10 Mai

Comment j’ai (enfin) réussi à voter pour le nom de la région

Exprimer son opinion est parfois un combat. Que ce soit pour voter lors d’une élection politique ou à l’assemblée générale du club de pétanque de son village, il faut se mobiliser, se déplacer, s’impliquer. Cela ne se fait pas tout seul et c’est tant mieux. L’acte citoyen doit être mobilisateur. Se rendre dans les bureaux de vote et donner de la « voix » nécessite de s’impliquer un minimum.

Pour participer à la consultation organisée par la région pour lui donner un nouveau nom, c’est un peu pareil. A quelques différences près.

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Le « scrutin » a été ouvert sur internet lundi 9 mai à 11 heures. Quelques heures plus tard, il était devenu impossible d’y accéder. Officiellement, les serveurs informatiques de la région étaient en surchauffe. Trop de votants au même moment. Ah, combien ?  Des dizaines de milliers ? Plusieurs centaines de milliers ?  Un million ? Non. Environ 6000 personnes avaient réussi à franchir toutes les étapes informatiques avant de se connecter ! Et encore, selon la Région, seuls 2/3 étaient allés jusqu’à l’ultime étape du vote !

Revenez plus tard ! »

Trop de monde en même temps et voilà que je pouvais plus donner mon avis sur la question. J’ai eu beau essayer sur différents ordinateurs, à différents horaires, la réponse était la même : revenez plus tard.

Comme je suis quelqu’un d’assez discipliné, j’ai donc attendu, laissé passer la nuit et retenté ma chance ce mardi matin. Et pas pour rien !

Ce mardi à 8h26 précisément, j’ai donc enfin réussi à répondre à la consultation. C’est une évidence, le parcours, même lorsque les serveurs informatiques de la région répondent, est un peu fastidieux.

J’ai prouvé que je n’étais pas un robot en sélectionnant des images de plats de pâtes ! »

Car avant de pouvoir voter, il faut s’inscrire : nom, prénom, adresse mail valide. Puis prouver que l’on est pas un robot (SIC), en choisissant parmi des photos celles représentant des pelouses, des rivières ou des plats de nouilles (non, je ne plaisante pas !).

Une fois cette étape d’identification franchie, il est impératif d’avoir mon téléphone portable à proximité et de garder une main sur ma boîte aux lettres électronique. Car il me faut alors donner mon numéro de portable pour recevoir par texto un code de validation qu’il faut ensuite rentrer sur le site. Terminé ? Pas encore ! Cette fois, il me faut cliquer sur le lien que le logiciel a envoyé dans ma boîte mail pour valider mon adresse électronique.

Allez je vote !

Je valide, une petite goutte de sueur sur le front, en espérant que les serveurs de la région ne vont pas lâcher à cet instant ! »

Là, épuisé mais content, je peux enfin saisir avec ma souris les 5 noms proposés dans la colonne de gauche et les faire glisser dans celle de droite dans l’ordre de préférence. Puis je valide, une petite goutte de sueur sur le front, en espérant que les serveurs de la région ne vont pas lâcher à cet instant !

Terminé ? Ah non, il y a (encore) une étape à franchir : remplir un nouveau questionnaire d’identité, en choisissant mon nom ou pseudo qui va apparaître sur le site (on peut aussi choisir de voter anonymement en cochant une case supplémentaire), la ville où je me trouve et mon département parmi les 13 de la région.

Derrière ces multiples barrières et étapes, un intérêt légitime : éviter les fraudes et assurer la sincérité de la consultation ».

Ça y est, c’est fait. D’après le décompte du site, à 8h26 ce mardi, on était 9 000 à l’avoir fait. Avec mes 8999 comparses, on souhaite bon courage aux autres. On peut cependant comprendre les initiateurs du système, qui derrière ces multiples barrières et étapes, ont un intérêt légitime : éviter les fraudes et assurer la sincérité de la consultation.

Mais je vous le disais : exprimer son opinion est parfois un combat.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

09 Mai

Primaire à droite et publication des parrainages : une transparence relative

Cette semaine la caravane des primaires à droite reprend dans la région. Après une pause d’une semaine et le tir groupé « NKM-Copé » (les 25 et 27 avril), François Fillon sera dans la ville Rose le 12 mai prochain. Mais une actualité « parisienne » alimente les conversations de certains cadres et de militants de la fédération LR31. Jean-François Copé vient d’annoncer qu’il dispose de parrainages pour se lancer dans la course. La liste est déposée auprès de la Haute Autorité des Primaires.

Quels noms se trouve sur la liste ? Laurent Arribagé a confié à des élus et cadres du parti qu’elle serait prête à donner son parrainage. Selon une source, cet affichage (jugé trop ostentatoire) aurait d’ailleurs agacé Jean-Luc Moudenc et « indisposé » des soutiens sarkozystes. Pas évident dans une fédération très « pro-sarko ».

Au delà du cas de Laurence Arribagé et des soutiens de Jean-François Copé, comment va se dérouler la publication des parrainages ?

Réponse par la principale intéressée : la présidente de la Haute Autorité des Primaires. Contactée par France 3 Midi-Pyrénées, Anne Levade précise :

Aucune liste de soutiens d’aucun candidat à la candidature ne sera diffusée par la Haute Autorité avant le 21 septembre, date de publication de la liste des candidats. A cette date, nous rendrons publique une liste de 250 élus tirés au sort parmi lesquels 20 parlementaires pour chaque candidat.

Cette semi-transparence (une publication partielle suite à un tirage à sort) est pour le moins surprenante. Pourquoi ne pas prévoir une publication intégrale et exhaustive des parrainages ? Un vrai soutien ce n’est pas simplement une signature au bas d’un document à en-tête « Les Républicains« . Un vrai soutien est censé battre les estrades médiatiques et militantes. La confidentialité et la discrétion ne sont pas compatible avec une (authentique) campagne électorale. Même s’il s’agit d’une campagne (à taille réduite) tournée vers le « peuple » des sympathisants et militants.

Cette demi-publicité ne se justifie même pas par un gage de liberté. Dans une fédération pro-Juppé, on pourrait comprendre qu’il est difficile de s’afficher quand on est un sarkozyste. Mais la Haute Autorité prévoit un tirage au sort. A moins de piper les dès, aucun nom n’est à l’abri d’une divulgation.

L’argument des économies de papier et de la préservation des forêts ne sont pas non plus recevables.

« LR » ne roule pas sur l’or et compte le moindre de ses euros. Mais, à l’époque de la politique 2.0, une simple mise en ligne suffit pour informer toute la planète média et l’ensemble de militants-sympathisants.

Faute d’explication rationnelle, il reste un seul constat à formuler : étrange.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Un deuxième député PS refuse de voter la loi El-Khomri

Semaine décisive pour la loi El-Khomri. Les débats reprennent ce lundi 9 mai, à 16 heures et un vote doit intervenir jeudi. Les députés de la Grande Région remontent sur Paris et un deuxième parlementaire socialiste annonce qu’il votera contre le projet du gouvernement. Après le gersois Philippe Martin la semaine dernière, c’est au tour de l’Audois Jean-Claude Perez.

Assemblée Nationale - Paris

Assemblée Nationale -Paris

Le brouillard est épais. Mais l’écueil est clairement identifié. Le gouvernement ignore si la loi El-Khomri pourra être votée. En revanche, Manuel Valls sait parfaitement ce qui bloque et menace d’engloutir la réforme du travail. Il s’agit de l’article 2 sur les accords d’entreprise. Aubrystes et Frondeurs refusent catégoriquement d’entériner ce nouveau dispositif. Jean-Claude Perez est (comme Philippe Martin) un fabiusien. Néanmoins, il partage le point de vue de la gauche du PS : « Depuis la semaine dernière, je me suis aperçu (ndrl : après le passage en commission des affaires sociales) de deux points durs : la période de licenciement de 6 mois et la hiérarchie des normes ». 

La hiérarchie des normes, c’est précisément le sulfureux article 2 et les accords d’entreprise. Le projet de loi prévoit que les accords concernant l’organisation du travail seront négociés au niveau de chaque entreprise (en relation directe avec le patron) et non plus au niveau des branches (dans lesquelles les syndicats sont plus présents et plus influents).

A l’image de Philippe Martin, Jean-Claude Perez insiste : « Je me suis décidé tout seul, comme un grand et je n’ai besoin de personne. Je ne suis pas un frondeur. J’ai voté 97% des projets de loi ».

Frondeur ou non, l’arithmétique a ses lois. Une (nouvelle) voix de moins c’est une adoption qui devient de plus en plus improbable.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Nom de la Région : « Notre souci, c’est la sincérité de la consultation » selon Gérard Onesta

La consultation, c’est maintenant. Du 9 mai au 10 juin, les habitants de la région vont pouvoir choisir le nom de la nouvelle région. Avec des bulletins « papiers » et sur le web, les « électeurs » vont pouvoir départager les 5 noms en compétition. Le président du bureau de l’assemblée régionale précise le mode d’emploi mais surtout il revient sur les questions qui fâchent. Gérard Onesta répond aux critiques sur le côté « usine à gaz » du vote et sur la place dans le dispositif de la presse de la famille Baylet. Interview.

Gérard Onesta, président du Bureau de l'Assemblée Régionale " Photo AFP

Gérard Onesta, président du Bureau de l’Assemblée Régionale  » Photo AFP

Le Blog Politique. La consultation sur le nouveau nom de la nouvelle Grande Région débute aujourd’hui. Qui peut voter ?

Gérard Onesta. Toute personne de plus de 15 ans habitant notre région ou déclarant y avoir des attaches. Autrement dit, tous les jeunes de plus 15 ans plus les électeurs inscris sur les listes électorales plus tous ce que nous appelons les visiteurs, cela va de l’ingénieur allemand d’Airbus jusqu’à l’Africain qui trime durement sur le port de Sète plus la diaspora c’est-à-dire les personnes qui ont quitté la région mais qui conservent des attaches familiales ou affectives.

Le Blog Politique. Que répondez-vous aux critiques sur le côté « usine à gaz » de la procédure de vote ? Il y a une part une part de vérité ou c’est un procès d’intention ?

Gérard Onesta. C’est la formule qu’employait la droite au départ. Ce serait simple si on avait prévu aucune contrainte pour assurer la sincérité du vote et si tout le monde pouvait cliquer 400 fois. C’est complexe mais c’est le seul moyen pour être serein. Ce n’est pas quand même pas très compliqué. Pour le vote papier, il suffit de classer les noms de 1 à 5 en cochant des cases et ensuite de mettre dans une enveloppe sans affranchir. Un numéro de  téléphone est demandé pour vérifier qu’une même personne ne vote pas 40 fois, c’est tout. Sur internet, il suffit de remplir un formulaire en indiquant son nom, son prénom, son département d’origine et son numéro de téléphone puis on reçoit un mail de confirmation afin d’être certain que la personne qui s’est inscrite est bien à l’origine du mail. Quelqu’un peut connaître votre adresse mail et l’utiliser. Une fois cette étape passée, je reçois un sms avoir un code pour  valider. Le but est d’éviter qu’une personne utilise 50 portables ou 50 adresses IP.

Le Blog Politique. L’addition des étapes (mail de validation, Sms…) ne va-t-elle pas dissuader les gens de voter ?

Gérard Onesta. Nous préférons moins de votes à un vote qui n’est pas sincère. On veut une vraie consultation citoyenne. Si on voulait faire tourner le compteur, on ne demandait rien et une personne pouvait cliquer 100 fois. Pour le téléphone, il faut un numéro à 10 chiffres, un numéro français. Quand j’entends parler de vote réalisés depuis Barcelone… 4 millions de personnes peuvent essayer de voter, cela ne fera pas 1 suffrage (NDLR : les organisateurs « craignent » une forte mobilisation du vote catalan des deux côtés des Pyrénées).

Le Blog PolitiqueL’opposition vous accuse de faire un cadeau déguisé à Jean-Michel Baylet en achetant de l’espace publicitaire et en insérant des bulletins de vote dans les journaux du ministre de François Hollande. Que répondez-vous à cette accusation ?

Gérard Onesta. Notre souci a été d’éviter une fracture numérique. 90% des habitants de la région sont connectés et disposent d’un ordinateur ou d’une tablette mais on n’a pas voulu laisser de côté 10% de la population. Le seul moyen est de prévoir un support papier. Le premier vecteur de distribution ne sera pas la presse de Jean-Michel Baylet mais le journal de la région. Il est distribué dans toutes les boites à lettres. Cela va au-delà de la Dépêche du Midi, de Midi Libre, de l’Indépendant réunis. Et pour les journaux de la presse, nous avons un partenariat avec tous les journaux qui l’ont demandé et parmi les journaux il y a effectivement la presse de Jean-Michel Baylet. On ne va pas exclure un vecteur qui est difficilement contournable uniquement pour éviter une critique.

Le Blog Politique. Combien de votants espérez-vous ? A partir de quel seuil estimez-vous que ce sera un succès ou au contraire un échec ?

Gérard Onesta. A 100 000, c’est un vrai sondage. Au delà de 500 000, c’est un triomphe. Mais, notre premier souci, c’est la sincérité de la consultation. On ne cherche pas uniquement à faire tourner le compteur.

Le Blog Politique. Le vote sur internet ou sur papier, sera-il définitif ? Le gouvernement ou le Conseil d’Etat (qui doit être obligatoirement consulté) peuvent-ils passent outre votre consultation ?

Gérard Onesta. C’est une autre inconnue. Si peu de gens votent, n’importe quel scribouillard du Conseil d’Etat pourra s’asseoir sur la consultation et choisir en dehors de la liste des 5 noms. En revanche, si la consultation est massive qui osera passer outre à Paris ? Si je ne veux pas laisser le choix à d’autres, c’est à moi de choisir.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

07 Mai

Hérault – Le 1er fédéral du PS qualifie les journalistes de BFM de « fachos »

La fusion est vraiment en marche. Du moins au niveau des deux plus grandes fédérations PS de la Grande Région. Le vendredi 6 mai, un militant (et ancien cadre) du PS de Haute-Garonne qualifie le premier ministre, Manuel Valls, de national-socialiste sur les réseaux sociaux. Moins d’un jour après, c’est le 1er fédéral de l’Hérault qui « gratifie » les journalistes de BFM du qualificatif de…fachos.

Raison du « pétage de plomb » : un bandeau indiquant que le nouveau maire de Londres est musulman. Visiblement, le 1er Fédéral de l’Hérault regarde la chaine d’info en continue et la vision de l’inscription « Sadiq Kahn : Londres en passe d’élire son premier maire musulman » le fait sortir de ses gonds.

Hussein Bourgi poste alors sur twitter :

@BFMTV arrêtez de parler de maire musulman. On ne parle pas de vous en disant les journalistes fachos de #BFNTV

 

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Deux dérapages la même semaine, dans la même région et au sein du même parti cela fait beaucoup.

Le parti socialiste est loin d’avoir le monopole des outrances verbales et des débordements. Mais ce n’est pas une raison. Les excès des uns n’excusent pas les délires des autres. Un « détail de l’histoire » lepeniste, « le bruit et l’odeur » d’un Chirac ou « l’homme africain » sarkozyste ne justifient pas les allusions nauséeuses et malsaines au fascisme.  Des allusions nauséeuses et malsaines et pas simplement déplacées.

Bien évidemment, Hussein Bourgi (comme tous les autres téléspectateurs de BFM ou de France 2) peut parfaitement trouver que le fait d’insister sur la religion musulmane du nouveau maire de Londres est déplacé. Un homme ne se réduit jamais à sa religion, à son goût pour les fruits des mers, ses origines géographiques ou ses racines familiales.

Le secrétaire d’Etat en charge des affaires européennes, Harlem Désir a déclaré : « ce n’est pas un maire musulman mais un maire travailliste« . Il est parfaitement possible de défendre ce point de vue et de reprocher à BFM une dérive « communautariste » : un musulman est un musulman avant d’être un maire, un chirurgien ou un pilote d’avion.

En revanche, l’utilisation du mot « fachos » est totalement absurde. Elle est franchement irresponsable s’agissant d’un « responsable » politique.

Les qualificatifs de fascistes ou de national-socialiste renvoient à des réalités historiques et à des pratiques politiques (terriblement) précises : culte et utilisation de la violence, discours belliciste, parti unique…
Un lycéen de seconde est capable de distinguer des fascistes de…journalistes de BFM TV.

Visiblement, ce n’est pas le cas du 1er fédéral de l’une des plus importantes fédérations PS de France.

L’Université d’été de Nantes approche.

Ce rendez-vous annuel de tous les socialistes de l’Hexagone et de l’Outre-Mer est l’occasion de passer de bonnes soirées entre camarades et de participer à des séances de formation. Il est visiblement urgent de prévoir quelques cours d’histoire…élémentaire.

Il n’est pas certain qu’Hussein Bourgi accepte de s’inscrire dans ce séminaire. Il assume totalement :

Sur le fond de mon tweet, je ne retire rien. Je le revendique avec fierté et honneur

 

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

06 Mai

Législatives-Gers : Philippe Martin  » je me prononcerai en septembre »

Un texte peut cacher une élection. Derrière le projet de loi El Khomri se trouve une échéance qui se rapproche de plus en plus : les législatives. Les députés le savent parfaitement et agissent en conséquence. Dans une poignée de mois, ils vont se retrouver devant les électeurs.

Dans une circonscription marquée à gauche ou dans une fédération (socialiste) hostile à la réforme gouvernementale, il est dangereux de voler au secours du projet El Khomri. Dans ce contexte, la sortie publique de Philippe Martin (non je ne voterai pas la loi)  peut-elle s’analyser comme une candidature (implicite) pour les législatives ?

Philippe Martin, ancien ministre et président du département du Gers

Philippe Martin, ancien ministre et président du département du Gers

La fin est programmée. La plus française des spécialités nationales va s’éteindre. Le cumul des mandats doit disparaître en 2017. Le texte a été voté au milieu des grincements des dents et dans la douleur. Mais il a été voté. Le député-président (ou membre) d’un exécutif est une espèce politique en voie de disparition. Député-patron d’un département, d’une ville ou d’une région, il va falloir choisir. Un choix qui s’impose notamment à Philippe Martin. Président du Gers et député de ce même département, l’ancien ministre de l’Ecologie va devoir abandonner une casquette. Et si son choix était le Palais Bourbon et un nouveau mandat parlementaire ?

Dans la perspective des législatives de 2017, une hostilité affichée à la réforme du travail est un bon calcul.

En effet, le positionnement de Philippe Martin est « raccord ». Raccord avec un électorat de gauche qui affirme (à longueur de sondages et de motions dans les « fédés ») son hostilité à la réforme du travail.

Pour Philippe Martin, c’est simple : « j’ai livré ma position car je trouve plus respectueux de dire au gouvernement ce qu’il en ait et sur quelles voix il peut compter. Je n’apprécie pas les gens qui font durer le suspens. J’ai voté 97% des lois du gouvernement. Je ne me transforme pas en frondeur ». Sur les bancs de l’assemblée, Philippe Martin se rapproche d’une figure régionale de la gauche socialiste, le député de l’Hérault Christian Assaf. Néanmoins, le « fabuisien » de souche réfute toute conversion tardive.

S’agissant d’un coup de billard à deux bandes pour préparer les législatives, Philippe Martin est clair : « Je me prononcerai en septembre. Je vais réfléchir et ceux qui disent savoir à ma place et qui le disent se trompent« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

Grande Région-Consultation sur le nouveau nom : combien ça coûte ?

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Du 9 mai au 10 juin prochain, les habitants vont pouvoir voter pour choisir le nom de la nouvelle Grande Région.

5 noms sont en compétition : Languedoc, Languedoc-Pyrénées, Occitanie, Occitanie-Pays Catalan, Pyrénées Méditerranée.

Combien va coûter la campagne de communication et les opérations de vote ? L’Hôtel de Région avance le chiffre de  500 000 euros.

Cette somme globale est prélevée sur le budget communication et se décompose en deux enveloppes :

  • 50 000 euros (10% du montant total) : création et développement du logiciel permettant le vote sur internet (réception d’un mail de validation puis d’un code par sms suite à une inscription sur le site du conseil régional), frais postaux (prise en charge des envois des votants)…
  • 450 000 euros (90% du montant total) : tirage à 2,4 millions d’exemplaires d’un numéro spécial du bulletin du conseil régional, achat d’espaces publicitaires avec une insertion de « bulletins de vote papier » dans la presse hebdomadaire et quotidien régionale, contrat avec la Poste pour le dépouillement des « bulletins papiers ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

Un militant socialiste de Haute-Garonne traite Manuel Valls de « national socialiste »

Des pétitions, des motions, une vague de contestation. Les adversaires du projet de loi El-Khomri se mobilisent tous azimuts et tiennent le haut du pavé. Y compris au sein du camp de François Hollande. Mardi 3 mai, ce sont 5500 courriers électroniques qui sont partis du PS pour demander aux parlementaires socialistes de ne pas voter le texte. C’est surtout la voix des « anti » qui résonne. Mais la fronde est plus globale et une accumulation de griefs (loi Macron, déchéance de nationalité) transforme Manuel Valls en véritable tête de turc. En Haute-Garonne, un militant socialiste traite le premier ministre de…national socialiste et fait un parallèle avec Adolphe Hitler. Une parlementaire est choquée et demande aux instances fédérales de se positionner.

Monique Iborra a envoyé un sms au premier fédéral du PS31, Sébastien Vincini, et au numéro 3 du parti, Christophe Borgel pour demander si une exclusion est envisagée. 

Manuel Valls, premier ministre

Manuel Valls, premier ministre

L’anniversaire des 4 ans de présidence Hollande se déroule dans un climat très particulier. Le gâteau a un goût amer. Il souffle sur les bougies un air de schisme. Le projet de réforme du code du travail divise la famille socialiste. Manuel Valls est au milieu du jeu du quille et concentre les critiques. Mais, pour la députée Iborra, il y a des limites. Sur sa page facebook, un militant socialiste et ancien secrétaire de section lance :  » Valls ton grand-père était un banquier franquiste catalan…tu n’aimes pas le mot socialiste, tu aimes Clemenceau, sabre peuple nationaliste, pro guerre en 1914. Je résume nationaliste socialiste  pro guerre anti arabe ? A.H un national socialiste, tu connais ? »

Valls A.H un national socialiste, tu connais ?

Référence au fascisme et allusion (transparente) à Adolphe Hitler (A.H), c’est trop pour Monique Iborra. La députée demande si les instances du PS vont prendre des mesures.

Mais derrière cette affaire en cache une autre.

Monique Iborra fait, elle même, l’objet d’une demande d’exclusion. Une demande qui reste lettre morte malgré la pression (insistante) de Carole Delga et qui remonte à sa dissidence au moment des régionales. La députée de Haute-Garonne a, en effet, soutenu l’adversaire politique de la candidate socialiste : Philippe Saurel. En fait, Monique Iborra ne défend pas seulement Manuel Valls. Elle pointe un « deux poids, deux mesures » et interpelle les instances du PS pour savoir si Carole Delga va demander l’exclusion d’un militant qui franchit la ligne rouge. Ou plutôt la ligne brune. Et qui ne se « contente » pas de violer la discipline de vote au moment d’un scrutin.

A quelques jours du 8 mai, ce n’est vraiment pas l’heure de l’armistice.

Laurent Dubois (@laurentdub)

La Grande Région fait son cinéma

Tournage d’un film sur Pierre-Paul Riquet (2015) au château de la Réole ©MaxPPP

Une madame cinéma vient d’être nommée à l’hôtel de Région. Il s’agit de l’ancienne vice-présidente à la culture de Georges Frêche, Josiane Collerais. Mission : faire un état des lieux des sites de tournage. Cette prospection pourrait être la première étape avant la création d’une agence régionale. 

Des projecteurs et des figures du petit ou du grand écran sur les Larzac ou dans les rues de Nîmes. C’est un spectacle que souhaite développer la nouvelle présidente de région, Carole Delga. Il ne s’agit pas simplement d’exporter l’image de la Grande Région mais aussi d’alimenter l’économie du territoire. Un téléfilm ou un documentaire, c’est une publicité géante et vivante pour les paysages de Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. Mais c’est également une manne financière. L’exploration et l’exploitation du filon de la filière cinéma/documentaire/courts-métrages est le cahier des charges de Josiane Collerais. Candidate (sortante) aux régionales dans les Pyrénées-Orientales, l’ancienne élue a dû quitter l’hémicycle en raison d’une place (8eme) non-éligible au second tour. Josiane Collerais espérait conserver sa vice-présidence à la Culture et au Patrimoine. A défaut, elle revient dans le jeu culturel.

Un jeu qui n’est pas à somme nulle. En 2015, l’ex-Languedoc a engrangé 9,2 millions d’euros grâce à 598 jours de tournage. La même année, sur Toulouse et dans ses départements limitrophes, 4 longs métrages et surtout des documentaires ont rapportés 9 millions d’euros. Les deux ex-régions sont sur les mêmes « enveloppes ». Néanmoins, différence de taille, du côté de Montpellier, les jours de tournages sont plus nombreux. La raison du succès porte un nom : Languedoc-Roussillon Cinéma.

Comme le précise un journaliste montpelliérain, Benjamin Téoule :  » La culture c’est surtout donner du pognon et distribuer des subventions mais Languedoc-Roussillon Cinéma, c’est une vraie réussite en pleine expansion« . En ex-Midi-Pyrénées, il existe depuis 1984 un fonds d’aide à la création audiovisuelle. Mais, malgré le souhait des professionnels du secteur, il n’existe pas d’agence régionale sur les bords de la Garonne. Selon une source, la mission de Josiane Collerais pourrait réparer cette lacune en ouvrant la porte à la création d’une grande agence sur la Grande Région. 

L’émergence de cette nouvelle structure correspond incontestablement à une attente et même à un besoin. Mais son lancement risque de se heurter à des résistances ou du moins à des réticences internes. Internes au Conseil Régional. Depuis le début du mandat, des passes d’armes opposent le président de la commission Culture (par ailleurs très introduit et actif dans le milieu du cinéma), Serge Regourd et la vice-présidente en charge de la Culture, Dominique Salomon. Il n’est pas certain que l’entrée en scène d’un troisième acteur (en la personne de Josiane Collerais) calme le jeu.

La future superproduction régionale pourrait s’intituler : peaux de bananes à Ok Corral.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

04 Mai

Le double de Jean-Luc Moudenc sévit sur Facebook

Une bonne dose de dérision et un ton franchement décalé. « Jean-Luc GrandMou » se glisse dans les habits virtuels de Jean-Luc Moudenc et s’invite sur le Facebook des toulousains. Ce n’est pas une première sur les réseaux sociaux de la ville Rose. Pendant la campagne des municipales, un blog dédié à la vie politique locale a dézingué tous azimuts.

« Dans la Ville Rose » et ses Blagues de Raoul (référence au Raoul Volfoni du film les Tontons Flingueurs) a fait sourire et rire avec son poil à gratter mais aussi avec une  bonne dose d’impertinence. Une impertinence souvent pertinente.

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Le nouveau né est différent de son prédécesseur. Pas de blog mais une page Facebook ,à la place d’interviews imaginaires des billets courts, « Jean-Luc GrandMou » est entièrement dédié à l’unique objet de son affection : le maire de Toulouse. Un maire dont le portrait sert de photo de profil. Dans la dernière publication, Jean-Luc Moudenc intervient d’ailleurs sur la page de son fan. « Jean Luc GrandMou » annonce fièrement qu’il dispose de places pour la fête de la musique. Un vrai miracle et même une victoire sur un bug informatique. Le post de Jean-Luc GrandMou  tombe en pleine saturation du site de réservation mis en place par le Capitole. C’est probablement cet exploit qui conduit Jean-Luc Moudenc a félicité son double et a lui proposé, en récompense, des invitations pour le carré VIP.

Des mocassins usagés ou un ancien pardessus rappé aurait pu suffire à « Jean-Luc Grand Mou« . Mais Jean-Luc Moudenc fait plus fort : un tapis rouge pour la fête de la musique.

Malheureusement, tout cela est faux. Le vrai Jean-Luc Moudenc ne s’est pas fendu du moindre message. C’est un fake, comme celui de l’ancien maire de Toulouse, Pierre Cohen ou de l’adjoint à la sécurité au Capitole, Olivier Arsac.

La farce est totale. Mais attention n’allez pas dire que c’est la blague d’un potache. Encore moins d’un potache pochtron  qui passe ses nuits à faire la fiesta place Saint-Pierre. Contacté par message privé (forcément) sur Facebook, « Jean-Luc GrandMou » met les points sur les I et le poing dans la face des politiques : « je fais remarquer aux hommes politiques qui me prennent pour un rigolo que ce n’est pas moi qui ait commencé. La politique est trop sérieuse pour être laissée aux mains des politiques. On regarde avec amusement et dépit la gestion de la droite-cassoulet ».

« Jean Luc GrandMou » n’est pas encore viral. Il lui reste des marges de progression pour se faire connaître et reconnaître. Mais il est déjà contentieux. Du moins s’agissant de son sens de l’humour.

« Jean-Luc GrandMou » a réussi à dérider l’austère monsieur sécurité du Capitole.

En apprenant que son nom et sa photo ont été piratés, Olivier Arsac est parti d’un grand rire puis a lâché : « pas de commentaire, il faut laisser la satire s’exprimer ».

Laurent Dubois (@laurentdub)