17 Jan

Haute-Garonne Législative Partielle : polémique autour du maintien du tribunal de Saint-Gaudens

Le tribunal de Saint-Gaudens agite la législative partielle sur la 8ème circonscription de la Haute-Garonne. Le candidat En Marche, Michel Montsarrat, affirme qu’il n’existe pas de risque de disparition. Son principal adversaire, le député sortant, Joël Aviragnet, estime au contraire que le tribunal est en danger et promet de se mobiliser en cas de réélection.

Palais de Justice de Saint-Gaudens (31). Photo MaxPPP

Palais de Justice de Saint-Gaudens (31). Photo MaxPPP

Michel Montsarrat est formel. Saint-Gaudens va conserver son tribunal. Le candidat En Marche ! invoque un engagement de la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, et affirme que rien ne va changer. Joël Avirragnet est tout aussi affirmatif. Mais le candidat socialiste estime, au contraire, que le tribunal peut devenir « une simple annexe du tribunal de Toulouse ». Contacté par France 3 Occitanie, Joël Aviragnet déclare : « il faut garder un Procureur car sans Procureur, il n’y a pas de Barreau et d’avocats ».

Joël Aviragnet promet de se mobiliser s’il retrouve son siège de député : rendez-vous avec la ministre de la Justice, question orale et écrite au gouvernement. Le socialiste veut utiliser les outils qu’il a employé sur les déserts médicaux.

En réalité, la ligne de fracture entre les deux candidats ne passe pas par « suppression ou maintien ». Le ministère de la Justice répète en boucle qu’aucun tribunal ne va être rayé de la carte judiciaire. En récusant toute idée de disparition, Michel Monsarrat répercute la parole et les engagements du gouvernement qu’il soutient. Mais, en pointant un risque de déclassement du tribunal de Saint-Gaudens, Joël Avirragnet, se contente de tirer les conséquences des propos tenus par la Chancellerie.

Nicolas Belloubet rejette toute fermeture de tribunaux dans le Comminges comme ailleurs en France. Mais la ministre de la Justice précise également que des juridictions peuvent devenir, selon son expression, « des lieux de justice ». Autrement dit, des tribunaux « de plein exercice » peuvent se transformer en simple « salle d’audience », sans Parquet ni magistrats à demeure.

Au delà de la polémique, les échanges frontaux entre Michel Montsarrat et Joël Aviragnet montrent une évidence : la campagne va être « cash ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

15 Jan

Législative Partielle en Haute-Garonne : En Marche ! lance (enfin) sa campagne

Conférence de presse, visites ministérielles et déplacement du porte-parole du gouvernement. En Marche ! se lance dans la bataille électorale du Comminges.

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Les sympathisants d’En Marche ! s’inquiètent et évoquent une absence de campagne. Sur la 8ème circonscription de la Haute-Garonne, des marcheurs expriment un malaise : « ils ne se passent rien, on n’entend rien« . Plusieurs sources expriment le même sentiment. Les plus pessimistes évoquent même, face à ce marasme, un risque de défaite. Contacté par France 3 Occitanie, le candidat de la majorité présidentielle, Michel Monsarrat, reconnaît que « cela ne bouge pas beaucoup« .

Michel Montassarat a assisté à plusieurs déplacements ministériels en région toulousaine. Mais un post sur Facebbok ne fait pas une campagne électorale.

En revanche, le principal concurrent du candidat En Marche! organise des réunions publiques. Joël Aviragnet bénéficie de la force militante du PS et de l’appui de la présidente de la Région, Carole Delga.

En juin dernier, avant l’annulation du scrutin par le conseil constitutionnel, le candidat En Marche ! a frôlé le victoire. Mais le territoire du Comminges reste un territoire socialiste. Les foudres du juge électoral n’ont pas modifié la physionomie d’une terre ancrée à gauche depuis des années. Bref, l’élection d’un député En Marche ! n’est pas acquise. Le climat national peut également peser, négativement, dans la balance. Une augmentation du prix du diesel, une hausse de la CSG pour les retraités ou encore des trop perçus versés par la mutuelle sociale agricole peuvent influencer l’électorat.

Dans ce contexte, le parti d’Emmanuel Macron n’a pas trop de 3 mois pour faire campagne. Surtout que, dans ce calendrier, il faut intégrer les vacances de Février. Le temps est non seulement compté. Il est réduit.

Certains soutiens de Michel Montsarrat ont conscience de l’étroitesse de la fenêtre de tir.

Selon nos informations, ils ont alerté le candidat. Depuis plusieurs semaines, Michel Montsarrat dispose d’un directeur de campagne. Le référent départemental d’En Marche ! Pierre Casteras est aux manettes. Ancien élu socialiste dans le Comminges, il connaît le territoire et il a une expérience des opérations électorales. Mais cet atout ne s’est pas traduit, pour le moment , dans les faits. Pas de réunion publique ou de tractage sur les marchés.

Cette « bizarrerie » a une explication. En Marche ! est un parti centralisé. En fait, c’est Paris qui devait donner le coup d’envoi. C’est fait. Les documents de campagne (affiches, tracts) sont en cours de rédaction et d’imprimerie. Mais, surtout, un agenda est fixé. Une réunion doit valider ce soir, lundi 15 janvier, la date et le lieu. Mais une conférence est programmée pour le vendredi 19 janvier. Elle pourrait se dérouler à Mazères-sur-Salat.

La stratégie d’En Marche ! est de surfer sur les bons sondages d’Emmanuel Macron et de son premier ministre. La ligne est simple : « nationaliser » en partie le vote de mars prochain. Fin janvier, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, pourrait venir soutenir Michel Montsarrat. D’autres ministres sont également annoncés. Parmi eux, Christophe Castaner. Le secrétaire d’Etat en charge des relations avec le Gouvernement cumule cette fonction gouvernementale avec celle de délégué général d’En Marche !

Les députés de la Haute-Garonne vont également occuper le terrain.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

08 Jan

Assistants parlementaires : une députée emploie la fille d’un collègue d’Occitanie

Une députée En Marche ! de la Haute-Garonne, Corinne Vignon, emploie comme assistante la fille du député En Marche ! de l’Hérault, Patrick Vignal.

Corinne Vignon, députée En Marche de la Haute-Garonne. Photo : MaxPPP/isorel

Corinne Vignon, députée En Marche de la Haute-Garonne. Photo : MaxPPP/isorel

La polémique sur les emplois familiaux à l’Assemblée n’est pas complètement éteinte. Depuis le 15 décembre dernier, les députés ne peuvent employer leurs conjoints ou leurs enfants. Mais il existe toutefois des recrutements « croisés » et des parlementaires qui recrutent les enfants de leurs collègues. Ces cas sont rares. Le site Streetpress recense deux députés dont les enfants sont employés par d’autres députés. Parmi cette short list figure un député d’Occitanie, Patrick Vignal. Sa fille, Maryll Vignal, est l’assistance parlementaire d’une autre députée d’Occitanie.

La fille du député de l’Hérault a travaillé, pendant la précédente législature, avec son père. Mais elle a anticipé l’application de la loi et trouvé un emploi chez la députée de la Haute-Garonne, Corinne Vignon. Ce recrutement est parfaitement légal. La seule formalité à respecter s’agissant des emplois familiaux est une déclaration auprès du bureau de l’Assemblée.

Néanmoins, la révélation d’une persistance des emplois familiaux a suscité des commentaires sur un contournement de l’esprit de la loi. La lettre du texte sur la moralisation de la vie publique est claire : un député peut employer les enfants d’un collègue. Mais il existe un doute : un recrutement ne cache-t-il pas un petit arrangement entre amis ?

Pour la députée de la Haute-Garonne le fait qu’elle salarie la fille d’un collègue ne pose aucun problème. Pour la parlementaire, le recrutement a été fait sur des bases professionnelles et sans intervention du père de sa collaboratrice :

J’ai connu Maryll à l’Assemblée nationale en juillet, époque où tous les députés recherchent un collaborateur et où tous les attachés parlementaires cherchent un emploi. Je l’ai rencontré à la cafétéria et nous discuté. Elle m’a présenté son CV en m’annonçant qu’elle était la fille de Patrick Vignal que je ne connaissais pas du tout. Sa formation et son expérience me convenaient parfaitement. Je n’ai rencontré son père pour la première fois qu’en octobre car il était absent de l’Assemblée pour cause de maladie

Corinne Vignon et Patrick Vignal sont issus d’univers politiques et professionnels très différents. Le député de l’Hérault est issu du parti socialiste et entame un second mandat. Corinne Vignon découvre l’univers de l’Assemblée après un passage dans le secteur privé et une activité de…voyante. Une absence de connexion est crédible. La version défendue par Corinne Vignon – une rencontre à la cafétéria- se défend. Notons toutefois qu’ils appartiennent tous les deux au même groupe parlementaire, celui de La République en Marche.

Il reste juste un certain sens de la transgression du côté de Corinne Vignon. La députée de la Haute-Garonne a également comme autre assistant son propre suppléant. La loi sur la moralisation de la vie publique a manqué interdire le cumul entre les fonctions de suppléant d’un député et d’assistant parlementaire. En employant la fille d’un collègue, Corinne Vignon flirte avec un autre tabou et elle assume.

Laurent Dubois (@laurentdub)

05 Jan

Législative partielle : la candidature de Laurence Arribagé poussée par son parti

Le parti Les Républicains va présenter un candidat à l’élection législative partielle dans le Comminges. Une candidature de la présidente départementale de LR 31 est « poussée » par des membres du parti.

Laurence Arribagé. Présidente LR 31 Photo : MaxPPP/TBordas

Laurence Arribagé. Présidente LR 31 Photo : MaxPPP/T. Bordas

Les 11 et 18 mars prochains, les électeurs de la 8ème circonscription de la Haute-Garonne vont retourner aux urnes. Cette législative partielle fait suite à l’annulation, par le juge électoral, de l’élection du socialiste, Joël Aviragnet. L’affiche électorale se dessine. Le PS présente comme candidat… Joël Aviragnet. Le député sortant va retrouver son principal adversaire de juin dernier, Michel Montsarrat de La République en Marche.

Du côté de la droite et du parti Les Républicains, la situation est plus compliquée. Un fait est acquis. Il y aura bien un candidat pour porter les couleurs de LR. Contacté par France 3 Occitanie, le-parole du parti, Pierre Esplugas-Labattut déclare :

 Oui il y aura un candidat mais c’est en cours de désignation.

Une réunion doit se dérouler, ce vendredi 5 janvier, pour essayer de trouver un nom. Selon nos informations, un choix sera arrêté entre le 18 et le 25 janvier. La page n’est pas blanche. Les instances nationales de LR ont missionné, en marge des instances fédérales, une personne et trois profils (2 hommes et 1 femme) sont remontés à la surface. Mais l’exercice n’est pas évident. Une candidate naturelle s’imposait : Jennifer Courtois-Périssé. Mais la jeune conseillère régionale, maire de la commune de Rieumes, a quitté Les Républicains pour rejoindre le nouveau parti d’Emmanuel Macron, La République En Marche. Jennifer Courtois-Périssé occupe, d’ailleurs, un poste stratégique au sein de la direction nationale d’en Marche.

Le départ de Jennifer Courtois-Périssé crée un vide difficile à combler. Une option est possible: « parachuter » une personnalité toulousaine dans le Comminges.

Des membres de LR plaident pour que la présidente de la fédération départementale du parti et ex-députée, Laurence Arribagé, soit candidate. Contactée par France 3 Occitanie, Laurence Arribagé, écarte cette hypothèse :

Je ne serai pas candidate à l’élection législative partielle sur la 8ème circonscription.

La décision de Laurence Aribagé n’est pas surprenante. C’est, au contraire, une candidature de l’ex-députée qui aurait été étonnante. La terre d’élection de Laurence Arribagé est Toulouse et sa petite couronne. Une délocalisation dans le Comminges est loin d’être d’évidente. Sans parler des chances limitées de victoire. Comme le confie un responsable de LR, « on n’y va pas pour gagner ». Quoi qu’il en soit, la non-candidature de Laurence Arribagé pose problème à la fédération présidée par l’ex-députée. Les Républicains de la Haute-Garonne vont devoir impérativement trouver un candidat.

En effet, le nouveau président des Républicains, Laurent Wauquiez, tient à ce que son parti participe à la législative partielle du Comminges. Ce sera l’occasion de se frotter au PS et à la République En Marche. Le climat local va peser dans ce bastion traditionnel de la gauche. Mais Laurent Wauquiez, sans transformer la partielle commingeoise en test national, ne peut pas passer à côté de ce rendez-vous électoral. C’est encore plus vrai du récent délégué général d’En Marche ! Christophe Castaner qui doit venir dans le Comminges pour soutenir son candidat.

A noter que le Front National se mobilise également, le numéro 2 du FN, Louis Aliot, et Gilbert Collard vont se déplacer. Une venue de Marine Le Pen est également envisagée.

 

Laurent Dubois (@laurentdub)

03 Jan

Législative Partielle en Haute-Garonne : les électeurs vont revoter au mois de mars

Les électeurs de la 8ème circonscription de la Haute-Garonne doivent revoter suite à l’annulation de l’élection de Joël Aviragnet. Le scrutin doit se dérouler les 11 et 18 mars prochains.

Photo : MaxPPP/XdeFenoyl

Photo : MaxPPP/XdeFenoyl

Fin décembre, le conseil constitutionnel a annulé l’élection du dernier député PS de la Haute-Garonne. Selon nos informations, les électeurs revoteront lors d’un premier tour, le 11 mars prochain. Un éventuel second tour est prévu la semaine suivante, le 18 mars. Ces dates seront prochainement publiées au Journal Officiel.

L’affiche électorale est déjà connue. Joël Aviragnet est candidat à sa propre succession. Son principal concurrent, battu de quelques dizaines de voix en juin dernier, Michel Montsarrat, portera, une nouvelle fois, les couleurs de La République En Marche.

Laurent Dubois (@laurentdub)

22 Déc

Travail parlementaire : les députés En Marche d’Occitanie décrochent le « bonnet d’âne »

Les députés En Marche d’Occitanie figurent parmi les députés les moins travailleurs. Le député (LREM) de la Haute-Garonne, Jean-François Portarieu,  est le moins actif.

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Le site d’information Capital vient d’établir un classement des députés. Basée sur les données collectées par le site Regards Citoyens, l’étude repose sur trois critères : le nombre de présence et les interventions en commission, le nombre d’amendements déposés et les interventions en hémicycle. Le classement donne un coup de projecteur sur les six premiers mois de la nouvelle législature et les chiffres couvrent jusqu’au lundi 18 décembre.

Le résultat est sujet de caution. Le nombre d’amendements déposés est un critère très relatif. Il peut s’agir d’une simple signature et d’une pure formalité administrative gérée par le groupe parlementaire auquel appartient le député. Le dépôt d’un amendement n’est pas nécessairement synonyme d’un véritable travail parlementaire. De même la présence en commission peut être « passive » et se limité à une obligation de présence.

Néanmoins, le classement réalisé par Capital fournit une tendance générale. Elle est nettement défavorable aux députés de La République En Marche. La première marche du Podium est occupée par un député de la majorité présidentielle, Joël Giraud (LREM, Hautes-Alpes). En Occitanie, le « marcheur » gersois, Jean-René Cazeneuve, est en tête de peloton et figure en 77ème position.

Néanmoins, il s’agit d’exceptions. Le gros des troupes LREM sont en fond de classement. Le « bonnet d’âne » tant au niveau national que régional revient à un député de la Haute-Garonne, Jean-François Portarrieu (568 sur 572 au niveau national, dernier en Occitanie).

Les députés les plus actifs sont issus du « Vieux Monde », des anciens partis :

  • Valérie Rabault (PS. Tarn-et-Garonne, 8ème national, 1ère Occitanie)
  • Arnaud Viala (LR Aveyron, 19ème national, 2nd  Occitanie)
  • Michel Larive (France Insoumise, Ariège, 3ème Occitanie)

En revanche, les derniers dans le classement appartiennent à La République En Marche :

  • Philippe Huppé (LREM, Hérault, 550ème national)
  •  Anne Blanc (LREM, Aveyron, 554ème national)
  • Patricia Mirallés (LREM, Hérault, 559ème national)

A noter que l’équipe parlementaire de Patricia Mirallés précise que la députée de l’Hérault « a de graves problèmes de santé qui l’ont contrainte à ne pas pouvoir se rendre sur Paris cet été du fait de son déplacement en fauteuil roulant, son état de santé c’est un peu amélioré, mais elle se déplace toujours en béquille et elle a des difficultés pour se déplacer ». Le staff parlementaire de la députée LREM justifie cette déclaration par des certificats médicaux.

Laurent Dubois (@laurentdub)

19 Déc

Annulation de l’élection de Joël Aviragnet : une suspicion de fraude

Le conseil constitutionnel a annulé l’élection de Joël Aviragnet. En cause, des votes douteux et des signatures irrégulières mais également l’incroyable absence de liste d’émargement dans une commune.

Joël Aviragnet. Photo : MaxPPP/Isorel

Joël Aviragnet. Photo : MaxPPP/Isorel

Le PS vient de perdre son dernier siège en Haute-Garonne. C’est peut-être provisoire. Joël Aviragnet n’est plus député suite à l’annulation de son élection. Mais il est candidat à sa propre succession. Dans maximum 3 mois, probablement en février, une nouveau scrutin va être organisé. A peine le couperet tombé, Joël Aviragnet est reparti en campagne. Une campagne qui s’annonce intense.

Pour le PS la reconquête du siège perdu est une priorité absolue. La 8ème circonscription de la Haute-Garonne est la terre d’élection de la présidente socialiste de la Région Occitanie, Carole Delga. En juin dernier, pendant la campagne des législatives, le conseil départemental présidé par le PS et la fédération socialiste se sont fortement mobilisés. Après la décision du conseil constitutionnel et le choc d’une annulation de l’élection de Joël Aviragnet, l’appareil socialiste va, plus que jamais monter au front. Il s’agit de laver un véritable affront.

L’incroyable absence de liste d’émargement dans  la commune de Gensac-de-Boulogne

En effet, la décision du conseil constitutionnel sanctionne l’incroyable « erreur » commise dans une commune. Une commune dont le maire (de gauche) est, comme l’atteste une vidéo en ligne sur le site de la municipalité,  un proche de Joël Aviragnet. Le maire en question n’a pas transmis à la préfecture la liste d’émargement. Daniel Sabathé plaide sa bonne foi et récuse toute « tricherie ». Mais, pour le conseil constitutionnel, les faits sont les faits et le juge électoral en tire les conséquences juridiques.

Le bureau de vote de la commune de Gensac-de-Boulogne, dans lequel 124 électeurs sont inscrits et où 64 votes auraient été exprimés au second tour, n’avait pas transmis la liste d’émargement à la préfecture à l’issue du scrutin, mais seulement un document qualifié d’« interne » sur lequel les membres du bureau de vote relevaient les noms des électeurs ayant voté. Cette absence de production de la liste d’émargement rendait impossible le contrôle par le juge électoral de la régularité des opérations électorales, notamment la vérification du nombre de suffrages exprimés par rapport au nombre d’électeurs inscrits.

Le conseil constitutionnel n’a pas pu vérifier si les votes sur la commune sont réguliers. L’absence de liste d’émargement interdit de vérifier si les bulletins déposés dans l’urne ne sont pas plus nombreux que les signatures des votants. Autrement dit, le juge électoral n’est pas certain que les urnes n’ont pas été « bourrées ». Dans le doute, il « retire » les votes qui se déroulés à Gensac-de-Boulogne.

C’est cette « soustraction » qui coûte son siège à Joël Aviragnet.  Sur l’ensemble de la circonscription, l’écart de voix entre le socialiste et son concurrent de La République En Marche, Michel Monsarrat est faible. Il est encore plus étroit après l’annulation des votes sur la commune de Gensac-de-Boulogne. D’autres irrégularités, dans d’autres bureaux de vote, sont soulevées par le conseil constitutionnel. Elles pèsent moins dans la balance. Mais elles existent. Des signatures sont déclarées irrégulières.

15 « vrais-faux » votes

Le conseil constitutionnel vise une disposition du Code Electoral et rappelle un principe :

Seule la signature personnelle d’un électeur est de nature à apporter la preuve de sa participation au scrutin

Le problème dans l’affaire Aviragnet est que des signatures sont déclarées irrégulières. Autrement dit, le juge électoral estime que 15 votes ne correspondent pas à de vrais votes puisque les signatures ne sont pas régulières. Un spécialiste de droit électoral estime que ce n’est pas forcément synonyme de fraude. Selon ce juriste, il est fréquent que des personnes changent leur signature. Mais, pour le conseil constitutionnel, il ressort de l’instruction du dossier que des électeurs ne vont pas voter alors que leur signature figure dans la liste d’émargement.

La décision du conseil constitutionnel est lourde de sens. Elle signifie que des signatures ont pu être falsifiées. Seule une enquête pénale pourrait préciser la réalité de cette fraude éventuelle. Il est, d’ailleurs, possible que le parquet décide d’ouvrir une enquête préliminaire. Le  constitutionnel  intervient en tant que juge électoral. Il se contente de relever un problème de signatures et de sanctionner une élection irrégulière.

Seule la justice pénale permettrait de lever les doutes.

Laurent Dubois (@laurentdub)

18 Déc

L’élection du dernier député PS de la Haute-Garonne, Joël Aviragnet, annulée

Le conseil constitutionnel vient d’annuler l’élection du député socialiste de la Haute-Garonne, Joël Aviragnet.

Joël Aviragnet (Photo : Vincent Isore / MaxPPP)

Joël Aviragnet (Photo : Vincent Isore / MaxPPP)

La décision devait intervenir en fin de semaine dernière. Elle vient d’être rendue par le conseil constitutionnel ce lundi 18 décembre. L’élection du dernier député PS de la Haute-Garonne est annulée. Deux recours ont été déposés. Une audience s’est déroulée lundi dernier au cours de laquelle les plaignants ont été auditionnés.

Les recours débouchent sur une annulation de l’élection législative sur la 8ème circonscription de la Haute-Garonne. Les électeurs vont devoir revoter. Les recours à l’origine de ce véritable séisme politique portaient sur une violation des règles d’affichage et l’existence de « vrais-faux » électeurs. Des électeurs « fantômes » dont les signatures figuraient sur les cahiers d’émargement mais qui ne se sont pas déplacés pour voter.

Dans sa décision, le conseil constitutionnel reconnait les faits soulevés par un des requérants,  Michel Monsarrat. Cette sanction est particulièrement sévère. Elle traduit l’existence d’une possible fraude électorale. L’annulation n’est pas simplement liée à une violation du Code Electoral s’agissant des règles d’affichages ou de la présentation d’un compte de campagne. Elle sanctionne des signatures « non conformes ». En clair, le conseil constitutionnel considéré que des signatures ont pu être contrefaites.

Ces irrégularités portent sur 4 voix. Elles sont pointées par le conseil constitutionnel :

Monsieur Monsarrat (ndlr : 1 des 2 requérants) soutient que les signatures figurant pour les deux tours de scrutin en marge du nom d’un même électeur présentent, dans 164 cas, des différences qui établissent que le vote n’a pas été effectué par l’électeur. Il résulte de l’instruction, notamment de l’examen des listes d’émargement des bureaux de vote concernés, que, pour l’essentiel des cas, les différences alléguées ne sont pas probantes. En revanche, quatre votes, correspondant à des différences de signature significatives, doivent être regardés comme irrégulièrement exprimés au second tour de scrutin.

Les 4 votes reconnus irréguliers risquent de peser sur les électeurs lors de la prochaine élection. Une élection dont on ignore, d’ailleurs, encore la date. L’impact d’une annulation pour une « simple » violation des règles sur les comptes de campagnes et d’affichage n’est pas le même qu’un « trucage » des votes. Il existe un principe implicite s’agissant des élections partielles : les candidats invalidés retrouvent généralement leur siège. Mais la sanction, par le conseil constitutionnel, d’une manipulation des votes peut influencer négativement les électeurs.

En toute hypothèse, l’annulation de l’élection de Joël Aviragnet est symboliquement lourde. Le désormais ex-député du Comminges succédait à Carole Delga. La présidente de Région s’est d’ailleurs fortement engagé aux côtés du candidat socialiste au point de se présenter comme la co-directrice de campagne de Joël Aviragnet. Mais, surtout, Joël Aviragnet était le dernier député socialiste de la Haute-Garonne.

Reportage d’Emmanuel Watt et Jean-Pierre Duntze
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Laurent Dubois (@laurentdub)

24 Juil

Les recours visant le député PS, Joël Aviragnet, jugés recevables par le juge électoral

Deux recours visent l’élection du dernier député PS de la Haute-Garonne, Joël Aviragnet. Le conseil constitutionnel a validé, ce vendredi 21 juillet, leur recevabilité.

Joël Aviragnet (Photo : Vincent Isore / MaxPPP)

Joël Aviragnet (Photo : Vincent Isore / MaxPPP)

Ce n’est que le début du commencement. Mais les deux recours demandant l’annulation de l’élection de Joël Aviragnet seront bien examinés. Le conseil constitutionnel a effectué un premier filtre. Des saisines finissent au panier. Souvent pour des erreurs grossières sur la forme. C’est notamment le cas d’une requête concernant l’élection de la députée LREM, Monique Iborra.

En revanche, les deux procédures visant la 8ème circonscription de la Haute-Garonne continuent.

Une notification officielle a été délivrée aux requérants ce jeudi 20 juillet. Les dossiers sont désormais référencés et l’instruction va être lancée. Les échanges de pièces et une éventuelle audition de témoins peuvent commencer.

Le premier recours a été déposé par le concurrent malheureux de Joël Aviragnet, Michel Montsarrat. L’ancien candidat LREM vise une fraude. Selon nos informations, le dossier comporte plusieurs attestations de « vrais-faux » électeurs. La signature de plusieurs « votants » figure dans la liste d’émargement alors que, selon eux, ils n’ont jamais franchi le seuil du bureau de vote.

Le second recours repose sur une base différente. Déposé par l’ex-représentant LR-UDI, Jean-Luc Rivière, c’est l’implication d’une « vraie-fausse » candidate, Carole Delga, qui est contestée.  La présidente de Région figurait, sans être suppléante, sur les affiches et les tracts du candidat Aviragnet. Selon le requérant, cette implication a brouillé le scrutin en enduisant les électeurs en erreur.

Selon nos informations, il est possible que le conseil constitutionnel joigne les deux instances. Cette décision du juge électoral repose sur l’existence d’un lien entre deux recours. Une jonction permet une instruction commune et un seul jugement.

Un jugement qui peut déboucher sur une annulation du scrutin et un nouveau vote des électeurs. Selon une source proche du dossier, la probabilité d’une annulation est de 1 sur 2.

En toute hypothèse, la décision du constitutionnel n’interviendra pas avant plusieurs mois.

Laurent Dubois (@laurentdub)

20 Juil

Premiers pas des député(e)s : les bons et les mauvais élèves en Occitanie

Depuis début juillet, l’Assemblée Nationale siège. Cette première session estivale est marquée par des dossiers chauds : réforme du code du travail, hausse de la CSG, moralisation de la vie publique. Les député(e)s d’Occitanie sont-ils réellement au travail ?

©Julien Mattia / Le Pictorium/MAXPPP - Julien Mattia / Le Pictorium - 12/07/2017  -  France / Ile-de-France / Paris  -  Questions au gouvernement a l'assemblee Nationale. Julien Mattia / Le Pictorium -  National Assembly: Questions to Government -  12/07/2017  -  France / Ile-de-France (region) / Paris  -  Questions to the government at the National Assembly. (MaxPPP TagID: maxnewsworldfour326068.jpg) [Photo via MaxPPP]

©Julien Mattia /MAXPPP 

La XVème législature n’est pas une législature comme les autres. Elle est caractérisée par un fort renouvellement des député(e)s. De nouveaux visages et de nouveaux usages, c’est la promesse de campagne d’Emmanuel Macron. S’agissant de la nouveauté des visages, c’est indéniable. Les sortants ont été massivement sortis par les électeurs et les « entrants » sont majoritaires. Mais le chamboule-tout du personnel est-il synonyme d’une Assemblée plus active et travailleuse ?

Réponse par les chiffres. Des chiffres fournis par le site NosDéputés.Fr : Observatoire citoyen de l’activité parlementaire. Des chiffres actualisés deux fois par jour et qui reposent sur des critères purement matériels : présence en commission, intervention en commission, intervention longue et courte dans l’Hémicycle, amendements proposés, déposés et adoptés, questions écrites ou orales.

Par rapport à ce tableau de bord, l’Occitanie détient un record. Le député le plus absent de toute l’Assemblée Nationale est le représentant de l’Hérault, Patrick Vignal (LREM). Mais, à l’autre extrémité du classement, les données statistiques attribue la palme de la députée la plus active à une Tarn-et-Garonnaise, Valérie Rabault (PS). 

Patrick Vignal, député le plus absent et Valérie Rabault, députée la plus active

Aucune participation à une réunion en commission. Aucune intervention dans l’Hémicycle. Aucun amendement proposé, déposé ou adopté. Pour le député (LREM) de l’Hérault, Patrick Vignal, c’est un zéro pointé. Le parlementaire d’Occitanie est le moins actif des 577 député(e)s de la nouvelle Assemblée Nationale.

L’anti-Vignal est dans l’opposition et se situe également en Occitanie. La députée PS Valérie Rabault explose le compteur : 12 interventions en commission, 54 interventions dans l’Hémicycle, 4 amendements proposés, 54 amendements signés et 5 adoptés. C’est un des meilleurs score de la nouvelle Assemblée Nationale.

Des député(e)s LREM en dessous de la moyenne

Le groupe LREM est le principale formation de l’Assemblée. Il est composé de 314 député(e)s. En moyenne, les parlementaires de la nouvelle majorité participent à 5 réunions en commissions et interviennent une fois dans ce cadre. Ces mêmes député(e)s réalisent 8 interventions dans l’Hémicycle et proposent ou signent 5 amendements.

En Occitanie, les représentants LREM sont en dessous de cette moyenne. Le principal vivier LREM d’Occitanie est la Haute-Garonne. Sur les 9 député(e)s La République En Marche, 3 sont largement en dessous de la barre.

Jean-François Portarieu : 4 présences en commission. Aucune intervention dans l’Hémicycle. Aucune intervention en commission. Aucun amendement proposé, signé ou adopté.

Pierre Cabaré : 5 présences en commission. Aucune intervention dans l’Hémicycle ou en commission. Aucun amendement.

Sébastien Nadot : 4 présences en commission.

La députée LREM la plus active est, paradoxalement, une représentante de l’ancien « système ». Députée sortante et réélue, ex-PS et ancienne vice-présidente du conseil régional, Monique Iborra n’est pas vraiment dans les « canons » de La République En Marche. La députée de la 6ème circonscription, 72 ans, n’a pas le profil d’une nouvelle venue, issue de la société civile. Mais c’est probablement la vertu de l’expérience et d’une connaissance du milieu parlementaire, Monique Iborra surpasse ses collègues LREM de la Haute-Garonne. 9 réunions en commission et 2 interventions. 2 amendements signés dont 1 a été adopté.

S’agissant des amendements, Monique Iborra est surpassée par son collègue Jean-Luc Lagleize. On est très loin du record absolu du nombre d’amendements signés. Il est détenu par la députée ariégeoise (France Insoumise), Bénédicte Taurine : 267. Jean-Luc Lagleize se contente de 8 amendements signés dont 4 ont été adoptés. Mais, s’agissant des député(e)s LREM de la Haute-Garonne, c’est le meilleur résultat.

A noter que Corinne Vignon appartient au club très fermé des « amendeurs ». La députée a défrayé l’actualité, pendant la campagne des législatives, suite à l’ouverture d’une enquête préliminaire pour travail dissimulé. Mais, à la différence de l’ancien référent départemental et nouveau député, Michaël Nogal, Corinne Vignon a signé deux amendements dont 1 a été adopté.

La signature ou l’adoption d’un amendement est à relativiser. Il peut s’agir d’une simple formalité, gérée par le groupe auquel appartient le parlementaire et qui ne traduit pas un vrai investissement dans le travail législatif.

Louis Aliot et Gilbert Collard, les spécialistes de la question écrite

Certaines cases de l’activité parlementaire restent vides. C’est le cas des questions écrites. Elles sont adressées aux ministres et, à la différence des questions orales, elles n’ont pas droit à l’oeil des caméras. Pas de séance publique et télévisée pour des questions qui prennent la forme d’un courrier.

La socialiste Valérie Rabault a pris sa plume pour interpeller le ministre de l’Education Nationale. Sujet : la semaine de 4 jours à l’école. Mais, en dehors cette rare exception, plus de 90% des nouveaux représentants de la Nation n’ont pas posé de question écrite. Sauf au Front National ou cette pratique est une véritable spécialité. Non seulement Louis Aliot et Gilbert Collard ont utilisé le procédé. Mais les députés des Pyrénées-Orientales et du Gard ont utilisé cette « arme » de manière intensive.

Louis Aliot a rédigé 4 questions : 1 au ministre de la Défense sur la question des harkis, 1 au ministre de l’Agriculture sur la question de la Politique Agricole Commune, 1 toujours au ministre de l’Agriculture sur la situation de producteurs de pêche dans le Roussillon, 1 au ministre des Sports s’agissant de la Fédération Française de Karaté.

Gilbert Collard intervient plus souvent que Louis Aliot dans l’Hémicycle : 30 prises de parole contre 1 pour Louis Aliot. Mais le député du Gard est moins prolixe à l’écrit que le numéro 2 du Front National : 3 questions écrites. Une question porte sur le coût de la réunion du Congrès à Versailles et 2 autres portent sur la presse.

Laurent Dubois (@laurentdub)