15 Oct

Nous… La cité

Nous…La Cité

« Quand quatre jeunes de banlieue se prennent d’écrire leur quotidien avec un de leurs éducateurs, ça envoie du lourd »

Ainsi est présentée sur la couverture cette œuvre si précieuse et tellement utile au regard de notre actualité. L’histoire de Joseph Pontus, éducateur, et de quatre jeunes de cité qu’il accompagne dans leur réinsertion, est rare car peu souvent racontée. Elle est également renforcée en authenticité par le fait que ce sont ces jeunes, eux-mêmes, qui se racontent, sans fausse pudeur, sans orgueil et surtout sans fioritures.

Preuve pour débuter du portrait que dresse Rachid, un de ces jeunes, de leur compagnon d’écriture :

–         Joseph, je sais pourquoi t’as fait éducateur comme métier. T’aurais jamais eu les couilles de devenir un voyou et surtout t’aurais jamais pu être flic. Du coup, comme ça, t’es entre les deux.

L’ouvrage se décline ensuite en thématique.

Ecole

Sylvain raconte sa sixième dans un internat de province installé dans un château.

« Le premier pote que je me fais là-bas, c’est Alain, il est dans ma classe et toutes les filles sont en sang sur lui. Il ne fait pas son âge, il est très grand à côté de mon mètre soixante et un. Moi je suis tout petit, je suis même le plus petit de ma classe en âge et en taille, même les filles me dépassent. Tout le monde m’appelle Kirikou. »

Avant même la fin de l’année, Sylvain craquera et fera la suite de sa scolarité dans un collège public de Suresnes.

Rachid, lui, écrit de la prison où il est incarcéré.

« Au début de ma première sixième, y’avait un mec avec qui je traînais dehors. Comme on le sait, un arabe et un gitan, si on les met ensemble, ça peut faire que des conneries ! On a même vendu de la drogue dans le collège, on en a vendu à tout le monde, mais surtout aux troisièmes et aux quatrièmes. »

« Par contre, j’ai jamais volé de meufs-enfin, si, deux fois-mais je le regrette encore. Déjà, parce qu’elles crient, ça ameute tout le monde et puis, on ne sait jamais, si ça tourne mal et que t’es obligé de mettre une baffe…Non, franchement, pas les femmes. Pareil pour les magasins. J’ai toujours eu honte de voler pendant les heures d’ouverture. Y’a des heures pour acheter et des heures pour voler. Moi, je ne suis pas un voleur  de magasins ouverts. »

Ce même Rachid écrit également son journal de mitard, autrement dit de quartier disciplinaire, quand il est une fois de plus sanctionné, au sein même de la prison.

« Promenade, en même temps que Choukette. Lecture, prières, gamelle, prières, galère !!! J’écris à mon avocat et au chef du bâtiment. Je repense à mon passé. A ma famille, aux morts de ma famille, je pense à mon avenir et je ne vois rien. J’ai vingt-deux ans ! »

A lire également la rencontre avec un surveillant que le jeune homme découvre humain et dont il aurait pu peut-être se faire un ami, en d’autres circonstances.

Les émeutes de 2005.

« En tout cas pendant les émeutes, la plupart des portes, elles, étaient ouvertes, les gens t’accueillaient, te donnaient à manger. C’est normal, même si t’es vieux, quand tous les jours, tu vois les flics qui humilient tout le monde, c’est une façon d’être solidaire (…)

On voyait bien que l’Etat avait peur, mais ce qui a vraiment manqué chez nous, c’est une organisation. Y avait pas de réunion, on faisait ça à l’improviste. Chaque cité faisait son truc dans son coin. Si il y avait eu des contacts avant, des vrais chefs, ça aurait été vraiment fumant ! (…)

Après, je ne sais pas si j’y retournerais aujourd’hui. Ça dépend mis c’est vrai que l’envie, elle est là. J’ai toujours une petite haine des keufs et elle peut vite devenir une grosse flamme. Si un jour faut faire la guerre aux keufs, je la ferai. Si faut aller place de la Concorde comme à la place Tahrir, j’irai, et même s’il faut s’armer de Kalach et de gilets pare-balles ».

Yougataga ! (NDR :  l’équivalent d’une « année Rock’n Roll)

La cité est dure et ses narrateurs aussi parfois, comme l’est Rachid quand il décrit le profil de ses anciens acheteurs.

« Les clients tu vois de tout, de toutes les couches sociales. Ça va du petit de douze ans au tellement vieux qu’on dirait qu’il a fait le Hadj (Pèlerinage à la Mecque), soixante-cinq, soixante-dix ans. Tu vois des riches, des junkies, des gens que t’as vu à la télé. Tu vois toute la France »

Plus réaliste encore, le point de vue de ce même Rachid sur la loi et la politique à mener en termes de lutte contre la drogue.

« Sinon en ce moment, ça parle beaucoup de légalisation. La légalisation, c’est une connerie. C’est l’Etat qui va vendre, déjà qu’il y a de la violence, ça va être encore pire. Ils vont vendre quoi, les gars, après ? Non, ce qu’il faut, c’est ouvrir des écoles, des gymnases, créer des emplois, faire partir les gens en vacances. C’est comme ça que tu inciteras les gens à ne plus dealer »

La religion

A l’heure où l’on parle recrudescence des intégristes radicaux dans les cités, d’islamistes prêts à tout sur notre propre territoire, là aussi le regard de ces jeunes est des plus clairvoyants.

(…) Après, dans le Livre, il est dit qu’il est important de respecter les autres religions. Moi j’en veux pas aux juifs mais aux israéliens ou pour être encore plus précis, à l’Etat hébreu. Et il y a des trucs que je ne comprends vraiment pas… Comment des gens qui ont connu des camps de concentration peuvent en fabriquer à leur tour ? Comment ils peuvent faire souffrir des gens alors qu’eux ont déjà souffert ?

Dans quarante ans on sortira les photos de Gaza et celles des camps, on aura quoi comme différences ? Une elle est en couleurs et l’autre en noir et blanc. Des mères derrière des barbelés.

Mais attention, les mecs dans la cité, ils disent : « La Palestine ! La Palestine !!! » C’est un beau combat mais il y en a d’autres aussi. Et le Darfour ? Et le Soudan ? Le problème c’est qu’on ne peut pas se battre pour tout ni pour tout le monde. Moi le premier. »

Sylvain, lui, est plus direct mais non moins pragmatique : « Comment font les gens pour ne pas croire en Dieu ? Comment est-on là, tout simplement ? Il y a bien un commencement… »

Alex est pas mal non plus dans le genre.

« La religion, ça m’aide dans la façon d’être avec les autres et aussi dans la façon d’être avec moi-même. Je ne doute absolument pas du choix que j’ai fait. J’ai encore des tonnes de trucs à apprendre, j’en aurai jamais fini ».

Vient se greffer à ces témoignages à vif, celui, non moins poignant et impliqué de leur éducateur, Joseph Pontus, le maître d’œuvre de ce livre. Un regard vif et à fleur de peau, notamment quand il décrit l’appareil judiciaire dans lequel ses ouailles se retrouvent plus qu’à leur tour empêtrées.

« L’avocat de Toufik est vraiment de cette race de truands qui s’acoquine avec le milieu, c’était le même qui avait défendu Rachid pour le bris de la porte de sa chambre d’isolement à l’hosto. Il est toujours aussi poseur, infatué, irritant. Semble lire avec mépris la note que je lui tends. Et si c’est comme la dernière fois, il fera style qu’il ne plaide même pas et ne reprendra que nos mots. Mais bon, on verra bien ».

Juges et policiers ne sont pas non plus épargnés, les premiers par l’éducateur, les seconds par les jeunes.  JAP, présidents de tribunaux, policiers de la BAC,  ne sont pas forcément montrés sous leur meilleur jour mais ce n’est pas là le but de ce livre. La vérité est parfois difficile à entendre.

Post-scriptum

Le livre se clôt sur un post-scriptum où Joseph Pontus cite notamment Pierre Michon et « ses vies minuscules » parues chez Gallimard.

« A leur recherche, pourtant, dans leur conversation qui n’est pas du silence, j’ai eu de la joie, et peut-être fut-ce aussi la peur ; j’ai failli naitre souvent de leur renaissance avortée, et toujours avec eux mourir ; j’aurais voulu écrire du haut de ce vertigineux moment, de cette trépidation, exultation ou inconcevable terreur, écrire comme un enfant sans parole meurt, se dilue dans l’été : dans un très grand émoi peu dicible ».

Et l’éducateur de reprendre ses propres pensées alors qu’il sait qu’il va changer d’affectation et que son travail avec ses protégés est terminé.

« Comme un parent qui voit ses enfants partir du foyer. Le cœur se serre. Déjà penser aux retrouvailles. On sortira la meilleure bouteille, ce sera dimanche, la table de fête sera mise juste ce qu’il faut de nostalgie pointera le bout de son museau. On se rappellera des beaux moments avec ce rien de pudeur qui sait que nos vies sont désormais plus liées, plus tant que ça. »

« Nous…La cité » Rachid Ben Bella, Sylvain Erambert, Riadh Lakhéchène, Alexandre Philibert et Joseph Pontus, Label « Zone », éditons La Découverte.

11 Oct

La voix est libre du 13 octobre : Quel pouvoir en région ?

Décentralisation : Acte III. C’est sous ce symbole qu’ont été placés les Etats généraux de la démocratie territoriale qui se sont tenus la semaine dernière au Sénat.

Voir l’émission

François Hollande a voulu que chaque grande politique corresponde désormais à une seule collectivité (ex : l’emploi aux régions »).

Oui mais voilà,

  • les collectivités locales en ont-elles les moyens ?
  • Comment faire pour que les citoyens s’y retrouvent ?
  • Paris ne restera-t-elle pas quoi qu’il arrive le centre des décisions politiques ?

Avec nous pour en débattre, Elisabeth Pouchelon, conseillère régionale UMP et Jean-Jacques Mirassou sénateur PS de Haute-Garonne.

10 Oct

Jacques Thouroude : « on ne fait rien pour le Sud du Tarn »

Jacques Thouroude, maire adjoint de Castres et conseiller régional dans une salle de réunion à l'Hotel de Région

72 km entre la mairie de Castres et l’Hôtel de Région, à Toulouse. Jacques Thouroude effectue ce trajet d’1 heure 20 toutes les semaines. Il le trouve bien trop long. L’élu attend toujours une autoroute reliant la sous préfecture tarnaise à la capitale régionale. Il est impatient. « Depuis 1994, le dossier est sur la table et tout le monde a dit, y compris le CESER (Conseil Economique, Social et Environnemental Régional) qu’il y a urgence ». Malgré ce coup de klaxon , Jacques Thouroude regrette un coup de frein. « Depuis quelques temps, (il) observe un changement de position ». Au lieu d’accélérer le dossier, certains sont tentés par une voie de garage. Jacques Thouroude vise Thierry Carcenac. D’après lui, le président du Conseil Général du Tarn veut abandonner le projet autoroutier au profit d’un aménagement de la RN 126. Ce « torpillage » passe par une manœuvre financière. « Thierry Carcenac va limiter au maximum l’apport du Conseil Général. Cela va conduire, par un effet de vase communiquant, à un tarif de péage insupportable. Avec un tarif à 14 ou 15 euros, on dira : bien trop cher, l’autoroute ne sera jamais rentable. On ne la fait plus ». Pour Jacques Thouroude, cette attitude est inadmissible. « On a dépensé 48 millions d’euros pour la rocade d’Albi. La déviation de Carmaux a couté 77 millions d’euros. Le Conseil Général du Tarn a trouvé des millions pour le gouffre de Cap Découverte ». En revanche, « s’agissant de Castres – second bassin d’emploi de Midi Pyrénées – on ne fait rien ». Jacques Thouroude dénonce « un déséquilibre entre ce qui a été distribué au Nord du département et le traitement réservé au Sud ». Au-delà d’une fracture territoriale, Jacques Thouroude pointe directement du doigt Thierry Carcenac. Le conseiller régional UMP estime que le président socialiste du département veut privilégier d’autres chantiers. Le désenclavement de Castres n’est pas, pour lui, une priorité. « Carcenac a envi d’un contournement de Réalmont. Il ne peut pas financer ce projet et affecter les sommes nécessaires au projet autoroutier ». Cette utilisation sélective des deniers départementaux n’est pas forcément étrangère à un chantier très politique : une candidature Carcenac aux prochaines sénatoriales.

LD

09 Oct

Nom de Nom !

Le village de Laguiole dans l'Aveyron - Photo de Pierre Lesage

Quand nos villages ne s’appartiennent plus… Dernier exemple en date, la commune de Laguiole en Aveyron Le village a perdu l’usage commercial de son nom. Ainsi en a décidé, le 13 septembre dernier, le tribunal de grande instance de Paris. Un petit entrepreneur du Val de Marne peut ainsi commercialiser sous l’intitulé Laguiole des produits fabriqués en Chine. Il est en effet détenteur officiel du nom « Laguiole ». Thierry Moysset, gérant de la forge aveyronnaise, ne peut lui, en revanche commercialiser aucun autre produit que ses couteaux sous le nom de sa commune. Ubuesque ? Non, légal.
Lundi, Sylvia Pinel est donc allée soutenir les artisans locaux en leur promettant une IGP (Indication géographique Protégée). Aujourd’hui cette certification ne vaut qu’en agriculture ou viticulture, la ministre déléguée à l’artisanat souhaite l’étendre aux produits manufacturés.
Son objectif : « protéger nos savoir-faire et nos emplois ». Les 1300 habitants de Laguiole pourront ainsi, d’ici quelques mois voire années, commercialiser sous le nom de leur commune des produits certifiés.
Mais cette IGP n’empêchera en rien l’entrepreneur du Val de Marne de continuer à vendre sous la marque Laguiole des produits fabriqués en Chine ! Et le cas se présente également, sous des modalités différentes certes, mais dans le même (mauvais) esprit, sur une marque de préservatifs estampillés « Condom » jouant sur le nom de la commune du Gers.
Alors à quand un « Gaillac » ou un « Roquefort » made in China ? La France n’est pas le seul pays dépossédé, l’Italie avec son jambon de Parme a du, elle aussi en son temps, défendre son bout de gras. Et il y aura à Laguiole, comme ailleurs, encore bon nombre de batailles de nom…à couteaux tirés.

Patrick Noviello

05 Oct

Lettre à François…

François, Jean-Marc, Martine, qu'allons-nous faire de notre victoire ? par Christian Picquet

« Une lettre ouverte » c’est ainsi que Christian Picquet qualifie son ouvrage « François, Jean-Marc, Martine, qu’allons-nous faire de notre victoire ? » (Editions Arcane17). Un ouvrage qui sort quarante ans après la signature du Programme Commun de la Gauche, une date-clé que rappelle en introduction le co-fondateur du Front de Gauche. Très vite également, le conseiller régional fait aussi référence à 1983 et «le tournant de la rigueur » comme un effet miroir à notre actualité politique et économique.
Même si actuellement, le Front de Gauche ne se veut nullement dans l’opposition mais dans la proposition, Christian Picquet fait valoir deux gauches, l’une gouvernante « tenaillée par la tentation permanente du renoncement », l’autre « de radicalité, campée sur l’attente de l’alternative ». Pour l’auteur, la gauche au pouvoir n’a pas d’autres choix que « le suicide ou l’audace ». Et au leader de la Gauche Unitaire d’exposer son grief principal contre le programme de François Hollande« Nous aurions aimé un projet plus ambitieux ».
Ainsi est dénoncée « une politique d’austérité » menée notamment par Didier Migaud, président de la Cour des Comptes, « politique qui va mener à l’anéantissement de la Gauche ». Christian Picquet pointe également du doigt le pacte européen de stabilité budgétaire « qui condamne l’Europe à subir le même sort que la Grèce ». Il faut donc selon lui « changer de logiciel ». Augmenter le smic de 0,6% ne suffit pas, explique l’ancien de la LCR, il faut redistribuer les richesses.
Quelques pistes sont données en fin d’ouvrage, comme une « révolution fiscale » qui s’attaquerait plus aux bénéfices et aux dividendes, et n’hésiterait pas à faire appel à des « dispositions confiscatoires ». Dans le collimateur également, les licenciements boursiers qui doivent être supprimés. Enfin, « une augmentation des salaires et pensions » est préconisée. Dans « Changer de destin », François Hollande avait qualifié le programme du Front de Gauche « d’idées généreuses sur les salaires et une prodigalité dans la dépense publique ». A voir cette divergence d’opinion, on peut se demander si cette lettre ouverte ne restera pas lettre morte ?

03 Oct

Mineurs à la barre

Il avait 13 ans, c’était en mai 2009, un vendredi. Sa prof de math l’avait obligé à rester en classe réaliser un travail qu’il n’avait pas fait. Il lui a demandé de revenir sur cette décision, elle a refusé,  il l’a poignardée.  13 ans, c’est jeune pour devenir un meurtrier… Heureusement les secours ont sauvé l’enseignante. Mais l’irréparable a été commis. Ce geste et cette violence resteront gravés à jamais, pour l’un comme pour l’autre des protagonistes.

La victime a repris l’enseignement voilà deux ans et l’on imagine quel chemin elle a du faire pour se retrouver à nouveau devant une classe. Et lui ? Ce gamin au couteau ? Etablissement pénitentiaire pour mineur, un puis deux centres éducatifs fermés et aujourd’hui un établissement de placement éducatif, voici son parcours, la fin définitive de l’enfance, une jeunesse broyée.

Le procès s’est tenu lundi au Tribunal de Grande Instance de Toulouse. Que pouvait-il amener au fond ? La victime n’a semble-t-il pas eu de réponses à ses questions. Selon un expert « à cet âge-là, on est en dehors du réel ». Alors comment juger un tel acte ? Quelle réponse peut amener la justice ? Ce gamin n’était pas, parait-il, un élève à problème. Pas de signaux d’alerte donc, impossible d’incriminer là une mauvaise politique de prévention.  L’audience a été longue, la défense a plaidé, tard dans la nuit, comme pour sonder l’insondable, comme si les mots avaient encore quelque chose à signifier quand on parle d’imprévu ou d’inexplicable. Le jugement a été rendu mardi à trois heures du matin : cinq ans de prison dont deux ans fermes.
« Le tribunal a ouvert la possibilité de l’aménagement de la peine évitant l’incarcération » explique l’avocat de la défense. La défense qui, comme la partie civile, ne veut pas voir à travers cette audience un procès symbole de la délinquance des mineurs ou de la violence scolaire. Alors justement, au-delà de cette affaire et de cette décision, que fait-on pour lutter contre un tel acte, ou mieux, le prévenir ? 25 assistants de prévention et de sécurité ont été recrutés dans l’académie, tout droit sortis du programme de campagne présidentiel. Parce qu’il n’y a pas de petits profits, un assureur bien connu des enseignants a même sorti une clause « agression physique ».

Côté politique, Christiane Taubira a annoncé dès le mois de mai son intention de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs instaurés sous la majorité précédente pour « redonner à la justice des mineurs sa spécificité ». Les anciens tribunaux pour enfants resteront donc les seuls à pouvoir juger les 16-18 ans. L’individualisation et l’atténuation de la peine liée à la minorité sont aussi deux objectifs majeurs pour la Garde des Sceaux. Face  à ces recommandations, l’UMP a  alors dénoncé un « retour de l’angélisme et de la culture de l’excuse ».

Les juges, eux, semblent soutenir majoritairement la ministre de la justice et rejettent toute accusation de «  laxisme ». Après tout, ce sont bien eux qui auront l’avenir de ces jeunes délinquants entre leur main. Christiane Taubira l’a bien compris en ne leur adressant que de simples « recommandations ». C’est bel et bien à eux de juger.

A notre santé (Partie V)

Chers internautes et téléspectateurs, une opération du dos qu’on peut qualifier de « bénigne » va me tenir éloigné de vous durant un mois. L’occasion, à l’heure où notre politique de santé, est à nouveau au centre du débat d’idées, de vous faire partager à travers quelques chroniques l’expérience de mon parcours de soin. Du médecin généraliste, au praticien d’une clinique privé, de mon (court) séjour dans cette dernière au travail des infirmières libérales. Là encore il ne s’agit pas d’une enquête exhaustive mais plutôt de tranches de vie et de portraits d’acteurs de notre société, des acteurs ô combien importants puisqu’ils sont les garants de notre santé. Alors justement, à notre santé !

Partie V : Retour au bercail.
Me voilà donc de retour chez moi et arrêté pour un bon mois. Autant dire qu’il va falloir s’occuper, heureusement ce blog est là, et vous aussi. Pour m’occuper également, dans un premier temps, l’ensemble des formalités administratives à ne pas oublier : envoi de l’arrêt-maladie à l’employeur et à la Sécu dans les plus brefs délais, papiers à retourner à la Mutuelle sous peine de ne pas être remboursé de certains actes.
Je vais désormais recevoir la visite quotidienne d’une infirmière. Ces dernières sont en général très disponibles et réactives, c’est en revanche au patient de se débrouiller pour les trouver. La mienne habite dans mon quartier. Associée à une consœur, elle assurera mes soins sept jours sur sept. A tour de rôle, elles enchaînent pas moins de trente-cinq visites par matinée, de l’aube jusqu’à midi, puis reprennent leur tournée en fin d’après-midi pour environ une heure trente. Soignantes avant tout, elles ont aussi un véritable rôle social, notamment à travers les personnes âgées qu’elles suivent au quotidien.
Avant leur première visite, il faut que je me procure le matériel nécessaire aux soins. Depuis le temps qu’on nous dit que les pharmacies travaillent à flux tendu, le phénomène se vérifie une fois encore. Trois allers retours à l’officine la plus proche seront nécessaires  avant de pouvoir ramener la totalité des compresses et autres kits de pansements après en avoir passé commande. Et en règle générale, si on vous en a trop prescrit, ne comptez pas les ramener, une fois la marchandise sortie, elle est rarement remise dans les stocks et encore moins remboursée.
Ainsi vont s’écouler trois semaines et demie avant ma visite de contrôle auprès de mon chirurgien. Retour à la clinique avec une bonne demi-heure pour trouver une place de parking : un test grandeur nature mais éprouvant pour ma reprise de volant… Le docteur me reçoit à l’heure puis, après une brève mais efficace auscultation, il me donne le feu vert pour mon retour au travail quatre jours plus tard.
La Sécu n’a pas attendu cet avis médical pour me convoquer en vue d’une consultation auprès de son médecin conseil, un mercredi, à 9h15, alors que j’aurai repris mon activité professionnelle depuis une semaine… Pratique ! J’appelle la CPAM 31 pour 6 centimes d’euros la minute et fait annuler ce rendez-vous.

–    Ça ne m’étonne pas qu’ils vous aient convoqué, m’explique l’infirmière. Ce matin, dans la voiture, j’entendais une publicité de la Sécu pour sensibiliser les gens sur les arrêts maladie abusifs.
–    Peut-être que certains exagèrent, mais comment vérifier ? Les contrôles sont rares et puis parfois, il n’est pas simple d’évaluer.
–    De toute façon, c’est le médecin qui décide. Remettre en cause son diagnostic me parait difficile, conclut la professionnelle de santé.

Quoi qu’il en soit, je suis bien content que mon arrêt se termine et, avec lui, ce feuilleton. Un grand merci à tous ceux qui m’ont permis de vous retrouver très vite pour de nouveaux débats et autres confrontations d’idées. A leur santé et à la nôtre !

7 octobre : Gauche : combien de divisions ?

Dimanche, une manifestation contre le traité budgétaire européen a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes à Paris. A sa tête : Jean-Luc Mélenchon, le leader du Front de Gauche.

Europe Ecologie-Les Verts n’a pas participé officiellement au cortège mais le parti s’est prononcé d’ores et déjà majoritairement contre le traité. Et les divergences d’opinion à gauche ne s’arrêtent pas sur ce simple point (nucléaire, politique fiscale…).

Alors combien de divisions à gauche ? Ces dvergences ne fragilisent-elles pas la majorité présidentielle ? A l’inverse des clivages nationaux, pourquoi et comment le Front de Gauche et Europe Ecologie-Les Verts parviennent à travailler avec les socialistes dans les collectivités de notre région ?

Pour répondre à ses questions, trois invités seront avec nous :

Gauche : combien de divisions, c’est samedi à 11h30 dans « La Voix est Libre » sur France 3 Midi-Pyrénées.

01 Oct

A notre santé (Partie IV)

Chers internautes et téléspectateurs, une opération du dos qu’on peut qualifier de « bénigne » va me tenir éloigné de vous durant un mois. L’occasion, à l’heure où notre politique de santé, est à nouveau au centre du débat d’idées, de vous faire partager à travers quelques chroniques l’expérience de mon parcours de soin. Du médecin généraliste, au praticien d’une clinique privé, de mon (court) séjour dans cette dernière au travail des infirmières libérales. Là encore il ne s’agit pas d’une enquête exhaustive mais plutôt de tranches de vie et de portraits d’acteurs de notre société, des acteurs ô combien importants puisqu’ils sont les garants de notre santé. Alors justement, à notre santé !

Partie IV :
Avez-vous déjà vu des brancardiers antipathiques ? Moi jamais. Celui qui me conduit ce matin au bloc est forcément précautionneux mais aussi très chaleureux :

–    Excusez-moi, on va un peu vite mais c’est la procédure ! Ça va ? C’est une petite intervention que vous allez subir ? Bon tout va bien se passer alors…
Il me « gare » aux côtés d’un homme que j’ai du mal à apercevoir. Il faut dire qu’on m’a fait prendre un tranquillisant qui déjà commence à m’amener ailleurs.  J’ai auparavant enfilé la désormais très polémique tunique opératoire fendue sur l’arrière, sur laquelle certains de nos parlementaires veulent légiférer pour la rendre plus digne pour le patient. Franchement, ils ont raison. J’aperçois le docteur qui me salue. Il a l’air plus détendu que moi. Puis le tranquillisant fait totalement son effet et je m’endors profondément.
Je me réveille six heures plus tard. On m’a changé de chambre et de service. L’infirmière de jour vient vérifier mon pansement.  On m’interdit formellement de me lever jusqu’au lendemain matin. Je suis vaseux et dors une bonne partie de la journée. La nuit sera plus chaotique et je ne compterai pas sur les infirmières de garde pour me réconforter, tant leur seule et unique visite en début de soirée me dissuadera de les appeler durant la nuit.
–    Et surtout vous ne vous levez pas tout seul, compris !
Comment leur en vouloir ? Elles s’apprêtent à surveiller je ne sais combien de patients pendant toute une nuit pour un salaire bien souvent sous-évalué (1500 euros pour une débutante). La France est un des pays d’Europe qui rémunère le moins bien ses infirmières par rapport au niveau de vie du pays.
Changement de rythme le lendemain matin. Le docteur passe sur les coups de 8h vérifier mon pansement et son œuvre. Il en semble satisfait. Je le bombarde encore de questions sur ma sortie et sur la suite des opérations.
–    Surtout ne reprenez pas trop vite, me prévient-il à nouveau.
–    Je sors quand ?
–    Ce matin, dès que l’infirmière aura signé votre bon de sortie. Vous passerez ensuite à mon secrétariat chercher votre arrêt-maladie et prendre rendez-vous pour notre visite de contrôle.
–    Combien de temps vais-je être arrêté selon vous ?
–    Ecoutez, je vous le répète, il faut au moins un mois de cicatrisation et de soins infirmiers. Maintenant si vous voulez moins, à vous de voir, mais ce n’est pas recommandé.
Même en y ayant eu recours que très rarement dans ma carrière, l’utilisation de l’arrêt-maladie a toujours provoqué chez moi un sentiment de culpabilité. En Haute-Garonne, les arrêts de travail ont encore augmenté de près de 5% l’année dernière et ont coûté 166 millions d’euros à la Sécu. La CPAM 31 vient de lancer une nouvelle campagne de sensibilisation auprès de ses adhérents et compte intensifier ses contrôles.
–    Ecoutez docteur, je vais me ranger à votre avis. Partons sur un mois.
Nous nous quittons là. Sa rude et longue journée commence. La mienne est plutôt placée sous de bons auspices : je vais abandonner cet endroit et la sensation d’être tour à tour « détenu » ou « infantilisé ». Et les choses s’accélèrent, on me fait comprendre qu’il faut que j’ai libéré ma chambre à 10 heures. Je fais un brin de toilettes, dans la mesure où mon état le permet, rassemble mes affaires et ouvre enfin la porte. Je cherche un visage connu à saluer et à remercier. Le couloir est quasiment vide, quelques patients pointent leurs têtes dans l’entrebâillement des portes. Tant pis, je file…ou plutôt je pars en claudiquant.

27 Sep

Y Benayoun-Nakache : « AZF, ce n’est pas fini »

Jeudi 27 septembre. C’est la veille d’un conseil municipal de rentrée. Après la trêve estivale, Yvette Benayoun-Nakache prépare son retour au Capitole. Entre deux dossiers, elle revient sur l’actualité toulousaine de la semaine. Une actualité qui la ramène onze ans en arrière. En 2001, Yvette Benayoun-Nakache est la députée de la 4eme circonscription. Une circonscription sur laquelle est implantée AZF. Le 21 septembre, elle rentre de Paris lorsque l’usine explose. Le drame, elle l’a vécu « personnellement ». Sa maison et l’appartement de ses parents ont été détruits. Mais, au-delà des dommages matériels, c’est un pan de sa mémoire familiale qui est partie en fumée. « AZF est au cœur de (son) histoire ». Son « père est l’ancien l’infirmier de Lonia ». La famille Benayoun-Nakache a « habité sur le site ». « De 8 à 25 ans, (la future députée) a vécu face à la porte B » de l’établissement. Après le 21 septembre, la parlementaire devient « assistante sociale ». Elle interpelle le gouvernement de Lionel Jospin sur la gestion des dégâts. Mais Yvette Benayoun-Nakache s’occupe aussi des problèmes de factures. Elle accompagne la naissance des associations de victime. Des associations qu’elle a retrouvées le lundi 24 septembre 2011 à la Cour d’appel de Toulouse. Yvette Benayoun-Nakache n’était pas loin de Gérard Ratier. Le président de l’association des familles endeuillées a perdu un fils dans la catastrophe. En entendant le verdict, « il tremblait ». Pour Yvette Benayoun-Nakache, un sentiment l’emporte : « ce n’est pas fini ». Lors du premier procès, en 2009, la Justice, en prononçant une relaxe générale, a dit : « circulez y a rien à voir ». Trois ans plus tard, la condamnation pour homicides involontaires de l’ex-directeur et de l’exploitant de l’usine AZF Grande Paroisse satisfait Yvette Benayoun-Nakache. Elle est convaincue par la thèse judiciaire de l’accident chimique et elle approuve la définition des responsabilités. En revanche, le recours en cassation, lui laisse un gout amer.

LD

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