14 Oct

« En Commun » futur parti politique s’implante en Occitanie

« En Commun » incarné médiatiquement par Barbara Pompili et censé incarner une aile plus à gauche de LREM devient ce mercredi soir à l’issue d’une AG extraordinaire, un parti politique à part entière. Son Président a un pied en Occitanie. Ce qui explique peut-être l’implantation plus rapide de l’entité dans notre région. Revue des troupes et feuille de route de cette nouvelle composante de la majorité.

Université d' »En Commun » début septembre en Bretagne, avec de gauche à droite, Jacques Maire, Hugues Renson, Barbara Pompili et à la tribune Philippe Hardouin. Photo Bernard Galéron

Philippe Hardouin est conseiller municipal d’Ivry-sur-Seine (« une liste mi société civile, mi LREM » explique-t-il) mais il passe la moitié de son temps dans l’Aude où il a notamment intégré le Conseil d’Administration d’un musée à Lasgrasses. Il a bien fait de la politique dans sa jeunesse, mais rien qui le prédestinait à devenir président d’un parti politique.

 

Une sensibilité sur la solidarité qui manquait à LREM »

 

« Nous nous sommes créé au moment du confinement, après le premier tour des élections municipales » se souvient-il. « Il y avait la nécessité de générer à nouveau des débats comme lors de l’élection Présidentielle, de sortir des carcans idéologiques et de faire aussi valoir une sensibilité sur la solidarité qui nous manquait » justifie-t-il. Une sensibilité de gauche à LREM résumeront certains, « courant social et écologiste » diront d’autres.

 

Parmi les premières actions entamées depuis leur création, une lettre envoyée à Gérald Darmanin. Les membres d’En Commun, y contestent du Ministre de l’Intérieur sur l’aide aux migrants. Mais que les choses soient claires, ils ne créeront pas de groupe à l’Assemblée Nationale.

 

46 députés mais pas un groupe à part

 

46 députés ont actuellement rejoint le mouvement qui deviendra donc ce jour un parti. Parmi eux l’élues de Haute-Garonne Elisabeth Toutut Picard ou encore celle de l’Hérault Coralie Dubost.

 « On souhaite que les débats restent au sein du groupe. Ce n’est pas en fractionnant la majorité que nous ferons avancer nos idées » assène Philippe Hardouin.

 

Mais alors pourquoi se constituer en parti ? Notamment en vue des élections prochaines pour éventuellement y soutenir ou y lancer des candidats. Et puis surtout pour constituer une entité à part entière de la future « maison commune » appelée de ses vœux par Emmanuel Macron pour repartir à la conquête d’un second mandat. « Mais on ne sait pas encore à quoi va ressembler cette maison » tempère Philippe Hardouin.

 

Contrairement à LREM, chez nous l’adhésion est payante »

 

En attendant, « En commun » se structure et annonce plus de 500 adhérents dans tout le pays (principalement en Haut de France, Grand-Est, Occitanie, lyonnais et Pays de Loire). « Première différence avec LREM, précise son Président, chez nous l’adhésion est payante ». Le futur parti a tenu sa première université d’été en septembre, sa première réunion régionale en Occitanie il y a trois semaines. Quant à son site internet, il ouvrira cette semaine.

Patrick Noviello

07 Oct

Une lotoise, ancienne plume de Macron, raconte ses « confusions » et les coulisses de la campagne

Marie Tanguy (c’est un pseudonyme) a grandi dans le Lot. Passée brièvement par le PS puis trois ans aux côtés de Laurent Berger à la CFDT, elle décide d’intégrer l’équipe de campagne d’En Marche pour y écrire les discours du candidat. Son livre, « Confusions », raconte son naufrage dans la tempête de la Présidentielle.

Marie Tanguy quittera l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron quelques jours avant le premier tour. Photo Olivier Roller

C’est l’histoire d’un burn-out, d’une erreur de parcours ou de direction. Mais c’est aussi à quelques mois d’une nouvelle campagne présidentielle, la description sans filtre et sans concession d’une machine à gagner l’élection suprême. Même si elle se défend d’avoir voulu nuire au Président, l’autrice, originaire du petit village de Gigouzac, livre un témoignage sans détour.

Dois-je préciser qu’à En Marche, j’ai rencontré de la bienveillance, de l’indulgence, de la politesse, camouflée en gentillesse, de louables intentions. Mais j’y ai rarement trouvé de l’humanité pure. Et comme c’est une chose dont j’ai besoin à fortes doses, c’est sans doute cela aussi dont j’ai crevé »

Marie Tanguy évoque sa fragilité, se rabaisse souvent face aux cerveaux brillants qui composent l’équipe du « candidat » qu’elle ne cite jamais. Sans doute peut-on aussi voir poindre entre les lignes un complexe d’infériorité entre Paris et la province. Mais cette ancienne militante décrit surtout une armée de génies totalement déconnectés du réel et souvent sans la moindre idéologie.

 C’est dans le rapport au doute que je me suis sentie le plus loin d’eux. J’ai toujours eu des convictions profondes tout en n’étant jamais sûre de rien. Pour eux en revanche, la vérité ne faisait pas débat : il suffisait juste de la mettre en œuvre. Une démonstration de force et de volonté, voilà ce que devait être une réforme à leurs yeux.

– On va niquer les régimes spéciaux, disait David. »

« Accélération de la dépolitisation du débat public », « impression qu’on parle plus de marketing que de politique », la radiographie du mouvement est sans appel. Mais la confusion règne aussi selon Marie Tanguy dans « l’absence d’organisation, la hiérarchie incertaine » qui caractérisent EM. « Aujourd’hui encore, je ne sais précisément qui est en charge de quoi » écrit-elle. Une seule certitude en revanche : celle qu’elle a fait fausse route. Elle le sait, à peine une journée après son arrivée au « pôle idée » dans « un bureau dangereux ».

L’un des passages clés à ce sujet : l’élaboration du « projet » préalable au « programme » qui, lui, mettra plus de temps à naître, on s’en souvient.

J’ai vu des impôts, des crédits d’impôts, des droits sociaux, des règles et des agences, naître, prendre leur élan et mourir sous mes yeux pour la plupart, tandis que d’autres parvenaient à résister à l’épreuve des filtres, des arbitrages, des revirements stratégiques ou des volte-face irrationnelles, pour se frayer un chemin vers le Graal d’une inscription sur un livret de 32 pages signé par le candidat ».

Mais cette méthode est-elle vraiment propre au « Nouveau Monde » ? Comme cette tendance du candidat à « promettre à son audience ce qu’elle a envie d’entendre ». Nul doute que Marie Tanguy, elle, ne se fera plus prendre aux sirènes de la politique.

Patrick Noviello

« Confusions » de Marie Tanguy, collection « La grenade », éditions JC Lattès.

24 Mai

Législatives – Lot : quand l’utilisation du label Macron conduit devant les tribunaux

Revendiquer l’étiquette Macron (sans avoir l’investiture En Marche !) peut conduire devant les tribunaux. La preuve dans le Lot.

Photo MaxPPP/Morissard

Photo MaxPPP/Morissard

La campagne des législatives ne passe pas vraiment par la confrontation des programmes. Il faut avoir une oreille sérieusement affutée pour entendre les différences et les divergences. Les débats de fond sont (furieusement) absents. En revanche, une question de forme prend le dessus et agite les esprits.

Dans plusieurs départements d’Occitanie, le label « macroniste » fait l’objet d’une (véritable) foire d’empoigne.

Dans le Tarn, un candidat revendique les valeurs du nouveau président. Pierre Laporte « barre » ses affiches électorales d’un slogan sans équivoque : une majorité pour Emmanuel Macron.

Pierre Laporte n’a pas été investi par le mouvement En Marche ! Peu importe. Le candidat tarnais place sa candidature sous les couleurs « macronistes ». Les instances départementales d’En Marche ! lancent un rappel à l’ordre.

Contacté par France 3 Occitanie, Clément Baller déclare :

Nous ne pouvons accepter qu’une confusion puisse s’instiller dans l’esprit des concitoyens. Seuls les candidats investis par La République En Marche ! peuvent légitimement faire référence à notre mouvement ou à Emmanuel Macron.

Dans le Tarn-et-Garonne, le climat est à l’apaisement. Pas de contre-attaque.

La députée sortante, Sylvia Pinel, utilise les logos du PS, du PRG et l’expression « majorité présidentielle ». La présidente des radicaux de gauche place sa campagne sous un arc-en-ciel allant de Benoît Hamon en passant par Yannick Jadot et Emmanuel Macron. Les  militants d’En Marche ! n’apprécient pas. Mais les instances départementales restent l’arme au pied.

En revanche, dans le Lot, le représentant d’Emmanuel Macron sort l’artillerie lourde. Sébastien Maurel prépare un référé devant les tribunaux. La députée (PRG) sortante, Dominique Orliac, est visée. Juridiquement le recours va faire « pschittt ». La bannière « majorité présidentielle » n’est pas une marque déposée ou un label protégé.

Tous les candidats peuvent se l’approprier. Mais le message (politique) est clair. Pas question de laisser faire un « hold-up ».

La députée En Marche ! de la Haute-Garonne, Monique Iborra, défend la ligne « lotoise » :

En Haute-Garonne, nous n’avons pas encore toutes les affiches électorales. Je ne pense pas que cela figure (ndlr l’expression majorité présidentielle). Mais quand cela se produit, il faut dénoncer une malhonnête politique et intellectuelle. C’est fait pour tromper les gens.

Le dernier sondage en date ne va pas calmer les tentatives de « captation » du label Macron. Une étude Ifop-Fiducial pour Paris-Match, Sud Radio et C News dessine une large majorité pour le nouveau locataire de l’Elysée.

De quoi rendre encore plus populaire les couleurs « macronistes ». Surtout auprès des candidats qui ne portent pas officiellement le dossard   d’En Marche !

Laurent Dubois (@laurentdub)

12 Mai

Investitures Macron : les « circos » cadeaux au PRG et à Alliance Centriste en Occitanie

Le mouvement d’Emmanuel Macron n’a pas investi de candidats sur 10 des 49 circonscriptions d’Occitanie. Certaines vont être attribuées la semaine prochaine. Mais, dans le Tarn et le Tarn-et-Garonne, la République En Marche ! n’aura pas de représentant.

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

577 candidats. Emmanuel Macron a annoncé des candidatures dans toutes les circonscriptions de France et de Navarre. Le compte n’est pas bon. Jeudi 11 mai, une seconde vague d’investitures porte à 442 le nombre de candidats. Une ultime série doit intervenir. Mais, en toute hypothèse, il n’y a aura pas de représentants d’Emmanuel Macron dans toutes les circonscriptions. Le cas Manuel Valls a capté toute la lumière médiatique : aucune investiture et aucun candidat en face.

En Occitanie, plusieurs circonscriptions sont délaissées par la République En Marche ! S’agit-il de « circos Valls » (pas de candidat) ou de circonscriptions en cours d’attribution ?

7 des 13 départements sont concernés : Ariège, Tarn, Tarn-et-Garonne, Pyrénées-Orientales, Hérault, Haute-Garonne, Gard.

Dans cette liste (représentant au total 10 circonscriptions), deux départements et deux circonscriptions relèvent de la jurisprudence Valls.

  • « Jurisprudence » Valls dans le Tarn et le Tarn-et-Garonne

Emmanuel Macron se défend d’avoir passé des accords électoraux avec des partis. Mais il existe, tout de même, des alliances ou du moins des ententes. C’est indéniable avec Manuel Valls. Mais c’est également vrai en Occitanie. Dans le Tarn-et-Garonne, il ne s’agit pas ouvertement de ménager une personnalité politique. Le risque d’une victoire du Front National sert de justification. Mais le résultat est le même. Comme pour Manuel Valls dans l’Essonne, la présidente des radicaux de gauche, Sylvia Pinel ne devra pas affronter un candidat En Marche !

Des tractations entre Emmanuel Macron et le PRG ont permis cette solution. Une solution qui reposait sur les épaules d’un homme : le sénateur Jacques Mézard. Jean-Michel Baylet s’est appuyé sur ce « macroniste » de la première heure pour défendre les intérêts du PRG auprès d’Emmanuel Macron.

Sans la médiation du président du groupe RDSE au Sénat, les radicaux de gauche se seraient heurtés à leur erreur stratégique. Lors de la présidentielle, Sylvia Pinel a soutenu…Benoit Hamon. Et pour les législatives, la présidente du PRG a signé un accord avec…le PS.

Dans le Tarn, sur la 1ère circonscription, Philippe Folliot a également le champ libre. Le député sortant ne respectait pas les règles d’investitures d’En Marche ! Philippe Folliot brigue son 4ième mandat. L’exigence de renouvellement et la limitation « 3 mandats successifs » barraient la route du parlementaire tarnais. Le président d’Alliance Centriste (originaire des Monts de Lacaune) a soutenu Emmanuel Macron avant le 1er tour de l’élection présidentielle et participait aux réunions du comité politique du candidat En Marche !

Cette démarche a coûté l’étiquette UDI-LR à Philippe Folliot. Le député du Tarn n’a jamais caché son souhait de se (re)présenter, avec ou sans le dossard « macroniste ».

L’absence d’adversaire est un « lot de consolation ». Selon nos informations, la commission nationale d’investiture (CNI) d’En Marche ! a acté le gel de la circonscription de Philippe Folliot. Localement, les militants d’En Marche ! se mobilisent pour défendre la candidature de leur référent départemental, Clément Baller. Mais, a niveau national, le dossier semble régler.

  • Des investitures à venir en Haute-Garonne

Selon nos informations, la CNI a recommandé l’attribution d’investitures sur les 5ème et 8ème circonscriptions de la Haute-Garonne. Cette dernière est encore occupée, avant le renouvellement de juin prochain, par Carole Delga. Le candidat PS est l’ancien suppléant de la présidente de Région, Joël Aviragnet. A peine les investitures connues, des élus du Comminges ont propagé une « info » : l’absence de candidat En Marche ! vise à préserver le candidat de l’ancienne ministre.

Selon une source interne à En Marche !, un candidat devrait être désigné lors de la dernière fournée prévue la semaine prochaine.

Le maire (PS) de Luchon, Louis Ferré, est en piste. Mais une figure de la société civile, Michel Monsarrat (restaurateur et ancien rugbyman) tiendrait dans la corde. Selon nos informations, le profil d’une candidate UDI intéresserait la CNI d’En Marche !

Autre circonscription non « gelée » : la 5éme. Selon nos informations, c’est un collaborateur du maire (PRG) de Gruissan, Jean-François Portarrieu qui aurait les faveurs de la CNI. L’ancien directeur de la communication du maire (PS) de Toulouse pourrait toutefois décliner en raison d’une proposition professionnelle dans le milieu sportif.

En revanche, l’autre postulante, la socialiste (tendance Strauss-Kahn) Sandrine Floureusse est toujours en piste.

Une candidat estampillé « centriste » peut également l’emporter au finish.

Après un vrai couac et un petit psychodrame, François Bayrou a obtenu des circonscriptions supplémentaires. Ce respect d’un accord (qui se veut pas un accord tout en étant un accord) peut se traduire par un candidat « Bayrou » sur la 5ème circonscription de la Haute-Garonne.

La présence d’un candidat UDI (sous la bannière UDI-LR) rend, toutefois, ravale toutefois ce scénario au rang d’une simple hypothèse.

  • Des candidats en marche sur toutes les circonscriptions de l’Hérault

Dans le Gard, les Pyrénées-Orientales et l’Hérault des circonscriptions sont toujours « orphelines » de candidats En Marche ! Selon une source, toutes les circonscriptions de l’ex-Languedoc-Roussillon seront pourvues. Dans l’Hérault, sur la 7ème circonscription, le maire de Pézenas est candidat. Sur la 8ème, c’est la carte de la diversité qui se dessine.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

09 Mai

Manuel Valls chez Emmanuel Macron : Carole Delga « lui c’est lui et moi c’est moi »

Manuel Valls brigue une investiture En Marche ! pour les législatives. Son principal soutien en Occitanie, la présidente de Région, réagit.

Carole Delga, présidente d'Occitanie et Manuel Valls, ancien premier ministre. Photo : MaxPPP

Carole Delga, présidente d’Occitanie et Manuel Valls, ancien premier ministre. Photo : MaxPPP

Ce matin, mardi 9 mai, Manuel Valls a annoncé, au micro de RTL, son intention de porter les couleurs d’Emmanuel Macron pour les législatives. Cette annonce s’accompagne d’un avis de décès. Pour l’ancien premier ministre de François Hollande, « le PS est mort ».

Quelques heures après cette déclaration, en amont d’un bureau national, Jean-Christophe Cambadélis a réagi. Le patron du PS pose clairement le cadre et recadre l’ancien ministre.

Manuel Valls va devoir choisir entre le parti socialiste et Emmanuel Macron.

Une investiture En Marche ! n’est pas compatible avec la carte du PS.

En Occitanie, la présidente de Région est une « valliste » historique. Ancienne ministre de Manuel Valls, Carole Delga a soutenu l’ex locataire de Matignon dans la course des Primaires.

Après la victoire de Benoît Hamon, Carole Delga a pris ses distances. La présidente de Région a joué la carte d’un loyalisme sans faille envers le PS et le verdict des urnes. Carole Delga a fait campagne aux côtés du vainqueur de la Primaire.

Cet alignement s’est accompagné d’un discours mettant en avant la loyauté et le respect de la parole donnée. Les participants à la Primaire s’étaient engagés à soutenir le vainqueur, quel que soient son nom et sa ligne politique. Carole Delga a respecté, à la lettre, le « pacte de la Primaire ».

Ce n’est pas le cas de l’ancien premier ministre. Manuel Valls n’a pas attendu la victoire d’Emmanuel Macron pour se rapprocher du nouveau président de la République. Mais, s’agissant de Carole Delga (après la Primaire comme avant les deux tours de la présidentielle) la ligne a toujours été constante : fidélité au PS et à son candidat officiel.

En briguant l’étiquette La République En Marche pour les législatives, Manuel Valls va au bout d’une démarche entamée depuis mars dernier. Avec, notamment, le refus de parrainer Benoît Hamon. Ce mardi 10 mai, Manuel Valls franchit un ultime Rubicon. Mais la réaction de Carole Delga est dans le droit fil de ces derniers mois :

Lui c’est lui et moi c’est moi.

Le commentaire est laconique. Mais il résume parfaitement l’état d’esprit de Carole Delga. La présidente de Région reste une présidente socialiste. Pas question de suivre l’exemple de Manuel Valls et de se mettre En Marche ! en marge du PS.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

08 Mai

Législatives : l’étiquette Macron, une affaire de gros sous

Un candidat LR ou PS peut-il revêtir un dossard En Marche ! pour les prochaines législatives. La question est politique. Mais l’enjeu est pratique et financier.

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Le rideau de la présidentielle est à peine tombé et tous les partis sont tournés vers les législatives. Une question plane : Emmanuel Macron va-t-il accueillir, dans ses rangs, des socialistes ou des membres des Républicains ? La doctrine d’En Marche ! a évolué sur le sujet. Emmanuel Macron a affirmé un principe : une étiquette En Marche ! suppose et impose une démission du PS ou de LR. Mais, la veille du 2nd tour, Emmanuel Macron a infléchi sa ligne. Sur le plateau de France Info, le futur président a ouvert une brèche : un socialiste ou un LR peut porter les couleurs d’En Marche ! sans avoir besoin de démissionner.

Cet assouplissement correspond à un objectif majeur : faciliter les transfuges et étoffer les rangs d’En Marche !

Emmanuel Macron veut (selon son slogan) « de nouveaux usages et de nouveaux visages ». Mais, pour gouverner, il doit obtenir une majorité au Palais-Bourbon.

Le fait de récupérer des candidats expérimentés et enracinés peut aider à franchir l’obstacle. Du côté des « transferts », une candidature En Marche ! permet de « sauver les meubles ». Les deux grands partis ont été éliminés dès le 1er tour de la présidentielle. Un « recyclage » peut constituer une « assurance vie ».

Tous ces calculs (tactiques) se réduisent, en réalité, à une case sur un formulaire. Les candidats aux législatives vont déposer leur candidature à la préfecture. La date butoir est le vendredi 19 mai.

A cette occasion, ils vont préciser à quel parti ils sont rattachés. Cette déclaration obligatoire est loin d’être une formalité. Elle ouvre droit à un financement public.

Un financement lié au nombre de voix (1% sur au moins 50 circonscriptions) et au nombre de député(e)s. A ce titre, en 2013, le PS a perçu plus de 28 millions d’euros et LR (ex UMP) plus de 19 millions d’euros.

Or, pour bénéficier, de ce « trésor de guerre » il est impossible de « ventiler » les sommes. Autrement dit, un socialiste qui ne mentionne pas En Marche ! alimentera les caisses du PS. Mais, élu sous l’étiquette d’Emmanuel Macron, il ne rapportera pas un seul euro au mouvement qu’il l’a fait élire. Un mouvement qui, pour ces raisons de financement, va rapidement se transformer en parti. But : bénéficier du financement permis par les législatives.

Contacté par France 3 Occitanie, le patron des élections du PS, Christophe Borgel confirme l’impossibilité d’un double financement. Il n’est pas possible de faire 50/50, 85/15 ou 75/25 entre deux partis.

Ce verrou juridico-financier limite considérablement les spéculations sur les (doubles) candidatures En Marche !/PS ou En Marche!/LR.

Lors d’une conférence de presse, ce lundi 8 mai, le secrétaire général En Marche ! Richard Ferrand a précisé : les candidats d’Emmanuel Macron devront être administrativement inscrits à En Marche !

Cette inscription inclus…le volet financier. C’est un « détail » qui pèse plusieurs millions d’euros.

En Occitanie, que soit sur les réseaux sociaux ou dans le cénacle politique, beaucoup de commentaires circulent sur un « éventuel » ralliement de Sylvia Pinel à En Marche !

Un tel ralliement est (peut-être) possible politiquement. Jean-Michel Baylet affirme publiquement qu’Emmanuel Macron incarne les valeurs radicales de gauche.

Mais une affiche électorale de Sylvia Pinel avec le logo En Marche ! est loin d’être évidente.

Dans le Tarn-et-Garonne, comme ailleurs, c’est une autre formule qui risque de se développer. La multiplication (au PS, chez LR et au PRG) des étiquettes « Majorité Présidentielle ».

De (simples) étiquettes (ne renvoyant pas à un parti) qui peuvent rapporter politiquement. Mais qui ne coûtent rien financièrement.

Laurent Dubois (@laurentdub)

07 Mai

Législatives : Jean-Luc Mélenchon ne sera pas candidat aux législatives sur Toulouse

INFO FRANCE 3 – Jean-Luc Mélenchon ne sera pas candidat aux législatives en Haute-Garonne. C’est officiel depuis ce soir, dimanche 7 mai.

Jean-Luc Mélenchon Photo MaxPPP

Jean-Luc Mélenchon Photo MaxPPP

A peine le résultat connu, Jean-Luc Mélenchon a mis le cap sur les législatives. Quelques minutes après l’élection d’Emmanuel Macron, le leader de la France Insoumise a pris la parole. Le député européen et ex-candidat à la présidentielle a évoqué un 3ème tour. Celui du renouvellement de l’Assemblée Nationale. Après le 1er tour de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon avait soulevé une hypothèse : sa propre candidature à Marseille ou Toulouse.

Cet après-midi, dimanche 7 mai, le directeur de campagne de la France Insoumise, Manuel Bompard, a levé (lors d’une réunion interne) le suspens.

Jean-Luc Mélenchon ne sera pas finalement pas candidat à Toulouse. Il l’a annoncé ce dimanche aux candidats de la France Insoumise investis dans le département. En cas de candidature, le leader de la France Insoumise se dirigera vers Marseille. Mais rien n’est encore sûr.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Emmanuel Macron est élu président mais tout va se jouer au 3ème tour

Emmanuel Macron est le nouveau président de la République. Mais, pour gouverner, il doit gagner le 3ème tour de la présidentielle : les législatives

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Sous la Ve République, le président est « tout ». C’est le patron de l’exécutif et un leader politique. Mais il n’est « rien » sans une majorité parlementaire. Emmanuel Macron n’échappera pas à ce principe de base. La victoire de l’ex candidat En Marche ! est extra-ordinaire. Elle défie les lois politiques : une élection sans parti et en transgressant le clivage droite-gauche. Mais Emmanuel Macron a beau être un OVNI, il doit respecter la pesanteur de notre système institutionnel.

« Nouveaux usages, nouveaux visages »

Les clés du Pouvoir se trouvent à l’Assemblée. C’est inscrit dans la logique de nos institutions. Si Emmanuel Macron ne veut pas être réduit à l’inauguration des chrysanthèmes, il va devoir obtenir 289 sièges sur 577. Mais, au delà d’un seuil arithmétique, c’est un saut qualitatif qui est le véritable enjeu. Emmanuel Macron a brandit un leitmotiv : « de nouveaux usages et de nouveaux visages« .

Emmanuel Macron ne doit pas simplement disposer d’une majorité parlementaire. Le nouveau président doit créer une force politique nouvelle, à la hauteur de sa promesse de renouvellement.

Une trahison de cette ambition entamerait (sérieusement) la capital politique d’Emmanuel Macron. De plus, Emmanuel Macron accède à l’Elysée grâce à un front républicain. Un front moins important que celui dont a bénéficié Jacques Chirac en 2002. Mais de nombreux électeurs ont voté Macron pour barrer la route à Marine Le Pen. Dans ce contexte, une trahison de l’ambition d’un nouveau « monde » pourrait coûter cher dans les urnes.

48 heures avant le 2nd tour, Emmanuel Macron a envoyé un signal troublant.

Des candidats à double étiquette ?

Vendredi 5 mai, le candidat est revenu sur un principe : pas de double étiquette pour les candidats aux législatives. Avant ce revirement, Emmanuel Macron affirmait : « candidat En Marche !, membre du PS ou de LR, il faut choisir« .

En clair, Manuel Valls peut être candidat aux législatives tout en conservant son étiquette PS.

En Occitanie, tous les regards sont tournés vers le Tarn-et-Garonne. Sylvia Pinel peut-elle rester présidente du PRG et porter les couleurs de la Majorité Présidentielle d’Emmanuel Macron.

La liste des investitures doit être divulguée dans les prochains jours. Sur le plateau de France 2, Gérard Collomb a évoqué, ce dimanche 7 mai, la date du lundi 8 mai.

Il faudra éplucher la liste des candidats et examiner les profils. Combien de nouvelles têtes ? Emmanuel Macron a fixé lui-même l’objectif : 50% de nouveaux venus.

Mais il sera également intéressant de voir si certaines circonscriptions ne sont pas « réservées » à des alliés.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

 

05 Mai

Législatives : le parti du vote blanc aura un candidat en Haute-Garonne

Le vote « blanc » pour combattre le vote par défaut. C’est l’idée que défend un Muretain dont il portera les couleurs (sic) aux législatives de juin prochain.

Photo : MaxPPP

Photo : MaxPPP

« Je vote pour Macron pour éviter Le Pen« . A 48 heures du second tour de la présidentielle, la phrase revient en boucle dans les journaux télévisés, sur les marchés et au coin de la machine à café. Des électeurs vont glisser un bulletin dans l’urne uniquement pour barrer la route au Front National. Les sondages chiffrent cette tendance : entre 41 et 52 % des électeurs ont voté par défaut lors du 1er tour de la présidentielle.

Pour éviter ce type de scénario, un jeune retraité de Muret propose une solution. A partir d’un certain seuil, les votes blancs doivent conduire à une annulation de l’élection. Depuis la loi du 21 février 2014, les votes blancs sont comptabilisés. Mais leur nombre est sans impact sur le scrutin.

Une vague « blanche » traduit (forcément) un vrai malaise politique. Des électeurs se déplacent et refusent de choisir entre les candidats en compétition. Le signal est clair : aucune personnalité ne fait consensus et tous les compétiteurs sont renvoyés dos à dos. Mais, même « mal élu », un concurrent sort tout de même des urnes. C’est ce schéma que Michel Koehl veut changer. Le dispositif existe en Colombie, une majorité absolue de votes blancs entraîne l’annulation de l’élection. Michel Koehl veut transposer en France la formule.

Son initiative est liée au mouvement « citoyens pour un vote blanc ». Ce parti a essayé de présenter un candidat à la présidentielle et s’est heurté au barrage des 500 parrainages. Les législatives 2017 sont l’occasion d’une séance de rattrapage. Michel Koehl sera candidat sur la 10ème circonscription de la Haute-Garonne. Il précise le sens de sa démarche :

A 71 ans, je n’ai aucune ambition. Il s’agit simplement de porter une idée.

Michel Koel ne brigue pas un siège à l’Assemblée Nationale. Il ne veut être pas l’élu des votes blancs. Le Murétain souhaite uniquement drainer des suffrages pour faire entendre sa voix.

Laurent Dubois (@laurentdub)

04 Mai

Législatives : vers une rupture entre le PC et la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon

Le Parti Communiste et la France Insoumise ne vont pas signer d’accord électoral pour les législatives.

Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent. Photo : MaxPPP

Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent. Photo : MaxPPP

L’annonce doit tomber dans les prochains jours. Selon nos informations, un accord « PCF- France Insoumise » pour les législatives ne sera pas signé. Ce mardi 2 mai, le secrétaire national du parti communiste a  réaffirmé son souhait de candidatures communes. Mais, une source proche de Jean-Luc Mélenchon, affirme qu’aucun accord n’interviendra. Il portait sur une trentaine de circonscriptions. Un communiqué de presse doit officialiser la fin de longues et chaotiques négociations.

Les résultats du 1er tour de la présidentielle ont pesé dans la balance. Grâce à son score national (19,3%) et d’excellents résultats dans des métropoles (notamment Toulouse et Montpellier), Jean-Luc Mélenchon était en position de force. Mais le verdict des urnes a également accru le fossé entre communistes et mélenchonistes.

Le PCF a donné une consigne de vote : faire barrage à Marine Le Pen. Jean-Luc Mélenchon s’est contenté de lancer une consultation auprès des adhérents de la France Insoumise.

Contacté par France 3 Occitanie, le représentant du PC en Haute-Garonne n’a pas encore été informé du refus d’un accord national. Mais Pierre Lacaze prend acte et annonce des initiatives locales :

Un accord serait utile pour profiter de la dynamique de la présidentielle. Sur le terrain nous sommes bien accueilli par les adhérents de la France Insoumise. Beaucoup partagent notre ligne sur le vote anti-Le Pen. Il y aura des initiatives locales et je pense que l’on pourra se retrouver autour de candidats.

Du côté de la France Insoumise, la tonalité est plus incisive. Jean-Christophe Sellin déclare :

On nous propose juste de la tambouille. Il n’est pas question de rééditer ce que nous avons fait en 2012. Ce qui fait la France Insoumise, c’est le programme. Il ne s’agit pas de faire des campagnes différentes sous la même bannière.

Visiblement, ces états d’âmes ne sont plus d’actualité. Un indice ne trompe pas. La France Insoumise menace de poursuite judiciaire les communistes qui utilisent l’image de Jean-Luc Mélenchon.

La mise au point est l’amorce d’un point final entre communistes et les « mélenchonistes ».

Il ne reste plus qu’à attendre l’annonce officielle.

C’est juste une question de temps.

Laurent Dubois (@laurentdub)