22 Déc

Le Parti de Gauche va garder sa « totale liberté de vote et d’action » au Conseil Régional

Dans le nouvel organigramme du futur Conseil régional de Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées, révélé lundi lors de la présentation de l’accord entre les composantes des listes Delga et Onesta, un absent : le Parti de gauche.

Guihem Serieys

Guihem Serieys

Le « PG » faisait pourtant partie intégrante de la liste de « Nouveau monde en commun » de Gérard Onesta au premier tour des régionales, puis de la liste fusionnée avec celle de Carole Delga (PS) au second tour. Il a d’ailleurs obtenu 3 élus : Muriel Ressiguier, Jean-Christophe Sellin et Guilhem Sérieys.

Mais au moment de constituer l’exécutif et d’affirmer une majorité stable pour gérer la future grande région, le PG manque à l’appel.

Les explications, les trois élus les ont fournies lundi soir :  l’accord de majorité présenté pour la nouvelle mandature régionale « engage les forces politiques qui seront partie prenantes de l’exécutif régional. Ce n’est pas le cas des élus du Parti de Gauche »

Le PG reconnaît cependant qu’il y a des points positifs dans le projet de la nouvelle majorité : « renouvellement important du fonctionnement démocratique de l’Assemblée ou moratoire sur les financements régionaux des projets ferroviaires non consensuels ».

Mais là où ça coince c’est, selon le Parti de gauche, que « l’exécutif régional n’affirme pas clairement son indépendance avec la politique gouvernementale. C’est cela qui a conduit, dans la mandature précédente, à des choix aussi contraires à l’intérêt général que la privatisation de l’aéroport de Toulouse Blagnac ou l’acceptation des restrictions budgétaires imposées aux collectivités territoriales ».

Enfin, le PG sanctionne aussi le souhait de Carole Delga de cumuler ses fonctions de présidente de région avec son mandat de députée : « Le refus de Carole Delga de démissionner de son mandat de député et la présence au sein de l’exécutif régional de Sylvia Pinel, ministre du gouvernement, nous semblent en contradiction avec la volonté affichée de renouveler profondément la démocratie ».

Précisons cependant que Sylvia Pinel a affirmé à France 3 qu’elle souhaitait quitter le gouvernement… mais devrait après cela retrouver automatiquement son mandat de députée du Tarn-et-Garonne !

Les trois élus PG vont donc garder leur « totale liberté de vote et d’action« .

Ils ne sont pas les seuls à affirmer cette position parmi ceux qui ont été élus sur la liste conduite par Carole Delga au second tour. Ainsi la seule représentante du mouvement « Ensemble! » (Front de Gauche), Myriam Martin avait-elle affirmé dès le soir du second tour sur le plateau de France 3 qu’elle continuerait à lutter contre la politique du gouvernement et du PS !

Fabrice Valéry

21 Déc

Sylvia Pinel : « Elue 1ère vice-présidente de la Région, je vais quitter le gouvernement »

Alors que Carole Delga et Gérard Onesta présentaient ce lundi à Toulouse leur accord de gouvernance du Conseil Régional Midi-Pyrénées Languedoc Roussillon, la ministre du Logement Sylvia Pinel (PRG), promise à un poste de 1ère vice-présidente de la Région, en a profité pour confirmer qu’elle voulait quitter le gouvernement. 

François Hollande et Sylvia Pinel

François Hollande et Sylvia Pinel

J’ai toujours dit pendant la campagne que je ferai le choix de la Région, a indiqué Sylvia Pinel au micro de France 3 Midi-Pyrénées, et que je quitterai le gouvernement. Je rencontrerai prochainement François Hollande et Manuel Valls pour parler de cela. J’espère que l’organigramme que nous proposons sera validé et en fonction de la discussion que j’aurai avec le Président de la république et le Premier ministre, j’espère pouvoir quitter le gouvernement dans les prochaines semaines ou les prochains mois ».

Selon l’organigramme présenté ce lundi, Sylvia Pinel sera dès le 4 janvier prochain première vice-présidente de la région, en charge de l’aménagement du territoire, des TIC et des politiques contractuelles. 


Après l’annonce de Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, respectivement présidents (LR) des régions Nord-Pas de Calais Picardie et Île de France de démissionner de tous leurs autres mandats, des voix s’élèvent à gauche pour demander que les élus de gauche suivent leur exemple.

Carole Delga, qui va cumuler le mandat de présidente de la future grande région avec celui de députée de la Haute-Garonne, a déjà indiqué qu’elle ne démissionnera pas de ce dernier. Une démission actuellement provoquerait une législative partielle difficile pour le PS et un risque d’affaiblissement de la fragile majorité socialiste à l’Assemblée Nationale.

Sylvia Pinel, elle, semble vouloir se défaire de son portefeuille de ministre au profit de la région, dont elle visait la présidence avec l’appui du patron du PRG Jean-Michel Baylet. Une sortie du gouvernement qui pourrait se faire lors d’un prochain remaniement, peut-être dans les premiers mois de l’année 2016.

Mais en quittant le gouvernement, Sylvia Pinel redeviendrait automatiquement… députée du Tarn-et-Garonne ! Et se retrouverait ainsi dans la même situation que Carole Delga.

Fabrice Valéry (avec S. Bousquet et P. Lagorce)

Carole Delga accorde un « bureau de l’assemblée » à Gérard Onesta

Après une semaine de négociations, parfois tendues, les composantes de la majorité du nouveau Conseil régional Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon ont révélé ce lundi 21 décembre les contenus de l’accord de gouvernance qu’ils ont signé.

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Comme nous vous l’indiquions en milieu de semaine, Carole Delga (PS) sera bien la candidate de toute la gauche pour l’élection à la présidence le lundi 4 janvier (en direct sur France 3 à la télé et sur le web dès 9h30).

Un « bureau de l’assemblée » pour Onesta

Gérard Onesta (EELV) avait réclamé la présidence de l’assemblée, laissant l’exécutif à sa collègue socialiste. Une présidence scindée en deux, comme cela se passe en Corse. Refus de Carole Delga, qui avait expliqué sur France 3 lundi 14 décembre, au lendemain de l’élection, que la loi ne prévoyait pas un tel dispositif. Mais…

Finalement, les composantes sont tombées d’accord pour créer une nouvelle structure, permettant de « renouveler la gouvernance« . Ce bureau de l’assemblée sera composé de 5 conseillers régionaux non-membres de l’exécutif. Il sera présidé par… Gérard Onesta, qui, comme il en avait fait l’annonce dès le soir du premier tour sur le plateau de France 3, ne sera donc pas vice-président du Conseil Régional.

Une répartition de l’exécutif à la proportionnelle

Les composantes multiples (PS-PRG-MRC-EELV-FDG-Ensemble!-Occitanistes) de la nouvelle majorité ont conclu un accord sur un projet politique pour gérer la nouvelle grande région. Un projet politique qui passe par un projet de gouvernance avec un partage des responsabilités à la proportionnelle. 

Sur 15 vice-présidences (comme le prévoit la loi), 11 vont à la liste de Carole Delga issue du premier tour (dont 3 au Parti Radical de Gauche) et 4 à la liste « Nouveau Monde » de Gérard Onesta (deux pour EELV et deux pour le Front de Gauche).

Carole Delga sera la présidente de la Région (et de l’assemblée).

  • La ministre PRG du Logement Sylvia Pinel, 1ère vice-présidente chargée de m’aménagement du territoire et du numérique.
  • Damien Alary, jusqu’au 31 décembre président (PS) de la région Languedoc-Roussillon, obtient la deuxième vice-présidence, pour les relations internationale.
  • L’écologiste élue des Pyrénées-Orientales Agnès Langevine sera la 3ème vice-présidente chargée de la transition écologique, de la biodiversité et des déchets.
  • le radical de l’Aude Didier Codorniou obtient la 4ème vice-présidence (économie maritime, ports, aéroports)
  • 5ème vice-présidente, Nadia Pellefigue (PS-31) sera en charge du développement économique, de la recherche et du développement et de l’enseignement supérieur.
  • Jean-Luc Gibelin (PCF-30) sera chargé des mobilités et des infrastructures de transports (6ème vice-président)
  • L’éducation, le sport et la jeunesse reviennent à Kamel Chibli (PS-Ariège), 7ème vice-président.
  • 8ème vice-présidente en charge de l’emploi de la formation professionnelle et de l’apprentissage : Béatrice Négrier (PS-34).
  • (la suite des délégations dans le document publié ci-dessous).

F. Valéry et P. Lagorce

LE DOCUMENT REMIS A LA PRESSE PAR LA NOUVELLE MAJORITE :

 

18 Déc

Une victime colatérale des Régionales : la présidence de Laurence Arribagé contestée

Les Régionales viennent juste de se terminer. Un autre scrutin commence. Les 30 et 31 janvier prochain, les 3200 militants de la fédération haute-garonnaise des Républicains doivent voter. La députée et actuelle présidente par interim, Laurence Arribagé est candidate. Mais, fortement contestée, elle est confrontée à plusieurs candidatures concurrentes. Les noms de Vincent Terail-Novès, Elisabeth Pouchelon et Xavier Spanghero circulent. Ce scrutin interne est fortement impacté par les mauvais résultats des Régionales. Mais c’est surtout une critique ouverte de la gestion de la Fédération qui va peser. 

Laurence-arribagé

Deux défaites électorales en moins de 10 mois. La fédération des Républicains 31 traverse une série noire. Les départementales ont été mauvaises. Les Régionales sont carrément catastrophiques. Depuis le soir du second tour, militants et cadres font le bilan. Ils scrutent à la loupe bureaux de vote et circonscriptions. Le verdict est sans appel. La droite haute-garonnaise est au bord du naufrage. Face à ce sombre tableau, beaucoup de militants et de cadres pointent une absence d’auto-critique.

Laurence Arribagé soutient Dominique Reynié. Elle trouve le personnage intéressant. Seul problème, le politologue aveyronnais vient d’offrir son pire score électoral à la droite régionale. Les militants attendent une analyse froide et sans a priori. Lors des départementales, la droite a été éliminée au 1er tour dans plusieurs cantons ruraux : Auterive, Saint-Gaudens, Grenade…Le choc à peine passé, un nouvelle déroute vient remettre du sel sur les plaies. A Toulouse, 251 des 256 bureaux de la ville Rose ont voté pour la socialiste Carole Delga. L’électorat de droite a boudé les urnes dans les bastions de la Côté Pavée ou de l’avenue de Lardenne.

Pour de nombreux militants, la coupe est pleine.

La gifle des Régionales appelle et nécessite une vraie remise en cause. A la place, la présidente de la Fédération s’est contentée d’une interview jugée « plate et lénifiante » (dixit un cadre Républicain). La proximité de l’élection pour la présidence de la Fédération transforme la grogne en fronde.

Une source affirme que Vincent Terail-Novés est très sollicité pour redresser la situation. D’après l’entourage du maire de Balma, aucune décision n’est prise. Mais un duel « Arribagé-Novès » pourrait bien se dessiner. Une source précise :  « de nombreux militants et cadres poussent Vincent en raison des problèmes de fonctionnement de la fédération. Une fédération qui est actuellement gérée dans l’unique intérêt de sa présidente par interim ».

Vincent Terail-Novès, maire de Balma et conseiller régional

Vincent Terail-Novès, maire de Balma et conseiller régional

La récente démission d’Elisabeth Pouchelon de ses responsabilités fédérales confirme et conforte ce climat de défiance. Dans un mail envoyé le 17 décembre, la conseillère régionale lance une phrase lourde de sens : son fonctionnement (NDLR : de la fédération) a profondément changé depuis le départ de Jean-Luc Moudenc. En creux, c’est la présidence de Laurence Arribagé qui est pointée. L’hypothèse d’une candidature d’Elisabeth Pouchelon (face à Laurence Arribagé) circule de plus en plus. Mais, indépendamment de l’échéance électorale de janvier, la décision de la conseillère régionale révèle la crise que traverse la Fédération LR 31.

Elisabeth Pouchelon, conseillère régionale

Elisabeth Pouchelon, conseillère régionale

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Avec une retenue conforme à son tempérament, Elisabeth Pouchelon confirme un fait : l’échec des Régionales est un « simple » accélérateur de particules. Le malaise qui taraude la Fédération haute-garonnaise des Républicains est antérieur aux (mauvais) résultats de Dominique Reynié.

Clanisme, influence de son homme de confiance et collaborateur parlementaire, Yoann Rault-Wita. Les griefs sont extérieurs au scrutin des Régionales. Mais, en revanche, l’échec des 6 et 13 décembre alourdit encore davantage l’ardoise.

Dans quelques heures, Laurence Arribagé doit s’envoler pour le Mexique. La présidente par interim va passer Noël au soleil. Cette semaine de repos et de répit ne sera pas de trop. A son retour, elle va retrouver une situation politique pour le moins compliquée.

De retour sur le territoire national, elle risque de trouver sur son chemin des militants remontés et surtout des concurrents motivés.

Laurent Dubois

Dominique Reynié doit sa défaite à « une poignée de malveillants et de malfaisants »

Quatre jours après les résultats des élections régionales où il a réalisé en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon le plus mauvais score des listes de droite en France, Dominique Reynié revient sur les raisons de sa défaite qu’il impute à une partie de son propre camp.

reynie

Dans un post facebook publié dans la nuit de jeudi à vendredi, l’ex-candidat accepte cependant d’endosser une part de la responsabilité, reconnaissant ne pas avoir toujours pris les bonnes décisions. Mais il est surtout sévère vis à vis des « malveillants et des malfaisants » qui continuent à « crachoter leur fiel », référence au recours contre son élection déposé par le député LR de l’Hérault, Jean-Pierre Grand.

A l’évidence, j’ai moi-même, personnellement, pris des décisions qui n’étaient pas les meilleures, voire pas les bonnes. Cela est le propre de toutes les entreprises et sans doute de toutes les campagnes électorales. Mais en vérité, s’il faut expliquer la défaite, c’est à une poignée de malveillants et de malfaisants que nous la devons. On les voit aujourd’hui continuer à crachoter leur fiel ».

La tête de liste LR voit dans cette campagne perdue (aussi dans son propre camp) une allégorie du Bien et du Mal dans les démarches entreprises par « les malveillants et les malfaisants » :

Inévitablement, nous les trouvons sur notre route, comme le viticulteur la flavescence dorée. Ce qui peut être décourageant est qu’ils sont capables d’une telle influence sans effort – c’est la puissance du Mal, telle est sa nature. Le Mal est sans effort tandis que le Bien ne peut procéder que d’une redoutable discipline -, alors que nous, nous avions puisé ensemble une énergie phénoménale »

Fabrice Valéry

PS : voici l’intégralité du texte publié par Dominique Reynié sur facebook.

 

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15 Déc

Martin Malvy, 1er président de la grande région… pendant 3 jours !

L’élection du président (ou de la présidente) de la future grande région aura lieu à Toulouse lundi 4 janvier prochain à partir de 9h30, lors de la première réunion de la nouvelle assemblée.

Quant aux mandats des actuels présidents des deux régions Martin Malvy (PS) et Damien Alary (PS), ils s’achèvent le 31 décembre à minuit.

Alors que va-t-il se passer pendant ces 3 jours ?

Martin Malvy (photo : MaxPPP)

Martin Malvy (photo : MaxPPP)

Pas d’inquiétude pour les institutions, la continuité du service public et autres considérations. Le législateur a tout prévu ! Il n’y aura donc pas de vacance du pouvoir : la loi prévoit que dans cette transition entre les anciens conseils régionaux et les nouveaux ce soit le président de la région siège provisoire du pouvoir régional qui assure « l’intérim ».

En d’autres termes, Toulouse ayant été désignée capitale provisoire de la grande région c’est Martin Malvy qui sera le président de la future région pendant ces 3 jours entre deux mandatures.

C’est anecdotique, mais au long CV du président sortant de Midi-Pyrénées, il faudra donc ajouter « président de la région Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées du 1er au 4 janvier 2016 ».

Martin Malvy devant le buste de Jaurès inauguré ce 15 décembre

Martin Malvy devant le buste de Jaurès inauguré ce 15 décembre

En attendant, Martin Malvy a inauguré ce 15 décembre un buste et une phrase de Jean Jaurès (« Il n’y a qu’une seule race : l’humanité ») sur l’esplanade de l’hôtel de région à Toulouse.

Deux jours après les élections, un des derniers gestes symboliques de celui qui est encore président de la (petite) région pour une quinzaine de jours.

Fabrice Valéry (avec Pascale Lagorce)

Présidence scindée en deux : Carole Delga dit non à Gérard Onesta

(LtoR) Top candidates for the regional elections in Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon Gerard Onesta(EELV-FG) and Carole Delga (PS-PR) give a press conference one day after the vote's first round, on December 7, 2015 in Toulouse. / AFP / ERIC CABANIS

(Photo : Eric Cabanis / AFP)

Carole Delga, en direct sur le plateau du 19/20 de France 3 Midi-Pyrénées lundi soir, a fermé la porte à la proposition ferme de son « partenaire » électoral Gérard Onesta (EELV-Nouveau Monde) qui exigeait que la présidence de la nouvelle région soit dissociée, comme nous le révélions ici-même dès dimanche soir : à elle l’exécutif, à lui le délibératif, c’est à dire la présidence de l’exécutif pour Carole Delga, la présidence de l’Assemblée régionale pour Gérard Onesta.

Pas question à dit Carole Delga sur France 3. Elle oppose aux exigences de l’élu écologiste un dispositif « qui n’est pas dans la loi, pas prévu dans la Constitution », sauf pour l’assemblée territoriale de Corse.


Carole Delga dit non à Gérard Onesta

Reste maintenant à savoir ce que Gérard Onesta et les élus de Nouveau Monde en Commun vont faire après cette fin de non-recevoir. Dimanche soir, le leader écologiste s’était montré menaçant : si Carole Delga veut rénover les pratiques politiques, qu’elle commence par dissocier l’exécutif de la nouvelle région, sinon… Sinon, en substance, les élus EELV, Front de Gauche et autres partenaires à la gauche du PS menacent de claquer la porte de la nouvelle majorité et laisser le PS (minoritaire) gouverner seul !

D’ici le 4 janvier, date de l’élection de la présidente par l’Assemblée, il risque donc de se passer encore pas mal de choses chez les vainqueurs de l’élection de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

Fabrice Valéry

14 Déc

L’après Reynié, c’est parti !

Le scénario était prévisible. Mais il se réalise moins de 24 heures après la fin du second tour. L’échec de Dominique Reynié vire au droit d’inventaire. Son mauvais score au 1er tour le condamnait à la défaite. Mais l’ampleur et la profondeur du revers débouche sur une critique quasi immédiate de la tête de liste régionale des Républicains.

Sur l’antenne de France 3 Midi-Pyrénées, le soir des résultats, Brigitte Barèges et Vincent Terrail-Novès ont déploré une campagne pas assez à droite pour faire face au Front National. L’allusion est transparente. Mais les apparences sont sauves. La critique ne ciblait pas ouvertement le candidat Reynié.

En revanche, du côté de Bernard Carayon, l’attaque est frontale. C’est le premier acte d’un troisième tour qui se prépare et s’annonce sanglant : la présidence du groupe de la droite à la Région.

Dominique Reynié. Tête de liste LR-UDI-Modem

Dominique Reynié. Tête de liste LR-UDI-Modem

Dans un communiqué de presse, Bernard Carayon analyse les causes de la défaite électorale de son camp. Mais, surtout, il pointe du doigt une erreur de casting :

« La défaite de Dominique Reynié est humiliante : son résultat est pire encore que celui de Brigitte Barèges en 2010. C’est aussi le plus mauvais de France. Son score, par exemple, à Toulouse (22%), notre capitale régionale, loin de refléter la popularité de Jean-Luc Moudenc, traduit bien l’échec personnel de notre candidat. C’est aussi l’échec d’un représentant de la « société civile » à laquelle certains prêtaient la vertu de la nouveauté et la capacité à mobiliser les abstentionnistes, visiblement ignorées des électeurs ».

Les mots sont clairs et tranchants. En coulisses, dans les rangs Républicains et Centristes, les propos tenus ne sont pas plus cléments. Mais, à la différence de ses camarades, Bernard Carayon le dit publiquement. Le timing et la forme choisie (un communiqué de presse) ne sont évidemment pas neutres. Le maire de Lavaur prend date. Il se positionne dans la perspective de l’élection du futur président de groupe à la Région. Dominique Reynié a annoncé son ambition. Il brigue la présidence de groupe. Mais, sur sa route, il va trouver Bernard Carayon.

Bernard Carayon

Bernard Carayon

Dans l’entre-deux tours, des tractations téléphoniques et des contacts sont allés dans ce sens.Du côté de Bernard Carayon et de ses soutiens, on a commencé à compter les divisions et à comptabiliser les voix. Cette préparation du terrain n’a pas attendu le résultat des urnes pour être lancée. Il faut dire que les résultats étaient prévisibles.

Mais le match « Reynié-Carayon » peut également être réglé par une scission. Il ne sera pas forcément nécessaire de lancer une campagne interne et de dépouiller des bulletins. D’un fauteuil pour deux, on peut parfaitement passer à deux présidences pour deux…groupes. En Midi-Pyrénées, cette formule a déjà existé dans le passé. Elle pourrait bien retrouver une actualité… cuisante.

Laurent Dubois

10 Déc

Le maintien de Dominique Reynié favorise-t-il la gauche ?

Carole Delga et Dominique Reynié (Photo : AFP)

Carole Delga et Dominique Reynié (Photo : AFP)

On a beaucoup glosé sur la décision de Dominique Reynié de maintenir sa liste au second tour, malgré sa troisième position à l’issue du premier tour. Son score (18,81 %) est le plus faible de France pour une liste du centre et de la droite et le risque d’une élection du candidat FN en Languedoc-Roussillon est réel.

Une position de « ni retrait, ni fusion », validée par le président des Républicains, Nicolas Sarkozy et le bureau politique du parti lundi matin.

Mais la vraie question qui mérite d’être posée est la suivante : en maintenant sa liste, Dominique Reynié ne favorise-t-il pas en fait la liste de gauche de Carole Delga et n’enlève-t-il une forte réserve de voix au candidat du FN Louis Aliot ?

« Le front républicain favorise l’élection du FN quand il veut l’empêcher« , a expliqué Dominique Reynié à l’AFP, « la pire des idées serait de se retirer et de fusionner avec les socialistes« . Un point de vue qui se discute, si l’on en croit les sondages en PACA et dans le Nord-Pas de Calais Picardie, là où le PS s’est retiré, qui annoncent une victoire des candidats de droite face au FN.

« En se maintenant, Reynié en apparence défavorise la gauche », explique Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS et consultant politologue pour France 3 Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. « Mais en réalité c’est peut-être exactement l’inverse : il permet de conserver dans le camp de la droite des électeurs qui, en son absence, seraient allés voter FN »

Même point de vue pour Luc Chatel, conseiller politique de Nicolas Sarkozy et ancien ministre qui a affirmé sur Public Sénat et Sud radio que le retrait de M. Reynié aurait été « sans doute le meilleur moyen de faire élire le Front national ».

« Les réserves de voix de Louis Aliot, explique le politologue de France 3 Laurent Dubois, ne sont pas dans son propre camp où il a déjà fait le plein. Il sait qu’il doit aller chercher des voix chez les électeurs de la droite traditionnelle qui soit se sont abstenus, soit savent désormais que Dominique Reynié ne peut pas battre la gauche. C’est pour cela que dans le débat que nous avons diffusé mercredi il ne s’en prend pas à Reynié mais directement à Delga pour endosser l’habit du seul recours contre la gauche ». 

En clair, nombreux sont ceux qui pensent que le retrait de Dominique Reynié aurait ouvert un boulevard pour une partie de ses électeurs du premier tour qui se seraient reportés sur Louis Aliot (FN), alors seul à pouvoir battre la gauche et les socialistes.

« Mes réserves de voix se trouvent chez M. Reynié », juge lui-même Louis Aliot. Mais pour la tête de liste du Front National, le maintien du candidat des Républicains n’est pas si grave, car il espère ouvertement siphoner ses voix au second tour  « Le maintien de Dominique Reynié n’est peut-être pas le handicap qui a été décrit par beaucoup de politologues, dit-il. Des pans entiers se reporteront sur nos listes ».

Reste la question morale, évoquée par des ténors de la droite comme Jean-Pierre Raffarin ou le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde. Une option balayée par Dominique Reynié et Nicolas Sarkozy.

Dimanche, au soir du second tour, Dominique Reynié n’aura peut-être pas gagné les élections mais si le Front National est battu, il aura, d’une certaine manière, participé à une sorte de front républicain, par défaut.

Fabrice Valéry (avec AFP)