20 Juin

Un autre regard sur Jaurès

En cette année commémorative du centenaire de l’assassinat du Grand Homme politique, une exposition photo confronte  l’image du tribun à notre mémoire collective. Et pour renforcer la symbolique, l’évènement est installé sur ses terres tarnaises.

 

Copyright Donatien Rousseau

Copyright Donatien Rousseau

La Verrerie Ouvrière d’Albi, des collèges, des statues, bustes et places, au-delà, que reste-t-il de Jaurès ? Nous nous sommes déjà posés la question sur notre plateau de « La Voix est Libre ». Mais Donatien Rousseau amène à cette question une perspective imaginaire et poétique. Superposant des images actuelles et passées, le photographe tarnais donne ici une vision inédite du tribun.

 Comme cette surimpression de la plaque commémorative du buste de Jaurès au jardin national à Albi et d’une photographie de Jaurès peu de temps avant sa mort.

 

Copyright Donatien Rousseau

Copyright Donatien Rousseau

L’ombre de Jaurès plane plus que jamais sur des socialistes au pouvoir mais divisés et en pleine interrogation sur leur ligne politique. C’est donc avec d’autant plus de force que cette exposition donne matière à réflexion pour les visiteurs mais aussi pour ceux qui sont aujourd’hui dans l’objectif de la vie publique.

 Patrick Noviello

Exposition « Un autre regard sur Jaurès » de Donatien Rousseau : juillet, août, septembre et jusqu’au 3 octobre, Archives Départementales du Tarn, 1 avenue de la Verrerie, Albi.

 

13 Juin

Cheminots, intermittents : borderline ?

Ce matin, Frédéric Cuvillier l’admet : la première journée du Bac pourrait être « menacée » par la grève des cheminots. A cette annonce, difficile pour les lycéens et leurs parents, de rester philosophes (ça tombe mal c’est la première matière  au programme…). « Les grèves, c’est le seul moment où la SNCF parle d’usagers et non de clients » scandait hier dans le Grand Soir 3 un leader de la CGT. Pas sûr que ça console les clients, oups les usagers, restés à quai.

Eux ont eu droit à un service presque normal et gratuit après une première soirée annulée. Les spectateurs de Rio Loco ont enfin pu faire la fête hier soir à Toulouse, Prairie des Filtres, entre deux annonces sur le conflit des intermittents. Des intermittents qui disent avoir tout tenté pour éviter le blocage (manifestation, occupation du siège du PS, de la direction régionale du travail, etc…) mais doivent aujourd’hui « se faire mal » comme ils le reconnaissent, autrement dit saborder leur propre travail.

Et celui qui écrit ce billet d’humeur sait de quoi ils parlent. Voilà trois semaines, il a eu droit, en raison d’une grève, à l’annulation au dernier moment d’une émission. Sans oublier les invités qui avaient fait des kilomètres pour y participer  voire posé un jour de congé. Et ce triste spectacle pourrait être joué encore plusieurs fois dans les studios télé ou dans les festivals cet été.

Loin de moi l’idée de critiquer les revendications ou la justification de ces conflits sociaux. Le droit de grève est sacré et respecté en France, surtout dans cette année du centième anniversaire de la mort de Jaurès. Ce droit a été gagné de haute lutte et c’est justement pour cela que nous, médias, le traitons avec autant d’acuité.

Cependant l’humeur française est plus sensible que jamais dans cette période où l’emploi bat de l’aile. Un emploi de plus en plus dur à conquérir voire à conserver. Un travail qui ne doit pas être négocié au rabais à l’heure où il est plus cher que jamais à chacun d’entre nous.

En visite en Andorre ce matin, François Hollande s’est adressé aux cheminots : « Maintenant, la réforme doit être présentée au Parlement et elle doit être votée et à un moment, et le moment est arrivé, un mouvement doit s’arrêter, ça ne veut pas dire que le dialogue ne puisse pas continuer. »

Dialoguer plutôt que bloquer, au risque de peser moins dans les négociations ? C’est l’éternelle question qui trotte dans la tête des syndicats. « S’ils font grève, c’est qu’ils doivent avoir des raisons » répliquent souvent les passants interrogés. Politesse de façade ou réelle empathie ? Les mouvements longs ont souvent tendance à durcir les positions. A bon entendeur.

Patrick Noviello

12 Juin

Futures régions : à la carte ?

A priori tous les élus n’ont pas la même lecture de la refonte des régions. D’un côté un Martin Malvy qui se réjouit dans « Le Point » d’avoir « enfin un projet de simplification ». De l’autre un Christian Bourquin qui fulmine et dit « défendre sa terre ».

« Malvy veut le magot ». Christian Bourquin, le président de Languedoc-Roussillon n’y va pas par quatre chemins dans son entretien accordé à Midi Libre mercredi. A le lire, on se dit qu’avant de marier ces deux là, beaucoup d’eau aura coulé dans le Canal du Midi. « Il n’y a pas d’absorption d’une région par une autre, mais un nouveau dessin des régions » lui répond son homologue midi-pyrénéen.

Martin Malvy

Martin Malvy

« Par un jeu de construction, il s’agit de constituer dans le Sud-Ouest européen un quatrième bloc de six millions d’habitants face à Paca, Rhône-Alpes et notre voisin espagnol, la Catalogne » explique un Malvy qui se veut pédagogue. A priori Bourquin ne veut pas participer à ce jeu. « Qu’il fusionne avec l’Aquitaine » lui rétorque l’élu languedocien qui s’est déjà déclaré « humilié » de ne pas avoir été prévenu des projets de Hollande pour sa région.

« Moi non plus je n’ai pas été consulté, poursuit Martin Malvy dans Le Point. On peut effectivement déplorer qu’il n’y ait pas eu concertation. Mais si cela avait été le cas, combien d’années aurait-elle duré ? ». C’est en substance ce que nous confiait Jean-Pierre Bel en disant « qu’à un moment il faut trancher » (voir interview ci-dessous). Donc si la fusion des deux régions semble inéluctable, quelle cité en sera la capitale.

Malvy pense naturellement à Toulouse, d’autant que du côté de Montpellier la résistance ne semble pas s’organiser. Et Christian Bourquin d’habiller également pour l’hiver le maire DVG de la capitale héraultaise, Philippe Saurel, en lui reprochant de ne pas défendre la candidature de sa ville : « c’est une faute politique grave ! »

Christian Bourquin

Christian Bourquin

Et tout ça pour quoi ? Martin Malvy reconnait qu’il n’est pas convaincu qu’il y aura beaucoup d’économie à la clé du moins dans l’immédiat, mais qu’ « on gagnera en efficacité ». Quant à la simplification, il va d’abord falloir que les électeurs de cette future éventuelle grande région prennent leurs marques. En attendant, côté Languedoc-Roussillon, on ne lâche pas l’affaire. Christian Bourquin veut réunir l’assemblée régionale dès samedi matin pour une session extraordinaire.

Patrick Noviello

11 Juin

Baptême du feu

 

Assemblée Nationale-MaxPPP

Assemblée Nationale-MaxPPP


Souvenez-vous mesdames et messieurs les parlementaires de votre première fois… Oui votre première question au gouvernement. Emissaire de votre parti politique, de votre groupe ou de vos concitoyens, vous voilà tout à coup debout, face au micro, votre petit papier en main (les questions sont rarement apprises par cœur ou improvisées, d’où souvent le manque de conviction dans le ton).

Ce mercredi Laurence Arribage n’a pas eu un baptême facile. Peu après 15h30 la voilà dans l’hémicycle sur une question d’actualité faisant référence à l’affaire Quentin Fisset. Ce jeune haut-garonnais a été poignardé mortellement dans la nuit du 12 au 13 mai à la sortie d’un bar de nuit toulousain. Trois suspects sont alors écroués et le principal d’entre eux vient d’être relâché pour vice de procédure. La Chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse a laisser passer de 24 heures la date avant laquelle elle devait se prononcer sur une demande de remise en liberté présentée par ses avocats.

La toute fraîche députée de Haute-Garonne effectue donc son baptême du feu en interpellant la Garde des Sceaux sur cette erreur. Un chemin escarpé, celui qui mène de l’actualité et des pages Faits Divers à la volonté d’en faire une question politique. La voix ne tremble pas, les collègues de l’opposition l’encouragent d’applaudissements, l’examen de passage est apparemment bel et bien passé. L’adjointe au maire de Toulouse en charge des sports vient de remporter le premier round et se rassoit dans les travées.

Mais Christiane Taubira n’est pas du genre à tomber à la première droite (sans rapport avec le bord politique) verbale. Elle place dès l’entame de sa réponse le curseur dans la zone « polémique ». Les bancs de l’opposition grondent et la ministre de la justice enchaîne en argumentant sur le nombre de décisions judiciaires rendues, les réductions d’effectifs et de budget votées sous la précédente majorité de droite et conclue sur ce qu’elle essaie aujourd’hui de relancer avec son projet de loi, notamment l’écoute des victimes.

Mais les victimes justement goûtent-elles de telles joutes ? Peu probable. En tout cas les coups et les parades de la démocratie auront encore été portés cet après-midi. Fougue de la débutante et stratégie de l’expérimentée se seront confrontées. Ainsi va la République.

Patrick Noviello

Pour aller plus loin :
Retrouvez l’intégralité des questions d’actualité sur le site de l’Assemblée Nationale.
Cette semaine « La Voix est Libre » est consacrée à la réforme pénale.

07 Juin

(Exclu) : Réforme des régions volcan en fusion à Europe Ecologie

Pas de trêve en ce week-end de Pentecôte. Depuis l’annonce élyséenne, mardi dernier, d’une fusion des régions, les réactions fusent et les oppositions se diffusent. Pétitions. Déclaration au vitriol du président du Languedoc-Roussillon, Christian Bourquin. Grogne des parlementaires et inquiétude au PS. La publication, ce matin, d’un sondage dans les colonnes de Midi-Libre alimente un nouvel épisode.

Gérard Onesta réagit.  Le vice-président de la Région Midi-Pyrénées est vert d’amertume. L’élue écologiste commente les « 54% » d’opinions défavorables à la réforme. Il a envoyé une lettre interne à ses militants que « Midi-Pyrénées Politiques » publie ci-dessous. Une lettre sans concession écrite par un régionaliste convaincu.

 Il est intéressant de constater que les proportions de soutiens et d’opposants à la réforme territoriale ont été inversées depuis l’annonce présidentielle.

Jusqu’ici, la réforme était – selon les instituts sondagiers – soutenue par environ 55% de la population.

Aucune majorité ne semble se dessiner non plus pour voter cette réforme au Sénat.

En plus de l’opposition gourmande de la droite et du blocage PRG et PC, nombre de sénateurs socialistes annoncent leur défiance.

À titre d’exemple, les sénateurs PS de Haute Garonne (sortants / sortis ?) auraient déjà dit leur opposition.

Et je n’ai aucun idée claire de ce que vont faire les élu(e)s de EELV dans la Haute Assemblée…

Tout cela conforte le sentiment que j’ai largement exprimé dans les médias depuis lundi : on aurait voulu planter cette – pourtant indispensable – réforme qu’on ne s’y serait pas pris autrement :

Carte globalement débile, concertation nulle, montage institutionnel bricolé, compétences inabouties, architecture territoriale irréfléchie, moyens totalement oubliés, calendrier intenable…

 Il convient dès lors de se demander si l’étrange accélération du tempo par l’Élysée ne cache pas en fait une double option tactique :

 – Première option : ça passe en force, et Hollande peut en tirer quelques profits politiques sur le thème « vous voyez que j’ai de l’autorité et que je suis finalement un réformateur » ;

– Deuxième option : ça capote, et Hollande peut en tirer prétexte pour dissoudre et donner les clefs du camion à la droite qui aura deux ans et demi pour se carboniser aux affaires… et permettre à l’actuel locataire élyséen de se refaire une virginité (mécanisme qui a fait ses preuves sous la Vème République).

 Dans les deux cas, Hollande doit avoir le résultat d’ici la fin de l’année pour avoir ensuite suffisamment de temps pour en tirer éventuellement profit.

 Bon weekend.

Gérard

 

B. Micouleau : « je suis candidate pour porter la voix des toulousains au Sénat »

1983-2014. Depuis plus de trente ans, Brigitte Micouleau arpente la vie municipale. Simple militante, maire de quartier et actuellement adjointe de Jean-Luc Moudenc, l’élue de la ville Rose a connu les mandats de Dominique Baudis et Philippe Douste-Blazy. Pour « Midi-Pyrénées Politiques » Brigitte Micouleau précise les grandes lignes de sa délégation consacrée aux séniors. Elle évoque également sa candidature aux sénatoriales de septembre prochain.

Brigitte Micouleau. Adjointe au maire de Jean-Luc Moudenc. Photo : L.Dubois/France3MidiPyrénées

Brigitte Micouleau. Maire-adjointe de Toulouse Photo : L.Dubois/France3MidiPyrénées

-Quelle va être votre politique à destination des séniors ?

Brigitte Micouleau. C’est la simple application du programme de Jean-Luc Moudenc. Le maire a promis le maintien de la gratuité des transports. Je vais travailler ce dossier. De même, Jean-Luc Moudenc, pendant la campagne, a promis la création de restaurants seniors dans de nombreux quartiers et la création de maisons de retraites ou autres dans les quartiers toulousains en partenariat avec le CCAS (Centre Communal d’Action Sociale). Je vais m’atteler à ce chantier essentiel car il permet de maintenir la proximité entre les familles. Les enfants pourront voir plus facilement leurs parents et grands-parents s’ils restent dans le même quartier.

La nouvelle municipalité renonce à certains projets et annonce des arbitrages en raison de difficultés financières. Le domaine des séniors va-t-il subir des coupes budgétaires ?

-Brigitte Micouleau. Nous sommes tous obligés de faire des efforts et des économies.

Vous avez six ans pour vous occuper des séniors. Mais, avant la fin de ce mandat, il y a un rendez-vous électoral : les sénatoriales. Serez-vous candidate en septembre prochain ?

-Brigitte Micouleau. Je suis candidate à la candidature pour représenter Toulouse au Sénat. Avec Laurence Arribagé (nouvelle députée de la 3eme circonscription et adjointe de Jean-Luc Moudenc) à l’Assemblée Nationale et éventuellement moi au Sénat il s’agit de porter la voix des toulousains à Paris. L’investiture n’est pas encore donnée. Elle devrait intervenir au courant du mois de juin. Je reste très prudente. Je serai ravi de pouvoir être sur la liste d’Alain Chatillon (maire de Revel et actuel sénateur de la Haute-Garonne).

Propos recueillis par Laurent Dubois

05 Juin

Jean-Pierre Bel sur la réforme territoriale : « On a simplifié »

AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK

AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK

Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon, est-ce le bon mariage selon vous ?

Jean-Pierre Bel : Sur ce point précis, je vais dans le sens de Martin Malvy pour dire oui. Souvenons-nous que Midi-Pyrénées est en position centrale, tournée soit vers l’Atlantique, soit vers la Méditerranée. Alors que j’habitais près du Stadium, j’ai trop de souvenirs d’enfance de concurrence entre Bordeaux et Toulouse. Plus sérieusement, le meilleur choix est évidemment celui de l’Occitanie, midi-pyrénéenne et languedocienne. Et puis n’oublions pas que les catalans sont nos cousins. Les échanges économiques fonctionnent également bien entre ces deux régions. Tout est naturel là-dedans. Il valait d’ailleurs mieux associer une région à une autre plutôt que de disséquer département par département. Même si là encore je me souviens très clairement de l’appel de Raymond Courrière alors président du Conseil Général de l’Aude qui avait demandé en son temps le rattachement de son département à Midi-Pyrénées.

A un moment, il faut trancher ! 

Des voix se sont élevées pour qualifier la méthode Hollande de « brutale » sur ce dossier, sans coordination avec les élus locaux. Vous qui les représentez, trouvez-vous ce jugement étayé ?

J-P.Bel : Ce débat est très ancien. Il y a eu le rapport Mauroy, la commission Balladur. On peut discuter ad vitam aeternam, mais à un moment il faut trancher. Et puis Manuel Valls, lui-même, l’a dit : « ce n’est pas figé ». Donc pas d’inquiétude. Et puis le débat parlementaire est à venir.

Justement toujours au sujet de la consultation des élus, les Etats généraux de la Démocratie Territoriale que vous aviez impulsés ont-ils servi à nourrir la réflexion sur cette nouvelle carte de France et la réforme dans son ensemble ?

J-P.Bel : Sur la taille des régions tout d’abord, que nous avions souhaité plus adaptées par rapport à nos voisins étrangers, la Catalogne notamment. Ces états généraux ont duré plusieurs mois, mobilisé et consulté des milliers d’élus. Leur compte-rendu est à disposition. Nos préconisations sur le statut de l’élu et sur la simplification administrative ont également été approuvées. Et puis que les départements soient rassurés et qu’il n’y ait plus d’ambigüité. Oui on veut supprimer les Conseils Généraux, mais on ne supprimera pas les départements. On restera toujours ariégeois, gersois ou lotois. On va simplifier le mode de gouvernance.

La fin des conseils généraux, pas des départements 

Comment ?

J-P.Bel : Les prochaines élections aux conseils départementaux se feront selon les lois en vigueur. Mais après une clarification des compétences, il faudra s’orienter vers autre chose, un conseil départemental des intercommunalités. C’est d’ailleurs ce que dit André Vallini, le secrétaire d’Etat à la réforme territoriale. Il n’y aura ensuite plus d’élection départementale et donc une strate en moins.

Les deux premiers volets de cette réforme territoriale (découpage régional et loi électorale) vont être discutés en session extraordinaire en juillet au Sénat. Comment envisagez-vous ce débat ? Tendu ?

J-P.Bel : Je ne vois pas quelle raison on aurait de s’opposer à une telle réforme. Son objectif est l’efficacité des politiques publiques pour relancer l’économie et l’emploi. Moi je suis d’un département économiquement sinistré (NDLR : l’Ariège). Ce qui intéresse les gens là-bas, c’est « est-ce que je vais garder mon travail ? » ou « est-ce que je vais en retrouver un ?». Et je crois que c’est la seule question qui compte aujourd’hui.

Propos recueillis par Patrick Noviello

Fusion des régions, un sénateur PS prévient : « la proposition Hollande va passer au tamis »

Quel nom pour la nouvelle région ? Quelle ville va remporter le titre envié de capitale régionale ? Toulouse ou Montpellier ? Mardi dernier, François Hollande a annoncé une fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Depuis c’est l’emballement. La presse s’empresse de consulter les midi-pyrénéens. Ils sont priés de faire jouer leur imagination. Dans les colonnes des journaux, c’est un concours Lépine. Occitanie ? Grand Sud ? Les futurs habitants de la future super-région sont prolixes. Un sénateur haut-garonnais rappelle une évidence. Tout cela est largement prématuré. François Hollande a fait une simple proposition. Le Parlement a désormais le dossier entre les mains. Le destin, le dessin d’une région allant de Nogaro à Nîmes passe par le vote d’une loi. Une loi qui va être discutée, en première lecture, au Sénat fin juin. Le sénateur Mirassou pronostique un débat rude. Pour le parlementaire midi pyrénéen, ce n’est que « le début du commencement ».

-Manuel Valls estime avoir le soutien d’une majorité pour voter la réforme des régions. Vous partagez ce sentiment ? Pensez vous que les parlementaires vont voter le projet défendu par François Hollande ?

-Jean-Jacques Mirassou. Il y aura forcément un débat. Le mot est faible. Tout est encore ouvert. La proposition de François Hollande va devoir passer au tamis du Sénat et de l’Assemblée Nationale. Le débat va prendre du temps. On ne pourra pas l’expédier. J’aimerai notamment que l’on m’explique en quoi cette réforme est un mieux. Il ne faut pas présenter les länder allemands et les régions espagnoles comme un totem ou un mirage. L’histoire d’un pays n’est pas celle d’un autre.

-François Hollande accélère un projet de réforme qui traine dans les cartons depuis des années. Que pensez-vous de cette accélération ?

-Jean-Jacques Mirassou. J’ai peur que cette précipitation ne cherche à s’adresser à une opinion publique à laquelle on a mis dans la tête que les élus coûtent chers.

-En septembre prochain, des élections sénatoriales sont prévues. Existe-t-il un risque de télescopage entre le calendrier législatif et le calendrier électoral ?

-Jean-Jacques Mirassou. Le gouvernement s’est engagé à ne pas utiliser une « procédure accélérée ». J’imagine mal qu’il revienne sur cette promesse. Des sénateurs qui vont plancher cet été sur la réforme régionale ne seront donc plus là pour la voter l’automne prochain. A titre personnel, je souhaite évidemment être réélu et pouvoir suivre de bout en bout le dossier des régions.

-Le président de la région Languedoc-Roussillon est opposé à une fusion avec sa voisine midi-pyrénéenne. Cette résistance peut elle influencer le débat sénatorial ?

-Jean-Jacques Mirassou. L’actuel président de Languedoc-Roussillon (Christian Bourquin) est profondément hostile au projet de fusion et il est sénateur. J’imagine qu’il va vouloir faire entendre sa voix. Il va mobiliser ses réseaux. Mais il y a aussi des sénateurs midi-pyrénéens et, comme moi, ils ne sont pas hostiles à ce que Midi-Pyrénées se retrouve avec une façade méditerranéenne. Même si il y avait des raisons de se tourner également vers l’Aquitaine. Il existe notamment de nombreux pôles de compétitivité avec nos voisins aquitains.

Propos recueillis par Laurent Dubois

04 Juin

Du Comminges au gouvernement

Carole Delga répond à France3 Midi-Pyrénées avant son intervention au Sénat de cet après-midi

Carole Delga répond à France3 Midi-Pyrénées avant son intervention au Sénat de cet après-midi

Nommée hier en remplacement de Valérie Fourneyron, souffrante, Carole Delga devient à 42 ans secrétaire d’état en charge du commerce de l’artisanat et de la consommation. La députée du Comminges confirme ainsi un parcours clair en politique et la reconnaissance de compétences acquises sur le terrain en Midi-Pyrénées.

« Mon nom avait déjà circulé en avril dernier au moment du remaniement » reconnait-elle. Mais elle n’y avait pas cru : manque de « réseaux parisiens », s’estimant moins armée ou légitime que d’autres « profils plus expérimentés ». Les ennuis de santé de Valérie Fourneyron ont donc forcé son destin. Hier en pleine séance de l’assemblée nationale, un « 01 » s’affiche sur son portable. « Comme il sonnait plusieurs fois, je me suis décidée à sortir de l’hémicycle et à répondre » confie-t-elle. Il y a des appels qu’il vaut mieux ne pas laisser en absence, au bout du fil : l’Elysée et François Hollande.

Non au cumul mais…

« Je suis évidement ravie qu’on ait pu penser à moi » avoue cette modeste qui se reconnait toutefois des compétences sur les secteurs où elle va devoir intervenir. « Le commerce, j’avais déjà beaucoup travaillé dessus à l’Assemblée au moment du débat sur travail du dimanche » (NDR : elle avait voté contre). Les Chambres de métiers, elle les a également côtoyé en tant que maire de Martres-Tolosane ou encore lorsqu’elle était à la Région.

Un mandat régional qu’elle abandonne pour ne pas cumuler. Au moment du vote de la loi, elle demande toutefois qu’une exception soit faite pour les maires de communes rurales comme elle. Une ruralité qui la passionne mais qui ne l’éloigne pas non plus des problématiques urbaines.
Pour elle un territoire fragile n’est pas forcément perdu dans la campagne, il peut aussi se retrouver au cœur de la ville, d’un quartier. C’est en substance ce que dira son rapport sur le maintien des services publics qu’elle rendra à Cécile Duflot alors ministre de l’égalité des territoires. Première incursion dans les arcanes du gouvernement pour elle.

Agenda chargé

Depuis hier, la vitesse supérieure est passée. Si, ce matin, elle lance aux côtés de Montebourg et Stéphane le Foll, la fête de la gastronomie, le plat de résistance est pour cet après-midi. Elle présentera devant le Sénat le projet de loi sur l’économie sociale et solidaire, un domaine qu’elle maîtrise moins même si elle a déjà eu à l’aborder, là encore lors de son mandat régional.
Elle sait que ses premières semaines en poste seront décisives : « décrets d’application de la loi sur la consommation, loi PME d’ici fin juin, réception d’un rapport sur les taxis et enfin, le statut de micro-entrepreneur au sénat jeudi, les priorités ne vont pas manquer ».

Patrick Noviello

Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon : castagne au menu

Les fourchettes se mettent à gauche. Les couteaux se placent à droite. Les voitures françaises roulent en sens inverse des véhicules anglais. Le Coca-Cola ne se mélange pas avec le foie gras. Dans la vie, il existe des principes sacrés. Ils sont immuables et incontournables. La liste de ces dogmes intangibles contient désormais un précepte politique.

Tous les citoyens de France et de Navarre, tous les albigeois, montalbanais et tarbais sont priés de partager une conviction : point de salut en dehors de grandes régions. Pas de croyance sans pratiquant. La présidence de la République a donc décidé de graver cette belle conviction dans les faits.

Mardi dernier, François Hollande a annoncé une réforme territoriale. A coup de ciseau, il propose de retailler la carte régionale. Midi-Pyrénées se retrouve avec une façade méditerranéenne. Le tracé de la nouvelle région s’étend des plaines gersoises jusqu’aux plages montpelliéraines.

Motif de cette fusion-acquisition entre Toulouse et Nîmes : les kilomètres carrés. Les cerveaux surpuissants de l’Elysée le disent. C’est donc forcément pertinent. La France souffre de régions trop petites. Elles ne sont pas de dimension européenne. Pour trouver le chemin de l’Emploi et de la Croissance économique une seule solution : de l’espace.

Des mauvais esprits peuvent toujours rappeler que des länder allemands et des régions espagnoles sont plus petits que l’actuelle Midi-Pyrénées. Cela ne les empêche pas de lutter efficacement contre le chômage et de faire décoller les carnets de commandes des entreprises. Des langues perfides sont même capables de souligner une évidence. L’attractivité et les performances des territoires sont liées à la législation fiscale et sociale. De l’autre côté du Rhin, l’empire BMW repose sur l’utilisation intensive de travailleurs de l’Est. L’absence de smic et la souplesse des licenciements ne sont pas des données géographiques. D’ailleurs, il n’est pas évident que ce genre d’exemple fasse rêver les midi-pyrénéens et les lorrains. Mais peu importe.

Le mouvement est une vertu absolue. Les cyclistes le savent bien. Il suffit d’arrêter de pédaler pour « manger » du gravier. La Réforme c’est l’Alpe d’Huez des présidents. Touché à la carte de France, retoucher les régions est une épreuve noble. Elle est censée conférer l’aura des grimpeurs.

Mais François Hollande pédale plutôt dans la « choucroute ». Les alsaciens peuvent apprécier cet hommage à une spéciale locale. En revanche, pour les mangeurs de cassoulet, la recette n’est pas vraiment appétissante. Pas de critère convaincant. Les ciseaux passent et l’intelligibilité trépasse.

Pourquoi l’Aquitaine reste seule ? Pourquoi le Pays de Loire ne rejoint pas son port d’attache naturel, la Bretagne ? Pourquoi ne pas avoir choisi une approche plus fine ? On sait bien que Millau est tournée vers Montpellier et une partie de Gers vers l’Aquitaine.

Les raisons de ce brouillard sont limpides. La grosse voix d’un président de Région ou les intérêts d’un ancien premier ministre expliquent des choix incompréhensibles. La « Réforme » ressemble à une motion de synthèse d’un Congrès socialiste. Une mauvaise synthèse. De nombreux élus PS sont furieux et sortent les fourches.

L’annonce faite par François Hollande n’est que le début du commencement. Les albigeois ne sont pas encore sous le même toit que les nîmois. La découpe des régions suppose une loi. L’Assemblée et le Sénat (qui probablement va (re)basculer à droite en septembre prochain) vont entrer dans la danse. Ca va swinguer. François Hollande va gouter à un plat typiquement toulousain : la castagne.

Laurent Dubois