23 Avr

Comprendre l’Europe (3) : Entretien avec José Bové, tête de liste EELV dans le sud-ouest.

Le militant du Larzac repart pour un deuxième mandat, avec cette fois-ci un objectif supplémentaire : la présidence de la commission européenne, poste pour lequel il pourrait être le candidat de tous les Verts d’Europe. Mais avant cela, il nous dévoile son programme et sa vision européenne.

José Bové ©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

José Bové©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Pourquoi êtes-vous candidat ?

José Bové : Mon engagement en tant que député européen a permis d’éviter que la réforme de la Politique Agricole Commune passe sous silence la nécessité d’une répartition plus équitable des soutiens publics entre les paysans et entre les différents états membres. Avec le groupe des Verts, nous avons réussi à arracher un certain nombre d’avancées pour que les pratiques agricoles respectent mieux l’environnement. Il faut aussi aller plus loin dans la lutte contre le réchauffement climatique qui doit être la priorité de la prochaine mandature. La transition énergétique doit passer par le développement des énergies renouvelables et une meilleure efficacité énergétique qui permettront de créer des centaines des milliers d’emplois non délocalisables.

L’Union européenne traverse une période critique. Les politiques d’austérité imposées depuis 2008 pour faire face aux conséquences de la crise financière qui a éclaté aux Etats-Unis, ont plongé des millions d’européennes et d’européens dans la misère. Le chômage a explosé, des centaines de milliers de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et n’ont plus accès aux soins. Les populistes de tous bords soufflent sur les braises. Ils utilisent des arguments démagogiques, dangereux et erronés qui doivent être combattus. Nos concitoyens doivent comprendre que le repli nationaliste ne nous permettra pas de protéger nos concitoyens des délocalisations. Une sortie de l’euro entrainerait automatiquement une chute du niveau de vie des français. La monnaie commune est loin d’être parfaite. Notre rôle doit être de l’améliorer et non pas de la jeter aux orties. Les partis politiques grecs, dont le parti de gauche mené par Tsipras, ont abandonné l’idée de quitter l’Euro, car ils savent que seul ils ne sont pas en mesure de faire face aux spéculateurs. Les Etats membres de l’Union européenne doivent sortir ensemble de cette crise, ensembles et renforcés dans l’idée que l’union fait la force.

Des élus écologistes nombreux Parlement Européen permettent de peser sur les politiques mises en place. Nous dirons aussi dans cette campagne que nous ne pouvons pas accepter le traité en négociation avec les Etats-Unis (TAFTA). Ce traité remet en cause les fondements même du projet européen (http://josebove2014.eu/Le-traite-de-libre-echange)

 

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

JB : L’Europe a été créée pour protéger ses citoyens et pour améliorer leurs conditions de vie. L’Union européenne, qui compte plus d’un demi-milliard d’habitants, peut imposer sa volonté et faire plier les multinationales et les autres états si elle est capable de parler d’une voix unie. La diplomatie européenne n’existe toujours pas comme nous le rappelle cruellement la crise ukrainienne ou notre impuissance à peser sur la guerre civile en Syrie.

La protection des européens passe également par le maintien de normes sociales et environnementales élevées. Un salaire minimum dans chaque pays, l’harmonisation des taxes sur les bénéfices des entreprises doivent être mis en place de manière accélérée pour que les habitants d’Europe de l’ouest n’aient plus le sentiment que leurs emplois sont accaparés par des Polonais, des Roumains ou des Bulgares.

 

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

J.B : Le réchauffement climatique ! Les derniers rapports du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat) sont très clairs. Si nous ne faisons rien le réchauffement climatique pourrait atteindre 2°C en 2030 et dépasser les 4 degrés à la fin de ce siècle. Les grandes tempêtes et les inondations qui ont frappé les départements de l’ouest de la France ont entrainé des dégâts considérables qui ont des conséquences économiques bien réelles sur le tourisme par exemple mais également pour l’agriculture.

A l’échelle mondiale, si on ne fait rien, le cout humain sera considérable et les couts financiers quasi insurmontables.

Le Parlement européen doit être beaucoup plus exigeant sur les mesures qui doivent être prises au niveau européen et mondial. La conférence sur le climat qui se tiendra à Paris fin 2015 doit prendre les mesures à la hauteur des enjeux. Ne l’oublions pas, la lutte contre le réchauffement climatique c’est aussi la lutte contre les pollutions et toutes ses conséquences sur la santé.

 

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

J.B : Depuis le Moyen Âge l’Europe existe, même s’il est impossible de tracer précisément ses limites géographiques. La Renaissance puis l’esprit des philosophes des Lumières ont créé les conditions d’échanges entre des scientifiques, des artistes et des hommes politiques. D’un bout à l’autre de l’Union européenne, la musique, la littérature ou la peinture sont européennes.  L’identité culturelle de l’Europe ne se limite pas aux artistes et aux intellectuels. Il n’y a qu’à voir la fierté de nos régions d’un bout à l’autre de l’Union européenne pour leurs spécialités gastronomiques, que ce soit des vins, des fromages…

L’identité européenne prend sa source dans notre histoire commune et dans la diversité de nos cultures et de nos territoires. Unis dans la diversité reste la base de l’identité européenne.

 

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

J.B : Lorsque le rideau de fer est tombé en 1989, pour les habitants des Pays de l’Est, l’adhésion à l’Union européenne était une évidence qui est devenue une réalité en 2003 pour la plupart d’entre eux ainsi que pour la Roumanie et la Bulgarie en 2005. La soif de démocratie, de transparence, et de liberté était le moteur de ce bouleversement historique. Ce sont des valeurs européennes pour lesquelles nous devons nous mobiliser tous les jours, car comme toutes choses précieuses, elles sont fragiles. Je milite pour la mise en place d’un passeport européen.

 

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

J.B : En France, comme dans de nombreux autres pays membres de l’Union, les élections européennes se focalisent la plupart du temps sur des questions de politiques nationales. Leur résultat est souvent analysé par les médias comme un soutien ou un désaveu pour les chefs de gouvernement ou les chefs d’état en fonction. La difficulté est de faire  naître un débat transnational qui dépassent les limites de nos frontières internes et se traduisent par des propositions alternatives des différents groupes politiques. Poursuivre les politiques d’austérité ? Signer des accords de libre échange ? Lutter contre le réchauffement climatique ?… Le débat démocratique doit avoir lieu au niveau européen.

Pour la première fois, le Président de la prochaine Commission européenne sera proposé par le Parlement. Chaque grand parti a décidé de présenter son candidat pour occuper cette fonction. Il s’agit d’un premier pas qui va dans la bonne direction mais il n’est pas suffisant. Les Verts militent pour que les députés soient élus pour moitié sur des listes nationales et pour l’autre moitié sur des listes européennes. Ce sera une seconde étape dans la politisation de l’Europe et dans le rapprochement des citoyens du Parlement.

Les journalistes basés à Bruxelles ne sont pas suffisamment nombreux pour couvrir l’ensemble des sujets, la place dans les journaux réservée à l’Europe est bien mince. Les médias ont donc un rôle important à jouer pour informer nos concitoyens.

 

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

J.B : Les évolutions de leur vie quotidienne, de l’emploi et de leur avenir se jouent en premier lieu au Parlement européen. Le bulletin qu’ils glisseront dans l’urne le 25 mai aura donc une traduction directe sur les politiques qui seront mises en place. Des écologistes forts au parlement européen c’est une Europe plus forte pour lutter contre le réchauffement climatique, l’exclusion sociale et le libéralisme effréné.

 Patrick Noviello

21 Avr

Valérie Rabault : entre le marteau et l’enclume

MaxPPP

MaxPPP

 

Pas de chasse aux œufs pour Valérie Rabault ce week-end, mais une interview dans le Journal du Dimanche (à défaut d’avoir répondu à nos sollicitations) et  l’étude des propositions reçues des députés pour trouver un « point d’équilibre » à proposer à Manuel Valls. La nouvelle rapporteure du budget a du pain sur la planche pour essayer de faire coïncider les objectifs d’économie du Premier Ministre et le seuil de tolérance des parlementaires socialistes du Palais Bourbon.

Voilà donc la députée du Tarn et Garonne qui se retrouve à faire l’inventaire des finances publiques : quels secteurs épargner, qui aider en priorité. « Nous devons aussi nous poser la question des missions que l’Etat doit remplir ou pas. » Un job qui à première vue peut paraître ingrat, mais qui déterminera en grande partie l’éclatement ou pas de la majorité. Rien que ça…

Et ce job, elle l’a voulue. Annoncée un temps comme candidate potentielle à la maire de Montauban, Roland Garrigues avait dit lui-même dans son ouvrage-programme que ça aurait du être elle,  pressentie dans le nouveau gouvernement après remaniement (elle aurait refusé), la voilà donc au poste qu’elle convoitait, première femme rapporteure du budget à l’Assemblée Nationale de l’histoire.

« L’enjeu de fond » comme elle le définit au JDD, c’est de « protéger et soutenir la croissance », primordial à l’heure où François Hollande déclare qu’il ne se représenterait pas si la courbe du chômage ne s’inversait pas d’ici 2017.

En attendant le programme de stabilité du gouvernement devrait être proposé au vote le 29 avril à l’Assemblée Nationale, les mesures d’austérité, elles, avant fin juillet. Ce sera le vrai baptême du feu de la rapporteure du budget.

 

Patrick Noviello

20 Avr

En attendant Hollande

Le Président François Hollande se rendra mercredi à Carmaux dans le Tarn pour rendre hommage à Jean Jaurès. La figure tutélaire du Socialisme a été assassinée voilà cent ans et les commémorations se multiplient. L’occasion aussi pour le PS de revenir à ses fondamentaux ?

 

Les calendriers sont parfois cruels… Il y a quasiment deux ans jours pour jours, le candidat Hollande faisait campagne en terre carmausine. Il était alors accueilli dans la ferveur par deux mille personnes qui criaient « on va gagner » ou « Hollande Président ». Sur la photo de Jean-Marie Lamboley  pour le quotidien régional, on voit le futur locataire de l’Elysée entourée de figures locales du socialisme.

Que sont mes amis devenus ?

A sa droite Philippe Martin, devenu quelques mois ministre de l’environnement puis remplacé lors du remaniement, à sa gauche Martin Malvy dont on ne sait s’il repartira aux prochaines Régionales, derrière lui Jean-Michel Baylet qui se serait bien vu Ministre mais qui entre temps, a été mis en examen dans une affaire de frais de bouche, et enfin au dernier rang, les surplombant, Jean-Pierre Bel, président du Sénat qui a annoncé son retrait de la vie politique, Kader Arif, un des derniers hollandais pur sucre conservé au gouvernement et Jacques Valax député de la circonscription balayé aux municipales albigeoises.

François Hollande ©SEBASTIEN BOZON / AFP

François Hollande ©SEBASTIEN BOZON / AFP

 

Les soutiens présidentiels d’alors seront certainement à nouveau là ce mercredi, mais ils ont, chacun à leur niveau, éprouvé le fait d’être dans la majorité présidentielle. Une majorité qui a 50 milliards d’économie à trouver et dont le leader s’est depuis déclaré « social-démocrate ». Alors pas sûr évidemment que l’accueil réservé au Président par les carmausins soit exactement le même que lors de la campagne de 2012.

Jaurès pour tous

Plus largement, ils sont nombreux ceux qui commémorent Jaurès, se recommandent de lui ou tout simplement commentent ce que sa pensée est devenue aujourd’hui, et ce même à droite. Bernard Carayon patron de l’UMP tarnais s’apprête même à sortir un ouvrage intitulé : « comment la gauche a kidnappé Jaurès ». Le 16 avril 2012, à la tribune, à Carmaux, François Hollande a ses mots : « En 2007, à Toulouse, Nicolas Sarkozy avait cité 32 fois le nom de Jaurès. Il y a cinq ans, c’était sa référence. Aujourd’hui a-t-il cité une seule fois son nom ? Il ne le pouvait plus. Il y a tant de différences entre ses paroles et ses actes ». A présent, bon nombre d’observateurs seraient tentés de renvoyer aujourd’hui cette citation à son auteur.

Et François Hollande de poursuivre ce même jour d’avril 2012 : « Je me réclame de la synthèse de Jean Jaurès entre l’idéal que nous devons servir et le réel qui est devant nous. » Seulement, est-ce que le réel n’a pas écrasé l’idéal ? En 1914, le fléau c’est la guerre mondiale qui s’annonce. Jaurès s’y oppose avec ferveur, le pacifiste sera assassiné pour ses idées. Aujourd’hui, pas de guerre mondiale à l’horizon mais pour beaucoup le fléau s’appelle « mondialisation » ou « finance ». Cette finance que Hollande avait qualifiée d’ennemie lors du meeting du Bourget.

Le fléau a changé, les temps aussi, et le socialisme forcément.

Patrick Noviello

14 Avr

Comprendre l’Europe (2) : Entretien avec Virginie Rozière, tête de liste PS-PRG dans le sud-ouest.

Virginie Rozière.

Virginie Rozière.

Journée marathon ce lundi pour Virginie Rozière et son équipe. Elle organise une conférence de presse itinérante qui partira de Montpellier pour s’achever à Bordeaux en passant par Toulouse. L’occasion de faire mieux connaissance avec elle et son projet européen.

Par Patrick Noviello

Pourquoi êtes-vous candidate ?

Virginie Rozière : Je suis candidate parce que je suis convaincue que nous méritons une autre Europe : une Europe sociale, démocratique et humaniste. Vous savez, alors que je travaillais au Parlement européen, j’ai un jour entendu un député ultralibéral attaquer la notion même de service public. Un député UMP présidait la séance. Savez-vous ce qu’il a répondu ? Rien. Je ne me reconnais pas dans cette Europe conservatrice. Aujourd’hui, je m’engage pour faire bouger l’Europe. Pour que l’on arrête cette course vers l’ultralibéralisme et l’austérité.

 À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

V.R : L’Europe doit permettre à ses citoyens de s’épanouir dans un espace de stabilité et de prospérité. Le parlement est la seule institution de l’Union directement élue par les citoyens. Il incarne l’intérêt général européen. Il lui revient d’harmoniser par le haut les législations sociales des Etats membres, de défendre un modèle égalitaire et solidaire contre le dumping social, la concurrence entre les travailleurs des différents pays.L’Europe sociale permettra de réunir les peuples de notre continent autour d’une solidarité et d’un modèle de protection collective partagé.

 S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

V.R : L’instauration d’un SMIC européen. Sans hésitation ! Je vous le dis, ma priorité est la construction d’une Europe sociale. Les Etats membres sont prêts à le faire. Même l’Allemagne a évolué : un salaire minimum va être introduit dès 2015. L’étape d’après sera la création d’un véritable budget européen, qui permettra la redistribution de prestations sociales européennes. Mais cela ne pourra pas se faire sans une Europe politique.

 Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

V.R : Savez-vous quel est le premier texte commun signé en Europe ? Ce n’est pas un traité économique. Pas plus qu’un accord de libre échange. C’est la Convention européenne des droits de l’homme. Démocratie, liberté, dignité, égalité. C’est cette déclaration de valeurs qui a fondé ce qui allait devenir l’Europe. Elle a une histoire commune, une culture commune. C’est un lieu de brassage, d’échanges commerciaux, mais aussi intellectuels et culturels.

 Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

V.R : Tout citoyen sait qu’il fait partie de l’Europe. La question est plutôt de savoir si en faire partie le satisfait Soyons clairs. L’Europe a beaucoup apporté : pour l’industrie française, avec Airbus par exemple ; pour la formation de nos étudiants avec le programme Erasmus. Ou encore pour la sécurité, en favorisant la coopération des Etats en matière de police et de justice. Mais cette dynamique s’est enrayée depuis trop longtemps, et la reconnaissance envers l’Europe s’effrite. Hors de ses frontières pourtant, l’Europe continue de faire rêver. Les manifestations pro-européennes en Ukraine par exemple, montrent bien que l’UE est toujours synonyme de démocratie, de stabilité et de prospérité. L’Europe fait rêver à l’extérieur et déçoit ses citoyens. C’est ce paradoxe qu’il faut combattre. J’aime cette phrase de Jacques Delors : « l’Europe, c’est comme la bicyclette : si elle n’avance pas, elle tombe ».

 Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

V.R : La première solution, très simple est de demander aux députés européens d’expliquer leur action. Leur responsabilité est double : ils doivent d’abord porter la voix et les attentes des citoyens dans l’hémicycle. Mais ils doivent aussi revenir dans leur circonscription pour rendre compte de l’activité des parlementaires.Il y a trop peu de circulation d’information, trop peu de retour des politiques une fois élus vers leurs concitoyens! C’est pour cela que je me suis engagée à revenir très régulièrement dans le Sud-ouest, faire des comptes-rendus de mon mandat. Il faut ensuite que les politiques nationaux cessent d’accabler l’Union européenne pour se dédouaner de leur responsabilité, et n’oublient pas d’en présenter les avancées. Par exemple, le Parlement européen a voté la semaine dernière la suppression des frais d’itinérance mobile au sein de l’UE. L’Europe va devenir un véritable « continent connecté ». Je ne me souviens pas avoir entendu beaucoup de politiques en parler …

 Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

V.R : C’est le moment de choisir. Est-ce que vous souhaitez continuer à subir une Europe de l’austérité, une Europe des marchés ? Ou est-ce que vous voulez une Europe sociale, qui protège ses citoyens et travailleurs ? Vous pourrez choisir votre Europe pour la première fois ! Vous choisirez le président de la Commission européenne, qui en fixe les orientations. En votant pour les listes PS et PRG le 25 mai, vous choisirez Martin Schulz pour qui « l’austérité en Europe est une erreur ».

11 Avr

JM Lattes : « Dominique Baudis était un roc »

Doublement «Baudisien ». Jean-Michel Lattes est le nouveau 1er adjoint de Jean-Luc Moudenc. Ce portefeuille couronne une proximité avec un maire de Toulouse qui a fait  toute sa carrière politique sous l’ère Baudis. Mais Jean-Michel Lattes, c’est aussi un compagnon de route. Il a vécu deux mandats aux côtés de l’homme qui a siégé au Capitole pendant 18 ans. Il répond à deux  questions. Ses deux réponses affinent le portrait de Dominique Baudis. 

-Quelle image conservez vous de Dominique Baudis ?

 -Jean-Michel Lattes. Dominique Baudis a toujours eu l’image d’un gendre idéal. Pour les toulousains, c’était un homme gentil. Mais, en fait, dans le bon sens du terme, c’était un type très dur. Un vrai roc. En 1998, élu au Capitole et président du service social de la mairie, je découvre l’affaire des détournements de fonds au service social de la ville de Toulouse. Je me demande comment il va réagir. Va-t-il couvrir ? En fait j’ai vu un Baudis  à la Kalachnikov. Il était fou furieux que l’on ait volé l’argent des toulousains. Il a réveillé le procureur de la République en pleine nuit.

-Vous avez été un élu de Dominique Baudis. Quel genre de patron était il ?

-Jean-Michel Lattes. Encore une fois c’était un roc. En 1994, j’ai du affronter une grève dure à la Semvat (Société d’Economie Mixte des Voyageurs de l’Agglomération Toulousaine, actuelle Tisséo). Il m’a couvert à 100%. Pour un élu, c’était parfait. Je pouvais compter sur lui. Et au quotidien, c’était un maire disponible et à l’écoute. Quand on l’appelait, il répondait de suite.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

 

 

10 Avr

Adieu monsieur le maire !

En novembre dernier, nous le recevions Laurent Dubois et moi pour une Spéciale « Défenseur des Droits ». Voilà presque un an que j’attendais de faire cette émission avec Dominique Baudis, mais, lui, pendant ce temps, luttait déjà contre la maladie. Un invité pas comme les autres pour moi tant il a jalonné ma carrière professionnelle.

baudis

On parle souvent de connivences entre journalistes et hommes politiques, il n’y en avait pas entre nous. Je doute d’ailleurs qu’il en ait eu avec mes confrères et collègues tant il respectait trop notre métier pour cela. Il a d’ailleurs été des nôtres, et de quelle manière, à la fois sur les terrains les plus durs pour montrer et à la fois en plateau pour expliquer.

Il était donc finalement venu au rendez-vous, seul, sans escorte ni cour. Seul face à nos questions dont l’inévitable, sur cette calomnie qui a changé sa vie à jamais. Cette expérience lui a-t-elle donné encore plus envie de défendre les autres comme l’exigeait son ultime fonction ? 
« Ce qui ne tue pas rend plus fort » nous avait-il confié, avouant malgré tout qu’il avait souffert. Aujourd’hui qu’il n’est plus là et qu’aucune connivence ne peut nous être attribuée, je dois le dire : j’ai perdu un ou deux amis en le défendant à l’époque de l’affaire Alegre. Je le respectais trop pour le croire capable des horreurs dont on l’accusait.

Ironie de l’histoire, il s’en va alors que celui qui se dit son héritier revient au Capitole. On ne le voyait plus guère dans les rues de Toulouse mais il a du goûter l’ironie des destins. Les temps ont changé, la politique sans doute encore plus. Beaucoup de néo-toulousains ne savent pas qui est Dominique Baudis et pourtant ils ont une partie de son travail sous leurs yeux.
On peut sans doute lui reprocher beaucoup de choses, le suffrage universel est là pour dire qu’il y a des pour et des contre, mais il a été un maire qui restera à jamais ancré dans l’histoire de notre ville.

Il aura certainement un ou plusieurs lieux à son nom. Lui qui l’aimait tant rentrera certainement dans l’histoire d’une façon ou d’une autre, la collective évidemment mais aussi la notre, à chacun d’entre nous, comme ceux qu’ils croisaient et écoutaient dans la rue en notant sur des post-it ce qu’ils avaient à lui demander. Il posait ensuite toutes ses doléances sur son bureau au Capitole et avant chaque réunion avec son staff demandait à ce qu’elles soient étudiées une à une.

À compter de ce jour, beaucoup de toulousains vont à garder dans le coin de leur tête un post-it avec son nom marqué dessus.

Patrick Noviello

Comprendre l’Europe (1) : la commission européenne, quèsaco ?

Par Patrick Noviello

Les 11 et 12 avril, Anne Houtman, Chef de la Représentation de la Commission européenne en France, sera en Midi-Pyrénées pour visiter le Centres d’information Europe Direct (CIED) d’Auch puis inaugurer la Foire de Toulouse, dans le cadre de laquelle le CIED de Toulouse accueille la campagne européenne « Jeunesse en Mouvement ». Elle y rencontrera les acteurs de l’Europe sur ces territoires, particulièrement des jeunes, notamment au lycée de Pardailhan, mais également les principaux élus des grandes collectivités locales et représentants de l’Etat.

Anne Houtman

Anne Houtman

 

Pouvez-vous nous rappeler à quoi sert concrètement la Commission européenne ?

Anne Houtman : La Commission européenne est composée d’un « collège » de 28 commissaires, un par pays membre, et son rôle est de défendre l’intérêt général européen. Elle formule pour cela des propositions de loi qui sont adoptées par le législateur européen (conjointement le Parlement européen et le Conseil composé des ministres des pays membres). Elle a ensuite le rôle de s’assurer que ces textes sont correctement appliqués dans les Etats membres. Elle a aussi un rôle exécutif et représente l’Union européenne sur la scène internationale.

Quels sont ses rapports avec le Parlement de Strasbourg ?

A.H : Le Parlement  élit le Président de la Commission et vote l’approbation du collège. Il exerce ensuite un contrôle politique sur la Commission dont il peut forcer la démission collective. La Commission est en dialogue constant avec le Parlement, pour rendre compte de ses activités et faire avancer l’adoption de ses propositions législatives.

 Pourquoi cette visite dans notre région ?

A.H : La priorité de mon mandat de représentante de la Commission en France a été d’être présente sur le terrain, à l’écoute des citoyens et de leurs interrogations  sur les questions européennes. J’y rencontre aussi les élus et les médias qui ont un rôle important pour expliquer l’Europe dans la région. J’ai choisi l’occasion de la Foire Internationale de Toulouse pour me déplacer dans la région. Cette année, un grand stand est consacré aux politiques de l’UE en faveur de la jeunesse. Je souhaite également à cette occasion rencontrer les acteurs de terrain qui sont mobilisés  au sein de nos réseaux européens implantés dans la région.

Vous allez notamment visiter le Centre d’Information Europe Direct d’Auch. De quoi s’agit-il ?

A.H : Un CIED est un relais officiel d’information  sur l’Union européenne destiné au grand-public.  La structure-hôte reçoit un label de la Commission européenne pour mener ses missions. Les structures labellisées ont un fort ancrage local, ce qui est un atout pour agir en partenariat avec les collectivités territoriales et la société civile. Outre les missions d’information et de conseils sur les politiques de l’UE, les CIED ont en effet pour tâches d’encourager activement le débat local sur l’UE.  Ils font enfin office d’intermédiaires entre l’Union et ses citoyens puisque ceux-ci fournissent un retour d’information aux institutions européennes.

Quel impact concret ont les fonds européens sur le développement d’une région comme la nôtre ?

A.H : La région Midi-Pyrénées a bénéficié pour la période 2007-2013 de plus de 1,4 milliard d’euros par le biais des programmes européens régionaux financés par le FEDER (Fonds européen de développement régional), le FSE (Fonds social européen) et le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural). Ces fonds sont utilisés par les acteurs locaux pour renforcer la compétitivité de leurs entreprises, préserver et mettre en valeur l’environnement de la région notamment. Ces fonds financent également des programmes en faveur de l’emploi et de la cohésion sociale.

Des exemples de réalisations ici ?

A.H : L’UE a financé une partie de la reconstruction de la zone touchée par l’explosion de l’usine AZF (infrastructures de services publics, centre de recherches). Elle soutient depuis plusieurs années le pastoralisme dans les Pyrénées ainsi que la filière forêt-bois. Dans les villes, l’UE finance les projets urbains comme notamment à Toulouse (Médiathèque Grand M, Parc Monlong,…). Ce ne sont que quelques exemples. De nombreux exemples de l’implication concrète de l’UE en Midi-Pyrénées sont présentés sur le site www.europe-en-midipyrenees.eu

Pourquoi d’après vous les Midi-Pyrénéens doivent s’intéresser au prochain scrutin européen ?

A.H : Les Midi-pyrenéens contribueront par leur vote à élire directement les 10 députés qui représenteront la circonscription française du sud-ouest (sur les 74 députés français) dans le prochain Parlement européen.  C’est une façon d’exercer leur droit en tant que citoyen européen et d’influencer l’orientation politique de l’Europe. Le Parlement européen a un rôle très important vis-à-vis de la future Commission (comme expliqué plus haut) et parce que le budget européen qu’il vote et les législations qu’il adopte ont un impact sur le quotidien des Midi-pyrénéens, par exemple en matière de mobilité des jeunes (programme Erasmus Plus), de consommation d’énergie, de solidité et de transparence des banques, de développement des investissements et de l’innovation dans la région etc.

 En quoi selon vous les prochaines élections sont cruciales pour l’avenir de l’Europe ?

A.H : Les parlementaires européens votent les législations communes qui seront applicables dans les 28 états membres. Il faut savoir qu’environ un tiers des législations nationales appliquées en France est issu des textes européens. Dans certains secteurs comme l’agriculture, cette proportion dépasse les 50%. Il est donc essentiel que les citoyens votent le 25 mai prochain et choisissent leur projet politique pour l’Union européenne.

A la vie, à la mort !

Nous sommes en 2014, en France, dans une région ni pauvre, ni richissime. Avez-vous entendu parler de l’histoire de cette fillette de huit ans enterrée dans un caveau anonyme et communal de Nailloux en Haute-Garonne ?

Non ce n’est ni du Zola, ni du Hugo. Ça se passe aujourd’hui, près de chez nous.

Les parents d’élèves de la commune ont lancé un appel aux dons pour lui donner une autre sépulture. Évidemment nous ne sommes pas tous égaux face à la vie. On ne choisit pas la condition sociale de sa famille et donc le cadre économique dans lequel on va grandir. On ne choisit pas non plus sa constitution physique qui va peut être nous faire disparaître trop tôt d’une maladie incurable. Mais apparemment nous ne sommes pas non plus égaux face à la mort. Ne jouons pas les surpris.

Qui n’a pas été confronté à la mort soudaine d’un proche à qui il faut donner une sépulture dans l’urgence ? Le deuil n’a pas débuté qu’il faut déjà faire les comptes. Indécent ? Non, logistique. Quelle cruauté quand même… Des annonceurs nous préviennent pourtant vantant leurs assurances obsèques à longueur d’année, mais tout le monde ne peut pas lâcher cinq Smic pour prévoir ce que beaucoup d’entre nous ne souhaitent à personne et encore moins à leurs proches ou eux-mêmes.

Imaginez les parents de cette fillette ! Ils ont du se résoudre à la laisser aux côtés d’inconnus, elle, qu’ils imaginent désormais si seule et si loin d’eux. Il n’est point question de religion ici. Chacun doit pouvoir se recueillir comme il le souhaite face à une tombe, une urne, un endroit chéri du disparu où ses cendres ont été répandues et que sais-je encore. Mais chacun doit au moins avoir ce choix. Rien d’utopique là-dedans. Il s’agit d’un choix de société.

La fin des concessions à perpétuité voilà peu a commencé à interpeller l’opinion, mais certainement pas assez.

En démocratie, l’Etat est le garant de la vie de ses concitoyens à une multitudes de niveaux (crèches, écoles, emploi, santé, retraite, etc…) mais que doit-il en être de leur mort ? À méditer.

Patrick Noviello

 

08 Avr

Gérard Onesta : « Il y aura d’autres Pierre Cohen enterrés » [exclusif]

La défaite de Pierre Cohen. Le retour de Philippe Martin dans le giron midi-pyrénéen. Gérard Onesta revient sur la séquence des municipales. L’amateur de guitare pointe les fausses notes. Le vice-président de la Région fait entendre sa partition sur la répartition des cartes entre « Europe-Ecologie » et le PS. Municipales à Toulouse. Les relations entre le PS et les écolos. Et un mot sur la succession de Martin Malvy. Gérard Onesta ne joue pas du pipeau. Il parle sans sourdine. Cela va écorcher quelques oreilles.

Gérard Onesta. Photo AFP Pascal Pavani

Gérard Onesta. Photo AFP Pascal Pavani

 

 

– Pierre Cohen a perdu le Capitole. Quelle analyse faites vous de cette défaite ?

– Gérard Onesta. Cette défaite ne remonte pas à dimanche dernier ni au dimanche d’avant. Elle a commencé au lendemain même de l’élection de Pierre Cohen (en 2008). Le lundi suivant son élection, les urnes étaient encore tièdes, il a remis en cause l’accord qu’il avait passé avec nous (Europe-Ecologie) en disant que la vice-présidence à la Communauté Urbaine, ce n’était plus possible.  Dans la tête de l’électorat écologiste, ça s’est traduit par une petite musique : «Vous vous faites berner,  on ne vous respecte pas». Il faut se mettre à la place de l’électeur écolo de base. Pendant six ans, il se dit que le PS local ne nous entend  pas. Pourquoi voter pour des gens qui ne sont pas en capacité de se faire respecter ? Les socialistes ont réduit la crédibilité d’Europe Ecologie. Il ne faut pas s’étonner que les réserves de voix soient plus faibles et les reports plus chiches qu’espérés. A Toulouse, nous ne sommes pas à la maille nationale. Nous sommes 5 points sous le niveau d’Europe Ecologie au niveau national. Ce n’est pas la faute d’Antoine Maurice. Il a fait une bonne campagne, chiffrée, sérieuse, jeune. Cette décote est liée à l’attitude du PS. En voulant réduire les écologistes, le PS c’est réduit lui même. Le PS va-t-il faire cette analyse ? Ils sont capables de rester dans le déni et de dire que les écolos n’ont pas été gentils. Ils auraient du nous rejoindre au premier tour. On l’aurait fait, on perdait complètement notre électorat.

– Jean-Luc Moudenc, suite à son élection au Capitole, va démissionner de son mandat de député. Une législative partielle va se dérouler dans les prochaines semainesSouhaitez-vous que le PS réserve l’ancienne circonscription de Jean-Luc Moudenc (la 3ème de Haute Garonne)  à « Europe Ecologie » comme en 2012 ?

– Le PS nous a réservé la 3ème circonscription de Haute Garonne en 2012, une circonscription taillée par la droite pour la droite. On l’a accepté. Mais ensuite mettre en scène une dissidence (celle d’Alain Fillola) et la soutenir de manière aussi éhontée…Pour moi il y a une dette morale du PS sur cette circonscription. C’est aussi une question d’intelligence politique Est ce que les socialistes ont tiré les conséquences de ce qui s’est passé aux municipales ? On va le savoir très vite au travers de cette législative partielle. Si le PS est toujours dans «on est les meilleurs, on gagne tout seul», il y aura d’autres Pierre Cohen et Alain Fillola enterrés. Si, sur cette circonscription très difficile, les socialistes sont encore dans «on va recaser les sortants qui viennent d’être battus» et on va empêcher une offre plurielle à gauche, alors on en prend pour un moment dans la région. 

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– Autre conséquence des municipales : le remaniement gouvernemental. Philippe Martin n’est plus ministre. Il retrouve le chemin du Gers.  Pour un Vert, c’est une  bonne ou une mauvaise nouvelle ?

– Gérard Onesta. Une grande part d’indifférence. La capacité d’action d’un ministre est surdéterminée par les décisions du Président de la République. Que l’on mettre un écolo pur jus ou un socialo bon teint, quand la vanne est fermée elle est fermée. Ce sont dans les étages supérieurs de Philippe Martin ou de Ségolène Royale que cela se joue.

– Et sur le retour de Philippe Martin, une réaction ?

– Gérard Onesta : Le marigot local dans le cadre de l’éventuelle succession Malvy vient de se garnir un petit peu plus. Il y avait déjà entre 5 et 12 candidatures possibles pour succéder au président Malvy, Philippe Martin en fait partie.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

 

28 Mar

Municipales Toulouse : regards croisés de F Briançon et P Esplugas

Dernier tour de scrutin. Dernière ligne droite. Dans 72 heures, les urnes vont trancher. Jean-Luc Moudenc ou Pierre Cohen. Pierre Cohen ou Jean-Luc Moudenc. Les toulousains doivent choisir le nom du prochain maire de la ville Rose. La campagne a été rude. Parfois dure. Entre les deux tours, les uppercuts ont fusé des deux côtés. L’avance de Jean-Luc Moudenc sur le sortant favorise une atmosphère de « ring ». Deux hommes ont vécu le match aux premières loges. Pierre Esplugas et François Briançon sont dans les équipes adverses. Le premier s’occupe de la com’ de Jean-Luc Moudenc. Le second est le directeur de campagne de Pierre Cohen. Mais ils partagent un terrain de jeu : les coulisses. Ils ont préparé les meetings, les conférences de presse de leur candidat. Dimanche, vers 20 heures, le rythme cardiaque de François Briançon et Pierre Esplugas. va s’accélérer. En attendant, pour Midi Pyrénées Politiques, ils font une petite pause et portent un dernier regard sur une campagne qui s’achève ce soir.

La campagne se termine. Quel moment fort retenez vous ?

 Pierre Esplugas. La dureté des sondages. ll a fallu psychologiquement tenir et notamment lorsque, au cœur de la campagne, un sondage donnait un écart significatif entre Jean-Luc Moudenc et Pierre Cohen. Mais il y a eu aussi des moments plaisants. Une innovation de la campagne de Jean-Luc Moudenc est la mobilisation militante. C’est nouveau. Pendant longtemps, il suffisait de sortir le portrait de Dominique Baudis pour faire campagne à Toulouse. Il n’y avait pas de tradition militante. Nous avons su mobiliser, faire du porte à porte, occuper le terrain.

Quelle(s) différence(s) entre la précédente campagne de Jean-Luc Moudenc, en 2008, et celle de 2014 ?

Pierre Esplugas. En 2008, je n’étais pas engagé dans la campagne. Mais il y avait les braises encore chaudes du conflit Baudis-Douste-Blazy. L’atmosphère était lourde. Au contraire,  dans l’équipe actuelle nous nous entendons très bien. L’autre différence est que Jean-Luc Moudenc est dans l’opposition. Il n’est pas accaparé par la mairie et il a pu mener une campagne longue. En 2008, elle a été au contraire très courte.  Il devait faire face à sa charge de maire. Nous avons commencé à battre le terrain dès le mois de septembre.

 Un point de vue sur l’entre deux tours de votre adversaire, Pierre Cohen ?

Pierre Esplugas. Pierre Cohen a une vision archaïque. Il a voulu faire une Union de la Gauche comme dans les années 70. Il n’a pas compris que, dans une élection municipale toulousaine, il faut parler de Toulouse aux toulousains. Pas faire de politique nationale.

Qu’allez vous faire samedi, veille du scrutin ? 

Pierre Esplugas. Je vais m’occuper des relations avec les journalistes. Je regrette que, pendant des semaines, la presse nationale ne se soit pas intéressée à Toulouse. Les sondages donnaient l’impression qu’il n’y avait pas d’enjeux. Mais, depuis une semaine, tout a changé. La presse nationale pense que Toulouse peut basculer et les sollicitations sont nombreuses. D’ailleurs tout à l’heure j’ai eu au téléphone un journaliste du Monde. Je vais donc passer mon samedi à organiser tout cela.

Que retenez vous de la campagne qui s’achève ? 

François Briançon. Le souvenir le plus fort est le souvenir de la mobilisation des militants qui viennent, qui passent au local de campagne (rue de Metz) et qui repartent avec des tracts.

Vous avez dirigé la précédente campagne de Pierre Cohen, en 2008, quelle différence avec celle de 2014 ?

François Briançon. La grande nouveauté dans cette élection est celle des réseaux sociaux. Nous sommes très présents. Même si je suis sceptique sur ces instruments en tant qu’instruments d’animation politique de la campagne. Notre grand avantage, en 2008 comme en 2014, c’est d’avoir une culture militante et des réseaux qui se mobilisent pour faire du porte à porte ou distribuer des tracts

Un point de vue sur la campagne de votre adversaire, Jean-Luc Moudenc ?

François Briançon. La droite c’est plus mobilisée qu’on ne le pensait. Les candidats de la société civile sur la liste de Jean-Luc Moudenc ont fait des progrès. Et on voit monter une nouvelle génération de militants. On a vu des militants que l’on ne connaissait pas. Certains viennent du combat autour « du mariage pour tous »  Sur la forme, la campagne de Jean-Luc Moudenc n’a pas été très originale. En revanche, je regrette vraiment des choses moches. Notamment une prolifération de messages anonymes. Le recours systématique à ce procédé. Avec des énormités. J’ai encore reçu, tout à l’heure, un message anonyme concernant un camp de romps et accusant Pierre Cohen.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

 

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