10 Avr

« I ès? »: lo tot primièr album de Cocanha

Lo trio femenin tolosan ven de sortir un disc complet. 10 cançons e mantuns convidats permetan una resulta originala e rica.

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Fòto France 3

Per començar, un mot de l’estug. Lo titol « I ès? » se trapa jos una fòto qu’interpela. Una estatua grisa sus un giratòri en plena ciutat. Espicham precisament l’estatua… confirmacion de las cantairas, aquò’s un dardalhon (clitòris) talha XXL. « I a tant d’esculpturas laidas suls viradors, fasèm la nòstra proposicion, explica Carolina Dufau. Es una representacion dau sol organ dau còs uman dedicat sonqu’au plasèr. »

 

Aquela revindicacion feminista se pòt tanben ausir dins las cançons de Cocanha. Mantuns còps las paraulas tradicionalas, que plaçan l’òme au centre, foguèran inversadas. Atau, la borèia « M’an dit Martin ». A l’origina ditz, « jo aimi tot, lo vin amai las dròllas ». Dins las votzes de Carolina, Lilà e Lolita aquò balha: « Jo aimi tot lo vin amai los dròlles ». Cau dire qu’an jamai crentat d’adobar a lor mèna de tèxtes e de musicas, que son a còps coneguts de totes, coma « Lo babau » transformat en mazurka.

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Per aquel primièr album contunhèran dins la metèissa dralha. Puòique lo format es long, « [avián] envèja de faire d’experimentacions » conta Lilà Fraysse. Alara convidèran sul seisèn tròç (« Se sabiatz / Que son aüros ») lors amics percussionistas Julen Achiary e Fawzi Berger, dos Bascs amb los quins avián creat un espectacle « Cocanhako ». Au finau, Lolità Delmonteil-Ayral descriu « una cançon que prend mai d’ample amb las votzes masculinas, e aquò’s parièr quand cantam « Sus la punta de l’espada » amb un còr ».  Pus estonant encara, l’enregistrament de « M’an dit Martin » que s’es fach amb doas dansairas e un micrò per captar los bruches daus passes.

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Fòto France 3

Per Carolina: « Las dansairas cambian nòstre biáis de cantar, puòiqu’i a un vam diferent. Aviam fach una primièra sesilha de registrament, soletas. Era tot net, lusent, mes se sèm dit que mancava de sang, de carn, de trucar la borrèia. Voliam i ajustar la dimension de susor, dau parquet… dau bal que. »

Dos ans aprèp un EP de 5 cançons, aquel long format balhèt l’escasença a las filhas de Cocanha de daissar una traça de son evolucion e de las diferentas dralhas seguidas. Coma o resumís Carolina Dufau, « es [lor] istòria dos ans aprèp, amb tota l’experiença que caduna prenguèt. »

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Fòto France 3

Reportatge : M. Blénet J. Levé M. Blasco P. Dick MP Fournier


Cocanha par france3midipyrenees

27 Fév

Nadau, 43 ans de chansons et toujours des projets

Dire que c’est un phénomène serait un euphémisme. Nadau est un curieux groupe qui voit son public rajeunir au fur et à mesure qu’il vieillit. Elles sont rares les formations occitanes qui peuvent remplir des grandes salles comme le Zénith de Pau les 17 et 18 février derniers, aller plusieurs fois à l’Olympia, avoir un calendrier de concerts quasi plein en début d’année… Nadau traverse le temps, dépasse l’occitanisme et prépare d’autres événements. Avèm sonat lo Jan per ne saupre mai.

Zénith 2017 Photo : François Leteuil

Zénith 2017 Photo : François Leteuil

Dos Zeniths complèts en lèu en DVD-CD

Mine de rien, Nadau n’avait pas chanté au Zenith de Pau depuis 2002! Le manque commençait à se faire sentir. 2 dates ont été choisies, les 17 et 18 février. 3 200 personnes chaque soir et plus de places depuis novembre. « On nous avait proposé un soir ou 2 de plus mais j’ai refusé ». Nadau aurait largement rempli 2 jours supplémentaires mais la fatigue et le stress se seraient aussi invités.

En bonus et en avant première : l’Encantada filmée au Zénith de Pau en février 2017. Réalisation Amic Bedel. Son : Radio France. C’est la version « brute » et non définitive quant au son et à la réalisation.

Les textes des chansons avaient été distribués en même temps que les places, le Zenith s’est donc transformé en Cantèra géante. Bien sûr l’Immortèla, évidemment l’Encantada amis aussi une troisième chanson qui devient elle aussi un véritable phénomène : « Mon Dieu que j’en suis à mon aise ». Plus d’un millions de vues sur You Tube version Olympia, et sans doute la chanson la plus chantée lors des concerts. Pourquoi ? « Parce qu’elle est en français sans doute. Il n’y a plus la barrière de la langue. Ce qui est très surprenant, c’est que tous les rugbymen la connaissent! Mon ami Henri Broncan m’a dit qu’elle était chantée et devenue l’hymne de plusieurs clubs… L’autre jour au journal de TF1 au salon de l’agriculture, elle était chantée par des ingénieurs agronomes ! » Sacré Yan ! Il a fait la mélodie de cette chanson et repris le texte d’un auteur anonyme. Le plus fort aussi c’est que le texte ne parle absolument pas de rugby mais plutôt d’amour… ! Une chanson certainement ramenée par les conscrits de Napoléon, et que l’on entend et apprend … dans les casernes.

Zénith 2017 Photo : François Leteuil

Zénith 2017 Photo : François Leteuil

Les 2 concerts ont été filmés par Amic Bedel, avec 9 caméras d’un excellente qualité technique. Le son a été pris par Radio France, avec 17 micros dans la salle rien que pour entendre le public chanter. Le DVD et le CD sortiront avant l’été.

Un grand bal gascon lo 15 d’agost e autras causas en Comenge

Les concerts du Zéniths n’étaient pas des concerts d’adieu. D’ici la fin 2017, le groupe a déjà une cinquantaine de dates. Elle n’est pas sur leur site mais les organisateurs de l’Estivada leur ont confié l’ouverture de l’édition 2017, avec le chanteur Cali le jeudi 20 juillet. Jan n’en sait pas plus sur les attentes des organisateurs et sur ce qu’il pourrait proposer.

Zénith 2017 Photo : François Leteuil

Zénith 2017 Photo : François Leteuil

A l’instar de la chanson « Mon Dieu que j’en suis à mon aise », Jan développe aussi des projets personnels. Cette année, il n’y a pas eu de Pastorala de Nadau qui remportait un franc succès en Comminges. Mais le chanteur ne compte pas laisser les terres Commingeoises pour autant. Avec l’association locale, ils veulent organiser un grand bal gascon le 15 août à Luchon, en plein air, devant les thermes. « Il y aura une vingtaine de musiciens dont Pierre Rouch, Mathieu Barès et d’autres du Comminges. On veut faire un bal différent avec tambours et harmonies. Quelque chose en grand où pour une fois, le bal gascon ne sera pas à l’étroit ! »

Ensuite fin 2018, la même équipe travaille sur un concert symphonique avec toujours des musiciens locaux et des chansons de femmes de la montagne entr’autres. Quicòm de popular coma per las pastoralas. »

Pas de CD en préparation pour l’instant mais une chanson sur l’histoire de Norbert Aspa, torturé par les Allemands le 11 août 1944. « Soi estat tocat per l’istòria e ne vòli far una balada per Norbèrt. » On peu d’ores et déjà lui prédire le même destin que ses autres chansons. Nadau passe le temps, les saisons, les âges, les critiques. Un vrai phénomène.

Lo Benaset @Benoit1Roux

02 Jan

PòmPogoDòm

La pantèra en colèra, al leon vòl far la guèrra… Lo tractor per la campanha s’avançava dapasset… A la mar quand fa solelh i te carras tot plen… Plica placa plica plòc, es la pluèja que tomba plòc…

PòmPogoDòm ce sont de drôles d’histoires, pour les dròlles mais pas seulement. Jean-Louis et Paulin Courtial, avec Arnaud Cance se sont bien amusés en créant ce spectacle pour enfants qui tourne dans l’Aveyron. Pour poursuivre le côté drôle et déjanté du spectacle, PòmPogoDòm c’est aussi un disque.

Photo : France 3

Photo : France 3

PòmPogoDòm : las cançons

Jean-Louis Courtial a toujours son âme d’enfant. Voilà plus de 20 ans, il avait déjà écrit quelques chansons pour les enfants. Comme « Lo tractor per la campanha » ou encore « Lo cat e la mirgueta » qui font partie du spectacle et du disque. Des chansons qui font appel à l’imaginaire, parfois bien déjantées, avec une écriture assez cinématographique, plus rurales que urbaines. Et il y a de fortes chances que quand vous aurez entendu « La Lèi de la jungla » où un lion bizarre protège une gazelle, « Lo Tractor per la campanha » et ses fameux pistons qui font « Pa pa pa pa pa pa » ou encore  « La bicicleta », ces airs vous restent en tête un bon moment. Des chansons efficaces donc, d’inspirations diverses, avec un vocabulaire très riche pour répondre à des objectifs pédagogiques.

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PòmPogoDòm : l’espectacle

Depuis le début du mois, le spectacle PòmPogoDòm se promène un peu partout dans l’Aveyron. Au départ, c’est un partenariat entre l’Education Nationale et Aveyron Culture. La mission départementale propose des animations scolaires où l’occitan trouve sa place. Une bonne quinzaine d’écoles ont répondu présent pour ce projet , de la maternelle à l’élémentaire et des sections bilingues aux écoles où il y a une simplement une initiation. Les artistes qui composent ce spectacle (Paulin et Jean-Louis Courtial, Arnaud Cance) se sont rendus dans les classes ( 4 séances d’1H) pour apprendre les chansons aux enfants, sans oublier quelques conseils scéniques aux artistes en herbe.

Reportage : B. Roux J. Levé M. Blasco A. Amsili F. Ratel M.P. Fournier


Pompogodom par france3midipyrenees
Et ça marche du feu de dieu. Rarement on aura vu une telle débauche d’énergie : des chansons qu’ils connaissent par cœur, des gestuelles, des mimiques… Un spectacle autant sur scène que dans la salle, des enfants qui chantent, dansent, bougent et crient., des professeurs qui s’amusent tout autant. On n’ose pas imaginer le retour en classe juste après le spectacle… ! Et les artistes ne sont pas en reste.

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PòmPogoDòm : lo disc

Presque tout aussi festif, le disque où l’on retrouve les mêmes artistes, avec le chant lyrique de Rosalina Courtial. Les arrangements ne sont pas tout à fait les mêmes et la palette est assez large entre le côté dancehall  de « Plica placa la pluèja », le côté presque « Sicrien » façon « Babau » pour « La Sopa », la bossa pour le très beau morceau « Fòrmas » et les accords flamenco de Paulin Courtial qui reviennent sur plusieurs titres. Il y a de l’expérimental et des choses plus sages, certains morceaux qui fonctionnent mieux que d’autres. Mention spéciale pour « Fòrmas » et « La borrèia de las colors » très audacieuse pour une bourrée. Le disque ne tombe pas dans la caricature de certaines œuvres pour enfants, les univers sont au contraire très larges. D’onomatopées en vocabulaire riche, les textes fonctionnent plutôt bien.

Et si vous vous demandez ce que peut bien dire PòmPogoDòm, sachez qu’officiellement ce sont les bruits de pas d’une panthère… Quant à savoir pourquoi c’est devenu le nom du groupe et du spectacle, il faut s’en référer aux grands enfants que sont parfois les artistes.

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

 

23 Déc

Eric Fraj, un RDV ultime

Ce sera sa dernière, toute dernière création. Il continuera de chanter mais à la demande, sans se soucier de produire de nouvelles chansons. RDV sera donc l’oeuvre ultime retraçant son parcours, son voyage artistique et les personnes qui l’ont jalonné. Eric Fraj a confié ce nouveau projet à Guillaume Lopez -complice de 15 ans- et à sa compagnie : le CAMOM. Tout se peaufine en résidence depuis lundi au COMDT de Toulouse. Ce soir, ils feront part de leur travail pour un RenDez-Vous sortie de résidence à 18H30.

photo : Maxime Lopez

photo : Maxime Lopez

45 ans de cantas e de rescontres

Eric Fraj a parcouru des chemins, le corps trapu d’un athlète en marche, le visage sensible d’un artiste où l’on peut lire les emprunts au temps. Il semble un roc inébranlable, à la sensibilité lisible, fort d’un parcours artistique de 45 bornes. Eric Fraj, 60 ans au compteur, le monde comme ouverture, valises en mains et des artistes comme balises. Jacques Brel dont il reprend en oc « La Quête » dans ce spectacle, le poète du Moyen-Age François Villon et sa « Balada dels dires menuts » qu’il a traduite du vieux français de François et qui résonne comme une seconde peau :

Prince, je connois tout en somme,
Je connois coulourés et blêmes,
Je connois mort qui tout consomme,
Je connois tout, fors que moi-mêmes

Des rendez-vous de toutes sortes, des marques à vie, comme sa rencontre avec Lluis Llach et un duo sur scène en 2005… Colette Magny avec qui il a partagé la scène à plusieurs reprises, Robert Marty qui lui a écrit ses premiers textes, l’autre Marti, Atahualpa Yupanqui, Servat, la liste serait longue de ces personnes qui l’ont influencé même si toutes ne se retrouvent pas dans ce spectacle. « Comment ne pas en dire la joie, mais aussi ce que je leur dois, mais encore qui je suis -et ce que je sais- à travers eux, grâce à eux ? « 

Photo : Maxime Lopez

Photo : Maxime Lopez

RDV ambe la joventut artistica

Pour jouer ce spectacle somme toute intime, pas de place pour la nostalgie. RDV sonne ibérique, tout simplement méditerranéen. Simon Portefaix a laissé ses futs pour prendre des percussions : tambourtins, bendirs… Cyrille Brotto abandonne presque son diato pour violon et karkabou (percussions algériennes)… Morgan Astruc égraîne toujours ses accords flamenco mais fait aussi de la Beat-Box. Louis Navarro joue la contrebasse et Guillaume Lopez flûtes et cornemuse. Il signe aussi la direction artistique. Sa complicité avec Eric Fraj est évidente et elle s’entend.

Ce qu’Eric m’a apporté c’est l’envie et la prise de conscience que je pouvais mélanger à la fois la culture occitane, ma culture espagnole, le français, le catalan. Cette ouverture d’esprit qui caractérise sa carrière. C’est quelque chose qui m’a beaucoup influencé. On n’essaie pas spécialement d’inventer. On veut simplement faire une musique honnête et sincère.

RDV sera donc un spectacle intime, retraçant des racines singulières et des universalités plurielles. Sus la dralha d’autres espectacles : « Pep el Mal » d’Eric Fraj, « La retirada et l’exil » de Guillaume Lopez qui évoquaient la vie et le parcours de leurs grands-pères. RDV a aussi de la diversité dans ses langues : 2 chansons en français, 2 en catalan, 2 en castillan et le reste en occitan.

« Balada dels dires menuts » version occitane de la « Ballade des menus propos » du poète médiéval François Villon. Images : Olivier Denoun. Son : Michel Blasco et Nicolas Panek

 

Concert gratuit ce soir à 18H30 au COMDT (Conservatoire Occitan) de Toulouse.

Le 17 février 2017 à l’Isle-Jourdain, le 4 mars 2017 à la Scène Nationale de Foix et le 20 mai à Carbonne

Lo Benaset @Benoit1Roux

 

 

16 Déc

Temps de Nadal : Dames en choeur

Las Daunas de Còr (Dames de coeur) viennent de sortir leur second disque. A peine 10 ans d’existence et déjà une telle maîtrise, une telle sérénité dans le chant. Pour ce deuxième opus, les 6 femmes interprètent des nadalets occitans de toutes provenances et des chants sacrés en latin. Le disque s’appelle Aròu (le cercle). Il est tout simplement indispensable.

Photo : Facebook du groupe

Photo : Facebook du groupe

Le contexte

Nous les avions quittées sur un premier disque brillant « airEtèras ». Un CD lumineux, plus aérien, enregistré dans l’église d’Arcizans-Avant, avec des voix plus dissociées, des solos plus marqués et un répertoire plus varié. Avec Aròu, il s’agit là uniquement de chants de noël. Une tradition populaire et religieuse qui résonnait dans les églises situées sur les flancs du Hautacam au début des années 70. Des chants de noël en occitan, mais aussi des chants sacrés de Bigorre en latin . C’est Nadèta Carita (une des 6 Daunas) qui a porté ce patrimoine qu’elle chantait dès sa plus jeune enfance et qu’elle vient d’amener au groupe.

Enregistré lui aussi dans une autre église à Vier-Bordes (65) avec un son sensiblement différent du premier, plus direct, plus proche, avec moins de réverbération, pour des chants interprétés sur 3 voix différentes comme le veut la tradition. La réalisation du disque signée Audrey Ginestet et Pascal Caumont est sobre et magnifique, sans artifices. La mastérisation du disque a été faite par Dominique Blanc-Francard le célèbre ingénieur du son et producteur français.

Le disque

Dès le premier morceau, la magie opère avec « Pastors sus pè », un chant du Béarn et de Bigorre. Les voix sont parfaitement en place, bien timbrées et vraiment ensemble. La réalisation est parfaite, directe, et tout le disque est dans la même unité. Bien sûr on pense aux timbres des voix bulgares sur certains morceaux… Au magnifique CD « Nadal encara » de Rosine, Martine et Claire de Pèira avec Françoise Dague, avec moins d’ornements. Le disque laisse place aussi à des témoignages sur le temps de Noël dans ces vallées, des précisions sur certains morceaux avec Nadèta Carita qui les chantent depuis l’âge de 5 ans.

On se laisse prendre par les tubes : « Sonatz campanetas », « Cantem en allegressa », « Aneit qu’es vasut Nadau » ou le fameux « Nadal Tindaire » arrangé différemment. On se fait surtout surprendre par des choses plus rares comme la superbe interprétation du « Lauda sion », une prière chantée le jour de la Fête-Dieu ou lors des rogations. Lumineux. On pourrait aussi citer  le pastoral « Adishatz pastorelas de Comelí » ou les plus religieux « Stabat Mater », « Tantum ergo » et un un « Benedictus » plein de maîtrise et de sérénité. Ces morceaux ont été transmis par Nadèta dans leur version d’Ayros-Arbouix. Le disque s’achève par le somptueux « La nòvis n’a la corona l’i tomba » collecté par Félix Arnaudin pour le texte et Jacques Baudoin pour la musique.

Aròu

Pas besoin de croire en quoi que ce soit pour apprécier ce disque. Il suffit d’être mélomane et d’aimer les belles choses, simples, maîtrisées, sans fioritures. Un chant qui ouvre le champs des possibles, un Aròu (cercle) qui n’en finit pas de tourner dans nos oreilles, une bulle qui nous transporte ailleurs.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Concert le 18 décembre dans l’église d’Argelès-Gazost et le 20 à Beaudéan.

https://www.facebook.com/Daunas-De-C%C3%B2r-164873440231078/

 

15 Nov

Lo Barrut en concèrt

Mercredi 2 novembre et après 8 jours de travail intensif, Lo Barrut a proposé un concert gratuit de sortie de résidence dans la salle Victoire 2 de Saint-Jean-de-Védas. L’occasion pour les 9 musiciens afogats de polyphonies et de poésies occitanes de faire découvrir à leur public leurs toutes nouvelles compositions.

Reportage de Sirine Tijani, Jack Levé et Michel Blasco. Montage de Charlotte Willocq

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11 Nov

La ballade de Jim Black en voix de Bigorre

C’est un peu comme si les 5 chanteurs de Vox Bigerri avaient décidé de recruter une 6 ème voix : celle du grand batteur américain Jim Black. Pas un batteur de jazz « classique », toujours à la recherche de sons, beaucoup de technique mais à l’écoute. Le groupe est en résidence depuis jeudi à l’espace Omnibus de Tarbes. Avec une présentation de leur travail déjà très abouti ce soir à 19H. Vox Bigerri comme jamais vous les avez entendus !

Photo : France 3

Photo : France 3

Jim se ballade…

Il est cool Jim Black, presque autant que son talent. Heureux d’être là avec ces 5 hommes qu’il ne connaît pas… Seulement une rencontre furtive avec Fabrice Lapeyrere, 2 ou 3 morceaux envoyés par le groupe. Il sent la musique et quant l’un des membres tente de lui donner des précisions, il se contente de dire : « Sing and I’ll play! ». Il joue, rejoue différemment et la 6ème voix est là ! Sa batterie est toute simple, avec quelques agréments comme une cymbale spéciale et quelques accessoires. Une baguette qui ressemble à une sucette pour frotter sur la caisse claire, des archets pour les cymbales, des coquillages, des petits sacs remplis…

Ce n’est pas pour amuser la galerie, même si son large sourire rayonne jusque dans sa mèche ! C’est juste pour agrémenter les voix, toujours à l’affût du moindre signe vocal ou harmonique qui pourrait lui faire changer un son, creuser un rythme.

chants traditionnels, de standards de jazz et de compositions

Au menu du concert de ce 11 novembre, une dizaine de morceaux. Comme ces  » 7 sauts » béarnais presque ancestraux qui retrouvent une vitalité incroyable. Le jeu de Jim Black mène les 5 chanteurs vers autre chose, sans dénaturer quoi que ce soit. Le chant n’est plus tout à le même, les rythmes se font élastiques et surtout, la complicité évidente. Pour les besoins du reportage, on leur demande de rejouer les « 7 sauts ». Et c’est presque un autre morceau. Jim Black change son jeu, crée de nouveaux sons sur lesquels Vox Bigerri se greffe sans problème. Quelques heures de répétition, des artistes avec la banane et des morceaux ponctués par des « GREAT ! » lâchés par le batteur et des applaudissements par les chanteurs.

Photo France 3

Photo France 3

Vient ensuite « Strange Fruit », un standard jazz immortalisé par Billie Holliday. Pas franchement joyeux comme truc… Le texte parle des arbres du Sud, du sang sur leurs feuilles, sur les racines…avec des fruits, pendus, en décrépitude, picorés par des oiseaux. Le traitement sonore opéré par Vox et Jim n’est pas plus réjouissant. Le musicien fait de l’archer sur ses cymbales, frotte sa baguette sucette sur la peau de sa caisse claire… Étonnant, très étonnant. Vox Bigerri sur un nouveau registre, le texte est en occitan, puis en anglais…Envoûtant, presque déstabilisant.

Photo : France 3

Photo : France 3

Les créations sont toutes aussi stupéfiantes. Comme ce morceau de Jim Black « Star rubbed », un instrumental devenu « Mon dernier tracteur », un poème très dadaïste d’un auteur contemporain. Vous entendrez aussi « A las aubas » musique de Fabrice Lapeyrere et texte de Pascal Caumont. Ou encore cette musique de Jean-Claude Coudouy (le fameux « Hilh de puta! ») avec des paroles de Vox Bigerri qui donne « Senders de tèrra negra ». Quand la répétition se termine, la bonne humeur est toujours là, la frustration aussi de ne pas pouvoir en découvrir davantage. En repartantant, me reviennent ces mots de Jim Black : « Une batterie avec des voix, c’est très primitif, comme une sorte de groupe originel ». Et ceux de Pascal Caumont « Jim Black nous permet d’aller plus loin, plus en profondeur dans les racines ».

Photo : France 3

Photo : France 3

Les artistes ne devraient pas s’arrêter là. Jim Black va retourner à Berlin où il réside et se produire sur les scènes internationales avec d’autres formations. Mais quand l’été 2017 viendra, on pourrait bien retrouver l’Américain et les Bigourdans sur scène pour partager d’autres vibrations.

Lo Benaset @Benoit1Roux

Photo France 3

Photo : France 3

25 Oct

Vox Bigerri se met au rythme Black

Il s’appelle Jim, il n’est pas black mais il a le sens du rythme, de l’ouverture, de l’exploration, des découvertes. Jim Black est l’un des grands batteurs de jazz américains à l’énergie explosive et l’esprit ouvert. Il va se produire bientôt avec le groupe polyphonique Vox Bigerri pour un projet innovant. Ça s’appelle TIÒ et nos oreilles sont déjà tout ouïe.

Des défricheurs

Depuis plus de 10 ans Vox Bigerri prend les chemins de traverse, là où on les attend pas : chants sacrés, chansons de table, musique traditionnelle, contemporaine. Toujours en mouvement, même quand les chants ne pulsent pas. De son côté, Jim Black, un batteur solide élevé à Seattle, rapidement parti dans l’exploration de nouveaux sons, de rythmes atypiques, avec une place pour l’électronique. Un musicien qui a digéré beaucoup de savoirs-faire traditionnels. Fabrice Lapeyrere (Vox Bigerri) est lui même batteur et grand fan de l’énergie et des sons déployés par le créateur du groupe AlasNoAxis. Il le rencontre lors de dédicaces, lui écrit. Lapeyrere (La Peirièra) sème plein de cailloux! Un jour, il en jette un et envoie des morceaux de Vox Bigerri à Jim, espérant une collaboration. Depuis quelques mois, le projet TIÒ est validé. Une création pour 5 voix et batterie.

Vox Bigerri Photo : dossier de presse

Vox Bigerri   Photo : Pierre Montagnez

TIÒ qu’es aquò?

« C’est le jeu si particulier de Jim Black, très ouvert, très souple, qui fait écho à la conception pyrénéenne du rythme. » cf dossier de presse. Et les chants pyrénéens manquent parfois de pulsation. L’idée est donc de revigorer tout ça, faire bouger les lignes rythmiques, donner du mouvement, avec des espaces de libertés propices aux rebonds. Ce TIÒ (oui en gascon) est un appel à la liberté. Comme celle de Vox qui mêle chants traditionnels et collaborations avec des musiciens contemporains. Dans ce répertoire traditionnel revivifié, on trouvera des chants à danser tustats per la bateria. Un branle du Béarn (La baish en tèrra plana), un rondeau de Samatan (la chora e lo pinsan), un chant méconnu de l’Armagnac manhac (Pèire de Mirondèu). Mais aussi des chants de tables sortables comme Adishatz camaradas ou encore Sendèrs de tèrra nèra, une belle composition de Jean-Claude Coudouy (le fameux Hilh de Puta !) sur laquelle Vox a réécrit des paroles. Sans oublier des créations signées par les membres de Vox, la Breçairòla de Loisa Paulin mise en musique par Fabrice Lapeyrere et un morceau de Jim Black Star rubbed. Plus étonnant encore, des reprise jazz de Strange Fruits rendu célèbre par Billie Holiday ou India de John Coltrane. Black sur les traces de ses « ancêtres » !

« Le jazz, c’est aller plus loin. Il s’agit toujours d’aller de l’avant. Nous sommes le produit de ceux qui étaient là avant nous, nous avons nos propres idées que nous combinons avec celles des générations précédentes et nous avançons. Il s’agit toujours de dépasser la frontière. » Jim Black

Jim Black et Vox Bigerri seront en résidence à l’Omnibus de Tarbes le 10 novembre avec un concert le 11 à 19H. Ensuite, plusieurs dates sont prévues en 2017, pourquoi pas un disque… L’occasion pour Jim de faire une belle balade pyrénéenne et pour Vox de poursuivre ses chemins bartassièrs.

Lo Benaset @Benoit1Roux

10 Oct

« Patz en la ciutat », création occitane de musique contemporaine

Ce n’est pas tous les jours qu’une création de musique contemporaine se fait en occitan ! Ce sera le cas demain à Toulouse, dans le cadre du Festival Occitània. Un travail de collaboration avec le studio éOle, le Conservatoire Régional de Toulouse, ses musiciens et 3 de ses anciens élèves qui ont composé « Patz en la ciutat », Paix dans la Cité. Les textes sont de Jean Jaurès, Thomas Woodrow Wilson et Pèire Godolin.

3 òmes de Patz : Jaurès, Wilson, Godolin

Au cœur de Toulouse, physiquement très proches, la place Wilson et la statue de Godolin, qui donne sur les allées Jean-Jaurès. 3 personnalités attachées à la paix, prétexte à cette oeuvre qui réunit plusieurs de leurs écrits, sélectionnés par Alem Surre-Garcia qui n’en est pas à son coup d’essai. Première partie, « Alegria en la ciutat », qui débute par un texte de Pèire Godolin qui rend hommage à Enric lo Grand (Henri IV).

La Terra en tremolant al brut de sas armadas

Li donava la votz per son prumièr senhor.

Tanben per le passar dins lo temple d’Aunor

Le Cèl l’aviá format a vertuts reportadas :

O florissa la Patz, o toquèssa l’alarma

La Justicia, la Fe, la Fòrça, la Bontat,

E tot çò que le Cèl dona per raretat

Coma l’aiga a la mar se rendían a son arma

La deuxième partie intitulée « Lo plaser d’estre e la patz en perilh » annonce les premiers nuages sur la paix… Même si Godolin profite encore :  » O quin plaser d’èstre a l’ombreta / E far cambadas sus l’erbeta / Mentre qu’a  còps de gargalhòls / S’engriman trenta Rossinhòls / Per nos estujar dins l’aurelha / Cent cançonetas de mervelha. » S’en suivent 2 textes de Jaurès qu’Alem Surre-Garcia a sélectionné, mis en prose, d’après une première lettre du 23 août 1880 , celle qu’il  lit dans le reportage.


Patz en la ciutat par france3midipyrenees B. Roux J. Levé M. Blasco K. Glöck C. Pelhate MP Fournier

On y trouve aussi un extrait d’article paru dans La Dépêche.

A la trumada s’ajusta la trumada

La bèstia rondina e bufa son asir

De qué val lo viure, lo soscar e l’aimar ?

Qu’anam far dels nòstres cervèls ?

Qu’anam far dels nòstres còrs ?

Qu’anam far dels nòstres vint ans ?

Partie III, « La mòrt, la barbariá e lo desir de patz ». On y retrouve Godolin, Jaurès et le président américain Wilson élu en 1913, fondateur de la Société Des Nations, ancêtre de l’ONU. Des textes reformés pour l’occasion, traduits, et qui laisse plein d’ouvertures pour la musique.

3 joves compausitors en musica contemporanèa

Cette création est une commande de l’Institut d’Etudes Occitanes de la Haute-Garonne et du Festival Occitània qui travaillent avec le conservatoire depuis plus de 10 ans. Mais c’est en 2009-2010 que l’a première oeuvre issue de cette collaboration sortira : CROSADA 2^3 (comprendre 2 au cube). Avec les mêmes ingrédients : des textes, 3 compositeurs, ensemble instrumental et dispositif électroacoustique. Cette année, ce sont donc 3 jeunes compositeurs issus du Conservatoire qui ont composé une des trois parties. 3 pièces variés puisqu’il s’agit d’une partie avec ensemble et voix, une partie électroacoustique et une troisième qui mélange tous les genres. C’est le cas de Maylis Raynal qui vit en terre basque et qui a beaucoup travaillé avec Beñat Achiary. Et ça s’entend dans « Alegria en la ciutat ». Lucie Borto a composé la partie 2, une partie exclusivement électroacoustique ou acousmatique. C’est à dire une musique composée en studio et que l’on projette sur un « orchestre » de hauts-parleurs lors du concert. Des sons, des voix, des bruits qui intriguent, d’autres qui sont familiers… Enfin la troisième partie plus « classique » dûe à Adrien Trybucki et qui comprend un orchestre (Flûte, violon, accordéon) et des voix ( une soprano et une basse). Le Conservatoire et le Festival ont donc voulu proposer un panorama complet des 3 domaines de compositions de la musique contemporaine. C’est Guy Ferla qui dirigera cette oeuvre.

Un travail très intéressant qui prouve que la musique contemporaine n’est pas du tout hermétique et fermée. La création s’est faite avec le soutien du studio éOle de Toulouse qui travaille sur d’autres projets occitans. « Patz en la ciutat », mardi 11 octobre 20H Saint-Pierre des cuisines (Toulouse). Et c’est GRATUIT !

@Benoit1Roux

22 Juil

Ce soir avec Lionel Suarez, l’Estivada joue sur du velours

On choisissant de donner carte blanche à l’accordéoniste aveyronnais Lionel Suarez, la mairie de Rodez a réalisé un joli coup. Cet accordéoniste hors pair a accompagné les plus grands de Nougaro à Lavilliers en passant par des plus jazzeux comme Lockwood et Minvielle, sans oublier le ténor Roberto Alagna. Dans sa musette, une carrière de 30 ans et une belle création qu’il fera ce soir avec une pléthore d’artistes.

« Je crois que ma première scène, c’était ici, dans l’ancienne salle des fêtes remplacée aujourd’hui par le musée Soulages »

Un artiste éclectique

Lionel Suarez a commencé l’accordéon avec François Aceti à l’âge de 8 ans.  Une affaire de famille étant donné que son père est accordéoniste et son grand-père batteur, le tout dans un orchestre familial. Lui aussi est multi-instrumentiste, boulimique de musiques et de découvertes. Il flirte avec le jazz, le classique, la poésie, le théâtre avec Jean Rochefort… On l’entend sur plus de 80 albums, l’éclectisme en bandoulière, les préjugés sur l’instrument aux oubliettes. Et toujours avec le swing de l’accordéon.

Pour cette création, il a choisi les morceaux, les artistes, signé les arrangements et travaillé énormément encore hier soir dans les locaux de l’école nationale de musique.

Lionel Suarez en répétition samedi Photo : Lo Benaset

Lionel Suarez en répétition samedi
Photo : Lo Benaset

Ce soir pléthore d’artistes et des surprises

Il y a ceux avec lesquels il a travaillé : Art Mengo, Claude Marti, JeHaN, Mouss et Hakim de Zebda, Bernard Cauhapé… Et puis des artistes qu’il a découvert ou choisis comme La Mal Coiffée, Gari Grèu de Massilia ou encore le bluesman du Limousin Bernard Combi.  Ils seront accompagnés par les musiciens très étoffés de Lionel Suarez : le batteur Pierre-François Dufour, les claviers et piano  Xavier Tribolet et Christophe Cravero, le bassiste Akim Bournane. Tous multi-instrumentistes et qui alterneront toute la soirée. Un plateau avec 5 musiciens et des artistes qui gravitent autour.

Pour ouvrir le feu, La Mal Coiffée avec des reprises arrangées du dernier album (L’Embelinaire), mais aussi un hommage à Claude Marti avec « Cridarai ».  Viendra ensuite le complice fidèle, JeHaN pour une reprise d’Allain Leprest : « C’est peut-être » en occitan sioplèt. Des chansons en français, en occitan aussi avec des traductions très poétique d’Anne Castan (la fille du grand écrivain occitan) et le travail de La Mal Coiffée.

JeHaN en répétition Photo : Lo Benaset

JeHaN en répétition
Photo : Lo Benaset

Bernard Combi quant à lui revisitera avec force et conviction « Sèm montanhòls » en duo avec Lionel Suarez. L’occasion aussi de découvrir sur un morceau un très très grand danseur auvergnat : Christian Frappa. L’accordéoniste de Bertholène a également tenu à inviter Claude Marti. « Je suis très content qu’il soit là, et tous les musiciens m’ont dit la même chose. » Il est vrai que Lionel Suarez a joué sur plusieurs albums de Marti et que le plaisir se voit sur scène, sur fond d’émotion et de puissance. Je pourrais parler aussi des frères Amokrane pour les tubes de Zebda (Motivés, « Y’a pas d’arrangement »), ou encore « L’Estaca » de Lluis Llach repris en oc. On y trouvera des clins d’œils à Massilia avec Gari Grèu, ou le Toulousain Art Mengo sur les traces d’Audiberti et Nougaro. Bref, du beau linge comme on dit. J’ai eu la chance d’assister hier soir à l’ultime répétition. Cette création a de l’étoffe, ça joue, ça surprend, interpelle. « L’occitan c’est un peu ma madeleine. La langue c’est pour moi un parcours, c’est du rythme. Même si je n’ai pas eu la chance de l’apprendre ».

Avec Lionel Suarez, l’Estivada a frappé à la bonne porte et jouera ce soir sur du velours.

Lo Benaset

Les frères Amokrane Photo : Lo Benaset

Les frères Amokrane
Photo : Lo Benaset