10 Déc

Le maintien de Dominique Reynié favorise-t-il la gauche ?

Carole Delga et Dominique Reynié (Photo : AFP)

Carole Delga et Dominique Reynié (Photo : AFP)

On a beaucoup glosé sur la décision de Dominique Reynié de maintenir sa liste au second tour, malgré sa troisième position à l’issue du premier tour. Son score (18,81 %) est le plus faible de France pour une liste du centre et de la droite et le risque d’une élection du candidat FN en Languedoc-Roussillon est réel.

Une position de « ni retrait, ni fusion », validée par le président des Républicains, Nicolas Sarkozy et le bureau politique du parti lundi matin.

Mais la vraie question qui mérite d’être posée est la suivante : en maintenant sa liste, Dominique Reynié ne favorise-t-il pas en fait la liste de gauche de Carole Delga et n’enlève-t-il une forte réserve de voix au candidat du FN Louis Aliot ?

« Le front républicain favorise l’élection du FN quand il veut l’empêcher« , a expliqué Dominique Reynié à l’AFP, « la pire des idées serait de se retirer et de fusionner avec les socialistes« . Un point de vue qui se discute, si l’on en croit les sondages en PACA et dans le Nord-Pas de Calais Picardie, là où le PS s’est retiré, qui annoncent une victoire des candidats de droite face au FN.

« En se maintenant, Reynié en apparence défavorise la gauche », explique Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS et consultant politologue pour France 3 Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. « Mais en réalité c’est peut-être exactement l’inverse : il permet de conserver dans le camp de la droite des électeurs qui, en son absence, seraient allés voter FN »

Même point de vue pour Luc Chatel, conseiller politique de Nicolas Sarkozy et ancien ministre qui a affirmé sur Public Sénat et Sud radio que le retrait de M. Reynié aurait été « sans doute le meilleur moyen de faire élire le Front national ».

« Les réserves de voix de Louis Aliot, explique le politologue de France 3 Laurent Dubois, ne sont pas dans son propre camp où il a déjà fait le plein. Il sait qu’il doit aller chercher des voix chez les électeurs de la droite traditionnelle qui soit se sont abstenus, soit savent désormais que Dominique Reynié ne peut pas battre la gauche. C’est pour cela que dans le débat que nous avons diffusé mercredi il ne s’en prend pas à Reynié mais directement à Delga pour endosser l’habit du seul recours contre la gauche ». 

En clair, nombreux sont ceux qui pensent que le retrait de Dominique Reynié aurait ouvert un boulevard pour une partie de ses électeurs du premier tour qui se seraient reportés sur Louis Aliot (FN), alors seul à pouvoir battre la gauche et les socialistes.

« Mes réserves de voix se trouvent chez M. Reynié », juge lui-même Louis Aliot. Mais pour la tête de liste du Front National, le maintien du candidat des Républicains n’est pas si grave, car il espère ouvertement siphoner ses voix au second tour  « Le maintien de Dominique Reynié n’est peut-être pas le handicap qui a été décrit par beaucoup de politologues, dit-il. Des pans entiers se reporteront sur nos listes ».

Reste la question morale, évoquée par des ténors de la droite comme Jean-Pierre Raffarin ou le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde. Une option balayée par Dominique Reynié et Nicolas Sarkozy.

Dimanche, au soir du second tour, Dominique Reynié n’aura peut-être pas gagné les élections mais si le Front National est battu, il aura, d’une certaine manière, participé à une sorte de front républicain, par défaut.

Fabrice Valéry (avec AFP)

08 Déc

Et la Fusion on en parle quand ?!!

Les scores défilent et le temps file. Les résultats du 1er tour tournent en boucle et le verdict du 2nd est une affaire de jours. Mais, pendant que les élections accaparent toute la lumière, un sujet capital reste dans l’ombre. La Fusion est éclipsée par la bataille électorale. Une éclipse toute relative. Dans les couloirs de l’Hotel de Région la question devient brulante. 

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Drôle de paradoxe.

Les élections régionales sont totalement conditionnées par la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Politiquement, nous avons déjà basculé dans une Grande Région à 13 départements. Mais la question de la fusion (effective au 1er janvier prochain) reste étonnement absente de l’actualité. Pas de débat entre les candidats. Aucune proposition véritable et une absente abyssale de vision.

En revanche, les premiers concernés ont bien la fusion en tête. Et côté midi-pyrénéen, le moral n’est pas au beau fixe. Dans les services de l’Hotel de Région, à Toulouse, la fusion est vécue comme une échéance improbable. Obligation de réserve oblige, les propos restent confiner à la machine à café ou tables de la cantine. Mais ils se résument à une formule parlante : « le français est la seule langue que nous avons en commun avec les languedociens ».

Une préoccupation revient en boucle : l’objectivité et la gestion des carrières. En Midi-Pyrénées, des règles encadrent les évolutions de carrière et les augmentations salariales. Du côté de Montpellier, ce sont les syndicats qui coupent et qui tranchent. Copinage et réseaux sont la règle.

Cette vision des choses est peut-être caricaturale. Mais elle est majoritaire au Conseil Régional.

Dans les services financiers, une préoccupation supplémentaire se rajoute. A la fusion des personnels s’ajoute la fusion de la dette. Un cadre soulève la question du classement de la dette : « en Midi-Pyrénées la dette est classée en catégorie A. Une dette saine. En Languedoc, il existe de la dette A mais aussi une dette classée B ou C et même D. Une dette toxique. Et les candidats n’en parlent pas. Je veux bien que ce soit un sujet aride et pas populaire mais c’est un sujet essentiel ».

Laurent Dubois

 

Fusion des listes « Onesta-Delga » : l’étrange parcours des candidats « volants »

Des candidats volants. Ce sont les drôles de créatures issues de la fusion « Onesta-Delga ». Depuis ce soir, mardi 8 décembre à 18 heures, une nouvelle liste est née. Elle est issue d’un rapprochement des deux listes de gauche ayant passé la barre (fatidique) des 5% des suffrages exprimés. Une barre permettant de fusionner. Cette liste « fusionnée » contient une « bizarrerie » épinglée sur Twitter. Des candidats présents au 1er tour dans un département s’envolent vers un autre territoire au 2nd. Simple anecdote ou vrai tour de passe-passe ? Réponse.

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Un abonné de twitter ne s’est pas endormi sur son clavier et reste fidèle à un précepte de base : les réseaux sociaux veillent et surveillent. L’encre de la liste Delga-Onesta à peine sèche, un tweet fait dans la douche froide et dénonce une manoeuvre. Un candidat « Nouveau Monde » change d’univers électoral. Il passe du Tarn-et-Garonne au département voisin (dans lequel coule toujours le même fleuve) de la Haute-Garonne.

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Serge Regourd (tête de liste de Gérard Onesta dans le département des « Tontons-Fingleurs ») n’est pas le seul à  changer de terre d’élection. Une autre tête de liste déménage du Gers et pose ses valises dans l’Hérault. Pour un spécialistes des élections, aucun problème. 

Il est parfaitement possible de changer de département entre les deux tours. On peut changer l’ordre de classement. Un candidat peut gagner ou perdre 10 places. D’ailleurs, de mémoire, en 2010, Carole Delga a gagné une dizaine de places entre les deux tours. Mais un candidat peut également changer de département à condition qu’il ait été candidat au 1er tour. Bien évidemment. Et en respectant bien sur la parité puisqu’elle est exigée par la loi électorale.

Du côté du Code Electoral, il n’y a rien à dire.

Mais impossible de ne pas redire une évidence…politique. Un déménagement peut permettre de résoudre un blocage. On déplace un candidat car la place n’est pas disponible. Mais, comme c’est le cas pour Serge Regourd dans le Tarn-et-Garonne, une « exfiltration » permet également d’assurer l »éligibilité d’un « protégé ». Dans le département de Sylvia Pinel, les places éligibles sont très chères. Des places chères et plus que protégées : réservées. Impossible de déplacer la ministre de Jean-Michel Baylet et le PS ne peut pas lâcher la 2eme position. C’est la dernière place éventuellement éligible (à partir de la 3ème, l’échec est garanti) et les socialistes se sont suffisamment sacrifiés pour les radicaux de gauche. S’il faut en plus que les camarades de Carole Delga tendent le cou pour les amis de Gérard Onesta…

Bref, dans ce contexte, une délocalisation de Serge Regourd était la seule « assurance vie » possible.

D’un point de vue purement pragmatique, c’est parfaitement compréhensible.

Du côté de l’opinion publique, c’est une autre histoire.

Laurent Dubois

Voici la nouvelle liste de Carole Delga pour le second tour

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Après l’accord de fusion avec Gérard Onesta, signé rapidement dans la nuit de dimanche à lundi, dès le premier tour achevé, les gommes et les crayons ont fumé pour choisir les 184 noms (dont 158 titulaires) à répartir sur les 13 départements.

Il y a donc des surprises. Certains colistiers ont purement et sûrement disparu : c’est le cas de l’écologiste Patrick Jimena ou du communiste (conseiller régional sortant) Christian Picquet en Haute-Garonne. D’autres se désespèrent d’avoir été « rétrogradé » en place non-éligible, comme le maire PRG de Blagnac Bernard Keller. 

D’autres, enfin, sont allés jouer des coudes dans d’autres sections départementales que celles où ils figuraient au premier tour, pour y récupérer des places éligibles : Myriam Martin (Ensemble!/FDG) était N°2 derrière Onesta en Haute-Garonne et devient N°9 dans… l’Hérault ; le tête de liste de Nouveau Monde en Commun dans le Tarn-et-Garonne Serge Regourd est désormais N°10 en Haute-Garonne…

Un petit jeu de chaises musicales (permis par la loi électorale, rappelons-le) compliqué par ce scrutin formule « grande région ».

Voici donc les noms sur les sections départementales de la nouvelle liste tels qu’ils figureront sur le bulletin de vote dimanche (deux pages / cliquez sur la double flèche en bas à droite pour agrandir) :

Fabrice Valéry et Laurent Dubois

Union à gauche : Gérard Onesta déjà vice-président ?

Gérard Gnesta tête de liste Régionales "Nouveau Monde" Photo AFP

Gérard Onesta – Photo AFP

« Combine », « marchandages », » chasse aux postes »…. Droite et Front National ne mâchent pas leurs mots pour qualifier les tractations qui ont eu lieu entre Carole Delga et Gérard Onesta pour constituer cette liste d’union.
Le ton est même monté en plateau dimanche soir entre Elisabeth Pouchelon candidate de la droite du centre et Gérard Onesta candidat de la gauche désormais unie.

 
Pouchelon et Onesta s’invectivent

« En 14h de négociations, aucune répartition de poste n’a été abordée. En aucun cas, on a commencé à se partager le gâteau avec Carole Delga ». La voix encore fatiguée par une nuit sans sommeil, Gérard Onesta est affirmatif. « De toute façon, il ne faut pas insulter l’électorat. Gagnons d’abord dimanche prochain ».

30% des sièges de la majorité

Mathématiquement, la fusion a été plutôt réussie pour EELV et le Front de Gauche qui obtiennent 30% des sièges d’un potentiel groupe majoritaire. Gérard Onesta quant à lui est deuxième de liste en Haute-Garonne juste derrière Carole Delga donc « éligible » à un poste de vice-président.

« Il n’est pas question de cela pour l’instant » insiste encore le leader écologiste régional. « J’ai un égo extrêmement bien calibré » plaisante-t-il tout en étant assez fier d’avoir mené la seule liste EELV/FG de France à passer la barre des 10%. C’est d’ailleurs ce qu’il est allé répéter sur pas moins de cinq radios nationales hier. « Tout le monde me demande comment on a réussi à y arriver dans une région aussi compliquée ».

Faire de la pédagogie

A tel point que le déjà actuel vice-président de Midi-Pyrénées sortant s’interroge : « Je me demande si mon rôle ne serait pas d’ailleurs de faire de la pédagogie pour continuer à expliquer notre mouvement plutôt qu’être vice-président de région ».

Alors fait-on une campagne et de la politique uniquement pour avoir un poste ? Parce que là est le fond du problème… A Gérard Onesta de nous prouver le contraire.

Patrick Noviello

07 Déc

Fusion des listes Onesta-Delga : les 2 principales victimes en Haute-Garonne

Une nuit de négociation et une matinée de finalisation. Dans la foulée des résultats du 1er tour, dimanche 6 décembre, Carole Delga et Gérard Onesta ont lancé le chantier de la fusion. Vers 23 heures, le leader de Nouveau Monde attendait toujours un top départ. Mais une fois autour de la table, le marathon s’est conclu plutôt rapidement. Aux alentours de midi, lundi 7 décembre, la fumée blanche est sortie et la perspective d’une conférence de presse est annoncée. D’après nos informations, dans la foulée, la nouvelle liste (issue de la fusion) a été dépôsée en Préfecture.

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

En Haute-Garonne, deux noms retiennent l’attention.

Un brille par son absence. Il s’agit de Patrick Jimena.

Un autre se signale par une glissade de la 14eme à la 24eme place. Bernard Keller est la victime de cette chute « fatale ».

Patrick Jimena disparait de la liste des Régionales. Il était en 9eme position avant le 1er tour. D’après nos informations, il est exclu du sprint final. L’intéressé prend la chose avec philosophie : « je ne suis pas quelqu’un qui s’accroche aux branches ». Mais l’élu columérien ajoute : « d’un point de vue stratégique, ce n’est peut-être pas très judicieux de se priver de la deuxième ville de Haute-Garonne. Je suis membre de l’opposition PS à la mairie, je ne sais pas si cela a pu jouer ».

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Lors des municipales 2014, Patrick Jimena a manqué remporter et emporter la mairie de Colomiers. Un bastion du PS. Moins de 200 voix d’écart on permis la victoire de la socialiste Karine Traval-Michelet. La bataille politique a été âpre. Elle s’est même continuée sur le terrain judiciaire par un recours en annulation. Depuis l’adversaire socialiste de Patrick Jimena est  devenue la directrice de campagne d’une autre socialiste : Carole Delga.

Sur Colombiers, au 1er tour, la liste de Gérard Onesta a obtenu 16 points. Mais, visiblement, cela n’a pas suffit à sauver Patrick Jimena.

Sur le papier, le maire PRG de Blagnac, Bernard Keller a plus de chance que son « voisin » columérien. Mais ce n’est qu’une apparence. Le radical de gauche figure encore sur le document déposé en préfecture. Néanmoins sa relégation en 24eme position équivaut à un « trappage ».

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Avant le grand « bonneteau » de la fusion des listes, Bernard Keller était confiant. Il estimait que sa 14eme place était « verrouillée ». Les faits lui donnent tort. Il entre dans la zone « fatidique » des places inéligibles. En 2010, avec un score de 60% en Haute-Garonne, Martin Malvy a repêché la 28eme candidate sur sa liste.

Pour sauver le radical Keller, Carole Delga devrait dépasser la barre des 40%. C’est loin d’être évident.

Il faudrait même un petit « miracle ».

Selon nos informations, Bernard Keller est lucide et a bien compris les choses.

D’après un de ses proches, il ne décolère pas.

Les infortunes d’entre deux tours du radical risquent toutefois de faire un « heureux » : le patron du PRG.

Jean-Michel Baylet était opposé (au nom d’une vielle rivalité) à une candidature aux Régionales du maire de Blagnac.

Laurent Dubois

 

 

 

06 Déc

Suivez en direct le 1er tour des élections régionales avec France 3

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Ce dimanche 6 décembre, jour de vote pour des élections régionales inédites avec la réforme territoriale, suivez toutes les informations, les résultats, les réactions des candidats, les analyses des spécialistes et les perspectives avant le second tour, grâce au travail en commun des rédactions de France 3 Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon.

A la télé à partir de 19 heures ou sur le web dès 15 heures, soyez les premiers et les mieux informés.

Cliquez ici pour accéder au LIVE sur les sites de France 3

 

04 Déc

Philippe Martin : « Carole Delga a fait une campagne honnête »

Ce n’est pas encore le moment des résultats. Mais c’est le temps d’un premier bilan. Quelques heures avant la cloture de la campagne offcielle, Philippe Martin jette un oeil dans le retroviseur. L’ancien ministre revient sur l’avant 1er tour et sur des sondages qui prédisent une vague FN.  Mais Phllippe Martin se projette également dans un 2nd round qui débutera dimanche soir.

Philippe Martin, ancien ministre et président du département du Gers

Philippe Martin, ancien ministre et président du département du Gers

Régionales 2015-Ce soir, vendredi 4 décembre à minuit, la campagne offcielle est close. Quel bilan faites vous de la campagne d’avant 1er tour ?

Philippe Martin. Une campagne unique à bien des égards. Unique parce que c’est la première fois que l’on va voter avec le pays en Etat d’urgence et que des évenements extérieurs sont venus télescoper cette campagne. Des évenements extérieurs dont il a fallu tenir compte. Il a été dur de trouver la bonne attitude. Après un temps de recul et de deuil, il a fallu reprendre une campagne entre guillemets classique. Une campagne qui apporte des réponses aux attentes de l’électorat.

Régionales 2015-Et s’agissant de votre candidate, Carole Delga ?

Philippe Martin.Carole a fait une campagne honnête vis-à-vis des citoyens. On lui a reproché d’être trop sur le terrain mais c’est la bonne méthode pour être concret et proche des préoccupations de nos concitoyens.

Régionales 2015- Tous les sondages indiquent une poussée du FN au 1er tour. Craignez-vous une vague « Bleue Marine » ?

Philippe Martin. Oui absolument. Si jamais, par malheur, dans le Gers, le FN est le 1er parti du département, ce serai un vrai seisme. Quand j’ai commencé la politique en 1998, je n’aurai jamais penser cela. Nous ne sommes pas à l’abri de quelque chose. Ce qui m’inquiète le plus ce sont les chiffres que nous avons sur les électeurs qui ont l’intention de voter FN. Ce sont les 24-35 ans qui sont les plus concernés et cela suscite une vraie interrogation. Cette tranche d’âge correspond à des électeurs qui vont durer. La culture et l’éducation est un moyen permettant de lutter. Victor Hugo dit qu’il ne faut pas simplement éclairer les places de nos villes mais également les esprits.

Régionales 2015-Nous sommes à deux jours du 1er tour mais le 2nd va commencer dès dimanche soir. Une idée sur le tempo et l’état d’esprit du 2nd tour ?

Philippe Martin. L’objectif est d’amplifier le résulat du 1er tour et de rassembler la gauche. Au 1er tour chacun essaye de se distinguer et de prendre des parts de marché. Au 2nd il va falloir faire face au FN et se rassembler.

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

03 Déc

Dominique Reynié braconne sur les terres du FN

Depuis le 13 novembre, les sondages scrutent l’impact des attentats sur les Régionales. Dans le Tarn, inutile d’affuter des échantillons et de commander une étude. Un tract suffit à mesurer les effets. Dans le département de Jaurès, le spectre d’Al Qaïda plane sur les urnes. Plus surprenant, c’est le candidat de la droite et du centre qui est à la manoeuvre. 

Dominique Reynié. Tête de liste LR-UDI-Modem

Dominique Reynié. Tête de liste LR-UDI-Modem

Le tract porte les couleurs de la droite et comporte la photo de Dominique Reynié. Mais il pourrait arborer le logo du Front National. Mais pas forcément le portrait de Louis Aliot. En « Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon », le candidat du FN évite les écarts et la caricature. Ce n’est pas le cas du document de campagne qui circule dans la ville de Graulhet.

Dominique Reynié a un côté « caméléon ».

Sur une terre frontiste, à Perpignan, Dominique Reynié n’hésite pas à faire « couleur » locale. Plus précisément couleur « treillis de combat » en déclarant au sujet des migrants venus de Syrie : « Je demande…qu’ils soient pris en charge par nos militaires, ceux de la Légion Etrangère notamment et qu’ils retournent chez eux…libérer leur patrie parce que c’est un honneur de libérer son pays ».

En dehors de certaines « concessions » aux climats locaux, Dominique Reynié cultive l’image d’un modéré. Cette image ne cadre pas vraiment avec le tract graulhétois. Les fins connaisseurs peuvent toujours prétendre que Graulhet est un Perpignan sur Tarn. Un bastion historique du Front National. Mais, malgré cela, le ton et les mots sont particulièrement « épicés » :

« Parmi les multiples raisons de voter contre l’équipe PS rappelez-vous ceci : il y a cinq ans, la municipalité accueillait l’intellectuel islamiste Tarik Ramadan…petit fils du fondateur des Frères Musulmans, une secte terroriste proche d’Al Quaïda ».

Passons sur le contenu. Peu importe que l’intellectuel « proche » d’une « secte terroriste » soit effectivement douteux. C’est vrai. Mais impossible de nier une autre évidence. Tariq Ramadan a arpenté tous les plateaux de télévisions et studios de radio de la planète médiatique. Tariq Ramadan sent le souffre. Mais la mairie de Graulhet est loin d’être la seule à l’avoir invité.

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En revanche, l’utilisation électorale d’une (prétendue) collusion entre une mairie socialiste, un intellectuel et…Al Qaïda est particulièrement « corsée ». Dominique Reynié durcit son discours et muscle ses méthodes. Evidemment, au delà du contexte des attentats, les sondages ne sont pas étrangers à cette tactique. Au 1er comme au 2nd tour, Dominique Reynié est relégué derrière Louis Aliot.

Face à cette redoutable concurrence, le candidat de la droite et du centre ne court pas après le FN. Il lui vole ses habits.

L’auteur formel du tract est le colistier tarnais de Dominique Reynié : Bernard Carayon. Ce n’est pas Dominique Reynié qui a tenu la plume. Mais, d’après nos informations, le document a été validé par le staff de la tête de liste régionale.

A quelques kilomètres de Graulhet, dans l’agglomération albigeoise, il n’est pas du tout certain que le centriste Philippe Bonnecarrère (sénateur du Tarn) et Stéphanie Guiraud-Chaumeil (maire DVD d’Albi) apprécient cette tentative de hold-up électoral.

Dans le département voisin de la Haute-Garonne, un des sponsors de Dominique Reynié risque également de grincer des dents. Pas évident que le centriste Jean-Luc Moudenc apprécie le braconnage (sans complexe) de Dominique Reynié.

Laurent Dubois

 

Pourquoi Jean-Michel Baylet a-t-il été sifflé au meeting de Carole Delga à Toulouse ?

Lors du meeting de Carole Delga à Toulouse (Photo : P. Lagorce / France 3)

Lors du meeting de Carole Delga à Toulouse (Photo : P. Lagorce / France 3)

Un meeting ou une réunion publique, c’est confortable. Le public est acquis d’avance et la claque une évidence. Mercredi 2 décembre, la routine a été brisée par un mouvement spontané. Des militants socialistes ont sifflé un partenaire politique de marque : Jean-Michel Baylet.

Le meeting toulousain de la salle Jean Mermoz devait être un point d’orgue. Dernier grand rassemblement midi-pyrénéen avant le 1er tour du dimanche 6 décembre, il n’était pas un meeting comme les autres. Mais, sur le fond ou dans la forme, rien d’extra-ordinaire. Le but était de faire de belles images et d’afficher des bataillons de militants.

A la tribune, le casting était rodé. Martin Malvy, Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel, Carole Delga et Georges Méric (président du département de la Haute-Garonne) doivent se succéder au micro.

Mais, avant Martin Malvy et Carole Delga et après l’intervention de Georges Méric un incident vient perturber le déroulé de la soirée. Des sifflets fusent au milieu du discours de Jean-Michel Baylet.

Jean-Michel Baylet

Jean-Michel Baylet

Le président du PRG a martelé à plusieurs reprises (de manière insistante) les noms de Carole Delga et Sylvia Pinel. Et, à un moment, Jean-Michel Baylet inverse l’ordre. Le patron des Radicaux cite la PRG Sylvia avant la socialiste Carole. Une partie de la salle réagit immédiatement. Une bronca s’élève.

Pour certains des participants, cette version des faits n’explique pas tout.

D’après eux, ce n’est pas simplement la mention lourde de Sylvia Pinel  qui est en cause. Plusieurs militants évoquent un oubli coupable : l’absence du moindre mot sur Damien Alary. Jean-Michel Baylet a « trappé » le président socialiste du Languedoc. Tout pour Sylvia et rien pour Damien.

C’est un crime de lèse-languedocien. D’après un militant midi-pyrénéen, c’est du côté de ses camarades du Gard et de l’Hérault que les sifflets se sont massivement exprimés.

Dans l’entourage de Carole Delga, on minimise l’incident. La socialiste a clôturé le meeting. Elle était visiblement agacée. Un agacement qui a, d’ailleurs, nuit à la qualité de son discours. Une irritation liée au manque de diplomatie de Jean-Michel Baylet ? Une irritation liée aux sifflets et à un sentiment de fête gâchée ?

En tout cas, moins de 24 heures après l’incident, c’est profil bas. Du bout des lèvres, on évoque simplement « un discours un peu trop long » du président du PRG.

Cette réserve (version langue de bois) est compréhensible. Impossible d’avouer l’inavouable. Le fait d’associer en boucle « Sylvia à Carole » est transparent. Et forcément exaspérant pour certains socialistes. Jean-Michel Baylet donne l’impression qu’il prépare une mise sous tutelle ou du moins un partage du pouvoir. Et qu’il manigance peut-être un coup de Jarnac pour le 3ème tour, le 4 janvier prochain lors de l’élection de la future présidente de Région.

Cette crainte d’une trahison programmée hante de nombreuses fédérations PS. Sans parler des cicatrices toujours ouvertes s’agissant d’un accord chèrement payé et qui a coûté des places aux socialistes

Sans ces tensions et cette suspicion, Jean-Michel Baylet aurait reçu des roses à la tribune de la salle Jean Mermoz. A la place, il a récolté des épines.

Des épines qui ont fatalement égratignées son ego et qui risquent d’empoisonner une relation déjà compliquée.

Laurent Dubois

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