Ce n’est pas encore la panique. Mais l’angoisse monte. Le 4eme tour des régionales risque d’être explosif. Le 4eme tour ? Les recours contentieux et le risque d’annulation du scrutin. Dans l’entourage des candidats, on tremble et on est stupéfait par la légèreté (irresponsable) de certains compétiteurs.
A droite comme à gauche, certains s’interrogent et commencent sérieusement à s’alarmer du manque de sérieux de certains candidats. Le Code électoral peut devenir une grenade dégoupillée. Il est déconseillé de jongler avec la tenue des comptes de campagne ou l’utilisation des moyens des collectivités.
Du côté de Dominique Reynié, un sympathisant trouve hallucinant que le mandataire financier soit un ami du fils. Le fils du candidat de la droite et du centre. La valeur des comptes bancaires n’est pas indexée sur le nombre des années. Un jeune mandataire peut être un Mozart des factures. Mais, du côté de la commission des comptes de campagnes, le moindre couac est prohibé.
La commission exige un justificatif pour des dépenses de quelques euros. La campagne des régionales va coûter des centaines de milliers d’euros (même si Dominique Reynié part sur un budget de 70 000 euros). Cette montagne d’argent va se traduire par un monticule de factures. Gare aux pertes ou aux oublis.
Des candidats recrutent des salariés qui sont uniquement payés pour collecter les factures. C’est dire l’ampleur et la sensibilité de la tâche. Ainsi Europe Ecologie a une préposée aux justificatifs. Sans parler d’une mandataire qui sera doublée par un comptable national.
On est loin d’un job d’étudiant.
En toute hypothèse un expert comptable doit valider les comptes de campagnes. Par définition, il a fini d’user ses pantalons sur les bancs de la faculté et c’est un professionnel. Les comptes de Dominique Reynié passeront obligatoirement par cette « case ». Mais le comptable peut refuser de valider et il est toujours mieux de ficeler les choses en amont.
Autre risque « insensé » dans l’univers (juridique) impitoyable des campagnes électorales : l’utilisation des moyens publics.
Une voiture ministérielle ou appartenant à une mairie. Un agent territorial qui bosse pour un candidat sur son temps de travail. Un collaborateur de cabinet qui sert de directeur de campagne Tout cela peut couter cher. Très cher.
Sur le moment, c’est facile.
Inutile de sortir le portefeuille, le contribuable paye à la place des candidats. Seul problème. Il faut être très discret.
«Pas vu, pas pris ». Mais si on est pris, la foudre tombe. La foudre des tribunaux. Mais la colère populaire est plus redoutable encore. L’époque d’une certaine tolérance est révolue. Les électeurs ne supportent pas que l’on roule carrosse à leurs frais.
Visiblement, le message est passé. Depuis quelques temps, le quotidien de Jean-Michel Baylet précise que la ministre-candidate Pinel est en « visite privée » lorsqu’elle serre des mains sur les marchés de la Grande Région.
Difficile de vérifier la carte grise de sa voiture et l’identité du chauffeur. Mais cela démontre une prise de conscience. Il était temps. Sylvia Pinel sillonne la Grande Région, quasiment toutes les semaines, depuis des mois.
Autre cas sensible, celui de Philippe Saurel.
Le maire de Montpellier doit (totalement) dissocier son action locale de sa campagne régionale. Tout l’été, Philippe Saurel a parcouru Midi-Pyrénées. Il la fait avec sa voiture familiale. Mais il va devoir être d’une vigilance totale. Y compris dans les manifestations locales. Le maire ne doit pas faire la promotion du candidat. C’est schizophrène. Mais imparable.
La campagne débute à peine. Mais le scrutin s’annonce serré. Cela rend le Code Electoral encore plus pesant. La jurisprudence est constante. Les malversations sont, en quelque sorte, « couvertes » si les écarts de voix sont importants. Aucune annulation à craindre.
Mais, vu les premiers sondages, la victoire va se jouer dans un mouchoir de poche.
Ce serait « ballot » de perdre la Région pour des factures égarées ou d’un chauffeur qui se « trompe » d’employeur.
A bon entendeur…
Laurent Dubois