais officielle à droite avec notamment l’entrée en campagne pour l’UDI de Christine De Veyrac dont je vous parlais voilà quinze jours (cf article précédent). La députée européenne plafonnerait à 3% à peine selon « Objectif News ». Et puis, toujours au centre le magazine évoque enfin l’hypothèse René Bouscatel qui recueillerait le double du suffrage de l’UDI.

Mais attention comme le répète Gérard Onesta, c’est plutôt « l’humeur du moment» qui a été sondée selon lui. Il va maintenant que cette humeur se confronte aux réalités du terrain et aux multiples rebondissements politiques nationaux et locaux d’ici le scrutin des Municipales.